JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Ko 3128. Mercredi, 22 Septembre 1847. 31me année. T7XXB On ne doit pas se le dissimuler, une lutte vive, incessante, implacable est engagée en divers pays contre les principes sur lesquels reposent l'ordre social,la religion,la liberté, la propriété. Chez quelques peuples elle a déjà produit ses effets, chez d'autres elle est en pleine effervescence, ailleurs elle commence [tins inoffensive en apparence et plus timide. En Espagne et en Portugal, déjà, au nom du libéralisme, les églises ont été dépouillées, les moines égorgés, lesévê- ques chassés de leurs sièges, le commerce ruiné, la guerre civile allumée, les familles déchirées, le pouvoir humilié, la force pu blique tourà tour livrée comme instrument de vengeance la fureur des divers partis. Nous sommes contemporains de ces mal heurs, nous y avons assisté en les lisant dans les feuilles publiques, les journaux de toutes les couleurs en font foi. La Suisse, bien que peu avancée dans ses épreuves, n'en est pas moins travaillée dans tous les sens par les factions. Après les déclama tions des gazelles libérales, sont venues les épurations intolérantes dans les conseils canlonnaux, puis le système d'exclusion systématique des catholiques, puis lesclubs politiques, et les corps francs qui en sont sortis. Aux harangues progressives et aux trames des sociétés secrètes a succédé l'ap pel la force ouverte contre les cantons qui voulaient rester maîtres chez eux. De là des proscriptions, des batailles, et un qui vive perpétuel. Encore la guerre est elle moins craindre, que le communisme qui la dirige et l'inspire. La faiblesse de l'opinion publique, l'en traînement des idées dominantes, empê chent la Belgique d'observer et de recon naître les utiles avertissements qu'il y a pour elle dans ces commotions étrangères. Si la violence n'existait que dans le langage des organes de la presse, continuellement Occupés fausser les libertés constitution nelles, et combattre les garanties de la liberté religieuse, ce serait déjà un symp tôme bien grave. Mais nous n'en sommes plus là nous sommes lancés bien plus loin dans les utopies et sous les griffes dévoran tes d'un libéralisme égoïste. Des associa tions exclusives ont pour ainsi dire aboli la liberté électorale chaque élection, des émissaires aiïidés, dupes eux-mêmes de ceux qui les commandent, reçoivent le mot d'ordre et s'abattent sur chaque localité. Plus la moindre liberté: un candidat est imposé, et ce candidat est immuable. 11 n'est admis comme tel que sous la pro messe d'obéir aux clubs, d'être le suppôt servile des loges, de combattre les catho liques, et d'appuyer toute mesure d'op pression de son vote approbateur. A ces conditions, toute la fédération clubiste se met en branle pour le seconder. L'humble cultivateur est recherché dans sa ferme, et menacé d'expulsion s'il écoule sa conscien ce plutôt que l'injonction du parti; le fonc tionnaire est placé entre une promesse que sa probité réprouve et unedeslilution; l'in dustriel, le négociant se voient exposés au désachalandage, le simple particulier aux médisances ordurières d'une presse habi tuée ne rien tenir pour respectable ou sacré. Le secret du vote est violé par des meulionsspécialessur le billet, parle choix du papier, par l'œil impudenldu mouchard suivant la main tremblante de l'électeur jusqu'au bord du scrutin. Tout hommequi praliquesans contrainte ses devoirs religieux est un hypocrite, et comme tel mis l'écart. Tout homme qui ne crie point contre les ministres du culte est clérical, et celle imputation suffit pour effacer d'un trait le mérite d'une vie entière de dévouement, d'intégrité et de brillants services. Nous le demandons, quand ces préventions tyranniques ont débordé le ministère, quand on voit les conseils de la couronne plier sous un système aussi mau vais, aussi fatal, aussi honteux, et lui ren dre hommage par une série indéfinie de destitutions déplorables, n'y a-t-il rien de grave? et n'est il pas temps que chaque citoyen rentre en lui-même, se demande compte des droits dont la loi électorale l'a investi, de l'usage qu'il en a fait, et de celui qu'il en fera dans la suite? A l'étranger ou a démêlé mieux les dan gers de la situation que sur le terrain même. A la dernière séance de l'association du rap pel Dublin, le fils d'Oconnell s'énonçait ainsi En Belgique, un ministère infidèle est au pouvoir, et je crois que là aussi la religion est exposée un danger immi- nent. Sur ce deruier point, le fils du grand agitateur est d'accord avec tous les hommes bien pensants; mais il se trompe selon nous de deux manières, d'abord en ce qu'il désigne le ministère comme cause du danger; et ensuite, en ce qu'il limite le péril aux intérêts religieux. Nous n'accusons pas les intentions per sonnelles du cabinet, la cause immédiate du danger est dans les clubs, mélange in cestueux d'orangisme et de démagogie; et, la cause plus éloignée, mais véritable, dans l'absence de volonté propre, individuelle et ferme dans le corps électoral, dans l'ab sence d'examen et de réflexion, dans l'ab sence d'action de la part des citoyens bien intentionnés et capables d'exercer une légi time influence. Si le mal était monté un dégré qui le rendit incurable,nousgarderionsle silence; mais c'est parce qu'il est encore temps de le conjurer, et que l'occasion devra en être saisie dès qu'elle se présentera que nous élevons la voix. Nous l'élevons avec d'autant plus de force, que le danger ne se borne nullement aux intérêts religieux, mais que la tranquillité publique, les transactions commerciales, la valeur des propriétés et toutes les res sources de la richesse nationale seront bientôt compromises, si les chambres déjà douteuses et les collèges électoraux tous les dégrés ne mettent un terme leur non chalance, en abattant par leurs votes le règne brutal des clubs et l'espionnage or ganisé pour leur compte. LES ANARCHISTES ET LA GARNISON. Sous le ministère Delheux la garnison de notre ville fut diminuée. Une dépu- tation, envoyée par le Conseil communal auprès du Ministre de la guerre, fit une démarche inutile dans le but d'obtenir une augmentation du nombre des troupes. Les prétendus libéraux virent dans cette me sure un acte de vengeance l'égard du Conseil communal et de ses adhérents ils jetèrent les hauts cris, parlèrent de ran cunes cléricales, et accusèrent d'oubli, même d'ingratitude, le concitoyen distin gué qui faisait partie du gouvernement. L'opposition systématique et implacable^, poursuivit son cours, accompagnée d'infox) pulations injurieuses et calomniatrices ««sa i jusqu'à ce que les élections du 8 juin ameV/, S \Ci On s'abonne »>re«rue de I.ille, n- io, prés la Grand'place, et cliet les Percepteurs des Postes du Royaume. PHI* DE L'ABOMXEIIEMT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 4OO Pour les autres localités 4 âO Prix d'un numéro. Oto Tout ce qui concerne la rédac- tion doit être adressé l'Éditeur Tprea. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IXSEBTIOXg. 4 7 centimes par ligne. Les ré clames, S» centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. m m m 9mm N# 22 Septembre. LA SITUATION.

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