JOURNAL D APRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
N® 3125.
31me année.
Durant six années les libéraux ont re
proché au pouvoir sa faiblesse l'égard du
corps ecclésiastique. Le Ministère se lais
sait dicter la loi par les évêques, il prêtait
la main aux projets d'attribuer la person
nification civile l'Université de Louvain,
de faire revivre la dîme et la main-morte,
il subissait une influence occulte qui devait
précipiter la Belgique vers sa ruine. L'ac
cusation était absurde aux yeux de qui
conque voulait se donner la peine de réflé
chir en effet les devoirs qui résultent de la
mission du clergé sont assez graves par
eux-mêmes, ils rencontrent dans leur ac
complissement trop de difficultés une
époque où l'impiété et l'immoralité ne
connaissent plus guère de frein, pour que
le corps ecclésiastique s'abstienne de tout
ce qui n'entre pas essentielllement dans ses
attributions religieuses, pour qu'il s'éloigne
notamment des affaires de ce monde, et ne
s'immisce point dans les discussions, dans
les luttes politiques; et puis n'est-il pas
dépourvu de toute espèce d'intérêt puis
qu'il ne saurait atteindre ni aux fonctions,
ni aux honneurs. Il n'en est pas ainsi de
cette tourbe d'oisifs et d'ambitieux qui
constituent les clubs ceux là n'ont d'au
tres soucis que ceux de leur orgeuil et de
leur cupidité. Si donc le pouvoir occulte
n a jamais existé que dans l'imagination de
gens qui avaient besoin d'unechimèrequel-
M. WARLOP DE WATOU AU SÉNÉGAL.
conquepour pointée mirede leursattaques,
l'influence patente qu'aujourd'hui les asso
ciations libérales exercent sur le ministère
Rogier ne saurait être déniée elle est
évidente et par son action, et par ses effets.
Nous avons approuvé le programme du
nouveau cabinet parce que nous avions
assez de bonne foi pour le croire sincère,
mais nous devons censurer ses premiers
actes parce qu'ils ne répondent nullement
ses promesses. Ce qu'il importe de remar
quer, c'est que des journaux qui ont con
tribué la chute de l'ancien cabinet et
l'avènement du Ministère Rogier ont pris
les devants sur nous dans cette critique,
d'où il résulte, ce que du reste nous avons
prédit, que le Ministère libéral homogène
est destiné mécontenter tout le monde
sans pouvoir satisfaire complètement aux
exigences des clubs. L'action de Yinfluence
patente se révèle dans les feuilles clubistes
et l'un de ses résultats les plus immédiats
et les plus frappants est la destitution d'un
grand nombre de commissaires de district.
Le programme affichait de la bienveillance
et de l'impartialité l'endroit des fonction
naires, abstraction faite de leurs opinions
politiques, il contenait la protestation for
melle que le Ministère serait sagement mo
déré et qu'il rejetterait loin de lui toute
idée de réaction; donc, au lieu de contenir
une triple sincérité, le programme présen
tait un triple mensonge. C'est ce que nos
adversaires appellent de la haute moralité
politique. A part que cette conduite enlève
au pouvoir toute confiance, toute considé
ration et tout prestige, les destitutions qui
nous occupent ont deux conséquences bien
affligeantes cesystême amènera une masse
de fonctionnaires novices, inexpérimentés,
chaque changement de Ministère; et la
classe bourgeoise doit renoncer désormais
aux carrières publiques, car les riches seuls
sont même d'accepter des fonctions qui
peuvent leur être enlevées dans toute la
vigueur de l'âge lors même qu'ils les au
raient remplies avec aptitude, probité et
zèle. C'est un point qui mérite l'attention
entière de ces honnêtes bourgeois qui se
laissent mener comme un troupeau aux
élections par les riches dont le but non
équivoque est de les exploiter, de les do
miner, de les déprimer. Il suffit d'ouvrir
les yeux pour se convaincre que les six
dernières années ont été six années de
fautes de la part des catholiques et de du
peries de la part des libéraux, dont la
bourgeoisie supportera dorénavant les ac
cablantes éventualités.
Mr Henri Carton fils, avocat vient
d'être nommé commissaire d'arrondisse
ment d'Ypres, en remplacement de Mr De
N'eckere destitué. Cette nomination a sur
pris beaucoup de monde en ville, où Mr
Carton fils n'est guères connu que par les
services qu'il a rendus l'association libérale
de Bruxelles, et Mr Verbaegheu. Si le gou
vernement avait nommé au poste de com-
Od s'abonne a Tpre», rue de
Lille, u° 10, près la Grand'place, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PKI\ DE LMBDWEMEMT,
par trimestre.
Pour Ypresfr. 4
Pour les autres localités 45©
Prix d'un numéro. 0-îO
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le H.IMEDI et le MEBCBEDl
de chaque semaine.
l»ltl\ DES 1XSERTIOXS.
1 7 centimes par ligne. Les ré
clames, 2 5 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
lt Septembre.
Un de nos compatriotes M. Warlop de Watou,
qui a fait ses e'tudes a Roulers vers 183o, actuelle
ment missionnaire Dakar, sur la côte africaine,
près du Cap Verd et de l'île de Gorée, vient
d'écrire une seconde lettre, contenant divers dé
tails intéressants sur ses travaux apostoliques. Lors
du voyage de circomnavigalion sur Hydrographe-
Oriental, M. Auguste Hynderick d'Ypres, lieu
tenant du régiment des Guides, s'arrêta au Sénégal,
et visita Gorée et Dakar. On ne se lasse pas de
lire dans leurs moindres détails, les accidents et
les privations que rencontrent et qu'endurent les
hommes qui se dévouent l'œuvre généreuse de la
propagation du culte chrétien comme M. Warlop.
Cher Père
Que le bon Dieu soit béni Que son saint nom
soit loué et adoré. On voit clairement que J. Ch.
a jeté ses regards de miséricorde, du haut des cieux
et sur nous et sur ces pauvres noirs. Son vicaire
le manifeste claireineul et nous envovant son re-
présentant. J'espère maintenant que Dieu donnera
plus de force a nos paroles et plus de caractère
a notre entreprise car il est témoin de notre
affliction sur le malheur de ce pauvre peuple. Un
Évêque n'est pas pour nous un petit bienfait; et
nous arriverons en peu d'années a un point, d'où
l'on pourra vous annoncer les fruits que l'on aura
recueillis, le long de la ligne qui nous aura été
tracée,... et pour vous, mon père, quel soulagement?
Mais je sais bien que vous ne demandez d'autre
soulagement que la conversion desâmes: c'est pour
quoi nous n'épargnerons rienavec la grâce de
Dieu, vous procurer un peu de repos sur celte
malheureuse terre d'Afrique. Seulement nousavons
besoin de vos conseils, de vos exhortations et de
vos prières.
Mes espérances augmentent tous les jours quoi
que je n'aie rien de positif vous annoncer: j'espère,
parce qu'il me paraît que ce peuple est naturel
lement religieux, et je crois que chez les plus sau-
vages et les plus barbares, il y aura plus proinp-
teraent du bien faire, parce que ces gens lh n'ont
rien d'arrêté,ils n'ont que leurs armes et leurs sau
vageries qu'il ont eux-inèmes en horreur.
J'ai fait un petit voyage de 10 jours avec M.
Arragon chez les Jolofs, et nous avons passé diverses
peuplades Noires, que l'on dit être antropophages.
Nous n'avons point pénétré dans l'intérieur, ce
que nous avons cru prudent, d'après les infor
mations que nous avons prises sur eux, chez leurs
voisins, en entrant dans leurs terres, sans connaître
la langue. Uue seule fois on nous a arrêté dans ces
environs disant que l'on voulait être payé pour le
passage sur leurs terres; nous avons continué
notre route sans rien leur donner; nous crûyn.fes
avancer grand pas vers le Cap de Nofce, pays où
commencent le Nones pour y faire uotre stalioD.
Mais bientôt notre insu, elle fut passée cette
station trompeuse, lorsque nous nous trouvâmes
avec grand étonnement devant une rivière préci->