JOURNAL 1) APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Ko 3133.
31me année.
LE CATHOLICISME ET LES AMBITIEUX.
Noirô l'avons expliqué, les dénomina
tions de catholiques et libéraux, ne rendent,
pas même imparfaitement, la différence
entre les deux nuances d'opinion qui se
partagent la politique. Ces expressions ap
partiennent deux ordres d'idées radica
lement distincts pour être logique il faut
admettre que ceux-là seuls ne sont pas
libéraux qui embrassent des principes d'ex
clusion et d'absolutisme; que ceux-là seuls
ne sont pas catholiques qui repoussent les
dogmes de la religion apostolique et ro
maine. Or, les libéraux ou du moins cer
tains d'entr'eux s'imaginent avoir plus de
souci de la religion de leurs pèresqueeeux
môme qu'ils traitent de cléricaux; tandis
qu'il est hors de doute que parmi les ca
tholiques on rencontre beaucoup d'hom
mes plus indulgents, plus tolérants, plus
libéraux que leurs adversaires. De là cette
confusion, que nous voudrions faire dispa
raître en employant d'au très qualifications:
libéraux prudents et libéraux aventureux; mo
dérés et exagérés désintéressés et ambitieux.
La source divine, le caractère sacré de
la religion s'oppose ce qu'elle serve jour
nellement de prétexte ou d'aliment des
discussions mondaines et passionnées. Les
droits et les devoirs du gouvernement et
des citoyens peuvent être utilement discu
tés sans que l'on empiète sur les domaines
de la foi et de la morale. Oui, la religion
et ses ministres sont et devraient rester au
dessus de nos débats politiques. C'est un
résultat vers lequel nous tendons de tous
nos efforts; nous n'avons jamais dit que ce
résultat fût réalisé, nous n'avons allégué
nulle part qu'il fût convenu que la religion
était en dehors de la polémique ceci est
une assertion que notre contradicteur n'a
pu nous adresser que sous l'inspiration de
sa méchanceté habituelle. La convention
existe seulement lorsqu'il il y a concours de
plusieurs volontés; jusqu'ici le Progrès n'a
point pris l'engagement de ne plus attaquer
ni la religion, ni ses ministres; et aussi
longtemps que nous les verrons attaquer,
nous envisagerons comme un devoir im
périeux de les défendre; donc il est im
possible qu'il soit convenu entre nous que
nos dissentiments restent étrangers la
religion.
Que le parti des libéraux aventureux, des
exagérés, des ambitieux, ait le dessein secret,
nous pourrionsdire ostensible, de miner la
religionet de ruiner la morale, ce la résulte
des paroles et des actes de ses meneurs.
N'est-ce pas M. Verhaegen qui, d'un côté,
a offert une plume d'or l'auteur des Mys
tères de Paris, et qui, de l'autre, a proclamé
tout haut qu'il avait derrière lui la queue
de Robespierre?
Certes ils ne s'aviseront pas encore de
fermer les Eglises, nous le savons très-bien,
nous n'avons pour le moment aucune crain
te sérieuse cet égard, nous espérons même
avec fondement que les hommes bien pen
sants deviendront assez nombreux et as
sez fermes pour que des êlres impies et
corrompus ne puissent plusjamaisse livrer
d'aussi abominables extravagances. El le
Ministère Rogier serait un bien pitoyable
Ministère si, comme l'insinue le l'rogrèsil
croyait avoir tout fait pour les Flandres,
quand il n'aurait point toléré qu'on sus
pendît l'exercice du culte catholique!
Toutefois, ne se réfugia-t-on pas derrière
des expédients pour amener par des voies
indirectes ce que l'on n'ose faire directe
ment et ouvertement? On ne ferme pas les
Eglises, mais les tracasseries poursuivent,
ceuxqui lesfréquentent;onestimpuissant
interdire les réunions où la morale est en
seignée, mais on repousse les jeunes gens
qui consacrent ces exercices utiles leurs
moments de loisir.
C'est ainsi que ces libéraux intelligents
se vantent de ne point commettre les ac
tions qui ne sont pas en leur pouvoir, et
qu'ils lâchent d'arriver leurs fins coupa
bles par la ruse et la fourberie. Ils ont la
prétention, comme l'a dit un homme d'es
prit, de cumuler les avantages du vice avec
les honneuvs de la vertu.
Le Progrès contenait, il y a quelques
jours, une pièce de vers, offerte la Société
des Chœurs par un habitant de la ville. A la
lecture de cette œuvre, qui fourmille de
fautes en tout genre, on ne savait de quoi
s'étonner le plus, ou de la naïveté de l'au
teur ou de la complaisance de l'éditeur. Mais
bientôt on se disait puisque les commis-
sairesdedistriet nesavenl pas la grammaire,
pourquoi le simple habitant devrait-il con
naître et la grammaire et la prosodie.
Un habitant de Poperinghe, connu dans
son endroit pour être le principal, sinon
le seul boute-en-train l'affût de tout cà
qui pourrait y susciter quelque division,
écrit au Progrès que le mutisme du Pro
pagateur l'endroit (i) de l'exposition agri
cole l'a empêché de nous faire connaître
que M. Joye-Ghys, bourgmestre deWatou
a déployé un zèle digne d'éloges en enga
geant ses administrés envoyer leurs pro
duits Bruxelles. Si le correspondant
manqué veut prendre la peine de lire notre
n° du 29 septembre, page 2, colonne 2, il
reconnaîtra que c'est un tout autre motif
qui a du le détourner de nous honorer de
son épître. Déjà plusieurs fois il lui est
arrivé de nous adresser des communica
tions empreintes d'un esprit de dénigre-
mentqui lésa fait répudier,comme itérait
arrivé celle fois encore, parce que nous
n'entendons pas convertir notre feuille en
un marché ouvert aux passions envieuses,
aux injures et aux personnalités. Nous lais
sons volontiers au confrère le trafic de ces
petits talents de société.
Il est impossible au verbeux enfant de
Poperinghe de donner M. Joye-Ghys les
louanges qu'il mérite, sans mêler aux in
struments aratoires les instruments des rancu
nes cléricales, (2) signaler les manœuvres et
les escolmrderies du parti vaincu, détacher
un soufflet sur la joue de la sublime société
d'Ignace^), présenter la respectable Régence
de Poperinghe comme un ramassis d'hom
mes ineptesâpres a ta curée quand il s'agit de
leurs intérêts personnels; pour, après tant
de sillons labourés dans le vaste champ de
la charlatannerie libérale, verser froid
sur M. le bourgmestre Van Renynghe l'eau
Loueuse d'un blâme impertinent.
Fallait-il du Japon
Arriver au chapon?
De quoi s'agit-il donc? Le voici en deux
mots. Les opinions se sont partagées sur
l'opportunité d'une exposition agricole.
Beaucoup de personnes ont pensé que la
mesure n'avait pas été préparée d'assez
longue main, que les habitants des cam
pagnes n'y étaient pas disposés, que l'ex
position 11e serait dès lors ni assez riche,
ni assez générale; et que ses résultats au
lieu d'être favorables l'agriculture, 11e
donneraient que des aperçus erronés l'in
térieur, et une pauvre idée de noire situa
tion agricole l'étranger.
Ce sentiment dominait Poperinghe, et
bien que nous 11e l'ayons point partagé,
nous avouons ce qu'il renferme de sérieux.
Le mieux est selon nous de respecter la
liberté dans les choses absolument libres,
sans perdre son temps de vaines attaques
contre une localité au contre une personne,
parce qu'elles ont fait tel usage de leur li-
On s'abonue a Ypre», rue de
Lille, n® 10, près la Gr-nd'place, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume
l*lt I Y DE LMBO\!ÏEMKIT9
par trlnieMre,
Pour Y prèsfr. -i O#
Pour les autres localités -i 5°
Prix d'un numéro. 02©
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Édileur rue
de Lille, io, Y près. Le Propa
gateur paraît le S A M EDI et le
MERCREDI de chaque semaine.
1*RIY DES INSERTIONS.
1 7 centimes par ligne. Les ré
clames, 2 5 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
9 OCTOBRE.
{1) Cette locution fatale des progressistes prouve peu d'a
bondance littéraire chez eux. Elle caractérise aussi te lecteur
habituel du Progrès.
On pai le "des rancunes cléricales contre l'exposition
agricole; et c'est la Société de S'-Viucent de Paut de Licli-
tervelde qui a remporté le v prix du Houblon. Le Progrès
lui-même l'annonce après la lettre du Popeiiugbois!
(3) Pas de Saint s'entend, stjlr de g3.