JOURNAL D ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3014.
3©me année.
f 7 centimes par ligne. Les ré
clames, SA centimes la ligne.
7FRSS, 19 AOÛT.
On lit dans l'Observateur au sujet de
l'Alliance qu'on a tenté d'implanter par un
embryon de société avec tant de fracas
Ypres
Dans le sein de l'Alliance, les choses en
sont venues ce point, que des idées re
poussées par le pays légal, par les électeurs,
y semblent dominer. Nous n'avons pas
rechercher par la faute de qui cette appa
rence, car nous croyons sincèrement
que c'est une apparence et rien de plus,
par la faute de qui cette apparence s'est
produite. Nous concédons même que la
faute première en est l'insouciance qu'a
mise l'élément électoral de l'Alliance con
server la prépondérance qui lui doit ap
partenir en sa qualité de majorité. A part
les causes, le fait existe.
La plupart des Journaux qui sous le
manteau du libéralisme préconisent l'ir
réligion et dépravent les mœurs en Bel
gique, sont notoirement rédigés par des
étrangers. Pour atténuer le reproche qu'on
en déduit, une feuille libérale, organe d'un
juif hollandais, s'écrie Le Journal de
Bruxelles n'oserait pas jurer non plus sans
restriction mentale qu'aucun Français ne
concoure sa rédaction.
Le Journal de Bruxelles répond avec dig
nité
Cette insinuation est de tout point men
songère. La rédaction du Journal de Brux-
elles ne compte aucun étranger dans son
sein. Tous ceux qui y concourent sont Bel
ges par le cœur comme par la naissance.
Peu de feuilles libérales en pourraient dire
autant.
Mercredi Tournai, pendant l'exer
cice, un cuirassier, tombé de son cheval,
a été broyé sous les pieds des chevaux.
A peu près au même moment un charre
tier, probablement ivre, tombait sous les
roues de son chariot, hors la porte de St-
Martin et était écrasé.
On écrit d'Alost, le 15 août: Le
nommé P. Thiry, fourrier au 5" de ligne
en garnison en cette ville, s'est noyé er\ se
baignant au canal. Ce n'est que le lende
main qu'on a trouvé son cadavre. C'est la
cinquième personne qui subit le même
sort en un mois de temps.
L'affaire De Ridder et Borguet sera
appelée jeudi 20 de ce mois aux assises du
Brabant. Le nombre des témoins enten
dre est assez restreint.
M. De Bavay, procureur-général, rem
plira les fonctions dé ministère public
dans cette cause. M' Forgeur de Liège, et
M" Lavallée et Vanderton, du barreau de
Bruxelles, sont au nombre des défenseurs.
On écrit d'Anvers sous la date du 14:
Nous avons vu arriver hier au soir avec
une grande satisfaction par le chemin de
fer environ 400 émigrants allemands, car
plusieurs navires étaient détenus depuis
quelque temps, faute de passagers.
La barque belge York, partira demain
pour le Texas avec 120 passagers alle
mands, et la barque américaine JSiobe avec
138 passagers allemands pour New-York.»
Vendredi, au marché d'Anvers, lé
beurre a subi une augmentation extraor-
Tout ce qui concerne la rédac-
J~'L étte adressé l'Éditeur
Ypres. Ce Propagateur parait
le SAMEDI et le MEBCBEDI
de chaque semaine.
PB1X DES INSERTIONS.
On s'abonne Ypres, rue de
Lille, 195, près la Grand'place, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PBIX DE L'ABOIIEJIEXT,
par trimestre,
Pour Ypresfr. A
Pour les autres localités
Prix d'un numéro.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
La procession de l'Assomption est sortie samedi
matin de l'Église de Sl-Jacques, et a suivi son
itinéraire habitué sur la paroisse, par les rues
S'-Jacques, Paddewvk, rue de Lille, Grand'place,
rue de Thourout, Kauwekind, etc. Les écoles des
orphel ins et des orphelines, rangées sur deux lignes,
ouvraient le cortège. Au milieu, on portait les
étendards des diverses églises et des confréries.
Ensuite venaient de longues files de flambeaux, et
la confrérie des Saints Roch, Adrien et Hubert, et
les bustes dorés de ses patrons. Des jeunes gens
portaient le buste de S' Louis de Gonzague, qui
mort a 23 ans, a tant illustré l'ordre des Jésuites,
auquel il appartenait, par ses héroïques vertus. On
ne promène plus en triomphe ni les Alexandre,
ni les César, pas même dans les pays qui furent
témoins de leurs exploits militaires: et un jeune
homme faible et modeste, qui sut écarter de lui
tous les avantages d'une haute naissance, attire vers
lui les hommages de la jeunesse des cinq parties
du mondepartout où le christianisme a pénétré.
Après le trône de S" Anne, suivait celui de la Su
Vierge, en style gothique moderne, orné d'une
multitude de tourelles et de statuettes. Cet ouvrage,
dont nous avons eu déjà l'occasion de parler,
fixait tous les regards il est du au ciseau de MM.
Tambuyser et fils k Malines. La foule ne se fatigue
pas d'aller k S'-Jacques pour en admirer les détails.
De jeunes filles, vêtues de robes d'une blancheur
éclatante, tenaient des drapeaux, où sont peints
les mystères du rosaire, et des emblèmes de la
Vierge. D'autres avaient des cierges ornés de fleurs
et de guirlandes. Rien n'était gracieux comme cette
forêt mobile, divisée en groupes, avançant avec
ordre, que l'art et la nature embellissaient, mais
par dessus tout l'innocence. Les rayons modérés
d'un beau soleil plongeaient dans les clairières,
reflétaient les jolies bannières, et ajoutaient un
charme de plus au coup d'oeil de l'ensemble. Cette
partie de la procession était séparée du clergé par
les enfants de chœur, les chantres, et les thurifé
raires, que dominait la lumière terne et mysté
rieuse des falots. Le Saint des Saints était porté
sous un dais magnifique par M. le curé de S'-
Jacqnes. Une masse compacte de peuple, de tout
âge, de tout sexe, de tout rang, suivait le baldaquin,
les.uns récitant le chapelet, les autres muuis de
livres de prières, tous témoignant par leur altitude
le respect et le recueillement. Aucune musique
n'accompagnant le cortège, l'intervalle des chants
religieux était marqué d'un silence absolu, qui ne
laissait entendre que le bruit leger des pas sur le
feuillage et les fleurs dont les rues étaient jonchées,
semblable au frémissement d'un faible vent sous
les arbres. Ici des festons décoraient les façades, la
des drapeaux et des banderolles aux couleurs
nationales et de Notre Dame flottaient au sommet
des maisons, ailleurs des bannières allégoriques
étaient suspendues au milieu des rues. Chez la
plupart des habitants des lumières étaient rangées
aux fenêtres; en quelques endroits, des arcs et des
parterres de verdure, des peintures, des inscrip
tions, fesaient contraste avec les ornements plus
ordinaires. Depuis la rue de Thourout jusqu'k
celle de Menin surtout, les habitants n'avaient
négligé aucun moyen de préparer la voie a Celui,
h qui n'échappent ni un soupir parti du cœur, ni
un dahlia effeuillé sur le chemin. A divers reposoirs,
la bénédiction a été donnée a la population pros
ternée. Aucun désordre, aucune irrévérence nota
ble, aucun accident n'ont troublé cette belle pro
cession la dernière de l'année.
Nous avons appelé l'attention et l'intérêt de la
Régence et du Collège communal sur M. Rycka-
seys, jadis professeur de calligraphie et de langue
française dans cet établissement, actuellement
malade k l'hôpital. Le Progrès nous prend,
partie du chef de cette recommandation, et répé
tant notre article sur un ton de persifflage, il le
tourne en dérision. Il insinue avec cette malice
moqueuse qui est propre au libéralisme, que M.
Ryckaseys n'a aucun droit aux sympathies du
Collège ni de la Régence, parce qu'il ne dirigea
qu'une section des classes françaises, et il lui con
seille en ricanant d'avoir recours soit k une sous
cription, soit k ses anciens condisciples du Sémi
naire de Gand,où il demeura effectivement pendant
quelque temps. Il semble que si le Progrès tient
tellement k différer de nous sur tous les points,
qu'il ne puisse se joindre même k un vœu formé
dans l'intérêt d'un homme que le malheur atteint,
du moins il ne devait pas profiter de cette occa
sion pour plaisanter aux dépens d'un infortuné. Il
ne devait pas surtout manifester de pareils senti
ments en ayant l'air de s'identifier avec le Collège
communal, et cela au moment où la distribution
des prix attire l'attention publique sur cette insti
tution, et sur les principes qui y dominent, et sur
le sort de ceux qui lui dévouent leur carrière.