JOURNAL DYPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
Ko 2993.
29me année.
LA FOLLE DE SALMIS.
7FI&2SS, 6 Juin.
La société Guillaume-Tell établie en
cette ville, procédera au tir au roi diman
che 7 Juin 1846, précédé de la musique
des sapeurs pompiers 3 heures de relevée,
elle partira du grand salon d'Apollon pour
se rendre en cortège au lieu du tir en sui
vant la rue du Lombard, la rue de Lille,
la grande Place et la rue de Dixmude.
M. Haverlandt,' vicaire de Saint-Berlin
Poperinghe', vient d'être promu la cure
de YVatou. Il est remplacé par M. Thevelin
vicaire Wynghene, auquel succède M.
Clarysse, co-adjuteur Watou.
Bruges le 3 juin. Nous apprenons que
le pourvoi en grâce formé par De Mettere
a été rejeté et que le condamné subira au
jourd'hui la peine capitale sur une des
places publiques de la ville de Bruges.
IL FALLAIT UN CONÔRÊS LIBÉRAL,
IL FALLAIT UNE PROTESTATION SO
LENNELLE DE LA NATION CONTRE LE
CLERGÉ, CONTRE L'ESPRIT CATHOLI
QUE.
Le 29 mai dernier, vers dix heures
du matin, un incendie a éclaté dans la
ferme du sieur Jean-Baptiste Ameye, pro
priétaire et cultivateurà Ledeghera, arron
dissement de Courtrai. En peu d'instants
cette jolie ferme a été réduite en cendres
et l'on n'a pu sauver qu'une partie du mo
bilier et le bétail. Rien n'était assuré. La
perte est évaluée 6,000 fr.
Cet incendie est le résultat de la mal
veillance. Un mendiant, nommé Vanheule,
demeurant Wynkel-St.-Eloi, qui était
venu dans la matinée la ferme pour ré
clamer une aumône a été arrêté le 2 de ce
mois sous la prévention d'être l'auteur de
ce crime. Hier matin, de bonne heure,
l'autorité judiciaire s'est transportée
Ledeghem pour constater l'état des lieux,
confronter le prévenu avec divers témoins
et procédera son interrogatoire. Vanheule,
qui est en outre accusé par la clameur
publique d'avoir tenté précédemment de
mettre le feu d'autres fermes des com
munes environnantes, a fait la justice
l'aveu de sa culpabilité et révélé toutes les
circonstances qui se rattachent au crime
qu'on lui impute. Seulementil n'indiqueau-
cun molifqui l'aurait excitéà le commettre.
On t'sbouue A lprp»rue de
t ille, 19*près la Grand'placeet
ehea les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX RE l'SBOKKRMElVT,
par trimestre,
Pour Tpresfr.
Pour les autres localités A
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rèdac-
tion doit être adressé l'Éditeur a
lpres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaqoe semaine.
PRIX DES IIHUtlMI
I centimes par ligne. las iè-
clames, ts centimes la ligue.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Voici quelques réflexions du Courrier d'Anvers
qui montrent a quelles inspirations obéissent les
promoteurs du mouvement qu'on cherche h propa
ger dans tout le pays
Les ardents du parti exclusif veulent k tout
prix une rupture complète. Un journal progressif
de cette ville reproche aux libéraux belges de s'être
laissé tromper en i85o, d'avoir cru a l'Union et
de n'avoir pas eu l'expérience de l'esprit catho
lique comme l'avaitpar exemplele Roi
Guillaume. Cet éloge du libéralisme du feu Roi
J'ai le bonheur de compter au nombre de mes amis le doc
teur Y., qui depuis quinze ans a consacré toutes ses veilles,
toutes ses études l'une des plus nobles tâches de la médecine.
Après avoir longuement appris dans les écoles l'art de recon
naître, d'attaquer et vaincre les maladies du corps, Amédée
résolut tout coup d'abandonner une route que tant d'autirs
parcouraient avec gloire, non qu'il éprouvât du dédain pour
une science dont l'humanité bénit les bienfaits, mais parce
qu'il se sentait appelé par sa vajle intelligence vers un sphère
plus élevée; les maladies de l'âme devinrent l'uuique objet de
ses constantes médilatious. Pénétré de cette idée que, lorsque
le moral est atteint, c'est le moral qu'il faut guérir avaut tout,
il fonda une maison de sauté pour les aliénés, dans laquelle
il substitua, aux appareils de l'empirisme, une heureuse
application des forces de la volonté, de la patience et du rai
sonnement. Le succès répondit ses généreux efforts, il obtint
des résultats qui tenaient du prodige; sa réputation devint
bientôt européenne, et une foule de familles infortunées sa
luèrent sou nom comme une espérance.
Parmi les iutéres«ans, et nombreux épisodes de cette vie
d'etode et de dévoùment, j'en choisirai un dont le récit m'a
été fait par mon ami lui-même.
Amédée fut appelé, en 1839, Salins, par M. Desperrois,
qui, après lui avoir fait les offres les plus brillantes, lui écri
vait qu'à son consentement se rattachait le bonheur de toute
uue famille.
étonnera bien des personnes même en Hollande où
l'on a cessé d'y croire, depuis fort longtemps.
N'est-il pas singulier que la politique de Guillau
me ier, complètement usée et condamnée chez nos
voisins, soit remise eu honneur par nos ultra-pro
gressifs?
Mais n'oubliez pas que Cesprit catholique est
essentiellement mauvaiset que tout ce qui se
fait contre lui est louable, n'importe comme.
Ecoutez plutôt la feuillç anversoise qui terminait
hier sou article de fond par cet aveu significatif,
pour ne pas dire très-imprudent, dont nous tenons
boDne note.:
On voit que le parti progressif marche vite.
Vous venez d'entendre l'expression de sa pensée
intime. Mais comment concevoir que les mêmes
gens qui publient des déclarations semblables, se
prétendent amis du clergé et du catholicisme?
C'est cumuler l'hypocrisie avec ce que les haiues
politiques ont de'plus déplorable. N'est-ce pas
trop de moitié, au moins?
Nous ne dirons pas, avec le Précurseur, que
les idées les plus avancées ne nous font pas
peur. Nous avouons en toute humilité que nous
avons peur des tendances d'un parti soi-disant
libéral qui débute par des excenlricilésdece genre,
Que les libéraux modérés et de bonne foi y réflé
chissent, pendant qu'il est temps encore. On veut
M. Desperrois était jeuue et riche: depuis dix-huit mois
il était l'époux de Cornélie Ducaugr, dont tous les jeunes
gens de Salius avaient adoré la beauté, que les pères douuaieut
un exemple a leurs filles pour ses vertus cl ses talents, que les
maris citaient leuis femmes comme un modèle de tendresse
conjugale. Uue petite fille de neuf mois, un ange, prenait sa
part d'amour dans ce ménage si bieti assorti, ou plutôt dou
blait celui qui existait déjà avaut sa naissance Que mauquait-
il donc M. Desperrois, et dans cette maison où se trouvaient
réunis tant d'éléments d'une vie sans nuage, quelle porte
avait pu s'ouvrir pour laisser passage au malheur.
Une quatrième personne complétait celle famille: c'était
Mme Ducaiige, la mère de Cornélie. C'était uue femme de
quaraute ans, belle encore, dont la physionomie plaisait au
premier aspect, mais qu'on ne pouvait regarder long-temps
sans éprouver une émotion péuible, et presque un sentiment
d'effroi qui faisait frissonner. Toujours assise dans un grauti
fauteuil, l'œil fixe les lèvres serrées, on aurait pu la croire
séiieuscment occupée de examen des objets placés devant
elle, ou du soiu de retenir jusqu'aux moindres détails «l'une
conversation, si le déplacement de ces objets que ne suivait
point sou regard, si une interpellation laquelle elle ne rér
pondait point, n'avaient témoigué qu'elle ne voyait, ni n en
tendait rien. Klle ne reconnaissait même point sa fille, qui
pointant l'entourait des plus douces prévenances,des soins les
plus tendres. Uue fois tous les mois elle sortait «le cette esp< ce
de léthargie, alors, elle se levait précipitamment et cherchait
franchir les portes et les fenêtres qu'on teuait soigneusement
fci niées en ces u-omeuls-là Ses y eu* devenait nt étiucelau
les entraîner pins loin beanconp plus loin qu'ils
n'ont l'intention d'aller. Tout cela nous dépeint
l'avenir sous des couleurs bien sombres. Puissiom-
nous êlre mauvais prophètes I
ses bras se tordaient d'une m inière cou v oisive, et d'une voix
étouffée. Semblable celle que, prudaut notre sommeil, un
songe pénible fait sortir de notre poitrine, elle s'écriait «Au
feu! Où est mon enfant? Je veux sauver mou enfant! Cette
crise se prolongeait duraut quelques heures, puis elle retom
bait dans sa précédente immobilité.
La triste position de Mme Ducaiige affectait profondément
Cornélie, non que le chagrin qu'elle ressentait trouvât son ali -
ment dans uue douloureuse comparai o.i du préseut avec «e
passé, car elle ne pouvait se souvenir «l'avoir vu, aucune
époque, la plus faible lueur de raison éclairer cet impassible
visage, mais si l'être qui eut dû l'aimer le plus au monde
n'avait jamais pu répondre ses caresses, si, dans son enfance,
dans sa j-nnesse, elle avait été privée des secours et des con
seils de sou guide naturel, si enfin il lui avait manqué ces
soins, cette vigilance de chaque jour et de chaque instaut,
qui, plus que la voix du sang, font germer en notre cœur
l'amour et la reconnaissance, elle connaissait la catastrophe
qui, en privant Mm" Ducange de la raison, l'avait brusque
nt-M enlevée aux devoirs et aux douceurs de la maternité;
elle savait que cette aliénation d'une noble intelligence re
montait un grand dévoùment dont elle avait été l'objet, nu
de ces dévoûuieus sublimes qui ne peuvent jaillir que du coeur
d'une mère. Aussi la vue de cette pauvre créature qui il ne
restait plus de la vie que les apparences, était-elle devenue
pourCornélie une torture incessante; cause innocente d'une
ai triste infortune, elle s'en accusait avec la même amertume
que m sa volonté y eût coopéré elle allait jusqu'à se repru-heé
sou bonheur d'épouse et sou bonheur de ru ère, et lorsque,