prit remuant des Gantois est en quête de
quelque autre aliment de remue-ménage.
L'administration communale de Gand
rencontre depuis quelque temps dans la
perception des droits d'octroi, de la part
des habitants des faubourgs, des résistan
ces et des embarras fâcheux, qui déjà sent
déplorer de tristes collisions. Des sociétés
se sont constituées auxquelles les faubou
riens les plus aisés président, et les droits
d'octroi sont unanimement refusés. L'ex
emple des grands en hardissant le vulgai
re, plusieurs saisies, suivies d'exécution
mobilière sur le Marché du Vendredi ont
été effectuées. Des personnes ont été bles
sées dans les attroupements que ces ventes
occasionnent. A la dernière équipée, un
jeune homme a reçu un coup de bayon-
nette au front, un autre a été atteint au
dos. Bien qu'on puisse avec raison repro
cher ces jeunes gens de s'être mêlés
une affaire où leur présence n'était aucu
nement requise, ces accidents n'en sont
pas moins plaindre. Un vieillard a été
aussi renversé. Il est singulier que la ré
gence de Gand si opiniâtre dompter le
mauvais vouloir des riches faubouriens
par des ventes l'encan, qui en pareille
circonstance ressemblent un défi qui
exaspère; tandis qu'en pratiquant des sai
sies arrêts sur les revenus des contribua
bles, elle briderait beaucoup plus facile
ment et plus sûrement l'outrecuidance de
ses administrés sans le moindre bruit, ce
qui les contrarierait doublement. M. l'avo
cat Desouter d'Ypres paraît s'intéresser
cet épisode de la mauvaise humeur pro
verbiale des Gantois.
Les nommés 1° David Kleen, fils de
Pierre, âgé de 19 ans, charpentier, né et
domicilié Woumen; 2° Pierre-Jean Hol-
loserie, fils d'Isabelle, âgé de 29 ans, ou
vrier, né et domicilié Merckem 3° Charles
Derruwe, fils de Pierre, âgé de 24 ans,
ouvrier, né et domicilié Woumen; 4°
Angebert Holloserie, fils d'Isabelle, âgé de
24 ans, né et domicilié Merckem; 5°
Charles Slembrouek, âgé de 39 ans, ou-
vrier, né et domicilié Mercken 6° Charles
Parrein, fils de François, âgé de 19 ans,
né et domicilié Merckem, et 7° David
Verslype, fils de Pierre, âgé de 27 ans,
né et domicilié Clercken, ouvriers, con
vaincus de vol avec circonstances aggra
vantes, ont été condamnés, savoir les
deux premiers chacun douze années de
travaux forcés, le troisième dix années
de la même peine, les quatrième et cin
quième aux travaux forcés perpétuité et
la marque des lettres T. P. les sixième et
septième chacun vingt années de travaux
forcés, tous l'exposition, et les premier,
deuxième troisième sixième et septième
rester, après avoir subi leurs peines, pen
dant vingt ans sous la surveillance de la
police.
Ap rès le prononcé de cet arrêt, M. le
président a déclaré close la session du
troisième trimestre de 1846.
Les travaux sont tellement avancés
la voie ferrée de la Flandre occidentale,
section de Thourout Bruges, et ceux qui
restent encore exécuter sont poussés
avec tant d'activité, que le service pourra
commencer entre Bruges et Thourout, le
15 septembre prochain.
Un événement déplorable a eu lieu
mardi, 25 de ce mois, vers huit heures,
Tourcoing.
Deux personnes, les nommés Charles-
Louis Yandenabeele, garçon brasseur, et
François Debachy, plombier, étaient occu
pés travailler la pompe d'un puits.
Obligés de descendre plus bas pour accom
plir leur travail, Debachy fut l'instant
suffoqué et allait perdre l'équilibre, lors
que Vandenabeele, qui se trouvait le plus
élevé sur l'échelle, en fit le tour pour se
placer au-dessous et parvint le faire his
ser. Mais au moment d'être sauvés tous
deux, ce dernier fut son tour asphyxié
par les gaz délétères et tomba d'une hau
teur de 40 mètres dans l'eau qui a encore
dix mètres de profondeur, périssant ainsi
victime de son dévouement.
Personne n'osait plus descendre dans le
puits. On essayait en vain d'y brûler delà
paille pour assainir la colonne d'air; en
arrivant une certaine région; la flamme
s'éteignait d'elle-même.
Cependant, le sieur Augustin Masquelief,
maître maçon de cette ville, résolut d'aller
le sonder. Il se fit descendre jusqu'au fond,
et parvint retrouver le cadavre de l'in
fortuné Vandenabeele et le ramener au
niveau du sol. Cinq heures s'étaient écou
lées depuis sa chute et il n'était plus pos
sible de rappeler ce malheureux la vie.
Quant Debachy, grâce aux soins qui
lui furent prodigués, il est maintenant
hors de danger.
La Reine, accompagnée de Mroe la
comtesse de Mérode-Westerloo, sa dame
d'honneur, est venue directement diman
che de Laeken l'église de S'-Jacques-sur-
Caudenberg, pour assister aux offices.
Après le salut S. M. est retournée Lae
ken par les boulevards de Y Allée verte.
11 y a quelques jours, le Moniteur a pu
blié une lettre par laquelle M. le Ministre
de la justice invite la commission de l'amé
lioration du sort des classes ouvrières
lui faire des propositions relativement aux
mesures qu'il conviendrait de prendre pour
venir au secours des population nécessi
teuses de la Flandre, et notamment de
celles qui vivent de l'industrie linière la
main.
Ni V Observateur, ni Y Indépendance n'ont
publié cette lettre. D'où cela vient-il? Est-
ce que ces deux journaux redouteraient
d'apprendre leurs lecteurs qu'un minis
tre du cabinet rétrograde, comme ils l'ap
pellent, a pris l'initiative d'une mesure
incontestablement utile?
On lit dans le journal français YÊpo-
que 0 Un de nos correspondants de Bru
xelles nous annonce le prochain mariage
du prince héréditaire de Monaco, duc do
Valentinois, avec M1" de Mérode, apparte
nant l'une des plus grandes familles de
la Belgique.
On annonce comme officiels les pro
motions suivantes dans le corps diploma
tique belge
M. Const. Rodenbach qui était chargé
d'affaires en Suisse, est nommé en la même
qualité Athènes.
M. Achart, qui avait été précédemment
désigné pour aller remplir le poste de
chargé d'affaires Rio-Janeiro, est envoyé
en la même qualité en Suisse.
COUR D'ASSISES DE LA FLANDRE-OCCIDENTALE.
Audiences du 28 et 29 août
sœur? Des remèdes? je n'en veux pas prendre, je suis
venu ici pour mourir en paix et j'attends avec joie ce mo
ment. Ici le vieillard poussa uu soupir si profondil leva
vers le Ciel un regard si expressif que j'tn fus ému moi-même,
et que je me sentis de plus en plus attaché ce lit funèbre
que j'allais cependant quitter pour terminer ma visite. Je
restai donc, plus intéressé encore qu'auparavant par l'expres
sion de cette douleur muette et rencontrée. L'aumônier ar
rivait.
A cette vue le malade porta lentement et avec peine son bras
amaigri sa tète pour se découvrir et saluer le ministre de
Dieu, et soudain nos jeux étonnés apparut un crâne blanchi
que pas un cheveux n'abritait, voulut couvrir la tète du vieil
lard Non Messieursnous dit-il, d'une voix solennelle et
comme inspirée, en face de la mort, sur le point de paraître
devant Dieu je dois reconnaître et publier ses oeuvres devant
celui qu'il m'envoie pour me préparer cette dernière
épreuve. Or, je me retirais ne voulant pas qu'un profane
assistât des révélations que l'homme de Dieu seul a mission
d'entendre, quand le vieillard me retint en me disant
Restez, Monsieur, je vous prie, restez, et soyez un témoin
de plus de mes crimes et de mon repentir.
Puis il nous montra sa main droite qu'il avait jusque-là
cachée dans une espèce de sac de cuir. Les muscles en avaient
été rongés, et il ne restait plus que des os et des nerfs dessé
chés. Il y a 43 ans, reprit le vieillardque Dieu a puni cette
main qui avait abattu le signe de notre rédemption, et sou
dain il passa dans ma mémoire comme uu éclair; j'avais
reconnu dans cette victime de la justice divine le prévôt de
mon ancien village. L'étoimemeull'eilroila stupeur me
rendaieut muet; je u'osais d'ailleurs prouoncer une parole, re-
doulaut, si je me faisais cuunaitre, de liâter la mort du vieil
lard. 11 continua
Après avoir ravagé l'église du village dont j'étais l'admi
nistrateur, je brisai toutes les croix du territoire, et le même
jour Dieu m enlevait mon fils unique. A peine était-il descendu
dans la fosse que je revins chez moi. et dans ma rage contre
l'Éternel, je voulus me venger je place sur le foyer une
énorme chaudière pleine d'eau je la fais bouillir avec les dé
bris des croix que j'avais abattues, et j'y plonge la toile d'un
superbe tableau de sainte Madelaiue que j'avais enlevé
l'église du village... Une étincelle partie de ce brasier sacrilège
que je venais d'allumer, atteint ma main et y fait une blessure
que les médecius et le temps n'out jamais pu guérir.
Ce n'est pas tout. Ces flammes produitrs par uu bois sacré
se répandent dans ina maison, et daus uu inslaut, mon épouse
qui ne peut fuir, mou château et ses dépendances, tout est
dévoré par le feu. Pour moi, réduit la misère la plus affreuse,
souffrantsaus asile haï par ceux que j'avais méprisés et per
sécutés, je quittaile remords daus l'âmece pays que j'avais
profané par mou irréligion, épouvanté par mes obâlimeiits, et
voilà 43 ans que j'ai demandé mes semblables le pain et le
gîte de chaque jour.
Alors s'adressant l'aumônier, le moribond le pria de
prendre sous son chevet uu petit sao de peau qu'il y avait
déposé. Ce sont les aumônes qui m'ont été donuées pendant
43 ans, ajouta le vieillard et que j'ai gardées bien précieuse
ment pour en faire faire un tableau qui repiéseute la sainte
Madeleine que j'ai plongée daus la chaudière. M. l'aumônier,
je ne me relèverai sûrement plus de ce lit, veuillez faire exé
cuter ce tableau et l'euvoyer au village de..., c'est la prière
que vous adresse un misérable pécheur au lit de la mort, a
Et le vieillard retomba sur sa couche hospitalière, épuisé de
fatigue et d'émotious. Des larmes aboudante9 coulaient de se»
yeux, et les nôtres se mêlaient aux siennes. Longtemps je
contemplai silencieux et attendri cet homme autrefois si puis-
saut, si orgueilleux, et cette heure mourant l'hôpital,
dans la pauvreté, dans un saint repentir. Puis, le jour suivant,
quand je vins faire ma visite, la salle des hommes contenait
un malade de moins, et le lendemain pour la première fois,
j'accompagnais sa dernière demeure le corps d'un défunt de
l'hôpital. Tuus s'étonnaient de me voir cette funèbre céré
monie, mais moi je priais pour l'ancien prévôt.
Si jamais, voyageur curieux et attentif, vous allez de
Nancy Strasbourg el que vous voyiez vers les limites de la
Lorraine, une croix de pierre, de couleur sombre, qui parait
compter plus d'un siècle, si vous voyez attaché celte vieille
croixuu Christ aussi de pierre, mais neuf encore, et n'étant
pas recouvert par la mousse alors découvrez-vous et dites
c'est là que Max le fils du prévôt, a abattu la tête de la sainte
image du Fils de Dieu voilà le nouveau Christ qui a été mis
la place de l'image mutilée. Dirigez-vous alors vers le vil
lage, entrez dans la modeste église et vous y verrez cet ex-voto
du moribond, ce tableau de SainteIdadelaine payé par des
aumônes qu'amassa pendant 43 ans, X... le prévôt, abattent-
de croix, devenu sous la main de Dieu, humble, repentant,
digne d'envie par son héroïque pénitence et par sa sainte
mort. D. C. H.