JOURNAL I) APRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
No 3118.
31me année.
so
7??.3S, 18 AOÛT.
Le Ministère vient de se renouveler. M.
Rogier est appelé au département de l'in
térieur, M. le sénateur de Haussy la jus
tice, M. d'Hoflschmidt aux affaires étran
gères. Le portefeuille des finances est échu
M. \eydt d'Anvers, celui des travaux
publics M. Frère-Orban, avocat Liège,
celui de la guerre M. le général baron
de Chazal. M. Liedls est nommé Ministre
d'état. Plusieurs de ces hommes ont donné
des gages éclatants de leur attachement
la nationalité belge. M. Rogier a été un de
ses premiers défenseurs; MM. d'Hoflschmidt
et Liedls ont comme hommes d'état, des
antécédents honorables aucun des nou
veaux ministres ne relèvera les espérances
des rares partisans de l'orangisme.
Quelques mutations de fonctionnaires
ont signalé l'avènement du cabinet. M.
Desmaisières gouverneur Gand, et M.
Mercier gouverneur Mons, ont été admis
laire valoir leurs droits la pension. On
s'explique difficilement ces révocations, qui
semblent impliquer le reproche d'avoir mal
administré leurs provinces. Nous n'avons
jamaisentendu aucune plainles'élever con
tre la capacité administrative de M. Mer
cier; et le fait de n'avoir pas été réélu la
chambre des représentants, ne peut selon
nous être imputé M. Desmaisières comme
une preuve de défaut d'aptitude, quand on
apprécie impartialement les efforts extrê
mes et passionnés que l'on a mis en œuvre
pour l'écarter de la législature.
Les démissions de M. Vanderstralen-Pon-
thoe, envoyé Rome, et de M. Lekeu, com-
missairedu district Liège, ont lieu d'éton
ner encore davantage. A peine nommés par
le Roi, par quelle étrange péripétie S. M.
a-t-elle pu changer d'avis sur leur compte,
et avant qu'ils eussent posé un acte quel
conque de leur charge, se repentir le len
demain des arrêtés signés la veille? Nous
savons bien que le ministère supporte seul
la responsabilité de ces changements, mais
c'est précisément pour cela que nous ne
saurions apprécier son début quand il met
la Couronne en contradiction avec elle-
même, sans nécessité, sans motifs graves,
ou plutôt par une sorte de caprice pétulant.
Car après tout c'est le Roi que la constitu
tion investit du droit de nomination et de
révocation, et ostensiblement dans le pays
et l'étranger c'est du Roi qu'émanent les
étrangetés que nous voyons.
11 est vrai que les déplacements opérés
sont d'une influence nulle, ou peu près,
sur la direction générale des affaires. Sous
ce rapport, le programme du cabinet du
12 août est satisfaisant.
Le pouvoir civil sera indépendant
tous les dégrés. Le Ministère proclame
en tête de sa profession de foi la condam
nation du système ignominieux du servilis-
me des fonctionnaires prôné par le Progrès.
Il n'attend d'eux, et sans distinction des
catégories arbitraires qu'il plaisait au libé
ralisme jaune de créer qu'un loyal con
cours pour la bonne administration des
intérêts publics.
L'état est laïc. Il respecte la foi et les
dogmes. Il protège les pratiques de l'or-
dre religieux. Comme c'est dans l'édu
cation que la religion doit exercer surtout
un libre empire, ce respect et cette pro
tection devront principalement apparaître
a en matière d'enseignement public. Cet
te déclaration franche fera probablement
froncer les sourcils aux apologistes de l'édu
cation sans prêtres comme on la donne jus
qu'ici au collège communal d'Ypres.
On fera cesser les fâcheux effets de la
loi du fractionnement des communes.
Ces effets ont plutôt été nuls, ce qui suffit
selon nous pour faire disparaître la loi. Il
ne faut pas de lois inutiles.
On joindra les capacités aux listes élec-
torale. Avant de prononcer sur cette
innovation, il faudra en connaître les dé
tails. Si côté des capacités académiques,
on n'admet pas les capacités industrielles,
professionnelles, agricoles et mercantiles,
on créera une aristocratie de castes privi
légiées plutôt qu'on ne renforcera l'égalité
devant la loi. Le cens établit un niveau qu'il
sera extrêmement difficile de remplacer.
On renforcera l'action du gouverne-
ment dans la nomination du jury univer-
silaire. Ce serait une grave imprudence
de toucher une institution féconde au
jourd'hui en heureux résultats. La stabilité
nécessaire aux institutions défend d'y tou
cher la lésère. Renforcer l'action du
gouvernement, ce serait assurer aux uni
versités de l'état une prépondérance fondée,
non sur la supériorité des éludes mais sur
la faveur et protection, qui servent d'ap
pui ordinaire l'ignorance et la paresse.
L'agriculture sera protégée... Les po-
pulalious flamandes seront soulagées.
Nous regrettons de ne pouvoir ajouter
Ypres aura une augmentation de garni-
son et son chemin de fer; le cadre du
programme ministériel ne permettait pas
de mentionner ces petites particularités, il
n'en est pas moins espérer que ce résultat
sera prochainement obtenu.
En somme totale, si l'administration qui
commence a eu le tort de débuter par quel
ques déplacements injustes de fonctionnai
res, les principes généraux qu'elle émet
annoncent néanmoins des intentions loua
bles, auxquelles il importe tous les bons
citoyens d'applaudir.
On nous mande de Quesnoy qu'un duel
des plus déplorables a eu lieu au pistolet
le 6 de ce mois 4 heures du malin, trois
quarts de lieu de la ville, entre un capitaine
au service de France et un belge ce der
nier a reçu une blessure qui quoique pro
fonde ne présente aucune gravité, mais le
premier ayant reçu une balle dans le ventre,
a été transporté immédiatement après
Lille, où il vient de succomber sa bles
sure!... On attribue celle rencontre une
querelle de jeu.
M. Lagae, ancien notaire, le neslor
du conseil provincial, vient de donner sa
démission de bourgmestre de la commune
de lleule, fonction qu'il a remplie avec
honneur et au plus grand avantage de ses
administrés depuis bientôt un demi siècle.
Administrateur zélé, d'une activité sans
égale et tout dévoué au bien être de sa
commune, peu de bourgmestres ont fourni
une carrière plus honorable. Aimé et chéri
des habitants de toutes les classes pour
ses vertus privées et sa bienfaisance, il
n'était pas moins estimé pour ses talents
adminisiralifs et sa retraite sera vivement
déplorée. Ce qu'il a particulièrement am
bitionné, c'est de pouvoir doter, sous son
administration, la commune de lleule
d'une route pavée vers Courtrai et il a
réussi. L'utilité en est appréciable pour
toute la contrée et les plantations régu
lières qui y ont été faites par ses soins en
font une promenade de plus agréables.
Dans ce temps de misère, le caractère
On s'abonne Ypres, rue de
Lille, u® 10, près la Grand'place, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
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par trimestre,
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tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur paraît
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