JOURNAL D YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT. N° 3045. 30m° année. 7??.3S, 5 Décembre. OU DÉCLIN DU LIBÉRALISME. Le Progrès, parlant des voix que le li béralisme a perdues la Chambre des réprésentants, s'exprime en ces termes L'affaiblissement de l'opposition est due, non pas la scission des libéraux, mais aux prétentions étranges de certains mem bres de Y Alliance, et la faiblesse d'autres, qui n'ont pas compris les plans de quelques radicaux déguisés. 11 serait beaucoup plus rationnel d'at tribuer l'affaiblissement du libéralisme la déconsidération que doivent entraîner né cessairement, si pas incontinent, du moins la longue, la conduite peu digne des meneurs de l'opposition dans la Chambre, et les scandales dont le parti entier a rendu le pays témoin depuis quelques années. Si l'on demandaitquelbien le libéralisme a fait au pays depuis la révolution, on se rait en peine de citer quelque chose de bon et d'utile en sa faveur. Il n'a élevé aucun établissement d'utilité publique ni pour se courir le pauvre, ni pour cultiver l'esprit national, ni pour soulager les malades, ni pour améliorer le sort de la classe ou vrière, ni pour venir en aide la vieillesse, ni pour fortifier le sentiment religieux. II a imaginé une jonglerie maçonnique en fesant descendre un certain jour Bruxelles les loges dans la rue; il a fomenté autant qu'il le pouvait l'agitation électorale pour écarter les candidats que recommandaient le patriotisme, le mérite, le talent, le vœu libre des citoyens. Au lieu de combattre le paupérisme, l'immoralité, l'ivrognerie, il s'est escrimé contre le jésuitisme, l'obscu rantisme, l'esprit envahissant des prélats et d'autres fantômes en l'air, qu'il crée plaisir, et l'aide desquels il amuse et trompe le peuple. Le libéralisme a débau ché la presse, rempli d'idées creuses le cerveau d'un grand nombre dejeunesgens, dépravé l'éducation partout oû il a trouvé des créatures prêtres pour faciliter son in trusion; il a répandu la zizanie dans les familles, tronblé l'harmonie nécessaire en tre les autorités spirituelles et civiles, pous sé quelques bourgmestres campagnards chagriner bassement leurs curés, suscité quelques rixes, comme celle où M. le ban quier Onghena reçut un soufflet Gand, comme celle où M. le principal Maertens reçut un crachat la figure, comme celle où la populace de Verviers cassait des ré verbères pour intimider d'humbles reli gieux. Le libéralisme est en général très- fort pour crier,menacer, frapper, entraver, détruire; mais il édifie excessivement peu. La loge qu'il avait fondée Ypres a disparu sous les fumiers de Gryson; l'université de Bruxelles est la vérité encore debout, mais les produits immoraux qui ont pul lulé de ses chaires et de ses bancs ont suffi samment éclairé tout ce que la Belgique ren ferme d'hommes graves pour fixer le degré d'estime que cette institution est jusqu'ici en droitde revendiquer. Aussi si les caisses de la ville de Bruxelles et de la province (car c'est ainsi que s'exerce ordinairement la générosité des libéraux) n'étaient pas mises contribution, s'il n'y était point puisé pleines mains, l'université libérale de Bruxelles passerait bien vite l'histoire. Quand un homme, quelque méritant qu'il soit d'ailleurs, est élevé une dignité quel conque par la brigue libérale, il doit malheureusement se dire mon élection a les suffrages de tous les rénégats qui, baptisés catholiques, ne s'acquittent d'au cun devoir de leur culte, de tous les concu- binaires, de tous les comédiens, de toute la ripaille doréequirampedansla société sans autre Dieu que l'intérêt et le plaisir. Car toutecettecohue fait nécessairement bande avec le libéralisme la mode; c'est du fond des mauvaises passionsqui fermentent dans les masses que le libéralisme nait. Tel est, ayons la franchise de l'avoue, tel est l'état du libéralisme aujourd'hui. Il n'est autre chose qu'une aversion contre la religion ca use|de I a reten ue sal u taire qu'elle i m pose. Cette aversion n'agit pas avec une violence égale chez tous; mais elle se traduit inva riablement en mauvaise humeur contre le clergé qui est l'organe de la religion, et qui propose ses défenses aussi bien que ses dogmes. Bar le temps qui court, c'est une grave erreur d'envisager dans notre pays le libé ralisme comme une opinion politique: il n'a de politique que l'apparence, que l'é- corce ex térieure c'es t I'i mpiété qu i l'i nspi re et le fait vivre. Peu importe au libéralisme que nous soyons régis despotiquement sous les Nassau, ou constituibunellemenl sous Léopold, ou démocratiquement sous un gouvernement républicain, le libéralisme y attache bien peu d'importance ce qu'il lui faut comme aliment, c'est la croisade contre les prêtres, la calomnie contre les jésuites, les invectives contre l'épiscopat, la dérision de la piété chrétienne, le feuil leton obscène, tout ce qui peut, travailler, exciter, provoquer, dans un. sens hostile au catholicisme. Les chefs de l'opposition parlementaire pouvaient sans doute se détacher des ré gions boueuses de leur parti; une fois ar rivés la tribune nationale, ils pouvaient n'avoir en vue qoeleur mission légale, et fournir leur carrière avec honneur sur le terrain deTutilité^mais l'ont-ils fait? n'ont- ils pas au contraire joué Te rôle mesquin d'hommes de parti? N'ont-its point paru tenir justifier qu'une ignoble crasse mar quait leur origine? Quand on a reproché M, Lebeau d'avoir dit en plein congrès qu'il se sentait peu de sympathie pour le catholicisme qu'a-t-il su répondre? Les extravagances tribunitiennesde M. Gastiau ne font-elles pas pitié dans un législateur? Les députés de Bruxelles ne sont-ils pas partis de Y Alliance comme des gamins bat tus par leurs compagnons pour n'avoir pas été assez méchants?Que signifie un M. Ver- haegen, qui tantôt va porter une plume d'or l'ordurier Sue,, tantôt ennuie la Chambre comme l'an passé,, en racontant les propriétés d'un crâne de fumeur? Avec de tels organes, avec des mandataires qui gaspillent ainsi leur dignité personnelle, aveuglés et asservis par de misérables pré jugés qu'ils n'ont pas seulement le tact de dissimuler, il n'est pas étonnant que l'op position perd du terrain et se détraque; mais il est beaucoup plus surprenant que les Chambres ne la traitent pas plus cava lièrement, et que le pays ne lui ait pas fait sentir énergiquement depuis longtemps une unanime improbation. Le Progrès est incorrigible on a beau lui pincer les oreilles, le mauvais garne ment persiste dans son système de par tialité et d'injustice. Passé quelques mois seulement, il an nonça qu'une autopsie cadavérique avait été faite, sur les réquisitions de l'autorité judiciaire, par le docteur Hammelrath. Nous fîmes remarquer que ces sortes de On s'abonne Ypres, rue de I.ille, n° 10, près la Grand'place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX RE L'IBOMXEMEXT, par trimestre, Pour Ypresfr. 4 Pour les autres localités 4 Prix d'un numéro. Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé L'Éditeur Ypres. L« Propagateur parait le SAJiERI et le MERCRERI de chaque semaine. PRIX VER BMRERTMMR. 9 centimes par ligue. Les ré clames, SU centimes la ligne. VÉRITÉ BT JUSTICE.

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