JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3008. Mercredi, 29 Juillet 1846. 30me année. LA. TOMBOLA DE POPER1NGHE. Nous avons publié sous ce titre quelques observations générales. H faut suivre maintenant la critique dans ses détails, et anéantir les mensonges et les absurdités qui tendeut la justifier. Les zoiles s'attaquent surtout la com position de la Commission: le conseil Com munal, l'administration des Hospices, celle du Bureau de Bienfaisance devraient y avoir des représentants. D'abord la Tombola est instituée au profit du Bureau de Bienfaisance et ne concerne en aucune façon l'administration des Hospices. Mais a cela nous n'attachons guère d'im portance. Nous voulons signaler la mau vaise foi des adversaires de toute autorité Poperinghe. Ouvrez le programme. Le Conseil Communal est représenté par le Bourgmestre. L'administration des Hospices est re présentée par MM. Hubert Vanrenyngbe, LiévinDanueel, Henri Cauwelieret Auguste Gbelein. L'administration du Bureau de Bien faisance est représentée par MM. Justin Vautours. Charles Devos, Pierre Polley, Dulloer-Vanden Bogaerde et Auguste Cau- welier. Le clergé n'est pas représenté dans la Commission. Et chose étonnante, ceux MONSIEUR GUILLAUME. qui s'en plaignent, som justement ceux qui devraient s'en apphudir. Le prêtre, comme prêtre, se renfermra dans ses tem ples et y sera honoré, tells est leur devise; de quel droit viennent-ils donc reprocher au clergé de ne s'être point mêlé d'une exposition publique? Poperinghois, s'il y avait des prêtres parmi les commissaires de la tombola, on vous crierait lue-tête que vous êtes des obscurantins et des fana tiques, incapables d'ouvrir les yeux la lumière, condamnés vivre éternellement sous le joug dégradant d'un clergé ambi tieux et cupide. Ce n'est pas tout. Une seule commission était insuffisante, il en fallait quatre: une commission pour accepter les dons, une commission pour les classer, une com mission pour recevoir le produit, et une commission générale. Autant voudrait pré tendre qu'il n'est pas possible d'organiser une tombola sans tous les rouages d'un gouvernement. Quelle dérision! M. Biiliau, vicaire Sladen, est nommé vicaire de la Madelaine de Bruges, en rein- placement de M. Vanslratc, qui passe en la même qualité Staden. Le Débat Social, organe de la majorité des membres du comité de Y Alliance, fait la revue des feuilles libérales de la capitale; l'entendre Indépendance, organe de cer tains Ministres déchus, n'a jamais représenté un parti, et quant /'Observateur, il ne représente plus que les doctrines de son édi- leur (si doctrines il y a). De ces faits, le Débat Social conclut qu'il n'y a plus Brux elles de journal libéral indépendant, et il ajoute en terminant Les hommes sincèrement attachés notre pays et nos libertés publiques ont donc un devoir impérieux remplir, l'in dépendance de la presse est sérieusement menacée; eux la noble mission de la réhabiliter, et quel moyen plus efficace pour atteindre ce but que la constitution d'un organe quotidien, dégagé de toutes ces combinaisons, de toutes ces tripotages qui sont la honte et la décadence de la presse, qui amènerait peut-être sa mort plus tard,si quelques homme d'intelligence oe prenaient cœur de la défendre et de la protéger contre ses obscurs ennemis. Voilà qui est clair. L'Indépendance et M. Rogier,YObservateur et M. Verhaegen n'ont qu'a se bien tenir. Le jour n'est pas loin où Y Alliance et la jeunesse libérale, voulant avoir un organe eux, les mettront pro prement au rebut. Triste retour des choses d'ici-bas! On écrit de Bruges les détails suivants de la fête de Simon Stévin Le cortège des différentes sociétés arrivé la place Simon Stévin. C'est là que s'élève la statue du grand homme, improvisée par nos deux jeunes concitoyens Derre et Van Wedeveldl, et encore couverte d'un voile. Les autorités, les porteurs de cartes privi légiées prennent place. Aussitôt après la société des Chœurs laquelle se sont joints On s'abonne Yprr*rue de f ille, iglprès la Grand'place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. '■II «SE L'ABOEIGVEIT) par trimestre, Pour Ypresfr. Pour les autres localités Prix d'uu numéro. Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le MAMKD1 et le HCIOEM de chaque semaine. PRIE DES EVSERTtWVS. 1Y centimes par ligue. les ré clames, SE centimes la ligne. I ITÉ ET JUSTICE. 7PF.3S, 29 Juillet. (Balle.) Monsieur! monsieur! s'écris-l-il du plus loin qu'il put. L'homme su manteau ne se détouras pas. Pierre arriva tout prés de lui Monsieur, voioi une bourse que vous avez oubliée tout i l'heure dans ma barque. C'est une erreur, je n'ai rien oublié dans votre barqne. et je n'ai point le plaisir de vous connaître mais fut-elle moi, mon ami, je vous dirais de la garder pour prix de votre probité. Monsieur se raille sans doute, dit Pierre de n'être pas reconnu par l'étranger. C'est vous, c'est bien vous que j'ai promené toute la matinée dans la rade, et c'est bien vous qui avez oublié cette bourse dout vous n'avez paa prétendu crttai- nement accompagner le présent que vous m'avez fait des deux luuis qui payeul déjà ma peine au centuple de aa valeur. Je ne me raille point, mon ami, mais si nul autre que moi ne vient vous réclamer Cette bourse, elle vous sppartient bien véritablement car je ne me reconnaît pour ma part aucun droit eur elle. Mais au moins, monsieur, vous me direz votre nom, afin que je sache quel est mon bienfaiteur, le sauveur de ma pauvre mère ('écria Pierre avec l'accent d'une reconnaissance pressante, vous me le direz, monsieur, ou je n'aocepte pas ce présent qui va changer tout mon avenir. Encore une fois, je ne suis pour rien dans tout cela, et je m'étonne de votre insistance. Et comme l'étraoger allait s'éloigner pour se déiober aux regards stupéfaits d'une foule qui cherchait comprendre cette scène Oh non vous ne vous eu irez pas ainsi, monsieur, reprit le jeune homme en se saisissant aux plis du manteau de l'iu- connu. Vous ne pousserez pas la cruauté jusqu'à me laisser ignorer votre nom, que je veuz mêler chaque jour aux prières que j'adresse au Ciel pour ceux qui me sont chers! Vous ne me laisserez pas ignorer non plus votre demeure habituelle, pour que bieutôt j'aille vous y bénir et vous remercier mille fois d'une prospérité dont vous aurez été l'auteur! Poor toute réponse, l'homme qui il s'adressait te dégsgea de la foule en détachant l'agrafe de son manteau, qui tomba dans les mains du pauvre Pierre, de plus en plus surpris, et qui il dit en s'en allant Eh bien! priez Dirn pour monsieur Guillaume. Désespérant de connaître davantage son étrauge bienfaiteur, Pierre, partagé eutre la joie de rendre aa mère un bonheur depuis longtemps perdu, et le regret d'ignorer encore qui ils allaient devoir ce changement, se décida retourner au logis. La tendre mère crut un moment que tout oe que son fils racontait était un réve de son imagination mais quand elle vit de ses yeux 1rs pièces d'or répandues sur la table, elle tomba genoux, et les deux mains élevées vers le ciel, elle s'écria: Merci, mon Dieu, qui n'abandonnez pas le bon Gis qoi prend soin de la vieillesse de sa mère Eh bien, mon enfant, demanda-t-elle quand elle fut revenue de son étonnement, quelle destination vas-tu donner cette somme Pierre fit deux parts égales. Avec oette part, répondit-il, vous seriez moins malben- reuie, ma mère; avec cette autre je feiai mes efforts pour relever l'honneur de la mémoire de mon père. J'élèvèrai dan» la ville un petit commerce en rapport avec mes ressources, et ri Dieu me prête appui, la prospérité qui nous arrive aujour d'hui ne nous abandonnera pas. Pierre fit ainsi qu'il l'avait aunoncé. Son commerce, étroit d'abord, s'agrandit en peu d'années, et la persévérance, unie un ordre parfdit, donna au jeune homme les moyens d'ac quitter les dettes de son père. Après avoir confié sa vieille mère, durant une absence qui devait être courte, aux soins d'une personne moins âgée et dont il était sûr, il se dirigea vers Paris, pour aller de là dans sa ville natale y régler de: affaires qu'on devait y considérer comme abandonnées par I. mort de oelui qni en avait été le primitif auteur. On était au mois de décembre de celte terrible année >79', qui fut suivi* d'une année plus terrible encore. Je nie bornerai dire, poui l'intelligence de ce que je raconte, qu'un Roi d'une vertu et d'une bouté éprouvées, se trouvait pour l'heure traîné devant le tribunal de oeux qui naguère avaient été ses sujets, et l'avaient salué sur la route de leurs acclamations; et qu'à oûlé de ce généreux accusé,un vieillard cheveux blancs, le visag< tout inondé de larmes, était là, qui, avec toute la chaleur d< son âme, toute la puissance de son éloquence, défendait la cause de cette incommensurable infortune. On voyait bieD, au respeot involontaire avec lequel la foule recueillait les paroles du vieillard, que peu de temps aupara vant il avait dû en être l'idole. Pierre se trouvant alors Paria, fut attiré par instinct autant que par curiosité ce spec tacle d'un roi vertueux accusé de crimes que son cour n'avait même jamais soupçonnés. (Pour (tn continué.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1846 | | pagina 1