secret le plus absolu jusqu ce que la cour ait statué sou égard. M"e de Luzy serait renvoyée devant la justice ordinaire. On raconte des détails très-touchants sur la manière dont il a lallu prévenir Mme la duchesse douanière de Praslin de la mort de sa belle-lille, qu'elle aimait ten drement; la vieille daine est presque aveu- gle.On lui a ditd'abordque sa malheureuse belle-fille avait été assassinée par des vo leurs; alors elle a demandé son fils pour pleurer avec lui; s'éloniiant de ne pas le voir paraître, il a fallu lui faire connaître toute la vérité. Son désespoir est sans bor nes. M"' Sébastiani avait apporté en ma riage, du chef de sa mère, plus de 100,000 fr. de rente. Un héritage fait depuis, d'une de ses tantes, avait élevé sa fortune per sonnelle près de 200,000 fr. de rente. M. de Praslin, de son côté, en avait environ autant. Ils avaient encore attendre toute la fortune du maréchal Sébasliani, du gé néral Tiburce Sébasliani, leur oncle, qui n'a pas d'enfants, et leur part dans l'héri tage de la duchesse douairière de Praslin. On dit qu'en apprenant les détails de l'assassinat de M"" de Praslin, le Roi et la famille royale ont éprouvé le plus vif cha- grin. On annonce que M. le duc de Coigny est gravement malade. Le bruit se répand qu'un homme de lettres célèbre vient d'être arrêté sous la prévention de faux témoignage dans l'af faire d'Ecquevilley. Mgr. Pompallier, vicaire apostolique de la Nouvelle Zélande (Océanie) est arrivé depuis quelques jours Lyon, venant de Rome. Mgr. Poinpallier compte prendre un peu de repos dans le sein de sa famille, Vourles (Rhône). On lit dans la Senlinelle des Pyrénées du 10 août La gendarmerie française vient d'opé rer de nouvelles arrestations sur la fron tière de Catalogne: elle a prix dix capi taines, onze lieutenants, un sous-lieutenant, un tambour-major, un trompette et six sol dats au moment où ils allaient franchir la frontière. Dimanche dernier un malheur est arrivé Bapaume. S. A. R. le duc de Mont- pensier assistait au siège, il s'agissait de faire sauter une mine, en conséquence les habitants des maisons trop rapprochés de la mine avaientété prévenus dequilter leur maison. L'absence de tout accident an térieur avait enhardis ceux-ci, aussi au momentde l'explosion plusieursd'enlr'eux ont été blessés, et une jeune fille de 8 ans a été tuée. Les scellés viennent d'être apposés Versailles sur les papiers d'un comptable du 7me régiment des dragons, qui a pris la fuite par suite de malversation. Un malheureux moissonneur des en virons de Laon, vient de succomber, l'Hôlel-Dieu de cette ville, au bout de qua tre jours d'une maladie affreuse et qui ne pardonne pas, le charbon. Il dormait au soleil après son repos de midi. 11 se reveilla de douleur; une mouche venait de le pi quer. Pendant les deux premiers jours, il eut la force de travailler encore; le troi sième, la partie de son corps qui avait été piquée enfla, noircit, se gangréna; il se fit conduire l'Hôtel-Dieu. On reconnut de suite que la maladie était mortelle. Par les chaleurs de la saison, il périt une assez grande quantité de moulons; on les enterre peu de profondeur. Les loups en assez grande quantité dans nos campagnes, ou les chiens, les déterrent pour se repaître de leurs chairs et laissent a découvert l'a nimal qui ne larde pas entrer en putré faction. Les mouches qui ont passé sur ces cadavres emportent avec elles le germe de la maladie qu'elles communiquent aux animaux et aux hommes qu'elles louchent. Il paraît que les morts la suite du char bon sont assez fréquentes dans l'été parmi les moissonneurs. Le malheureux mourut le lendemain de son entrée l'Ilôlel-Dieu, au milieu des souffrances les plus terribles et des transports de la fièvre. Un autre moissonneur avait été plus heureux, quel ques jours plus tôt, touché aussi par une mouche dangereuse, quand il vit son état s'aggraver, il s'empressa de se faire con duire l'Hôlel-Dieu, dès le premier jour et par des soins habiles on le sauva. Nous recommandons aux cultivateurs une pré caution des plus simples et qui prévien drait bien des accidents de ce genre; dans chaque ferme, on devrait avoir un flacon d'ammoniaque, autrement dit alcali volatil. Quand un insecte guêpe, mouche ou autre a pincé une personne, sur la pustule qui se lève on applique une goutte d'ammonia que et l'enflure cesse avec la douleur; le venin déposé par l'insecte dans la plaie est l'instant neutralisé par l'ammoniaque. Dans les Indes, où abondent les insectes vénimeux, les scorpions, scolopendres et serpents de cent espèces, plus dangereux les uns que les autres, chaque soldat de l'armée anglaise n'entre jamais en cam pagne sans sa provision d'ammoniaque qu'il est forcé de représenter l'inspection. De la sorte, on évite des accidents qui ne sont pas moins dangereux que la piqûre des repues de la chair des animaux atta ques du charbon. ANGLETERRE. Londres, 24 août. Les char listes recueillent en ce moment des souscriptions dont le montant est des tiné fonder une banque sous le titre de Banque du travail. Le capital est fixé 1,250,000 francs. On lit dans le Constitutionnel 11 serait impossible de dépeindre la conster nation et la douleur qu'a jetées dans les villages voisins du château de Vaux, l'effroyable catastrophe du 18 août. M™0 de Praslin, d'une piété éclairée et d'une bienfaisance inépuisable, était extrême ment charitable. Bien que ses manières fussent enrpreiutes d'une grande dignité, elle était excel lente envers les malheureux et les pauvres. Les notes de dépenses, retrouvées dans sa chambre a coucher, contiennent cet égard des documents précieux qui attestent sa bonté ingénieuse et tou chante. A côté de la mention des sommes que le duc, son mari, lui remettait par sa toilette, on lit, par exemple: Donné too Jr. la femme T.... pour Vaider payer le remplacement de son fi/s. Ou bien Envoyé au sieur T...., dont la femme est récemment accouchéela somme de 5o fr. On y trouve des preuves non moins nom breuses de sa munificence envers les églises du voisinage et le détail des aumônes qu'elle confiait aux ecclésiastiques du pays pour les distribuer a la population nécessiteuse. La mésintelligence qui existait entre elle et son mari, mésintelligence qui n'avait cessé de s'accroître depuis i843, époque où M11" de Luzy était entrée dans la maison, n'était Vaux un mystère pour personne. Les domestiques avaient raconté les scènes douloureuses qui s'étaient re nouvelées dans les derniers temps de la manière la plus fâcheuse. De tristes pressentiments semblaient agiter i\lm° la duchesse de Praslinqui était pres que toujours plongée dans une morne tristesse. Une femme de chambre racontait notamment la scène suivante. Elle se promenait dans le parc avec sa maîtresse, il y a un mois environ. Le duc de Praslin aborda sa femme et l'invita a venir vi siter avec lui les caveaux funèbres du château, qu'il avait fait réparer tout récemment. La du chesse refusa, et comme son mari insistait, elle lui dit A quoi bon? n'y descendrai-je pas bientôt et pour jamais? En mainte occasion, elle avait répété qu'un secret instinct l'avertissait qu'elle périrait prochainement d'une mort funeste. On racontait une circonstance singulière qui confirmerait ce fait. Les perquisitions judiciaires ont eu pour résultatdit-on de faire découvrir dans la chambre de Mmela duchesse de Praslin plu sieurs plis cachetés de cire noire, et sur l'enveloppe elle avait écrit de sa main Pour mon mari, qui ne les ouvrira qu'après ma mort. On ajoutait que ces lettres n'avaient point été décachetées en coreet que ce soin avait été laissé, s'il juge a propos de le prendre, M. le chancelier Pasquier. Les recherches ont amené, en outre, la découverte d'un manuscrit volumineux, contenant des mé moires intimes dans lesquels la duchesse de Praslin faisait le récit des années heureuses de son mariage et des amers chagrins qui les avait suivies. Ou affirme que les investigations de la justice n'ont pas eu des résultats moins curieux en ce qui concerne M. le duc de Praslin. On raconte ce sujet que son cabinet de travail a été l'objet d'un contrôle attentif. Longtemps les recherches, ce qu'il paraît, ont été infructueuses; enfin dans un tiroir a secret d'un meuble en bois de rose, des découvertes importantes ont eu lieu. On a trouvé un grand nombre de lettres qu'on dit é'manées de M1U de Luzy, signées de ce nom Azélieet com mençant presque toutes par ces mots Mon cher Théobald. Nous n'en dirons pas davantage: M11" de Luzy est dans une position délicate qui nous commande la plus complète réserve. D'autres lettres, non moins graves, se trou vaient, ce que l'on nous a dit, dans celte cachette. 11 paraîtrait qu'une assez longue correspondance a eu lieu une époque peu reculée entre M. le duc et Mm° la duchesse de Praslin. Cette correspon dance roule principalement sur les causes de mé sintelligence, qui avaient troublé une union si heureuse sous tant de rapports. On a aussi placé sous la main de la justice, des lettres de M. le maréchal Sébaslianiqui tantôt traitait avec son gendre des questions d'intérêt, tantôt le répri mandait, non sans quelque vivacité, au sujet des peines qu'il occasionnait a sa femme. C'est tort qu'on a annoncé que MUe de Luzy, a la Conciergerie, n'était poiot au secret; cette mesure, au contraire, est maintenue envers elle dans toute sa rigueur. M11' de Luzy, pendant deux heures; a la permission de se promener dans le préau au moment où il est complètement désert. Cette cour intérieure, entourée d'une sorte de cloître, est ornée, au milieu, d'un petit jardin; elle est dominée par les fenêtres grillées et garnies d'abals-jours des deux étages de la prison.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1847 | | pagina 3