PIE IX PAPE.
proprio motu.
Notre principal désir est de connaître, avec au
tant d'assurance que de promptitude, tout ce que
réclament chaque jour l'avantage et le bien des
peubles dont le bonheur est confié a Notre empire
pontifical; aussi devons-Nous trouver au moyen
qui empêche la diversité et la multiplicité des af
faires, et l'augmentation croissante des rapports
qui unissent les diverses branches de l'adminis
tration publique, d'amener un inutile et dangereux
encombrement. Or, comme les moyens varient
seion les temps et les circonstances, et comme, par
suite, il arrive que ce qui auparavant pouvait
n'être ni nécessaire ni utile, devient opportun et
indispensable, Nous avons jugé que pour obtenir le
but que Nous Nous proposons, il serait bon de
réunir en un Conseil les Chefs des principales Ad
ministrations de l'État, et, dans ce Conseil, de
faire proposer et examiner en communau moins
les plus graves d'entre les affaires qui d'ordinaire
sont portées Notre Audience pour y recevoir la
sanction suprême. Que si Nous disons seulement les
plus graves, ce n'est certainement pas que Nous
mettions dans Notre cœur aucune indifférence entre
les soupirs du plus humble de Nos sujets et les in
térêts les plus hauts de l'Etat. Mais, devant ac
cepter la loi qu'impose aux hommes la brièveté du
temps, Nous estimerons toujours la gravité des
affaires d'après la qualité des choses plutôt que
d'après celle des personnes.
Nous avons de plus saisi cette occasion favorable
pour distribuer dans un ordre plus satisfaisant
quelqnes parties de l'administration publique.
Convenablement rapprochées pendant un temps
par d'antres lienselles étaientpar suite de chan
gements successifs, restées unies plutôt par habi
tude que par des motifs suffisantes, ou bien elles
étaient séparées au détriment de l'unité. Cette
distribution nouvelle étant introduite pour mieux
ordonner les travaux du ConseilNous avons la
confiance qu'elle n'aidera pas médiocrement a ren
dre plus régulière et plus simple encore la marche
de chaque Administration.
A ces causes, et ayant entendu, pour éclairer
notre jugement, l'avis de plusieurs de Nos Véné
rables Frères les Cardinaux de la Sainte Église Ro
maine, de Notre propre mouvement et science
certaine, et de la plénitude de Notre Suprême
puissance, Nous Ordonnons et Décrétons ce qui
suit
Chapitre I. Conseil des Ministres.
Art. 1". Il est institué un Conseil des Ministres
composé
i° Du Cardinal-Secrétaire-d'État
2° Du Cardinal-Camerlingue;
3° Du Cardinal-Préfet des Eaux et Routes;
Anatole allait remercier sa tante de ses seuliaieDls bienveil
lants, lorsque M. Thomas s'écria
Oh! de ma vie je n'ai joué d'un malheur aussi constant!
Treize fois, ma femme, treize fois, Anatole; mademoiselle a
eu treize fois la dame de coeur. Allons, encore une partie, s'il
vous plaît.
i- Toujours quitte ou double, monsieur? dit la jeune 011e.
Sans doute, toujours quitte ou double.
M. Thomas qui avait jusque-là tenu les cartes, mêla de nou
veau 6t couper M,,e Deschamps et la partie recommença.
L'ancien agcut d'affaires n'était nullement préoccupé de ce
qu'il perdait il était riche, la jeune fille pauvre, il la repous
sait cause dé~3» pauvreté; il n'était pas fâché d'un hasard
qui devait remonter un peu les Ouauces de Mlle Deschamps et
lui permettre d'acheter Paris une robe de plus: ce qui déso
lait M. Thomas, c'était la coutiuuité de sa mauvaise fortune;
les joueurs veulent réussir, par passion, par intérêt, et quelque
fois aussi pour ue pas paraître malheureux.
Allons, je ue pourrai pas en gagner une! A vous cette
partie encore, s'écrie m. Thomas, en jetant les cartes sur la
table avec plus de brusquerie que de politesse. Elle m'a gagné
dit encore M. Thomas, quatorze parties de suite il parait qu'a
mou âge il ne faut pas plus prétendre aux dames de coeur qu'au
coeur des dames.
Cependant M^e Deschamps avait remarqué que la pendule
marquait onze heures et demie; elle savait qu'à cette heure
4° De l'Auditeur de la Chambre;
5" Du Gouverneur de Rome;
6" Du Trésorier-Général
7° Du Président des Amies.
Art. 2. Le Cardinal-Secrétaire d'État est pré
sident du Conseil; les séances se tiendront chez lui,
quand elles ne seront pas présidées par le Souve
rain.
Art. 3. Le Cardinal Camerlingue pourra se faire
représenter dans le Conseil par Mgr. l'Auditeur du
Camerlingat le Cardinal-Préfet des Eaux et Rou
tes pourya se faire représenter par Mgr. le Prési
dent; ces représentants ne donneront leurs votes
que dans les matières relatives a leurs ministères
respectifs.
Art. 4. Seront également appelés aux séances
les Chefs des Dicastères du Conseil non compris
dans l'article t", lorsque leur intervention sera
reconnue nécessaire. Si le Chef d'un Dicastère qui
est appelé est un Cardinalil donnera sou vote sur
toutes les affaires, comme les autres membres du
Conseil.
Art. 5. Les deux Substituts de la Secrétairie-
d'Etat assisteront aux séances. Ils ne voteront
point lorsque le Cardinal-Secrétaire sera présent
au Conseil.
Art. 6. Le Couseil sera assisté d'un Secrétaire-
Prélat, sans vote.
Chapitre II.
(Ce chapitre règle en dix articles les attributions
des divers Ministres.)
Chapitre III. Affaires traiter en Conseil.
Art. 17. Les affaires h traiter et a décider en
Conseil sont
i° Les confflits d'attributions entre les divers
Dicastères;
2° Les réclamations contre les décisions de cha
que Dicastère, adressées par les parties intéressées
la secrélairerie d'État
3° La réformatiou, quand il y aura lieu, de di
visions territoriales;
4° Les nouvelles lois, les règlements généraux,
les instructions réglementaires, les interprétations
ou déclarations des lois et des règlements en vi
gueur
5" Tout ce qui regarde le système économique,
les finances et l'intérêt général de l'État, et non
pas l'intérêt d'une seule ou de plusieurs provinces;
6" Les nominations de ceux des fonctionnaires
et employés publics seront indiqués dans les arti
cles suivants
7" Toutes les affaires que le Souverain remettra
h l'examen et a la décision du Conseil.
Art. 18. Chaque Ministre a le pouvoir de saisir
le Conseil des affaires autres que celles qui sont
énumérées plus hautpourvu qu'il en ait prévenu
le Cardiual-Secrétaire-d'État.
Mmc Thomas était rarement dans son salon, et qu'une soirée
aussi prolongée pouvait l'iucommoder elle prit doue un flam
beau, embrassa sou amie malade, et, saluant l'oncle et le neveu,
elle se disposa se retirer.
Mademoiselle, lui dit M. Thomas, je suis votre débiteur
j'acquitterai demaiu mes dettes.
Oh! mousieur, quand vous voudrez.
Et Mll« Julie Deachamps quitta le salon.
Mon ami, dit Mme Thomas l'ancien agent d'affaires, je
suis charmé de ce qui vous arrive; cela vous apprendra jouer
avec les jeunes filles.
Allons, allons, Mme Thomas, il n'y a pas grand mal c'est
une galanterie toute trouvée; je paierai MlIe Julie en or..,
Anatole, calcule tout cela; voyons ce que je dois.
Voloutiers, mon oncle. M. Anatole tira son calepin de sa
poche, prit uu crayon et s'apprêta faire le calcul qu'eu lui
demandait.
Qu'ayez-vous joué, mon oncle
"Vingt francs...
El vous avez perdu?
Quatorze fois. Quitte ou double.
Toujours quitte ou double?
Oui.
Anatole commença l'opération arithmétique nécessaire pour
constater le gain de M1Ic Julie, et tandis que son crayon mul
tipliait les chiffres de son calepin, l'oncle se promenait dans son
Art. 19. Le Cardinal-Secréiaire d'Etat propo
sera an conseil les nominations des principaux
fonctionnaires non prélats des tribunaux de Rome,
indiqués dans l'article 11des Gouverneurs, des
Secrétaires-Généraux des légations et des délé
gations, des Inspecteurs et des Chefs comptables
de l'Administration des Prisons, des Officiers et
Employés supérieurs de la Congrégation de la
Santé, du Secrétaire-Chef du bureau de Y A nnone
et des Poivres, du Secrétaire de la Présidence des
Archives, du Secrétaire de la Présidence du Cens
et du Directeur des Monnaies;
Les articles 20, 21, 22, 23, 24, 25 et 26 énu-
roèrent les différents employés supérieurs dont
chacun des sept ministres devracomme il vient
d'être dit pour le Secrétairs-d'Élatproposer la
Domination au Conseil.
Art. 27. Les nominations des fonctionnaires su
périeurs délibérées eu Conseilaussitôt qu'elles
auront été approuvées par le Souverain seront
expédiées par la Secrétairerie-d'Ëtat comme il a eu
lieu jusqu'à présentet les autres continueront
être expédiées par les ministres respectifs.
Art. 28. Chaque Ministre présentera au Conseil
le budget de son propre ministère. Le Conseil
avant d'en délibérer, le communiquera la Con
grégation de révision, qui le retournera avec ses
observations. Le Trésorier-Général mettra la dis
position de chaque Ministre les fonds nécessaires.
Chapitre IV.
Séances et délibérations du Conseil.
Art. 29. Les séances ordinaires du Conseil se
tiendront une fois par semaine. Il y aura des
séauces extraordinaires quand besoin sera, sur
1 invitation du Cardinal-Président ou sur l'ordre
du Souverain.
Art. 3o. Les délibérations du Conseil seront pu
rement consultativestant que le Souverain ne les
aura pas approuvées.
Art. 3t. Le Secrétaire du Conseil tiendra re
gistre des délibérations et dressera pour chaque
séance un procès-verbal contenant les motifs des
délibération. Ce procès-verbal sera présenté au
Souverain.
Art. 52. Lorsque les délibération seront approu
vées par le Souverainle Secrétaire les communi
quera chaque membre du Conseil. Si le Souverain
refuse et diffère de les approuver, le Secrétaire
eu donnera l'avis verbal la première séance.
Art. 53. Les affaires décidées avec l'approbation
du Souverain ne pourront en aucun cas et pour
aucun motif être portées au Conseil, moins que
le Souverain lui-même n'en donne la permission
par un rescrit spécial de renvoi adressé au Cardinal-
Secrétaire-d'État.
Chapitre V. Dispositions générales.
Art. 34. Si le Cardinal-Secrétaire-d'État n'as
siste pas au Conseil, la présidence sera exercée
momentanément par celui des membres présents
qui sera le plus élevé en dignité.
Art. 35. Chaque Ministre, avant de proposer
les nominations au Conseil, fera les recherches les
salon, occupé chercher un moyen honnête pour renvoyer le
plus tôt possible Rouen Mh® Deschamps qu'il trouvait dan
gereuse pour son neveu.
Mon oncle
Eh bien!
Ce que vous devez?
Oui, ce que je dois.
A Mlle Julie?
Eh sans doute.
Eu ayant joué vingt francs d'abord et perdn quatorze fois
toujours quitte ou double?
Eh oui!
Vous devez cent soixante-trois mille huit oent quarante
francs.
Que dis-tu, malheureux! uu tiers de ma fortune!
Comptez vous-même.
Et le neveu teudit l'oncle stupéfait le petit calepin où il
venait d'établir un compte aussi exact que facile faire.
C était l'histoire de ce sage Persan, qui demanda pour toute
récompense au sultan, son élève, la quantité de blé que pro
duirait un grain, un seul grain, multiplié par les soixante-quatre
cases de 1 échiquier le sultan accorda en souriant cette faveur
qu'il croyait légère, et il se trouva que tout le blé de la Perse
n'aurait pas suffi pour satisfaire la demande du sage.
(Pour être continué.)