JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
No 3101.
30me année.
7? 7.2 S, 19 Juin.
Dans les circonstances pénibles où se
trouvent les classes ouvrières, le collège
échevinal fait preuve d'une présence d'es
prit et d'une activité qui méritent les plus
grands éloges. Par ses précautions, 500
sacs de froment viennentd'arriver en ville:
M'alphonse vandenpeereboom,éche vin, s'est
rendu lui-même Anvers pour en faire l'a
chat. Espérons que ces dignes efforts, que
nous aimons louer chez nos adversaires,
produiront le résultat désiré et que les prix
baisseront définitivement.
Mardi, le tribunal a condamné en deux
années d'emprisonnement, 16 francs d'a
mende et aux frais le nteûnier Rosseel, qui
depuis quelque temps mêlait un seizième
de moellon au blé qu'il était chargé de
moudre. C'est le maximum de la loi spé
ciale de 1829 sur les sophistications de
subsistances. C'était en effet le mélange
doleux, et non la soustraction de blé ou
l'abus de confiance, qui était le caractère
distinctif du délit. Rosseel s'est avoué cou
pable au moment de la prononciation de
la sentence, jusques là il s'était renfermé
dans un système complet de dénégation,
malgré les preuves accablantes qui exis
taient sa charge.
On a répandu faussement le bruit d'un
meurtre qui aurait été commis Diependael
près Messines. On allait jusqu'à nommer
la personne tuée. Les grands crimes sont
heureusement fort rares dansnosenvirons,
grâce la moralité des populations, et la
vigilance des autorités.
On écrit de Courtrai
Lundi au marché aux grains de notre
ville la police a découvert un petit manège
que nous nous empressons de livrer la
publicité. Quatre cinq de ces êtres né
fastes que la haine publique poursuit si
juste titre s'étaient donné le mot pour tenir
le prix du grain en échec, voici la petite
manœuvre.
L'un d'eux se trouvait là avec quelques
sacs de blé; un autre compère survient, lui
demande son prix; on ne fait pas beaucoup
de difficultés et le marché est conclu sur le
champ. Survient bientôt un second, puis
un troisième, un quatrième et enfin un cin
quième acheteur. Tous ces achats et ces
ventes se succédant si rapidement et tou
jours avec une augmentation de prix, pro
duisirent bientôt une réaction; les fermiers
environnants commençaient déjà tenir
plus ferme. Un agent de police qui se trou
vait là, ayant attentivement suivi ces diffé
rents mouvements, ne fut pas peu surpris
de voir qu'un sixième acheteur qui survint
n'était autre que le premier vendeur. Là-
dessus le sergent de ville dénoua la comé
die, en invitant l'honnête marchand aller
s'expliquer avec lui chez le commissaire de
police. La foule accourue aussitôt poursui
vit de huées l'infâme spéculateur. A'ous ne
savons pas ce qui en est avenu plus loin,
mais toujours devons nous louer la vigi
lance de notre agent de police Loof, qui
quoique novice, a déjà donné plusieurs
preuves d'habilité et d'application.
Les bruits qu'on a fait circuler sur la
réapparition de la maladie des pommes de
terre sont entièrement dénués de fonde
ment. Si quelque légère altération se fait
remarquer la feuille du précieux tuber
cule cela n'est dû qu'aux nuits froides que
nous avons eues pendant le courant de
la semaine dernière. Les fermiers sont
unanimes pour reconnaître l'état de santé
parfaite où se trouve jusqu'ici ce fruit.
On écrit d'Ostende, le 17 juin: Des
rassemblementstumullueux se sont formés
hier au soir dans notre ville. La hausse con
sidérable du prix des grains sur le marché
de Furnes, avait décidé les boulangers
augmenter en proportion le prix du pain.
Le bruit s'en étant répandu, quelques per
sonnes de la classe ouvrière s'empressèrent
de se rendre chezles boulangers pour ache
ter quelques pains au prix du jour, la hausse
ne devant avoir lieu que le lendemain. Les
boulangers avaient caché leur pain, et re
fusaient d'en vendrece soir, pour en retirer
le lendemain plus de bénéfice. Ce refus
provoqua le mécontentement et les mur
mures, et aussitôt des rassemblements
considérables se formèrent devant les bou
langers les enfants criaient et cassaient
des carreaux, les hommes regardaient, et
les femmes, comme toujours en majorité,
accusaient le pouvoir, la régence, les bou
langers et les marchands de grain.
Cependant ces rassemblements au
raient pu dégénérer en troubles plus sé
rieux, sans l'intervention du bourgmestre
et de deux ou trois conseillers qui ont eux-
inêmes assisté la vente au prix du jour,
de tout le pain qu'on pouvait trouver chez
les boulangers.
A dix heures et demie, tout le monde
se reposait en paix; un calme plat régnait
dans les rues d'Ostende.
On s'abonne Ypre», rue de
I.ille, u° 10, près la Grand'place, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE l'iMMEMEM,
par trlntesSre,
Pour Yprèsfr. 4 OO
Pour les autres localités 4 50
Prix d'un numéro. xo
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
X'pre». Le Propagateur parait
le 8IHEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
1*111 DES l.\8ERTIO*S.
11 centimes par ligne. Les ré
clames, tâ centimes la ligne.
vérité et justice.
Si les libéraux ont échoué chez nous, ils ont
néanmoins obtenu ailleurs, notamment a Gand et
a Tournai, des succès tels que la majorité de la
Chambre des Représentants est devenue douteuse.
D'après les journaux exaltés, il y aurait 54
Représentants libéraux et 54 catholiques; d'après
les journaux modérés au contraire, les Représen
tants catholiques s'élèveraient 57 et ies libéraux
n'en compteraient que 5i.
Quoi qu'il en soit, une majorité de six voix
n'est pas capable d'appuyer efficacement un mi
nistère, quelconque le déplacement de trois
votes, que le moindre accident peut amener,
déterminerait le rejet de la proposition soumise
aux débats delà Chambre et rendrait le Gouver
nement impossible. Ensuite, il ne faut passe le
dissimuler, la manifestation qui ressort des élec
tions du 8 juin h Gand, a Liège a Tournaiest
ostensibleraeot dirigée contre les principes politi
ques, attribués tort ou 'a raison au Ministère
actuel les électeurs de nos villes les plus impor
tantes sont convaincus, ou du moins on est parvenu
*a leur faire accroire que le Ministère De Theux
est pour le pays la source de l'obscurantisme, de
la misère et de l'abaissement, qu'un Ministère
libéral seul est destiné répandre sur la Belgique
entière l'intelligence, la prospérité et la gloire.
Pour ceux qui se trouvent dans cette situation
d'esprit, on le conçoit, il n'y a plus de repos
possible ils s'agiteront aussi longtemps qu'ils
n'auront point réalisé ce que nous appelons une
chimère. Mais, avec des gens qui ne raisonnent
plus il faut renoncer au raisonnement il faut
céder, il importe qu'ils essayent, qu'ils portent au
timon des affaires ces géaDS de leur imagination
et qu'après les avoir observés a l'œuvreils jugent
si les résultats auront répondu a leur fière attente.
Les choses en sont venues au point que les électeurs
n'ajouteront foi aux avertissements des catholiques
que lorsqu'ils auront vu, de leurs propres yeux vu.
C'est pourquoi nous pensons que l'idée d'un
Ministère de conciliation, d'un Ministère mixte, ne
doit pas être accueillie, en supposant qu'une pa
reille combinaison fût encore admissible cause
de la division des Chambres en deux partis éga
lement nombreux.
Le seul moyen de retourner aux principes de
i83o, c'est de passer en plein a travers le libéra
lisme: les criailleries ont vaincu la modération;
l'appréciation des actes, le bon sens de la Nafton
fera justice de l'extravagance, si tant est que l'op
position arrivant au pouvoir ne se dépouille pas
de ses prétentions exhorbitantes.
Et puisque tant d'autres forment un projet de
Ministère, nous en dresserons un a notre tour
Justice Mr De Bavay, procureur-général
Intérieur: Mr Devaux, représentant;
Finances Mr De Brouckere, id.
Travaux publics M' Rogier, id.
Affaires étrangères Mr Lebeau, id.
Guerre: M* Goblet, général, aide-de-camp
du Roi.