constance un dévouement admirable;
trois reprises il est rentré dans l'eau pour
sauver ses compagnons d'infortune, et
chaque fois il a eu le bonheur d'en rame
ner sains et saufs sur les bords du fossé.
Les cris que poussèrent ces ouvriers au
moment de leur chute furent entendus
jusque dans l'intérieur de l'hospice S'-Ju-
lien. M. le chanoine Maes, directeur de
l'hospice, est accouru aussitôt sur les lieux
accompagné de quelques domestiques et a
porté ces malheureux des secours et les
consolations que réclamaient leur état. La
direction du chemin de fer se propose de
construire en cet endroit un pont en fer
qui sera placé plus tard, mais le pont en
bois provisoire sera terminé avant le 15, de
sorte que l'accident ne fera point ajourner
l'inauguration de la section de Thourout.
Une feuille libérale de Gand, le Va-
derlanderpubliait passé quelques jours un
appel au peuple, qui est l'une des provo
cations les plus éhontées qu'on se soit ja
mais permises en Belgique.
On écrit de Gand, le 12 septembre
Les différents corps judiciaires, qui
doivent siéger au nouveau palais de justice,
se préparent en prendre possession. Déjà
on y transporte les archives des greffes, et
la fin des vacances prochaines, les au
diences y auront lieu. Celte prise de pos
session ne se fait pas sans difficultés c'est
qui réclamera un local qu'il prétend lui
être nécessaire et qui a été pris par un
autre. La cour d'appel, le tribunal civil, les
juges de paix, etc., tous se plaignent d'être
logés l'étroit. Nous ne savons comment
on parviendra concilier toutes ces récla
mations.
On écrit de Mons, le 13 septembre:
Avant-hier, pendant l'exercice, sur l'em
placement du tir la perche des Archers
de l'Union, un acte de brutalité révoltante
a provoqué l'indignation de tous ceux qui
en ont été les témoins. Un sergent-instruc
teur a donné, dans les côtes, un si violent
coup de crosse de fusil un malheureux
conscrit du 8e, que ce pauvre jeune soldat,
pleurant chaudes larmes, a dû être au
torisé rentrer de suite au quartier. Per
dant du sang par le nez et par la bouche,
il n'a pu s'y traîner qu'à grand'peine, et
l'on a été obligé de porter son fusil.
Ge malin, le bruit de sa mort s'est
même répandu en ville; mais nous aimons
penser que l'extrême irritation des es
prits a exagéré les conséquences de ce fait
déjà si déplorable. Toute brutalité des
sous-officiersenvers les soldats devrait être
sévèrement défendue, de même que ces
ignobles blasphèmes qui avilissent le mi
litaire, et lui enlèvent toute dignité per
sonnelle.
M. J. Kesteloot, fils de M. le notaire
Kesleloot de Thourout, élève de l'Univer
sité de Louvain, vient de subir son examen
de candidat en philosophie avec grande dis
tinction.
M. Moyard, Alexandre, de Bruxelles,
élève de la même Université, vient de subir
le même examen avec distinction et mention
honorable.
M. Ferdinand Lefebvre d'Ohey (Na-
mur), élève de l'Université de Louvain,
vient de subir le doctorat en chirurgie
avec la plus grande distinction.
M. Jean-Baptiste Schorbrodt, élève
de l'Université de Louvain, vient d'être
reçu docteur eu chirurgie avec grande
distinction.
On vient de commencer Bruxelles
le creusement des fondations de l'église
Sainte-Marie l'extrémité de la rue Royale
extérieure; les travaux vont être poussés
avec la plus grande activité, et l'on pense
que toutes les maçonneries, jusqu'au niveau
du sol, seront terminées avant la mauvaise
saison.
Depuis quelque temps les pommes de
terre fournies la garnison de Bruxelles
ne coûtent que 5 c. le kilog. Dans l'ordi
naire, il y a un kilogramme pour chaque
homme.
Dans quelques parties de la banlieue
de Bruxelles, une épizoolie sévit de nou
veau parmi l'espèce bovine.
Les feuilles de la Suisse allemande
rapportent qu'une femme plus que cente
naire, demeurant actuellement dans le
canton d'Argovie, va chercher fortune en
Amérique. Elle attend avec impatience le
jour du départ pour le nouveau monde.
1806 1844
HOLLANDE.
On écrit d'Amsterdam qu'une grande
mortalité règne en ce moment dans cette
capitale, que plus de 1,500 malades en
combrent les hôpitaux, et que, les locaux
manquant, il a fallu approprier le palais
de justice pour y traiter les patients.
FRANCE. Paris, 12 Septembre.
Henri, condamné aux travaux forcés
perpétuité, subira sa peine Toulon.
Il espérait toujours une commutation de
sa peine, et resta anéanti lorsqu'il apprit
qu'il fallait partir.
L'orgueil blessé et l'humiliation d'être
confondu avec des voleurs étaient les seuls
sentiments qui l'agitaient.
CHOLÉUA-MORBUS.
Dans son mouvement d'orient en occident vers
l'Europe, le choléra inorbus est déjà sorti de l'Inde
et a fait irruption en Perse.
On lit dans le Journal des Débats a ce sujet
Nous recevons des lettres de la Perse jusqu'au
1er août. Elles nous apportent la nouvelle de l'ap
parition du choléra h Téhérancapitale de ce
royaume.
Au commencement de l'année dernière le
choléra, qui avait fait de grands ravages a Lahore
et Caboul, s'est dirigé par KouloumKondour et
Bokhara a Khi va, a l'est de la mer Caspienne. La
il s'était arrêté quelque temps, et on croyait qu'il
se perdrait dans ces régions élevées et dépeuplées,
mais subitement poussé par les vents, il est revenu
sur ses pas, et s'est montré h Candahar. De celte
dernière ville, il passa a Hérat, ensuite a Mechhed,
qui se trouve déjà dans le royaume de Perse, et
s'avança jusqu'à IVleskinau, petite vdle frontière du
Khornssan, a dix journées de Téhéran.
C'est au milieu de juin qu'il arriva du Khoras-
san dans un des faubourgs de Téhéran. Du 20 au
25, le nombre des morts était de six a dix; mais, a
la date du 3o juillet, il y avait déjà quarante a
cinquante cas de choléra par jour. Un frère du
Shah, Karaman-Mirza, jeuue homme de vingt-six
ans, et plusieurs grands personnages ont été eu
quelques heures victimes de celle épidémie. La
terreur s'était emparée de la population musul
mane quien grande partie a abandonné la ville
en cherchant un refuge dans les montagnes. Les
autorités ont donné l'exemple de ce sauve-qui-
peul général, et la ville est presque déserte, les
boutiques sont fermées, le commerce et toutes les
aftaires sont complètement interrompus.
Le Shah se trouvait au camp de Niaveran avec
toute sa coui et ses ministres. Mais le 24, le docteur
Cloquet ayant constaté quatre cas decholéia, le
Roi,suivi de toute sa cour, a quitté précipitamment
le camp et est allé s'établir a six heures plus haut
dans les montagnes. Le lendemain cinq personnes
étant mortes, il a abandonné aussitôt ce nouveau
campement, suivi également de toute sa cour, pour
gagner l'un des plus hauts sommets des monts
El-Bours. C'est sur ce point que les ambassadeurs
et les agents des puissances étrangères qui sont
restés a Téhéran doivent le rejoindre, si toutefois
il ne change pas encore de campement; carlors
de la dernière invasion on les contrées maréca
geuses, et séjourner longtemps dans les positions
élevées et considérées comme les plus saines.
Jusqu'à présent l'épidémie, dans les lieux où
elle s'est déclarée, n'a pas duré plus de deux mois
elle ne sévit avec force que peudaut une quinzaine
de jours. A Candahar et Caboulpendant sa plus
grande force,le nombre des morts s'est élevé a plus
de trois cents par jour
ST.1T18TIQKE B)Ë LA BELGIQUE.
M. Quetelet vient de publier dans le tome 111 du
Bulletin de la commission centrale de statistique,
un mémoire sur les anciens recensements de la
population belge. Dans ce travail, M. Quetelet
s'occupe moins des recensements dont l'intérêt est
purement historique que des dénombrements gé
néraux qui ont et lien depuis le commencement de
ce siècle. Aussitôt qu'elle fut constituée, la com
mission centrale de statistique ne se borna pas a
demander un recensement général de la population,
elle voulut rassembler encore tous les résultats des
opérations semblables qui avaient été faits depuis
1801. Les dénombrements généraux sont au nom
bre de cinq et se rapportent aux années 1801,
1806, 181 t, 1816, et 1829. Ce sont les renseigne
ments transmis h la commission centrale par les
commissions provinciales de statisque qui font le
sujet de ce mémoire.
Les tableaux de 1801 et de 18ti sont, en gé
néraltrès-défectueux. Le premier recensement
régulier date de 1806. Celui de 1829 surtout ren
ferme des détails intéressantes. M. Quetelet donne
le résumé par province des renseignements qu'a
reçus la commission centrale.
Les nombreuses lacunes que présentent ces do
cuments, leur irrégularité, l'absence de toute mé
thode dans la manière de les former démontrent
que toutes les données sur les anciens chiffres de la
population ne peuvent inspirer que peu de con
fiance.
On ne sent que mieux, après les avoir examinés,
la nécessité de procédercomme on va le faire
bientôt, un dénombrement général de la popu
lation du royaume. On reconnaît de plus la né
cessité que cet important élément d'une statistique
soit livré 'a une publicité telle que l'on n'ait plus
a craindre les inconvénients que la commission a
rencontrés eu compulsant ces documents trop in
complets.
Si néanmoins en faisant la part des défectuosités
que nous avons signalées, on veut juger approxi
mativement des progrès de la population de la
Belgique depuis 1806, époque du premier dénom
brement qui ait été fait avec régularité, jusqu'au
31 décembre 1844 dont les chiffres s'appuientdu
reste, sur ceux du recensement de 1829, en tenant
compte des naissancesdes décès et des change
ments de domicile, on trouvera, pour les provinces
qui ont envoyé des tableaux statistiques en 1806,
les résultats suivants
Anvers284,584 391,115
Brabant5o2,542 666,793
Flandre occidentale. 492,i43 662,793
Flandre orientale. 602,257 8o3,345
Hainaut474,497 686,256
Liège311,191 431,777
Si l'on compare entre elles les données fournies
par les tableaux de 1801, 1806, 1811, 1816
1829 et i844, on reconnaît que la population,
depuis le commencement de ce siècle, a été géné
ralement croissante dans toutes les provinces.
L'accroissement a toutefois été moins rapide sous
l'empire que du temps du royaume des Pays-Bas.
La population de i844, dans chaque province,
surpasse de plus d'un tiers la population de 1801.
La province qui a reçu les accroissements les
plus rapides est celle de Brabant. Sa population se
trouve presque triplée. En 1801 (243,972), elle
n'était guère que la moitié de la population de la
Flandre occidentale (459,730); et la fin de i844,
elle lui était supérieure.