que ceux qui ont de pareils reproches se faire, jamais le monde n'aurait vu u n gas pillage plus horrible des biens les plus chers l'homme, la liberté, l'abondance et la paix. Je le répèle, ne nous défendons pas, ne cherchons pas nous faire illusion! Nous savons tout ce qu'il en est: nous con naissons les intermédiaires innombrables qui nous conduisent aux trois fleurs de sang et de honte qui viennent de s'épa nouir au soleil de la corruption Teste et Cubières, Benuvallon et d'Equevilley, et, moins que Dieu ne nous délivre de ce der nier rêve, le duc de Praslin; d'un côté les concussionnaires et ceux qui les achètent, de l'autre les brelteurs journalistes, avec les gentilshommes faux témoins, et enfin les grands seigneurs atteints de la lèpre qui se forme par le mélange fatal de la luxure et de la cruauté. Correspondant ANGLETERRE. Londres, 28 août. Hier matin, vers neuf heures et demie, le quartier du Slrand a été mis en émoi Ear une très-forte explosion suivie nial- eureusemenl des résultats les plus déplo rables. On a su bientôt que ce bruit prove nait de l'explosion de la chaudière du bateau vapeur le Cricket qui fait le service d'omnibus entre Hungerforl-Market et le port de Londres. Un grand nombre de passagers ont été lancés dans l'eau par l'effet de l'explosion. Heureusement que la marée était basse, et la plupart ont pu être retirés sains et saufs et en ont été quilles par un bain de vase. Mais on a déplorer de plus tristes ré sultats encore. Ainsi, douze personnes bles sées par l'explosion, par les éclats de bois ou par l'expansion de la vapeur ont été transportées l'hôpital de Charingeross, la plupart dans un état alarmant. D'autres blessés ont été déposés dans des maisons particulières, trois cadavres ont été retirés de la Tamise, et l'on a été occupée toute la matinée draguer le lit du lleuve pour retirer les autres cadavres que l'on craint qu'il n'ait reçus. ESPAGNE. Madrid, 24 août. On lit dans l'Eco del Commercio: On nous assure d'une manière positive qu'il est arrivé Madrid, quatre chefs de police de sûreté de Paris, lesquels se sont chargés de la direction de certaines menées tendant faire asseoir sur le trône d'Espagne la famille du Roi Louis-Philippe. Ils seraient secondés dans cette mission par plusieurs des Espagnols qui ont soutenu avec le plus de ferveur l'affaire du mariage Montpen- sier; pour arriver leur but, ils emploie raient deux moyens connus, la division du parti progressiste et l'accroissement de la faction monteiuolinisle. La Presse revient encore aujourd'hui sur les affaires d'Espagne. D'après elle, il faut tout prix confondre les intrigues de l'Angleterre, empêcher la Reine Isabelle de donner suite ses projets d'abdication, et, si malgré tout, le trône devient vacant, il faut que la duchesse de Monlpensier soit proclamée Reine d'Espagne, quelles que puissent être les conséquences de celle conduite. La Presse étant l'organe parti culier de la Reine Marie-Christine, un tel langage mérite d'être remarqué dans les circonstances actuelles. SUISSE. Les armements continuent Berne avec une activité incroyable. Il est évident que les Bernois veulent prendre l'initiative des hostilités contre le Sonderbund, et pousser de vive force la guerre les cantons qui marchent sous leur bannière. On signale de nouveaux mouvements de troupes autrichiennes près des frontières du Tessin et des Grisons. Un camp autri chien va être établi entre Milan et Côme. De son côté, le gouvernement sarde fait garnir sa frontière orientale d'un cordon dé troupes dont le quartier général sera placé Arona, sur la rive droite du lac Majeur. On assure que le Roi Gharles-AI- bert a fait directemen l des offres de services aux Suisses du Sonderbund. AFRIQUE. Etats romains. Le Moniteur Parisien annonce que, par le paquebot poste le Tancrède, arrivé same di de Livourne Marseille, on a reçu des nouvelles d'Italie du 21 août; en voici le contenu Les Autrichiens, émus par les énergi ques protestations du Pape, et plus encore par l'aspect de toutes les villes de la Ro- magne, et notamment de Bologne, sont rentrés dans la citadelle, laissant la ville totalement libre. Il paraît, selon le bruit généralement accrédité, que c'est d'après des ordres reçus de Vienne que cette re traire a eu lieu. Une lettre de Turin, en date du 22 août, contient, en outre, les nouvelles suivantes que nous publions sans en garantir l'au thenticité Une nouvelle importante vient de se répandre dans notre ville. On dit que le Roi Charles-Alberta formellement protesté contre l'occupation de Ferrare par les Au trichiens. Cette protestation aurait été en voyée toutes les puissances. Outre cela/ On écrit de Teluan, le 9 août Abd-el-Kader, dont on croyait la puissance ruiuée, vient de sortir tout coup de son inaction et menace le trône de Muley-Abderrhaman. L'Em pereur, qui l'avait accueilli dans ses États avec une certaine bienveillance, et qui avait pour lui des ménagements et même des égards dont nous aurions eu le droit de nous plaindre, l'Empereur s'aperçoit, un peu lard peut-être qu'il écbaufTait un serpent dans son sein, comme il le dit lui- même, en apprenant les fait et gestes de l'ex-émir. Depuis qu'Abd-el-Kader a levé le masque, il ne garde plus aucune retenue il traite le Riff en pays conquis, et exécute des razzias chez les tribus qui n'acceptent pas son autoiité sans résistance} il lève des troupes et des impôts, et peu de temps après son exploit contre Sidi-Ahmer, le dernier gouverneur du Riff, il a attaqué la grande tribu des Khaleïa, qu'il a impitoyablement rançonnée: il a vidé ses silos et a exigé en outre une forte con tribution en argent. De là il s'est dirigé vers le territoire des Beni-Tousin, et après avoir dépouillé le chef de cette tribu, qui cherchait combattre son influence, il s'est rapproché de Taza, amenant sa suite d'innombrables troupeaux et emportant de grandes provisions d'orge et de blé. Le rangs de son armée grossissent tous les jours, et il a déjà sous ses ordres près de 8,000 hommes, dont 5,000 de cavalerie. La tribu des M'kalsa, l'une des plus puissantes du Riff et qui lui est entièrement dé vouée, vient de lui fournir 800 cavaliers équipés. Abd-el-Kader se seul déjà assez fort pour braver ouvertemeut l'Empereur, et il a su inspirer ses troupes celle confiance qui fait souvent le succès. De son côté, Muley-Abderrhaman fait de grands piéparalifs, et l'on assure qu'il est décidé se porter lui-même la rencontre de l'ex-émir. Ii a réuni un matériel de guerre considérable Rabat et Fez, et depuis quelque temps les fusiliers et les canonuiers font tous les jours l'exercice feu dans la plupart des villes de l'empire. On a aussi douDé l'ordie d'envoyer Fez tous les renégats répandus dans les diverses provinces du Maroc, afin d'en former un régiment sur lequel on fonde de grandes espérances. Toutefois, l'Empereur agit avec une noncha lance qui fait supposer qu'on n'entreprendra rien de sérieux qu'après le Rbamadan, qui va bientôt commencer. Il y a déjà près d'un mois que ce prince est sorti de Maroc, et il n'est pas encore arrivé Fez. Il laisse sans instructions Abd-el-Sadac, le nouveau gouverneur du Riff, qui n'ose pas faire le moindre mouvement, et qui attend encore les ren forts qu'on lui a promis. La triste fin de Sidi- Ahmer, qu'on n'a pas encore pu venger, le rend circouspect, et il ne fait rien pour arrêter les pro grès d'Abd-el-Kader. Sidi-Mohammedle fils de l'Empereur, celui qui commandait l'armée maro caine Isly, se tieut toujours renfermé dans les murs de Fez, et attend avec impatience les ordres de sou père 5 il avait fait sortir de la capitale 4,000 hommes qui devaient s'approcher de Taza sous la conduite d'un chef éprouvé} mais après quelques marches en avant, cette petite armée a reçu l'ordre de rentrer Fez, d'où elle est ressortie de nouveau quelques jours après. Un second fils de Muley— Soliman, qui devait remplacer sou père a Maroc pendant son absenceabandonne cette capitale pour aller rejoindre Fez le quartier-général. Ces hésitations, ces lenteurs, ces marches et ces contre marches qui démontrent la faiblesse et l'anxiété de Muley-Abderrhaman, font la joie d'Abd el Kader, qui en est instruit, et nuisent beaucoup la cause de l'Empereur. Ce prince se fait piécéder par un attirail formidable de chafnes, d'armes de guerre et de munitions de toute espèce. Sa nombreuse fa mille (ses enfants et ses femmes), qui était partie de Maroc avant lui, est arrivée Fez. Au surplus, si la perspective de cette guerre cause de sérieuses inquiétudes l'Empereur, les Marocains ont bien d'autres sujets de préoccupation et de crainte. Muley-Abderrhaman, en quittant la capitale a déclaré qu'on se rappellerait longtemps de sou voyage, et il ne néglige rien en effet pour en graver profondément le souvenir dans la mé moire de ses malheureux sujets. Avant de sortir de Maroc, il a fait tomber trois cents têtes et couper les pieds et les mains plus de quarante individus. Partout où il passe, il ordonne de nombreuses exé cutions et sème sa route de cadavres et de membres humains. La consternation est générale} les habi tants des villes qu'il n'a pas encore traversées sont saisis de terreur et attendent son arrivée dans des angoisses inexprimables. Les prisons de Fez regor gent de malheureux accusés d'avoir des intelli gences avec Abd-el-Kader, et les bourreaux de l'Empereur auront de l'occupation en entrant dans cette capitale. Ce qui révolte surtout en présence de ces atrocités, c'est le motif qui les fait commettre. Dans sa sordide avarice, Muley-Abderrhaman, au moment d'entreprendre une guerre qu'il redoute, s'effraie des dépenses que cette guerre doit néces sairement entraîner et pour ne pas puiser dans ses trésors, il fuit assassiner ses malheureux sujets pour les dépouiller ensuite sans obstacle. Les person nages considérables, les hommes soupçonnés d'être riches sont dans des transes mortelles, et s'estime raient heureux de ne payer que de leur fortune les frais de la guerre qui se prépare. De cette manière l'Empereur a déjà entassé des sommes énormes, et des caravanes de chameaux chargés de piastres sont dirigées sur Fez. Telle est la conduite des chefs de l'Islamisme, que la France fait protéger en Algérie.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1847 | | pagina 3