JOURNAL 1) APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
rs'o ÎÎ071. Samedi, 0 Mars 1847. 30™ au née.
On s'abonne Tpres, rue de
Lille, u'io, près la Grand'place, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume
PRIX DE L'IIOWBMSIÏj
par trimestre,
Pour YpreSfr. 4OO
Pour les autres localités 4
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Editeur
l'pret. Le Propagateur parait
le 8AJ1F.DE et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIA DES 1A8ERT10A8.
f 7 centimes par ligne. Les ré
clames, 45 centimes la ligne.
vérité et justice.
7?r.2S, 6 MARS.
I.a SOCIÉTÉ DES CHOEURS, se propose de
demander la Re'gence, le local des Hallespour
y donner une Fêtk musicale, au béne'iice des
pauvres de la Ville. La Musique du 1 ome Régiment
et celle dti corps des Sapeurs-Pompiers seront
invitées a vouloir participer cette bonne œuvre.
Cette exécution aura lieu aussitôt que la tempéra
ture le permettra. Nous approuvons cette bonne
idée, honneur ces Messieurs.
Le tribunal correctionnel aura s'occuper jeudi
prochain de la cause du sieur Derathé, paysan aisé
du Furnambacht, qui dans un état d'ivresse, a
porté h son frère des coups, auxquels celui-ci a
malheureusement succombé. Soit qu'il y eût pro
vocation grave, ou que cet accident ait paru invo
lontaire, la décision de la chambre du Conseil de
Fumes, qui avait jugé l'aflaire criminelle, a été
réformé par la Cour d'appel de Gand et le procès,
déclaré correctionnela été renvoyé devant le tri-
bunal d'Ypres. La défense sera présentée par M*
Bril de Furues, assisté de M* Vaudaele.
A la dernière audience, le Tribunal a condamné
deux briseurs de vîtres, l'un 8 mois, l'autre a un
an d'emprisonnement.
Dimanche dernier, une fête brillante a eu lieu
Poperinghe. Le corps des Sapeurs-Pompiers,
voulant célébrer avec quelque éclat, la nomination
de leur digne Commandant Monsieur Henri Van
Renyngiie aux fonctions d'Echevin de cette ville,
se sont rendus chez lui avec solennité a l'effet de
lui présenter leurs unanimes félicitations et lui
exprimer combien le corps entier se sont honoré
par son élévation ce poste éminent. Après avoir
reçu,cette occasion, de la part de leur chef, l'ac
cueil le plus flatteurils se sent rendus leur salle
habituelle de réunion Hôtel de S1 George où ils
ont passé le reste de la journée fêter avec la plus
franche cordialité cet heureux événement.
L'éclat de cette fête était rehaussé par une bril
lante illumination en verres de couleur entremêlés
de chronogrammes et de vers applicables a la cir
constance.
ui NOiiiuirs a iinii.es.
On lit dans le Nouvelliste de Flandres, sous la
date du 5 mars
Des tentatives de désordres ont eu lieu hier en
notre ville. Nous exposerons brièvement les faits
tels qu'ils nous ont été rapportés par des témoins
oculaires.
a Vers une heure de relevée, un rassemblement
de gamins de i 2 a t5 aus s'est formé devant la
boulangerie du sieur Cbristiaens, au hameau de
Scheepsdaele, commune de St-Pierre-lez-Bruges.
Un d'eux est entré dans la boutique et a demandé
un petit gateau sans argent. Sur le refus de la bou
tiquier le petit garçon sortit, et au même instant
uue volée de pierres vint briser toutes les vitres.
Christiaens était absent, sa fetnme effrayée se sauva
avecsa famille par une porte de derrière, et bientôt
la petite troupe pénétra dans la maison et enleva
tout le pain qui fut emporté par des femmes apos-
lées, mit les meubles en pièces et les jeta dans la
rue. Cependant la foule grossissait, aux petits pil
lards il vint s'en joindre des grands et toute la
maison fut dévalisée.
Sur ces entrefaites le garde-champêtre de la
commune était venu Bruges requérir l'assistance
des gendarmes. Neuf hommes de cette arme sont
arrivés sur les lieux trois heures leur présence a
suffi pour dissiper le rassemblement.
Jusque la le bruit de ces désordres était b peine
parvenu en ville; mais le passage de la gendarme
rie et l'arrivée de quelques personnes venues du
dehors, ont donné l'éveil. Aussitôt une masse de
monde s'est portée vers la porte des Baudets, qui
conduit a Scheepsdaele. Les autorités civiles et
militaires de Bruges ayant aussi été averties, un fort
piquet de cuirassiers reçut ordre de se tenir a la
porte pour empêcher la foule de sortir. Alors un
rassemblement nombreux s'est formé sur les rem
parts intérieurs et dans la rue des Baudets. Ce ras
semblement était très-paisible d'abord, mais vers
les ciuq heures, quelques hommes b figure sinistre
ont brisé les vitres d'une boulangerie voisine.
Cependant des renforts de troupes étaient arrivés,
et l'on put empêcher des excès ultérieurs. Vers six
heures, la foule s'est transportée vers le marché; la
troupe, cuirassiers et infanterie, l'accompagnait.
La le peuple a poussé quelques cris, et une pierre
aélé lancée dans la croisée d'un marchand de tabac.
Les cuirassiers se tenaient en ordre au milieu de la
place, tandis que des détachements circulaient dans
divers quartiers de la ville.
Vers huit heures la foule s'est portée a la place
Simon Slévin,où les croisées d'une boulangerie ont
également été enfoncées. Le rassemblement a été
bientôt dispersé par les cuirassieurs. Dès-lors, di
vers attroupement se sont formés sur divers points,
mais n'ont plus rien montré de menaçant. A dix
heures la foule était écoulée et b onze heures et
demie les troupes se sont retirées dans leurs caser
nes. Les reverbères ont été allumés durant toute
la nuit.
On nous assure que quatre arrestations ont eu
lieu.
Tout porte b croire que dans les troubles de
hier il n'y a pas eu la moindre préméditation ce
pendant sans la prudence xles autorités civiles et
militaires, la foule aurait pu se livrer a de plus
déplorables excès.
La proclamation suivante a été affichée ce
matin par toute la ville.
Les bourgmestres et échevins de la ville de
Bruges,
A LEURS ADMINISTRÉS.
Les actes repréhensibles auxquels des malveil
lants se sont livrés dans une commune voisine, ont
donné lieu en cette ville, a des tentatives de désor-
sordre, qui ont été prompteiuent réprimées.
L'autorité communale, fermement décidée a
assurer, par tous les moyens eu son pouvoir, le
respect dû aux personnes et aux propriétés, a, le
concert avec l'autorité militaire, pris toutes les
mesures pour prévenir le retour de ces coupables
menées qui, en répandant le trouble, ne peuvent
qu'influer d'une manière très-fâcheuse sur l'ap
provisionnement des marchés et par suite sur le
prix des denrées alimentaires.
Les bourgmestre et échevins préviennent, a
cette occasion, leurs administrés que l'autorité mi
litaire, d'après ses instructions, agira directement
pour dissiper, sur le champ, tout attroupement
hostile et réprimer toute nouvelle atteinte a la
tranquillité publique.
Le présent sera imprimé dans les deux langues,
publié et affiché aux endroits accoutumés.
Bruges le 2 Mars 1817.
Les bourgmestre et échevins de la ville
de Bruges,
P.-B. Veriiulst.
Par ordonnance
Le secrétaire, Deljoutte.
Bruges, 4 mars. La tranquillité publique
a étc troublée de nouveau hier par des rassemble
ments pins ou moins inquiétants.
Dès le matin de bonne heure, des mendiants
suspects st sont présentés chez différents boulan
gers de la ville, où ils ont exigé du pain. Le pain
leur a été donné par quelques uns et refusé par
d'autres. Chez ces derniers, quelques cris ont été
poussés, des pierres ont été lancées, et même quel
ques pains ont été enlevés.
Le soir a sept heures un rassemblement extrê
mement nombreux, composé principalement d'ou
vriers et de jeunes gens qui avaient fait de copieuses
1 ibutions a l'occasion du tirage au sort pour la milice,
s'est dirigé par la rue Flamande vers la Grande-
Place. En ce moment, la police a cru devoir faire
les sommations prescrites par la loi. Les habitants
ont été engagés a se teiirer chez eux et immédiate
ment après l'autorité militaire a fait balayer la place
par deux escadrons de cuirassiers.
Quelques tentatives de désordre ont encore eu
lieu dans la journée sur d'autres points de la ville
elles ont été réprimées aussitôt par la force armée.
Les troupes ont agi partout avec la plus grande
prudence et, malgré ce que l'exécution de leurs
devoirs présentait de pénible, elles se sont conduites
d une manière admirable. Un fort détachement de
troupes de ligne et un demi escadron de cuirassiers
ont bivouaqué dans la cour de la Halle pendant la
nuit d'hier et d'avaut-hier. Des cuirassiers ont dû
faire service pendant treize heures consécutives et
les chevaux étaient harassés de fatigue.
Il paraît certain que la classe ouvrière a été
instiguée par les fauteurs de troubles, car le peuple
ne paraissait préoccupé que des menaces contenues
dans une brocheure dont des exemplaires en fla
mand ont été distribués b profusion dans les quar
tiers pauvres de la ville. D'un autre côté, on d vu
daus les rassemblements des hommes b figure
sinistre, qui nous paraissent étrangers b la ville,
et qui sans doute n'appartiennent pas a la classe
ouvrière.