JOURNAL D YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
3084.
Mercredi, 21 Avril 1847.
30rae aimée.
7??.SS, 21 Avril.
Un grand nombre de mendiants des
Flandres qui avaient été reconduits dans
leurs foyers ces jours passés, viennentd'ètre
arrêtés tant Bruxelles que dans les fau
bourgs de la capitale. On assure que plu
sieurs de ces mendiantsont déclaré qu'après
avoir été mis la disposition des autorités
de leur endroit, ils avaient été engagés par
ces mêmes autorités reprendre la roule
de Bruxelles, et qu'un secours pécuniaire
leur était donné celte condition.
Le 13 de ce mois, huit heures du
matin, la voûte d'une salle de la Maison de
Force de Gand, dans laquelle se trouvaient
plusieurs détenus, s'est écroulée avec fra
cas. C'est au premier quartier que ce mal
heur a eu lieu. Le nombre des blessés s'é
lève 19; personne ne l'est grièvement,
l'exception d'un seul détenu qui a eu la
jambe cassée.
On lit dans Y Ami de l'Ordresous la
date du 16 Hier a eu lieu, en l'église de
Jambe, le service funèbre des demoiselles
comtesses de Liedekerke-Beaufort.
Parmi la foule nombreuse qui assistait
celte triste et touchante cérémonie, on
remarquait Icsprincipaux membresdecelte
noble famille,laquelle venaient se joindre
leurs principaux amis; toutes les figures
étaient empreintes, comme le premier jour
de la catastrophe, des marques de la plus
vive douleur.
L'église tendue de draperies noires et
blanches était transformée en unechapelle
ardente; au milieu de la grande nef s'éle-
LllTi. ZI 13 137C:^.
vait en pyramide, le catafalque pompeu
sement décoré seize jeunes demoiselles
de la commune vêtues de blanc, portant
sur la tête une couronne de fleurs et la
main un cierge, entouraient ce catafalque
la bière était surmontée de deux séraphins
venant y déposer les deux couronnes de
roses blanches, qui naguère ornaient les
têtes des deux victimes.
Au milieu du recueillement général,
le digne pasteur de la commune, accom
pagné d'un nombreux clergé, commença
la cérémonie funèbre, où bientôt le chant
vint encore ajouter l'émotion des assis
tants.
On lit dans YÊcho de Renaix, 17 avril
La misère fait commettre bien des actes
coupables. Hier soir un individu est entré
dans une boulangerie et y a volé deux
pains. Arrêté quelques pas, par le domes
tique de la maison, il a refusé de restituer
son larcin, en disant que sa famille se
mourrait de misère. Ce malin, un autre
individu a cassé un carreau de vitre la
vitrine d'un boulanger, et a pris un pain
qu'il s'est mis dévorer.
A Bruxelles comme Paris, le pain
débité prix réduit pour la classe néces
siteuse coûte 40 centimes le kilogramme.
L'infante d'Espagne, Louise-Thérèse
de Bourbon, et son époux le duc de Cessa,
sont arrivés hier Bruxelles et descendus
l'hôtel de Belle-Vue.
M. le lieutenant-général Goethals,
coin mandant de2r division territoriale, dont
la santé est chancelante depuis quelques
années, vient de demander sa pension.
Nous apprenons, dit le Journal du
Commerce d'Anvers, qu'un membre du par
quet de Bruxelles est arrivé en ville ce
matin, avec l'ordre de faire arrêter le sieur
O..employé du gouvernement pro
vincial et directeur de la compagnie pour
le transport des émigrantsen liquidation.
L'ordre a été exécuté et le sieur Oa
été écroué la maison d'arrêt de cette
ville.
On mande d'Anvers, le 17: Ainsi
que nous l'avons annoncé, le brick anglais
W'ater l\ymph s'est mis en rade, hieraprès-
midi, avec 89 émigrants; aujourd'hui et
demain sortiront encore du bassin la bar
que belge Slad Anlwerpcn, cap. Govaerts,
avec 158 émigrants; le brick norwégien
Louis De Geer, cap. Lund, avec 108 émi
grants, et le brick suédois Albion, cap.
Ljiiledall, avec 146; tous les trois pour
New-York.
Les assises de la province de Namur,
et celles du Luxembourg, s'ouvriront le
lundi 31 mai. M. le conseiller Thonus, pré
sident Namur, et M. le conseiller Petit,
Arlon.
Un grand désastre a eu lieumercredi,
en mer sur les côtes d'Irlande. Le steamer
/e 6>aHamVe, a 11 a n t d e Li ver pool D rogh ed a
a été surpris, 20 milles environ de la côte,
par un incendie qui a fait en peu d'instants
de si rapides progrès, qu'il devenait peu
près impossible de sauver le bâtiment. Une
partie des passagers et l'équipage se jetè
rent dans une des embarcations, mais avec
tant de précipitation qu'à peine mise la
mer, elle chavira. L'incendie avait été aper-
Oïl s'abonne l'presrue de
Mlle, n« io, près la Grand'place, et
cbex les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'ABO.WE.*B!|f,
par trlmewtre.
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clames, 2 5 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
I.'île delà Dominiquedans les Indes occiden
tales, fut ainsi nommée pour avoir été découverte
un dimanche par Colomb. Elle se distingue des
îles qui l'avoisineut par la beauté des sites, l'abon
dance des plus brillantes fleurs, des fruits les pius
exquis les flancs des hautes collines sont cou
verts de grands arbres, dont le feuillage épais
charme les yeux et procure de frais ombrages, tan
dis que les formes bizarres des sommets hérissés de
rochers qui s'élèvent de toute part donnent au
paysage un aspect hardi et pittoresque. Plusieurs
sources limpides et des ruisseaux scintillants des
cendent des collines et vont rafraîchir les profondes
allées. Sans les ouragans et les tempêtes auxquelles
elle est exposée cette île pourrait être considérée
comme un véritable paradis.
Ce fut ap rès bien des luttes violentes que les ha
bitants aborigènes de la Dominique se soumirent
au joug espagnol. Mais comme il arrive ordinaire
ment que la tactique et la discipline des nations
civilisées l'emportent sur le courage aveugle et la
multitude d'un peuple barbare, les usurpateurs
obtinrent enfin l'avantage, et après de grandes
cruaute's ils réduisirent a l'esclave tout ce qui res
tait des naturels de l'île; je devrais dire le plus
grand nombre des naturels survivants, car il y en
eut plusieurs qui s'enfuirent dans les forêts impé
nétrables et les rochers de l'intérieur où ils se ca
chaient durant le jour dans leurs cavernes et
dans leurs retraites secrètes, comme des bêtes
fauves mais chaque nuit ils descendaient dans les
vallées, s'emparaient des troupeaux des planteurs
espagnols, et trop souvent ils tiraient une ven
geance horrible des malheurs que leur pays avait
soufferts en portant le fer et la flamme dans les
habitations européennes. Mais il arrivait presque
toujours que ces cruelles représailles étaient infli
gées a des personnes innocentes, ce qui excitait
l'indignation des Européens contre les bandits
vindicatifs. Alors on leur donnait la chasse avec
des chiens, des armes feu, sans remords ni pitié,
dans le but d'exterminer la race entière des habi
tants naturels de l'île. Les Espagnols ne faisaient
exception qu'en faveur de ceux qui se résignaient
a les servir en qualité de bûcherons, de puiseurs
d'eau, ou pour d'autres travaux pénibles.
Dans la suite des temps, plusieurs des naturels,
fatigués des tourments et des périls d'une vie pré
caire au sein des forêts et des cavernes, se soumi
rent a ces dures conditions. Ceux qui agirent ainsi
n'eurent subir aucun mauvais traitement, plus
tard ils apprirent les usages, les métiers, et même
quelques-uns des arts de la civilisation surtout la
musique. Mais, malgré cette assimilation extérieure
aux mœurs de leurs maîtres, il n'y avait réellement
ni affection ni confiance entre eux. Les Indiens ne
pouvaient oublier ni leur liberté primitive ni leur
dégradation présente.
Cette situation rendait le bonheur et la satis
faction impossible de part et d'autre. Les insur
rections, les meurtres devinrent fréquents; et
comme d'ailleurs la population noire était de beau
coup la plus nombreuse, les planteurs européens
vivaient dans la crainte continuelle d'être livrés par
leurs esclaves aux terribles bandits montagnards.
Ln esclave marron, Oiui, devenu domestique
du gouverneur espagnolayant épousé une Euro
péenne, en avait eu une fille nommée Lina. Lina
était ce qu on appelle une quarteronne. Sa peau
n'était pas cuivrée comme celle de son père, mais