JOURNAL DAPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Ko 3138.
31me année
7??.2S, 27 Octobre.
11 y a dix jours peine, dans un article
<lu 13 octobre, nous signalions grands
traits les dangers de l'esprit de parti, nous
le considérions comme fatalement poussé
porter successivement atteinte aux liber-
lés publiques, et déjà le ministère semble
avoir pris tâche de justifier que nos pa
roles n'étaient point vides de sens. Si nous
accusions le cabinet d'en vouloir nos li
bertés, de méditer davantage sur les entra
ves qu'il peut leur susciter, qu'il ne songe
aux remèdes appliquer aux misères de
nos Flandres, il s'élèverait dans la presse
libérale un cri effroyable de réprobation
contre nous. 11 ne serait point dénué de
tout fondement sans doute; nous n'avons
pas encore cessé d'avoir foi dans la pureté
des intentions. Mais l'esprit de parti s'en-
quierfpeu des intentions; tantôt il ordonne
comme un tyran, tantôt il entraîne comme
une tourbe meurtrière. En dépit du pro
gramme les destitutions qu'imposait l'at
titude des clubs ont été prononcées en
dépit des protestations les plus libérales,
des poursuites ont frisé de près la plus
progressive de nos libertés, la liberté de la
presse!
M. Colins n'a pas été maintenu dans ses
fonctions de juge d'instruction Anvers.
Le Courrier d'Anvers a osé ranger celte éli
mination parmi les bouderies pouropinions
politiques. Le Courrier avait cru formuler
fort naturellement cette pensée en écrivant
que M. Colins était démissionné pour opinions
politiques.
De suite le parquet, le greffe, le cabinet
du juge instructeur et tout l'attirail de la
justice criminelle sont en émoi les huis
siers sont sur pied, des mandats com
paraître sont lancés. On cite l'éditeur du
journal, pour connaître qui a écrit l'article.
On cite l'auteur pour décliner les noms des
personnes qui ont pu le lui suggérer un
serment est exigé, et le code pénal la
main, on parle de peines appliquer, de
réquisitoires et de cour d'assises. Tout s'est
borné un procès verbal la vérité, suivi
de paroles tranquillisantes sur les suites
de cette équipée; mais si cette affectation
d'une sorte d'indulgence calculée peut ras
surer les personnes que l'affaire concernait,
ne reslera-t-il pas de cet orage dissipé un
sombre nuage suspendu sur l'avenir de la
presse?
Si le Courrier d'Anvers n'a pu hasarder
une appréciation inexacte, nous voulons le
croire, mais mesurée, d'une démission dont
le motif demeure après tout une énigme,
que deviendra le légitime contrôle qu'ex
erce la presse sur les actes du pouvoir res
ponsable? Faudra-t-il en soumettant la
critique ce qui y prête liane, continuelle
ment avoir sescolés le bouclier et la lance,
pour s'apprêter aux luttes périlleuses con
tre les réquisitoires du parquet dans l'arène
judiciaire?
Cet épisode des temps odieux de Van-
maanen ne se renouvelera pas, le cabinet
ne fera point revenir aux esprits ces péni
bles souvenirs, encore moins songera-t-il
faciliter le triomphe de la presse immonde
par l'oppression du journalisme honnête:
cependant il est nécessaire qu'il se méfie
des clubs, qu'il s'en détache et qu'il se
mette en garde contre l'esprit de parti.
Sans cela, roulant sur la pente rapide des
mesures rancuneuses, il étonnera le pays
par bien des écarts dont il ne se serait ja
mais cru capable; et en dépopularisant le
pouvoir, loin de s'en éloigner un jour cou
ronné des lauriers de la reconnaissance na
tionale, il tombera sans avoir réalisé aucune
de ses vues, embarrassé dans les complica
tions de divisions toujours plus ardentes,
ne léguant aucun bienfait la patrie, et
ne laissant qu'une page mauvaise son
histoire.
Depuis quelque temps l'attention des
clubistes paraît se fixer sur Koulers. Cette
ville, qu'aux jours de leurs colères, ils pla
çaient la tète des bourg pourris de la
province et peut-être du royaume; celte
ville qu'ils regardaient comme un centre
d'ignorance, d'obscurantisme, d'abrutisse
ment, est devenue tout d'un coup l'objet
de la sollilude de nos prétendus libéraux.
Dès maintenant, ces Messieurs radoucissent
leurs voix, mettent en usage mille petites
cajoleries, quand ils parlent de Roulers.
De plus, ils lui tendent gracieusement la
main pour l'aider sortir de Cornière où un
pouvoir rétrograde, où l'influence cléricale la
retiennent misérablement emboîtée. Encore
quelques efforts et la cité digne autrefois
de tant de haines et de mépris sera devenue
un foyer de lumières, un modèle de la
civilisation la plus avancée! De son sein
l'on verra bientôt surgir un petit soleil
dont le naissant éclat resplendira sur les
localités voisines, et contribuera les éman
ciper d'un joug occulte qui fait leur mal
heur! Déjà l'astre nouveau s'est montré
l'horizon et en attendant qu'il puisse faire
davantage, il nourrit.... les espérances des
meneurs du parti exalté.
D'où viennent donc chez nos adversaires
l'égard de Roulers ces changements d'al
lures, ces jugements si divers aujourd'hui
de ce qu'ils étaient hier encore? Ah! un
club s'est fondé sous le titre d'Association
libérale de la ville de Roulers; une feuille,
organe de ce club vu le jour. Ne sont-ce
pas là des œuvres qui méritent les éloges
et les encouragements de la presse soi-
disant libérale? Un club, un journal! Ce
sont sans doute les premiers moyens de
régénérer une ville, un pays; n'oblien-
draient-ils pas l'assentiment, l'approbation
des journaux clubistes et en particulier du
Progrès.
Mais l'opinion publique a l'œil ouvert
sur les tendances de la société qui s'orga
nise. Si les prjncipes d'ordre et de liberté
deviennent l'objet des attaques de la nou
velle association, ainsi que le récent journal
intitulé le Fabricant semble le faire voir,
nous sommes certain qu'à Roulers comme
ai lleurs et peut-être pl us qu'ailleurs la cause
de la vérité et de la justice trouvera des
défenseurs ardents et éclairés. Quand le
public sera mis même de juger, d'après
des actes posés, des intentions et de la fin
des clubistes de Roulers, nous nous réser
vons de revenir alors sur cette matière.
Les injures du Progrès n'infirment eu
rien les explications nettes et précises que
renfermait notre dernier numéro sur l'af
faire du milicien Desmadryl de Rrielen.
Ce système de nauséabondes invectives ne
trahit chaque fois que le calomniateur dé
concerté. Nous avons répondu un faux
exposé en rétablissant la vérité des faits,
là se borne notre tâche de plates décla
mations, ne méritent qu'un silence de dé
dain. Le public jugera entre le Progrès et
nous, et ne perdra pas de vue qu'il en est de
Desmadryl comme de maints autres tissus
d'imposture que l'honnête journaliste, sans
s'inquiéter de l'évidence, a constamment
maintenues, croyant sans doute que l'entê
tement dans le mensonge l'innocentait.
On s'abonue ¥pre«, rue de
Lille, n° io, près la Grand'place, et
cbex les Percepteurs des Postes du
Royaume.
|»KIX DE L'ABOÏMEMEIT,
par irimestre,
Pour Yprèsfr. 4O©
Pour les autres localités 4iO
Prix d'un numéro. 2©
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, io, Ypre». Le Propa
gateur paraît le SAMEDI et le
MERCREDI de chaque semaine.
PRIX DES I.\SERT1©*S.
13 centimes par ligne. Les ré
clames, tâ centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
M. le lieutenant-colonel Jacqmain est nommé
commaudant d'armes de la place d'Ypres.
Beaucoup d'ouvriers d'Ypres travaillent en ce
moment en France, au chemin de fer de Lille a
Dunkerque. Un grand nombre d'ouvriers belges
trouvent aussi de l'occupation a Armentières, dans
la tisseranderie.
Avant d'être premier Ministre, M. Rogier était
le premier mécontent, et tout le pays était mécon
tent; M. Rogier se disait pauvre, et il disait le pavs
pauvre, malheureux, misérable, ruiné, en voie de
banqueroute. M. Rogier est ministre, il est content
tout le monde doit l'être; il vit maintenant a l'aise
personne ne doit être dans le besoin. Tel paraît
être sa manière de raisonner sur la malheureuse
situation des Flandres. Ce ministère incapable n'a