JOURNAL D APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
31me année.
Défendons-nous les intérêts du parti ca
tholique, sommes nous du parti catholique,
y a-t-il réellement un parti catholique dans
le pays? Voilà autant de questions sur les
quelles il est indispensable que nous émet
tions nettement notre façon de penser, sans
quoi, tout en démontrant les funestes effets
de l'esprit de parti, tout en blâmant les
calomnies, les vexations, les destitutions,
les prodigalités et les autres extravagances
que l'esprit de parti fait successivement
éclore, tout en appelant de nos vœux l'u
nion et la fin des divisions, nous risque
rions de n'être pas compris, ou d'inspirer
de la défiance. Les explications dans les
quelles nous sommes précédemment entrés
sur l'incorrection des dénominations abu
sivement répanduesnous permettent
d'être clair et franc sans difficulté et sans
longueur.
La religion, nous l'avons déjà dit, et
chacun le répète avec nous, devrait tou
jours rester en dehors de nos débats poli
tiques elle doit planer dans une sphère
plus haute; immuable elle doit affermir
son règne dans tous les cœurs sans être
incommodée des fluctuations d'opinions
éblouissant le peuple pendant un temps,
et vieillissant dès qu'un caprice nouveau
s'empare des esprits.
Mais il y a dans le pays une classe d'am
bitieux qui ne se croient jamais élevés as
sez haut, s'ils ne s'attaquent la religion,
ni assez bien partagés des honneurs s'ils
n'en excluent le reste de leurs concitoyens,
ces deux choses vont de pair. C'est ainsi
qu'il se fait que ce sont précisément les
mêmes hommes, qui d'un côté font de la
politique un champ de discussions reli
gieuses; et de l'autre, s'érigent en parti
pour avoir des adhérents qui leur servent
de marche-pied, et pour rejeter ceux dont
le talent et le mérite leur ferait ombrage,
dans un soi-disant parti contraire, qu'ils
accablent de leurs accusations et de leurs
dédains.
Ce n'est pas notre faute si ces simples
notions trahissent le parti libéral exclusif,
dans son personnel, dans son organisation,
dans ses journaux, dans ses manœuvres,
dans sa conduite au pouvoir. Le libéralis
me, loin de le dissimuler, se vante d'avoir
une existence organisée de parti, il énu-
inère avec complaisance ses forces; par les
destitutions récentes il a jeté dans la na
tion un défl, et a annoncé qu'il entend être
maître absolu jusques dans ses moindres
fantaisies.
11 y a donc un parti dans le pays, un
parti qui se moque de tout ce qui n'est pas
iui, un parti qui prétend avoir substitué
son nom celui de Belge dans la constitu
tion, un parti qui ronge le cœur et suce le
budget de la nation; mais ce n'est point le
parti catholique.
Un journal italien avait insinué soit par
malice soit sur des renseignements erro
nés, qu'il y avait également en Belgique un
parti catholique qui voulait concentrer les
honneurs et le pouvoir aux mains de ses
adeptes l'exclusion des libéraux:en sorte
que cette faction s'arrogeant avec orgueil
Je litre de catholique, comme si hors d'elle
il n'y avait point de salut, aurait des préten
tions exclusives en tout semblables, mais
opposés celles du parti libéral. Les jour
naux catholiques belges se sont immédia
tement élevées contre cette appréciation.
Loin de vouloir faire du catholicisme un
drapeau de parti, nous avons vu constam
ment les hommes les plus dévoués la re
ligion répudier celle dénomination en tant
que politique, ne s'en servir qu'à regret, et
prolester contre l'exclusivisme politique
qu'on leur attribuait.
Ce sont les meneurs du parti libéral exa
géré ou exclusif qui ont constamment jeté
la dénomination de parti catholique leurs
adversaires, c'est-à-dire tous ceux qui
entrevoyaient leurs plans, et ne voulaient
point s'en rendre complices, fut-ce même
avec l'espoir d'une part du butin, parce
qu'ayant foi dans la constitution, la part
d'égalité-avec la libre concurrence du mé
rite leur paraissait donner assez d'espoir,
et le seul qui fût juste.
Et comme les libéraux exclusifs ont gé
néralement admis pour mot d'ordre de ne
point attaquer la religion ouvertement, ce
qui eut fait repousser avec horreur leurs
avances, mais indirectement en cherchant
déconsidérer ses ministres et en détrui
sant l'influence salutaire de sa morale; les
hommes de cœur ont été forcés souvent
de prémunir le pays contre ces astucieuses
manœuvres et de venger l'honneur du prê
tre catholique, injurié, difTamé, maltraité,
traîné dans la boue. D'où l'on a pris occa
sion de lancer quiconque a généreuse
ment osé défendre les droits de la vérité,
de la justice, l'épithète de clérical.
Le parti catholique, clérical, ou ce qu'on
désigne sous ce nom, n'est donc pas un
parti organisé, se prétendant tel, ayant des
vuespolitiquesd'exclusion contre une clas
se quelconque de personnes; mais la nation
entière, les libéraux exclusifs exceptés.
Au point de vue religieux, heureux d'être
catholique, nous n'avons en thèse générale
demander compte personne de ses con
victions ces discussions ne sont pas de
notre domaine, la liberté de conscience
nous suffit, mais il faut qu'elle soit respec
tée. Là nous avons seulement dire que
la pratique du culte, qu'on peut appeler
celui de la nation entière, ne doit pas être
un titre de défaveur; et que l'outrage dé
versé contre le prêtre ou fait la morale,
est un moyen honteux de parvenir.
'Au point de vue politique, loin d'être
hostile un libéralisme sage et modéré,
nous entendons marcher de concert avec
lui dans la carrière que nous tracent l'at
tachement aux institutions nationales, le
respect des libertés publiques et le déve
loppement graduel des progrès' sociaux.
Nous ne reconnaissons donc point de doc
trine ou d'opinion qui ait en vue de rétrécir
ou de faire descendre le catholicisme l'état
de parti ce ne sont pas les intérêts d'un
parti, mais ceux de la nation entière contre
une faction envahissante que nous voulons
défendre; non pas même par esprit d'ex
clusion contre les membres de cette fac
tion; mais pour les éclair er, et pour déta
cher, s'il se peut, des meneurs égoïstes et
ambitieux, ceux qui, se rendent mouton-
nièrement aux élections, dans les clubs, et
partout, les instruments dociles de leurs
duperies.
On s'abonne Ypre», rue de
I.ille, u« 10, près la Grand'place, et
chez 1rs Percepteurs des Postes du
Royaume
PRIX BE ENE.IT,
par trimestre,
Pour Ypresfr-
Pour les autres localités 4
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, 10, 1 près. Le Propa
gateur paraît le SAMEDI et le
MERCREDI de chaque semaine.
PRIX DES IASERTIOAS.
1 centimes par ligne. Les ré
clames, Xi centimes la ligne.
vérité et justice.
7PP.3S, 23 Octobre.
ERRATA.
Des fautes typographiques se sont glissées dans notre dernier
numéro. K la deruiere ligne de la ire col. au lieu de besogne
il faut lire plaisirset la sixième ligue de notre deuxième
article, méchanceté au lieu de méchant
LE PARTI CATHOLIQUE.
LE BILLET DE COAFESSIOA.
Il n'y a pas longtemps que Y Observateur, le
vieil ami de la gaudriole chauvine, ressucitait la
grosse malice libérale des billets de confession,
c'était 'a propos du dommage ministériel dans l'af
faire de Rome. M. Leclercq, disait spirituellement
VObservateura été mis en demeure de fournir un
billet de confession, faute de quoi l'agréalion lui
serait refusée.
Et, après avoir promulgué cette facétie de lon
gueur, Y Observateur, très-enchanté de lui même,
se croise les bras, s'apostrophe en parte du nom
de gaillard très-spirituel et s'attend, pour continuer,
que l'on ait fini de rire. Riez donc, vous ne riez pas
assez.;, je suis pourtant très-jovial aujourd'hui.
Puisque 1 Observateur veut rire, nous rirons
ensemble, oui, la prétention d'exiger des billets de
confession existe, et je vais le prouver.
Quand M. Rogier libelle un programme politi
que, et qu'il adresse ce programme toute la ban
lieue des fonctionnaires publics, aux non politiques
comme aux politiques, aux chefs de service comme
aux derniers surnuméraires, avec demande d'exa-