JOURNAL D'ÏPRIS ET DI L'ARRONDISSEMENT.
]\0 3048. Mercredi, 16 Décembre 1846. 30me année.
A la séance de la Chambre des Repré
sentants du 11 décembre, MM. Kervyn et
Desagher ont exposé la situation déplora
ble des pauvres, sortant des communes
rurales dans les Flandres. Ils ont claire
ment montré comment, par le déclin du
commerce des toiles, la plupart de nos
campagnards, d'abord propriétaires et in
dustriels ont du successivement grever,
puis aliéner leurs propriétés, puis ren
voyer leurs domestiques et ouvriers, puis
abandonner leurs exploitations, puis quit
ter leurs métiers et descendre la condi
tion précaire de manœuvres; condition qui
par le manque de travail, les livre la
mendicité et au vagabondage. En vain les
gendarmes écartent par force des grandes
villes les familles émigrées qui cherchent
y pénétrer, chassés de leurs foyers par
la misère elles n'ont d'autre alternative
que la charité, le crime ou la mort. Les
honorables députés ont rendu justice la
sagesse des mesures que le Minisire se pro
pose de prendre, telles que l'exécution de
travaux publics, le défrichement de la
Campine, l'allocation de secours au bud
get, et l'organisation du travail. Ils atten
dent de l'exécution de ces projets au moins
un soulagement la crise qui dévore nos
malheureux compatriotes.
M. Sigart, représentant montois, a saisi
le moment pour lancer au nom du libéra
lisme contre nos provinces flamandes une
sorte de réquisitoire des plus sévères. Il
s'est impatienté de voir la misère des Flan
dres revenir de nouveau sur le tapis; il a
protesté contre la prétention qu'il redoute
ai stéréotyper cette taxe des pauvres au
bubjet du pays; il a accusé les Flamands
de servilisme et d'ignorance; il leur a re
proché leur attachement au clergé et jus
qu'à leur langage. D'après lui, si les popu
lations flamandes souffrent, elles ne doivent
s'en prendre qu'au clergé, ou elles mê
mes, quisqu'elles parlent une langue qui
les isole des autres nations et des provinces
wallonnes.
M. le Ministre Detheux et M. Dehaerne
ont vivement refuté la sortie véhémente de
M. Sigart. Le Journal de Bruxelles qualifie
ses imputations d'imprudence blâmable,
de brandon de discorde. Quoiqu'il en soit,
cette philippique contre deux provinces en
détresse met nu le degré de bienveillance
du libéralisme envers nous. Elle nous aver
tit de ce que nous avons attendre de lui,
si, sur les perfides suggestions de la presse
que nous combattons, nous avons la fai
blesse de soutenir encore des candidatures
libérales, qui rompant enfin la majorité
conservatrice des Chambres, mettraient le
pouvoir aux mains du parti au nom duquel
M. Sigart a parlé. Les chefs de l'opinion
progressive, tels que MM. Devaux, Lebeau,
Rogier, Delfosse et Verhaegen, se sont fort
adroitement mis l'écart en cette circon
stance; ils n'ont en garde de risquer leur
popularité trop gros jeu; on a poussé en
avant un organe de second ordre, pour
comtempler l'effet et se ménager la liberté
du désaveu. Mais nos concitoyens de Flan
dre mériteraient certes une large part des
éprthètes méprisantes qu'on leur a prodi
guées, si celte fois du moins, ils ne savaient
comprendre la leçon, et s'en ressouvenir,
pour agir en conséquence.
CONCERT DE M, OTTO.
Hier a été enterré le sieur Rathé, bourg-
mestre Steenkerke près de Fumes, dé
cédé par suite de sévices, exercées sur lui
par l'un de ses frères, dans une altercation
qu'ils eurent ensemble la maison du der
nier) après un dîner de famille.
On dit que le coupable est fugitif.
Le Portugal, considéré comme miroir
et comme exemple. Le Portugal est dans-^T
une situation bien déplorable. Les factions --I^'
en face les armes la main, le pouvoir '0
royal méconnu, le trésor épuisé, les de
niers public considérés comme une proie
que le gouvernement et la rébellion se dis
putent, les familles désolées par la guerre -*•-
On s'abonne Ypreu, rue de
I.ille, u° io, près la Grand'place, et
ches les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX RE L'ABONNEMENT,
par trftmeslre,
Pour Ypresfr. 4LO©
Pour les autres localités 43»0
Prix, d'un numéro. •-«o
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Tprra. Le Propagateur parait
le SIHEM et le MERCREDI
de chaque semaine.
mil DES IWRERT1DXR.
f 9 centimes par ligue. Les ré
clames, tS centimes la ligne.
vérité et justice.
PB. S S, 16 Décembre.
Toute chose qui réussit par les efforts du génie
et du talent niérile une récompense, et quoi deplos
salisfaisant pour un artiste que l'éloge impartial de
ses qualités artistiques. C'est ce qui nous a porté a
donner un compte reodu exact et sans louanges
exagérés.
L'ouverture de la Barcarolle par Anber, a été
exécutée en premier lieu par le Corps de Musique
des Sapeurs-Pompiers. On a-pu remarquer l'aplomb
qui a régné dans ce morceau et nous pouvons dire
avec bonheur que cette musique a fait un grand
pas depuis quelque temps; honneur a Monsieur
Otto, son chef.
La Romance depuis la Noël, par L. Puget, a été
chantée par Monsieur Edmond Brunfaut, qui fait
toujours grand plaisir par la douceur de son timbre
et l'expression qu'il met dans tous ses morceaux.
Monsieur Wambach a ravi le public dans la fan
taisie sur la Norma, par Jacobi. Cette pureté et
cette force admirable de son, élèvent Monsieur
Wambach au plus haut degré de force musicale,
et nous nous promettons avec bonheur, le plaisir
de l'entendre bien souvent encore.
'Vient Mademoiselle Van Kerfierghen, qui com
mence par Judith (Concone). Inutile de parler du
génie de cette jeune cantatrice, tout homme qui
l'a entendue saura l'apprécier, et le plus grand éloge
qu'on puisse lui donner, c'est que l'admiration des
auditeurs fut si grande, qu'ils n'osaient la plupart
du temps applaudir de crainte de|perdre un mot, un
son de cette belle voix. Mademoiselle Van Kerber-
ghen s'est encore fait entendre dans Bëatrix (Con
cone), dans la fille du Bami (Schubert), et enfin
dans le grand air de la Juive par Halevy. Vouloir
prodiguer des éloges Mademoiselle Van Kerber-
ghen serait une folie pour nous, car nous ne pour
rions jamais lui en donner assez. Espérons qu'un
jour viendra où nous jouirons de nouveau du plai
sir d'entendre cette aimable personne.
Nous avons rempli notre tache quant an premier
acte, espérant que tout auditeur de ce concert sera
de notre avis. Si je n'avais été grand amateur et
amateur indépendant, je n'aurais jamais osé entre
prendre de donner un compte rendu, car il est bien
difficile de parler au gré de tout le monde, plus ou
moins les artistes ont des ennemis, ou pour mieux
dire des envieux, qui trouveront toujours de quoi
déchirer la réputation d'un homme de mérite.
L'œuvre admirable de Donizetti a commencé le
second acte, le nom seul de la Favorite réjouit tout
homme qui est artiste ou du moins amateur. Le
Pot-Pourri de cet opéra arrangé par Vancalk, a
été exécuté par le Corps de Musique déjà cité, nous
ne pouvons nous empêcher de le détailler, car lors
que desamateurs par le grand travail s'élèvent dans
l'exécution d'un niorcean jusqu'à la force artisti
que, que peut-on faire de mieux que de donner un
encouragement bien mérité.
L'entrée s'est faite noble et majestueuse, les
basses s'y sont distinguées par leur force et leur
aplomb.
Viennent les Solos et les Duos qni y entrent.
Si ce n'était qne nous savons pertinemment que ce
n'est que depuis le départ de son prédécesseur que
la petite clarinette joue cet instrument, nous ne
voudrions le croire, car il est difficile d'acquérir
en deux mois de temps, cet aplomb, cette justesse
et cette douceur de son si difficile obtenir dans
un instrument si ingrat.
Les autres solistes ont également réussi; nous les
engageons multiplier et réunir leurs efforts pour
élever la musique aussi haut que possible, ce sera
tout la fois un honneur ponr eux et pour la ville
d'Ypres, qui se plait couronner tout effort.
Nous avons louer le zèle de Monsieur Verhille,
qui a accompagné si bien les artistes et exécuté une
fantaisie qui en juger doit être fort difficile, le
lalent de cet artiste est assez connu, aussi nous
laissons au public le soin de le juger et de l'ap
précier.
Il nous reste encore parler de Monsieur Otto
et de la Symphonie par la Société des Chœurs.
Monsieur Otto n'a en rien dévié de la réputation
d'excellent Cor; il a exécuté son morceau avec
aplomb et nous voyons avec plaisir que les applau
dissements lui ont été prodigués.
Le Concert de Monsieur Otto s'est terminé par
le beau Chœur ou Chant National de Charles VI,
qui a fait grand plaisir.
UN AMATEUR.