seront un jour livrés l'agriculture et ren
dus fertiles. La ville de Groningue elle-
même possède dans le Dollard 5,000 bon-
niers.
M. le procureur-général la cour
royale de Dijon, un conseiller de préfec
ture et M. le général Dukermont sont
partis avec deux compagnies d'infanterie,
pour Saint-Jean-de-Lône, où les appellent
les informations faire et les précautions
prendre l'occasion des incendies qui
viennent d'avoir lieu, et de ceux dont on
est encore menacé.
Tous les pays des bords de la Saône
sont dans la stupeur. Dans la plupart des
maisons, le linge est mis en paquet comme
pour un déménagement. Les maisons qui,
par l'état de leur structure et de leur toi
ture en tuile, présentent plus de résistance
aux flammes, les églises et les clochers
sont encombrés des habitantsdu voisinage.
On écrit de Jodoigne, sous ce titre:
Un nouveau seigneur de villagele fait sui-»
vant
Il y a quelques semaines arriva
Jaucheletle, commune de nos environs,
un étranger de grande distinction, M. le
comte de Ch...., dans le but de visiter une
des plus belles propriétés du pays, ven
dre actuellement. Le noble visiteur devait
rester quelque temps dans la commune
pour évaluer les terres, bois ete>, qu'il
voulait acquérir.
A peine descendu sur les lieux, M. le
comte accepta l'honorable hospitalité d'un
des principaux industriels de la localité.
Il y fut traité en grand seigneur pendant
plusieurs jours qui furent consacrés vi
siter en détail toutes les dépendances du
domaine en vente. Sesmanières distinguées
et les connaissances approfondies qu'il
paraissait posséder donnaient la plus haute
idée de sa personne; le nom du futur sei
gneur de village circulait dans toutes les
bouches. La maison de l'amphytrion et son
entourage lui formaient comme une petite
cour.
Les sommités de l'endroit jugèrent
convenable de faire des visites officielles
M. le comte; personne n'y manqua. Un
grand nombrede paysans vinrent solliciter
la faveur d'obtenir en location, l'un une
terre, l'autre un étang, un bois etc. Il se
garda bien de ne rien refuser et il promit
beaucoup ses futurs vassaux; tous étaient
enchantés des bons procédés du haut per-
III.
sonnage. Le notaire M...., de Jodoigne,
chargé des intérêts des vendeurs, invita
son noble client un dîner splendide où
rien ne fut épargné. La société d'harmonie
et une réunion de chanteurs furent priées
d'assister au prochain retour de M. le
comte et de lui ménager ainsi une entrée
triomphale dans le village où il allait
s'installer.
Malheureusement cette affaire eut
trop de retentissement, et l'on sut bientôt
que l'on avait affaire un Frontin d'une
nouvelle espèce. La gendarmerie était sa
poursuite.
Lorsque le soi-disant comte de Ch....
se présenta de nouveau au village, le
bourgmestre lui annonça qu'il avait une
fâcheuse nouvelle lui apprendre: Vous
n'êtes pas M. le comte de Ch...., lui dit-il,
et les gendarmes sont chargés d'examiner
vos papiers, et de vous faire les honneurs
d'une installation d'un autre genre. Sans
se déconcerter le moins du monde, notre
homme répondit qu'il était bien étonné, et
qu'il ne comprenait rien tout cela. Il
allait de ce.pas prendre des informations
directes. Il disparut l'instant, sans que
le magistrat eût pu mettre obstacle sa
fuite. Inutile d'ajouter qu'on ne l'a plus
revu.
Cette aventure a mystifié bien des
gens et fait le sujet de nombreuses plai
santeries.
Les incendies multipliés qui commen
cent désoler la Bourgogne préoccupaient
au plus haut point les esprits. Le ministère
n'a pas de rapport. II paraît que l'on n'a
découvert encore aucun coupable, seule
ment on a amené dans les prisons de
Beaurae un idiot qui se renferme dans le
silence le plus absolu. Cela rappelle les
incendies de 1828 et 1829 qui ont mis en
feu la Picardie et la Normandie, et dont,
malgré l'activité du pouvoir, on n'a jamais
pu découvrir la cause. On se perdait alors
en conjectures les uns les attribuaient aux
compagnies d'assurances, les autres aux
partis. On a fini par croire la monomanie.
Les incendies actuels sont presque tous ac
compagnés de lettres de menaces. On a
trouvé des mèches incendiaires artiste-
ment faites. Dans quelques communes les
habitants montent la garde. Ce qu'il y a
de certain, c'est que cette lueur sinistre et
mystérieuse jette de l'inquiétude dans les
esprits et attriste les cœurs.
Les fièvres pestilentielles de la côte
d'Afrique ont atteint la frégate anglaise
Pénélope, bord de laquelle flotte le pa
villon du commodore anglais Jones, qui
commandait 1^ station. Ce bâtiment,
court de charbon, s'est vainement présenté
pour en faire provision, l'île de Madère
dont l'approche lui a été défendue par les
autorités. On ne veut, dans cette île, avoir
de communication avec aucun bâtiment
de la côte d'Afrique, tant y est graude la
terreur qu'inspirent la maladie de cet af
freux climat. Des chaloupes armées ont
été stationnées autour de la frégate dans
la baie de Funchal; les ordres les plus
sévères étaient donnés d'empêcher qu'au
cune embarcation n'allat du bord terre.
Forcée de quitter cette île si peu hospi
talière, la frégate la Pénélope gagna comme
elle le put, l'entrée du détroit, et, en ap-
Erochant de Gibraltar, elle rencontra un
rick de sa nation chargé de charbon.
Malgré le vent et l'état de la mer, un
transbordement de 150 tonneaux de com
bustibles eut lieu d'un bâtiment l'autre,
et la frégate la Pénélope a pu ainsi se
traîner jusqu'à Portsmoulh, ou le commo
dore Jones est arrivé malade, dans un état
désespéré.
On n'a pas oublié qu'il y a peu de temps,
une des corvettes a vapeur de l'escadre
anglaise repoussée de tous les points de
relâche, comme une pestiférée, arriva de
la Côte-d'Afrique dans un état plus pileux
encore que celui de la Pénélope.
Au commencement de la séance, la com
mission de vérification des pouvoirs a pro
posé l'admission de M. De Neckere, élu par
lesdistrictsdeFurneSjDixmudeetÔstende.
Ces conclusions ayant été adoptées, M. De
Neckere a été introduit et a prêté serment.
M. Guizot, Ministre des affaires étrangè
res. Tout le "monde reconnaît que le fait de
l'établissement de l'État belge sur notre
frontière nous impose un devoir politique
qui domine la question commerciale. Je
prie qu'on se rappelle l'époque, au 16e
ciècle, les provinces unies protestantes en
treprirent de conquérir leur indépendance,
et tout ce qu'il a fallu de souffrances et d'ef
forts pour assurer cette conquête au 19"
<jui venaient se briser sur la barque et meuaçaieut chaque
instant de l'engloutir.
M. Louis! lui dit un des mariniers avec angoisse, Dieu
nous garde: car nous sommes perdus. Saiule Marie, priez
pour.... Il n'eut pas le temps d'achever. Une vague furieuse
lit chavirer l'embarcation.
Louis de Kergolau, né sur le bord de la mer, aimait s'y
baigner, aussi savait-il parfaitement nager. Au moment du
naufrage, il saisit machinalement sa cassette et se trouva au
milieu des flots; mais son fardeau le fatiguait beaucoup, car
il ne pouvait nager que d'une main et ce fut avec une peine
inouïe qu'il atteignit le grand récif, où il tomba épuisé.
Quand le pêcheur Pigas fut prés du jeune hommeil lui
dit
Allons, maîtrela mer s'est apaiséemais la marée va
mouler et il serait dangereux de rester ici venezje vous
soutiendrai, n Louis se levaet sentant ses forces revenir
Je sais nager, répondit-ilaidez-moi seulement soute
nir cette cassette d'une nrain et nous pourrous ainsi gagner la
rive.
Oh oh fit l'ex-calfat, cette boite est lourde, il y a donc
de l'argent là dedaus
Mais oui, dit avec ingéuilé le jeuuc Kergolau, il y a
même des papiers de graude valeur.
Combien me donuerez-vous? répliqua enoore Pigas, tout
eu regardant d'un œil de convoitise La cassette.
Vous aurez cinquante livres tournois.
Bon! grommela le vieux pêcheur, puis il ajouta menta
lement il faut qu'il y en ail diablement dans cette boite-là,
et ils se mirent nager côie-àcôte vers le rivage, soutenant
chacun d'une main le fatal dépôt.
Du cerveau de Pigas s'échappaient une foule de pensées qui
n'étaient pas toutes innocentescar plus d'une fois sa main
s'était crispée sur la boite qu'il attirait lui.
- Qu'avez-vous donc, brave homme? lui demanda enûn
Louis que ce mouvement embrassait et impatientait.
Ohî rien, dii le damné, je suis fatigué et nous pourrions
chauger de main si vous le vouliez. Une pensée infernale lui
était venue subitement. Si je pouvais avoir ce magot moi
seul, s'était-il dit, ma fortune serait faite, l'occassion est
belle; d'ailleurs, c'est encore un de ces noblions détestés,
donc ce serait paiu bénit et puis, ne devait-il pas mourir dans
ce naufrage? ainsi, un peu plus tôt, un peu plus tard, cela
n'y fait lien, il y a assez longtemps que je suis malheureux..
Bah! personne ne le saura. Telles étaient les réflexions du
misérable lorsqu'il demanda Louis de changer de main.
Celui-ci acquiesça volontiers cette demande qui devait aussi
le délasser.
Passez de l'autre côté, lui dit Pigas, je soutiendrai la
boîte pendant ce temps-là. Mais au moment où le jeune mar
quis tournait derrière, il reçut sur la tête une ruade qui
l'étourdit et le lit disparaître.
Le pécheur, maître du colfrese l'attacha au cou avec un
bout de sa corde de sauvetage et se remit nager éuergique-
ment vers le rivage; au moment où il allait l'atteindre, il eut
la curiosité de regarder en arrière, mais quelle fut sa surprise
de voir quelques brasses le jeune homme, qui lui cria
Arrête! assassin!
Malgré la vigueur de Pigas, M. de Kergolan l'atteignat au
moment où il mettait le pied sur la grève. Alors s'engagea une
Sénat. Séance du 12 mai.
chambre des pairs. Traité avec la Belgique.
Séance du 11 mal.
lutte inouïe, une lutte d'autant plus terrible que la mort de
l'un des deux combattants devait en être le résultat et la con
séquence du reste la obauce était physiquement égale en ce
moment.
A qui eût vu ces deux hommes, tantôt dans l'eau tantôt
sur le rivage, s'entrelacer comme deux, serpents, se jeter
terre en houdissaut, se frapper sans relâche, puis pelotonnés
rouler la meret sous les vagues chercher encore s'entre-
dechirerrevenir la surface et combattre encore avec plus
d'acharnementce spectacle eût vraiment fait horreur.
Ce terrible combat ne pouvait se prolonger, car les forces de
Pigas diminuaient sensiblement plusieurs fuis même il s'était
stnti défaillir sous les étreintes de sun adversaire. L'eau lui
remplissait déjà la bouche et il ne pouvait plus respirer. Un
de ses bras était engagé dans la corde. 11 allait être perdu...
quand, par un violent eflfort, il se dégagea, et un bout de
cette corde se déroulant lui resta dans la main. Poussé par cet
iustiuct de salut, d'autant plus désespéré que le danger devient
plus grand, il asséna un coup de cette corde sur la tête du
malheureux Louis qui en fut étourdi puis un second coup lui
fit fermer les yeux; enfin, un troisième, plus vigoureusement
donné, le fit disparaître sous les flots, et la mer engloutit sa
proie
Enfoncé s'écriaen sortant de l'eaule calfal haletant
et couvert d'écume. Je suis riche maintenantmoi mais il
était temps, j'avais affaire un rude gaillard; comme il me
Serrait! Tout en disoouraut part lui, Pigas ramassa le coffret
qu'il avait jeté sur le sable, avant le combat, et suivit le
rivage. Depuis ce jour, ou plutôt depuis cette nuit, on ne le
revit plus dans sa famille.
(Pour être continué