jusqu'au lieu du supplice. Il sera assisté
dans celte pénible lâche par son frère, le
R. P. Walle, Jésuite et missionnaire.
Ce n'est que hier soir, huit heures
et demie, que De Mettere a obtenu connais
sance du rejet de son pourvoi en grâce. Il
a écouté la lecture de sa sentence avec la
plus grande résignation. Malgré la position
terrible dans laquelle il se trouve il a con
servé beaucoup de sang-froid, et est par
venu s'endormir onze heures et demie
de la nuit. Il s'est levé trois heures et
demie, il a assisté la messe et a commu
nié en présence de deux frères de charité.
D'après ce que nous ont rapporté des per
sonnes même d'être bien informées, De
Mettere s'est approché de la Sainte-Table
avec la plus grande componction.
Après la messe, le condamné a déjeuné
et a exprimé différentes reprises que sa
position est d'autant plus terrible qu'il sait
que la peine qu'il doit subir affectera beau
coup sa mère, laquelle il semble porter
un vif intérêt. De temps en temps, il sup
pute les heures et même les minutes qu'il
a encore vivre, et quand son imagination
lui retrace ce qu'il doit endurer, un soupir
lui sort de la poitrine et il tombe dans un
profond accablement.Cetétatnedurequ'un
moment;les dignes ecclésiastiques qui l'en
tourent s'empressent de le détourner de
ces pensées lugubres, et de faire luire
ses yeux l'espérance du chrétien.
JUBILÉ DE LIÈGE.
Nous lisons dans la Gazette de Liège
Nous disions il y a quelques jours, quelle
serait la décoration des abords de l'église
St.-Marlin; nous apprenons aujourd'hui
que celle que se propose d'établir la pa
roisse St.-Jean surpassera tout ce que nous
avons vu Liège en ce genre. Cette déco
ration, confiée aux soins et aux talent de
M. Chauvin, professeur l'Académie de
peinture, aura trois parties principales:
deux arcs de triomphe et le reposoir de la
place St.-Paul.
L'arc-de-lriomphe placé l'entrée de
la paroisse, du côté de la rue des Domini
cains, sera construit dans le style gothique.
Le reposoir sera disposé de telle sorte qu'il
embrassera la fontaine de Vinâve-d'IsIe
toute entière. Le grillage qui l'entoure
disparaîtra pour faire place des gradins,
terminés par les lions de la jfontaine, ser
vant de marche l'autel qui sera adossé
au piédestal qui supporte la Vierge. Ce
piédestal, recouvert de draperies en ve
lours rouge, sera surmonté d'une couronne
immense terminant l'autel. Les trois faces
de la fontaine laissées libres, seront ornées
d'emblèmes analogues la fête; on parle
d'utiliser les eaux de la fontaine pour
représenter VAqua Vitœ de l'Evangile.
Le second arc-de-triomphe sera placé
la sortie de la rue du pont d'Avroy, en
face du faubourg Saint-Gilles; cet arc, de
proportion gigantesque (56 pieds d'éléva
tion sur 68 de hase), de style moresque,
nous rappellera les traits les plus gracieux
du palais de l'Alhambra et de la cathédrale
de Tolède. Il sera formé de trois arcs, un
grand et deux plus petits, supportés par
des colonnes. L'arc principal sera surmonté
d'une croix entouree de génies adorateurs;
le centre, coupé par des guirlandes, sup
portera un pendentif représentant leciboire
surmonté de l'Hostie Sainte. Les petits arcs
seront couronnées par des génies ailés de
12 pieds de hauteur, tenant des écussons
rappelant des versets de l'Ecriture relatifs
la Fêle-Dieu. A côté de ces génies seront
des faisceaux de drapeaux aux anciennes
couleurs liégeoises, frauchimoutoises, na-
muroises et belges.
M. Chauvin s'occupe de cette décora
tion avec un zèle tout particulier et le plus
généreux désintéressement, et la commis
sion de la paroisse espère pouvoir placer
ce bel ouvrage pour le premier jour de la
fête de la place pu'il doit occuper, il pa
raîtra annoncer aux population arrivant
des rives de la Meuse la Jubilation de l'an
tique Cité.
Le Roi et la Reine doivent assister au
Jubilé de Sto-Julienne Liège.
Le Messager de Paris nous apporte au
jourd'hui une grande et douloureuse nou
velle. Une dépêche télégraphique de M.
Rossi, datée de Rome, le Ie' juin, annonce
que le Pape Grégoire XVI est mort subite
ment ce même jour entre neuf et dix heu
res du malin.
Maur Capelfari, moine bénédictin de la
Congrégation des Camaldules, né Bel-
lune, le 18 septembre 1765, a été élu Pape
le 2 février 1831 il est mort dans la 81*
année de son âge et dans la 16' de sou
règne.
Moine Camaldule, Capellari s'était rendu
célèbre dans son Ordre par sa science ecclé
siastique et par sa connaissance profonde
des langues anciennes et modernes de l'O
rient. Une réputation de doctrine et de ré
gularité répandue au delà du cloître, et
l'estime générale qui entourait son carac
tère, avaient assuré au modeste religieux,
longtemps avant d'être appelé au sein du
Sacré-Collége, une considération égale
celle des princes de l'Église.
Sa nomination, en mars 1825, par Léon
XII, fut considérée comme la réparation
d'un oubli du règne précédent. H fut bien
tôt placé par ce Pontife la tète de la vaste
et importante administration de la Propa
gande, pour laquelle le désignait spécia
lement son érudition africaine et asiatique;
Samedi vers les neuf heures du matin il a prié
M. l'aumônier Walle de vouloir écrire une lettre a
sa mère et son frère écrivez-leurdit-ilqu'ils
tachent de se consoler l'un l'autre; que je quitte
la vie avec l'espérance d'être plus heureux dans
l'éternité que dans cette vie de misère; que je leur
demande pardon de tout le chagrin que je leur
ai causé; recommandez a mon frère qu'il s'éloigne
constamment de la voie que j'ai suivie; et qu'il
soutienne sa mère tous les jours de sa vie Dites-
leur aussi, ajouta-t-ilque j'ai distribué a mes
amis tous mes effets d'habillement, pour leur
épargner la douleur que la vue de ces objets devrait
leur causer.
On lui demanda ensuite ce qu'il désirait qu'on
dit de sa part aux prisonniers Dites-leurrépon
dit-il, qu'il est plus facile de bien vivre que de
vivre mal que pour moi il est maintenant trop
tard, mais que pour eux ils peuvent encore en
avoir l'expérience.
A mesure que le moment fatal arrivait, la ré-
signaliou du patient semblait s'accroître, grâces
aux consolations que lui prodiguaient le digne
aumônier de la prison et le Rév. Père Walle,
jésuite. Un peu après onze heures et demie, le
bourreau et ses aides sont entrés pour faire, ce
fircrel de ses muscles, il interroge la foi tous les ressorts de
cette physionomie éteinte, comme s'il appréhendait de laisser
échapper le plus léger indice d'émotion. On devine que pour
lui se déroule en ce moment uu drame d'un immense intérêt,
dont le dcnoûment va constater le triomphe ou l'impuissance
de l'art.
Aux premières lueurs de l'incendie, les yeux de la pauvre
folle ont reparu s'animer lorsque les cris au feu sont venus
frapper son oreille, elle a tressailli; bientôt elle se lève, elle
tend les bras vers le chalet, puis ramène ses mains sur son
frout, comme si elle en voulait faire sortir un souvenir; sa
respiration se précipite; des sons inarticulés sortent de sa poi
trine; eniin après des efforts inouis, elle a pu crier Ma bile
sauvez ma fille
Dans cet instant, un homme accourt du chalet il porte un
berceau, il le dépose aux pieds de la folle; celle-ci se baisse,
soulève la couverture d'une main impatiente, demeure un in
stant en contemplation, se relève en criant
Sauvée met ci, merci, mon Dieu
Et tombe évauouie.
Daus le berceau était une enfant, Marie, dont la ressem
blance avec sa mère avait déterminé cette heureuse révolution.
Huit jours après cette scène, Mme Ducange avait complète
ment recouvré la raison et la sauté, et mon ami s'arrachait
avec peine aux erobraasemeuts d'une famille qui eût voulu
pouvoir lui dresser des autels.
qu'on est convenu d'appeler la toilette. De Mettere
a subi cette opération affreuse (plus affreuse encore
pour un parricide) avec le plus grand calme se
prêtant a tout ce qu'on exigeait de luicomme
ferait un homme qui se fait prendre la mesure d'un
habit (c'est l'expression dont s'est servi un témoin
oculaire, qui dit qu'il ne pourra jamais concevoir
comment un homme en un pareil instant puisse
montrer autant de douceur et de résignation.^
Enfin on a déclaré au patient qu'il était temps
de partir; il s'est levé, a dit d'une voix forte un
éternel adieu au directeur et aux gardiens de la
prison, et placé entre M. l'auiuônier et le père
Walleil a marché d'un pas ferme vers le lieu du
supplice. Chemin faisantil tenait les yeux con
stamment baissés, s'entretenant avec les deux ec
clésiastiques et baisaut avec effusion le crucifix
que lui présentait M. l'aumônier. «N'y sommes-
nous pas encore? demanda-t-il h plusieurs repri
ses, je voudrais que cela fut fini.» Enfin on était
arrivé: De Mettere a jeté les yeux sur le fatal
instrument, et est monté sans être soutenu, et d'un
pas ferme comme il était venu. Pendant la lecture
de la sentence de mort, qui pour les parricides doit
être fait du haut de l'échaffaud, le patient s'est
paisiblement entretenu avec M. l'aumônier Walle,
et lui a dit: Monsieur, vous ne m'abondonnerez
pas; n'est-ce pas? Sans doute non, répondit le
digne prêtre. C'est bienreprit De Mettere, et
de temps en temps il baisait encore le crucifix,
disant Seigneur je remets mon âme entre vos
mains.
Après la lecture de la sentence,les bourreanx
ont enlevé au patient le voile noir et la chemise
qu'il portait comme parricide, puis l'ont lié a la
fatale planche. Luiles yeux fixés sur son confes
seur était 1k comme un agneau que l'on va égor
ger. Au même instant la plauche s'est baissée, et
lorsque déjk il avait la tête dans l'affreuse lunette,
M. l'aumônier lui a donné a baiser une dernière
lois l'image de ce Dieu qui lui aussi fut supplicité,
non pas pour ses crimes, mais pour les nôtres!....
Les malheureux De Mettere a alors répété ces tou
chantes parolos iSeigneur y je remets mon âme
entre vos mains! Une seconde après il n'était
plus
Espérons que la résignation parfaite que le mal
heureux De Mettere avait puisée dans la religion,
et qu'on peut trouver dans la religion seule, lui
aura valu auprès de Dieu le pardon que les hommes
n'ont pu lui accorder.
Au moment du départ du condamné et pendant
que cette scène horrible se passait au bourg, l'abbé
De Corte entretenait les détenus de la prison en
présence de plusieurs membres de la commission
des sentiments que de pareilles circonstances sug
gèrent aux niiuistres de la religion catholique.
L'auditoire pleurait chaudes larmes pendant tout
le temps que durait celte allocution mais l'im
pression était a son comble lorsque, a l'heure de
midi, l'oratenr, interrompant le cours de ses idées,
s'écria Voici le moment fatal Prions Dieu pour
le salut de l'âme du patient. Tous se jetèrent k ge
noux en sangglottaut et M. l'abbé De Corte im
provisa une prière, dans laquelle il supplia la
Sainte-Vierge, k laquelle De Mettere avait voué
pendant le mois de mai une tendre dévotiond'as
sister le patient k l'heure de la mort. Il récita en
suite les prières des morts, et termina son intéres
sante allocution en plaçant les prisonniers sous la
protection spéciale de Marie.
MORT DE SA SAINTETÉ LE PAPE GRÉGOIRE XVI.