On écrit de Beauraout: Noire petite
ville a été pendant la nuit du 21 au 22, le
théâtre d'un acte de vandalisme déplorable:
La famille Lpossédait depuis long
temps l'ancien Christ des Capucins de Mons,
objet d'art du plus grand mérite, et lui
avait érigé une chapelle portée de la ville.
Des mauvais sujets, qui ne paraissent pas
en être leur coup d'essai (car deux autres
chapelles on tété dévasléesl'an dernier)* ont
enlevé ce Christ et deux statuettes précieu
ses, et, après les avoir horriblement muti
lées, les ont jetées dans la rivière, distantes
de quelque minutes, où un berger les a dé
couverts le lendemain. La justice est la
recherche des auteurs de cet acte inquali
fiable.
HOLLANDE.
Le Slaals-Courant publie le bulletin sui
vant de la santé du Koi des Pays-Bas
Le sentiment d'oppression vers la ré
gion du cœur ne s'est pas renouvelé dans
ie cours de la journée d'hier, et les palpi
tations avaient beaucoup diminué. Au com
mencement de la nuit, l'oppression s'est
fait sentir de nouveau; les palpitations ont
augmenté, mais elles ont ensuite diminué
graduellement, en sorte que vers cinq heu
res du malin le liui est tombé dans un
sommeil paisible, qui a duré jusqu'à neuf
heures du malin. A son réveil S. M. se
sentait beaucoup mieux.
La Haye, le 29 Mars 1847.
FRANCE. Paris, 51 Mars.
On parle comme d'un fait certain du
voyage de l'Empereur Nicolas en France
dans un temps peu éloigné.
Par suite des démarches de la cham
bre de commerce Dunkerque, le Ministre
des travaux publics vient d'approuver les
projets soumis par la compagnie du Nord
pour le tracé depuis Hazebrouck jusqu'à
la limite de l'arrondissement de Dunker
que, afin de hâter l'exécution de l'embran
chement de Lille Dunkerque. La com
pagnie va pouvoir, dès le mois d'avril,
commencer les travaux de loulecette ligne.
M. O'Connell est parti pour Rome.
DANEMARK.
On écrit de Kiel la Gazette d'Augsbourg
que le Roi de Danemark a refusé de sanc
tionner l'élection des députés de la Diète
du llolslein qui ont été réélus et de leur
accorder le congé sans lequels ils ne peu
vent siéger. On ajoute qu'à la suite de ce
relus les membres de la chancellerie du
duché ont donné leur démission en masse.
PORTUGAL.
El Clamor Publico, annonce que des nou
velles exlrêmementgravesdu Portugal sont
arrivées Madrid. La situation du maré
chal Saldanha serait tellement désespérée,
qu'il ne croirait plus pouvoir faire face aux
insurgés, sans l'intervention armée et im
médiate de l'Espagne. Le Clamor Publico
publie, l'appui de son assertion, la lettre
suivante, datée de Lisbonne, 19 mars
Saldanha a envoyé son premier aide de-
camp la Reine, pour lui déclarer qu'il ne
peut rien faire sans l'intervention armée
de l'Espagne; s'il ne l'obtient pas, le ma
réchal proteste qu'il cessera de s'interposer
entre la Reine et le peuple; qu'il renoncera
au commandement de l'armée et quittera
le pays.
En conséquence, le gouvernement por
tugais demande aujourd'hui que l'Espagne
fasse entrer sur-le-champ sur son territoire
un certain nombre de troupes. L'Espagne
y eonsenlira-t-elle, ou plutôt l'Angleterre
le soulfrira-t-elle?
D'un autre côté, on lit dans une lettre
adressée au Mornimj-Uérald On assure
que la Reine Victoria et le Roi des Belges
ont écrit dernièrement la Reine de Por
tugal pour l'engager instamment faire
tous ses efforts pour arriver a un compro
mis avec les insurgés d'Oporlo. La Reine
a repoussé d abord toute idée de parlemen
ter avec des rebelles, mais son époux l'a
enfin décidée consulter Saldanha sur ce
sujet. Un des aides-de-camp du maréchal,
M. Ximenes, a apporté sa réponse qui est
favorable a un arrangement avec les in
surgéspari intermédiaire de l'Angleterre.
SÉNAT.
Séance du 3o Mars. - Présidence de M. de Macar.
I.a séance est ouverte a 2 heures 3/4 pour l'ap
pel nominal et la lecture «lu procès-verbal.
M. Malou par motion d'ordre appelle l'atten
tion du gouvernement sur les hoiiblonnières de
Poperinghe, qui se trouvent sur le point d'être
entièrement perdues, si on ne vient leurs secours,
en mettant un droit protecteur l'entrée des hou
blons étrangers.
M. le Ministre des finances. Celte question
sera mûrement examinée par le gouvernement.
L'ordre du jour appelle la discussion des articles
du projet de loi relatifs la fabrication delà mon
naie d'or.
Après quelques observations, la discussion est
close. Les articles du projet sont successivement
adoptés et le projet est voté dans son ensemble
par 20 voix contre 6. (Les opposants sont MM.
le comte de Quarré, le baron de Slassart, Dindal,
le comte de Ribeaucourt, Mosselmun et le baron
de Potesta de Waleffes.)
xéciitugie
M. le vicaire Vandenioortelede Gulleghema
succombé dimanche, victime de son zèle et de sa
charilé. 11 est beau de mourir ainsi a la fleur de
l'âge, entouré de regrets, pour recueillir la cou
ronne immortelle que Dieu réserve un dévoue
ment sublime.
M. Louis-Marie Defacqz, père de MM. De-
facqzconseiller la cour de cassation, et Frédéric
Delacqz, avocat, conseiller communal, Mons,
est mort le 3o mars, h Bruxelles, l'âge de 79 ans.
M. le prince Jules de Polignac, ancien mi
nistre de Charles X, vient de mourir 2 Saint-
Germain-en-Laye, où il vivait retiré depuis deux
ans. Le prince de Polignac était âgé de 67 ans.
On écrit de Munster, le 29 mars II y a
quelques heures notre ville a été plongée dans la
stupéfaction et le deuil. L'évèquede Munster, Mgr.
George Kerrelmaua été frappé six heures et
demie d'une attaque d'apoplexie foudroyante dans
les cloîtres de la cathédrale et a expiré quelques
instants après. Les dernières paroles qu'il a pro
noncées ont été celles-ci: «Ma dernière heure
est arrivée, mou Dieu, ayez pitié de mon âme.
Mgr. Kallerman n'était e'vêque de Munster que
depuis le 10 décembre dernier.
P.-G. Everaud, Beckers.
o'cOWtELL A l'A RIS.
Le dimanche 28 mars, le Comité électoral
de Paris pour la déjense de la liberté religieuse
s'est transporté chez M. O'Connellpour lui offrir
l'hommage de sa respectueuse sympathie. A sa tête
se trouvaient M. le marquis de Barthélémy, pair de
France, MM. le vicomte de Falloux, le comte de
QualrebarbesClappier, du Kozier et le courte de
Mérode, députés, MM. Leuurmaut et Mauvais,
membres de l'institut, M. le baron de Monligny,
conseiller la cour royale, M. le vicomte de B011-
neuil, président du comité de pétionnementM.
de Couxrédacteur en chef, et M. Veuillot ré
dacteur en chef adjoint de l'Univers, etc. Quand
tous les membres eurent été introduits dans le mo
deste appartement de M. O'Connell, le présideut
du comité, M. le comte de Montaiemberllui a
adressé les paroles suivantes:
Monsieur et illustre ami
Quand j'eus le bonheur de vous voir pour la
première foisil y a seize ansdans votre demeure
de Derryuane, au bord de l'Atlantique, nous étions
au lendemain de la tévolutiou de juillet, et votre
sollicitude se portait déjà avec ardeur sur les des
tinées de la religion eu France. Je recueillis avec
respect vos vœux et vos leçons. Vous vous montriez
dès lots le but où nous devions tendre et la règle
que nous devions suivre allranchir l'Eglise du
joug temporel par des moyens légaux et civiques,
et eu même temps sépaiersa cause de toute cause
politique.
Je suis heureux de pouvoir vous montrer au
jourd'hui que vos leçons ont fructifié parmi nous.
Je viens vous préseuter ceux quieu France, se
sont faits les premiers soldats de ce drapeau que
vous avez le premier déployé et qui ne disparaîtra
plus. Nous sommes tous vos enfants, ou pour
mieux dire, vos élèves. Vous êtes notre maître,
notre modèle et moire glorieux précepteur.
>t C'est' pourquoi nous venons vous apporter
l'hommage tendre et respectueux que nous devons
l'homme quide nos jouis a le plus fait pour la
dignité et la liberté du genre humain et spéciale
ment pour l'éducation politique des peuples catho
liques.
Nous venons admirer en vous celui qui a
accompli la plus belle oœvre qu'il soit donné
l'homme de rêver ici-bas; celui qui sans verser
une goutte de sang, a reeouquis la nationalité de
sa patrie et les droits politiques de huit millions
de catholiques. Nous venons saluer eu vous le li
bérateur de l'Irlande, de cette nation qui a tou
jours excité en France des sentiments fraternels,
et quigrâce vousne tombera plus sous le joug
du fanatisme protestant.
Mais vous n'êtes pas seulement l'homme d'une
nation, vous êtes l'homme de la chrétienté tout
entière. Votre gloire n'est pas seulement irlan
daise, elle est catholique! Partout où les catholi
ques renaisseutà la pratique des vertus civiles, et
se dévouent la conquête de leurs droits légitimes,
après Dieu, c'est votre ouvrage! Partout où la
religion tend s'émanciper du jotig que plusieurs
générations de sophistes et de légistes lui ont forgé,
après Dieu, c'est vous qu'elle le doit! Puisse
cette pensée vous fortifier, vous rajeunir dans vos
infirmités et vous consoler dans les douleurs dont
votre cœur si patriotique est aujourd'hui accablé.
Les vœux de la France catholique, de la
France vraiment libérale vous suivront dans votre
pèlerinage Reine. Ce sera un grand moment dans
l'histoire de notre temps que celui où vous vous
rencontrez avec Pie IX, et où le plus grand, le
pins illustre des chrétiens de notre siècle s'age
nouillera devant un Pape qui rappelle les plus
beaux temps de l'Église. Si dans ce moment de
suprême émotion il reste dans votre cœur une
pensée pour autre chose que pour l'Irlande et
pour Rome, souvenez-vous de nous! L'hommage
de l'amour, du respect et du dévouement des ca
tholiques de France pour le chef de l'Église ne
saurait être mieux placé que sur les lèvres du li
bérateur catholique de l'Irlande!
M. O'Connell a répondu en français
Messieurs, la maladie et l'émotion me fer
ment la bouche. Il me faudrait l'éloquence de
votre président pour vous dire toute ma recon
naissance. Mais il m'est impossible de rendre ce
que j'éprouve. Sachez seulement que je regarde
cette démonstration de votre part comme un des
événements les plus significatifs de ma vie.