nèrent au pouvoir les idoles de nos libé raux tapageurs. Le moment était donc venu de faire disparaître ce grief, si amèrement reproché au ministère conservateur, et de recouvrer ce lambeau de garnison auquel on semble attacher le salut de notre cité. Et qui pourrait le croire, le Ministère pro gressif n'a pas été plus généreux que son devancier. Aujourd'hui comme alors, une dépulalion du Conseil communal s'est vai nement rendue Bruxelles afin d'obte nir la réparation de celte injustice qui pèse sur nos concitoyens le Ministre Cha- sal qui repousse les vieuxn'a pas favora blement accueilli les jeunes-, il a fait des promesses qu'il n'a point tenues. Aussi faut- il avoir lu le dernier numéro du Progrès, pour pouvoir mesurer tout le dépit, toute la haine qui viennent d'éclater chez nos ultra-libéraux, ces adorateurs de Rogier, en attendant les Roussel et les Bartels. Ne nous croyez pas sur parole, et lisez l'extrait suivant, vous aurez une idée des énormilés que le Progrès a osé proférer l'endroit de son cher et bien-aimé Ministère Nous avons lieu d'être très-peu satis faits de la conduite du ministère notre égard. Nous sommes loin de vouloir faire de l'opposition aux hommes qui sont au timon des affaires, mais jamais notre bienveil lance pour eux, n'ira jusqu'à leur sacri fier les iulérêlsde la ville. Nous le répétons, c'est un oubli dont nous avons lieu d'être très-mécontents, parce qu'il blesse l'équité et la justice distribulive et qu'au moins, il était raisonnable, d'espérer qu'après avoir souffert de l'antipathie des gouvernants qui ont quitté le pouvoir, les hommes qui professent nos opinions, arrivant aux af faires, eussent dû prendre cette situation en plus sérieuse considération. Nous ne pouvons assez le dire, le mi nistère a perpétué une iniquité qu'il aurait dû réparer et quoique l'on dise, cela lui était facile. Ainsi donc, il y avait une injustice, une injustice commise par un ministère catho lique l'égard d'une ville, où l'immense majorité est libérale (au dire du Progrès), et la nouvelle politique, le ministère libé ral, quoique cela lui soit facile, ne répare pas celle iniquité. C'est, il n'y a pas moyen de le méconnaître, une abomination, c'est même, car le ministère ne procède pas autrement, c'est même une triple abomina tion; la première injustice consiste en ce que la réparation est refusée, la deuxième en ce que des faveurs étaient dues une adminislralration communale si dévouée, et la troisième en ce que M. Chasal n'a pas voulu admettre qu'effectivement M. Prisse eût agi sous l'inspiration d'une rancune quelconque. Celte dernière injus tice, qui nos yeux constitue un acte de convenance, est celle que les libéraux ou trés digéreront le plus difficilement, par ce que chez eux l'amour propre et l'égoïsme l'emportent sur les intérêts bien entendus de la communauté. 11 est littéralement faux que nous ayons jamais déclaré ou insinué que le retrait d'une partie de la garnison était un acte de rancune politique. Nous avons dit dans le temps et nous répétons aujourd'hui, que la distribution de l'armée sur les différents points du territoire de la Belgique doit ap partenir, pour des motifs nombreux et graves, l'initiative discrétionnaire du gou vernement, que dès lors il est irrationnel de prétendre qu'une ville puisse invoquer des droits acquis une garnison; que les administrations communales qui dépen sent de fortes sommes en constructions militaires font une spéculation très-chan ceuse puisqu'elles ne sauraient jamais se plaindre du déplacement partiel ou total d'une garnison. Nous avons ajouté, et nous osons reproduire cette assertion, qu'une administration locale, qui cherche en rayer partout où elle peut la marche du pouvoir a très mauvaise grâce de réclamer impérieusement des faveurs. Cela vexe nos adversaires parce que cela est une vérité que saisit le plus simple bon sens. Quoi qu'il en soit, nous resterons fidèles nos antécédants, et au lieu de nous ré jouir, comme on le dit méchamment, du mal que subirait notre ville, nous acterons toujours avec plaisir les mesures qui peu vent lui être utiles. Si nous ne sommes pas tout-à-fait d'accord avec le Progrès sur les immenses avantages d'une grande garni son, nous verrons d'un bon œil que Te Mi nistère de la guerre saisisse la première occasion opportune, c'est-à-dire dégagée de toute idée réactionnaire, pour que nos écuries, nos casernes, le manège, la plaine d'exercice soient utilisés et rapportent la ville une juste compensation aux sacrifices qu'ils ont déterminés. La Congrégation formée parmi lesjeunes gens de la bourgeoisie est une institution éminemment utile pour conserver dans le peuple les habitudes de moralité. Les pa rents sont heureux de voir entrer leurs enfants dans une association qui a pour but d'inspirer les sentiments d'ordre et l'amour du devoir. Tous les bons citoyens s'applaudissent de voir leurs jeunes conci toyens fuir le désordre et consacrer leur repos d'honnêtes délassements. Et cependant il s'est trouvé en ville un individu, qui a eu le courage, disons plu tôt la lâcheté, d'attaquer cette belle insti tution, et d'engager les jeunes gens du peuple l'abandonner! C'est sans doute un de ces hommes, aux idées élevées, qui n'a découvert jusqu'ici pour moraliser le peu ple, que les bals populaires, et les fêtes champêtres. On a cru reconnaître dans cette sortie le cachet du triumvirat. Nous doutons que les triumvirs soient déjà tombé si bas. Un malheurest arrivé Lundi 20 courant. Le sieur Delbeke, garçon meûnier travail lait chez le sieur Goudtsmidt, meûnier hors la porte de Lille, lorsqu'il a eu la jambe cassée par un coup d'aile du moulin. On a transporté ce malheureux l'hôpital civil, où les soins de l'art lui ont été immédia tement prodigués. Quelques jours auparavant un autre ac cident a eu lieu hors la porte de Lille, devant le cabaret Slafkousje. Le domestique du cultivateur Mol de l'Abeele, revenait de Warnêton avec un chargement de chaux et payait la barrière, quand un verdurier survint avec sa charrette, et blessa griè vement le domestique de Mol la jambe. On a dû également le transporter l'hôpital où il se trouve encore. A propos de l'ouverture de la chasse, nous rappellerons nos abonnés que nous avons inséré la nouvelle loi en entier dans notre n* du 8 avril 1846, n° 2,978 de la collection. Ui<e lettre confidentielle de M. De Neokere a fait le tour de la Belgique dans les feuilles soi- disant libérales, parce qu'il y était dit qu'il fallait se méfier de l'immoralité et de l'orangisme. Cette découverte fut considérée comme une bonne for tune pourcrierharo sur le magistrat donton enviait le fauteuil. Le gouvernement hollandais livra de même autrefois a la publicité la correspondance de MM. De Potier et Tieletnans. On voit que le libéralisme d'à préseul ressemble singulièrement par ses allures celui de Van Maaneu. Quoi qu'il en soit, la circulaire de M. Carton, qu'il a fait insérer daus le Progrèsacquiert une célébrité d'un autre genre, qui l'expose aux traits de la plaisanterie, mais dont il ne saurait se plaindre, puisqu'il l'a voulue. Voici ce qu'on lit ce sujet dans un journal de la capitale L'un des élus de la politique nouvelle vient d'adresser une circulaire curieuse ses administrés. C'est M. Carton, qui a gagné ses titres au commis sariat de l'arrondissement d'Ypres en minutant les procès-verbaux de Y Association libérale de Bruxelles. Le titre était trop prépondérant pour ne lui point donner le pas sur tous ceux qui pré tendaient la succession de l'ancien commissaire. M. Carton fait très-peu de cas de la langue, mais en revanche il fait beaucoup de cas de sa personne. Huit je s'étalent superbement en quel ques lignes. Il daigne faire avec MM. les bourg mestres et écbevius de son arrondissement, une dissertation politique qui semble empruntée Y Observateur. Mais il a le bon esprit de ne pas ajouter, l'instar du programme ministériel, que son administration ne sera ni étroite ni partiale; il faut lui savoir gré de sa réserve cet égard. Ce sont moins ses principes que M. Carton veut réhabiliter, que les hommes de la politique nouvelle. Le pays, dit-il, a condamné une poli- tique qui depuis longtemps ne se maintenait qu'en persuadant aux hommes faibles ou timorés que l'on voulait abattre les trônes et détruire la morale et la religion. Vous aurez déjà rendu justice ces odieuses imputations. Rendre justice une imputation même odieu se, c'est l'approuver, la sanctionner. M. Carton, pour parler français, aurait dû dire Vous aurez déjà fait justice de... etc. Il est vrai que lorsqu'on change la politique on peut bien changer la lan gue. Cela s'est vu toutes les époques de crise sociale. Passons donc condamnation sur les solé- eismes du nouveau commissaire; plaise Dieu seulement qu'il n'en fasse pas trop en conduite! Quant la morale et la religion, nous vou drions bien concilier le respect qu'on professe pour elles dans les circulaires, avec les efforts qu'on a faits pour propager le Juif- Erranl jusque parmi les classes pauvres. Le roman d'Eugène Sue était un nouvel évangile on a envoyé des médailles, des plumes d'or, des dépulations l'auteur. M. Carton pourrait nous dire dans quel camp, dans quel club se sont manifestées ces lâches et cyniques adulations qui font gémir la religion et la morale.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1847 | | pagina 2