JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT. *0 3139. 31me aimée. PRIX. DE L'AIOIWKMK!MT9 par trimestre, 7??.SS, 30 OcToniiE. LE PARTI LIBÉRAL. Lors (lu morcellement des nations par la Sainte-Alliance, le royaume des Pays-Bas, fut érigé sur des bases tellement hétérogè nes, tellement dépourvues d'affinité, qu'il ne paraissait guère possible d'en opérer la consolidation. Au moins eut-il été indispen sable, pour se ménager quelque chance de succès, d'entreprendre cetteœuvre difficile avec une prudente réserve, avec une sage lenteur. La fusion de deux peuples qui dif fèrent par leur langue, par leurs mœurs, par leurs croyances religieuses, ne se réa lise pas du jour au lendemain; il y faut de longues années, il y faut quelquefois des siècles. Guillaume et ses ministres mécon nurent cette vérité soit présomption, soit ignorance de leur part, ils ne cherchèrent point préparer de longue main, par une administration impartiale et bienveillante, par la liberté de la parole et de la pensée, par des institutions franchement généreu ses, le résultat auquel tendaient leurs es pérances et leurs ambitions; ils voulurent précipiter le cours naturel des événements; ils résolurent de façonner l'un des peuples l'imagede raulre.d'absorberl'un par l'au tre, d'immoler la Belgique la Hollande. Par la direction de suspecte indifférence imprimée l'enseignement, il fut porté atteinte la religion que professe la gé néralité de nos populations, et l'interdic tion de l'usage de la langue française dans les pièces officielles, dans les actes publics, au barreau, écarta de toutes les fonctions lucratives et honorables, la moitié peut- être de nos compatriotes. De là ces deux intérêts celui des catho liques en masse froissés dans leurs croyan ces; celui d'une grande catégorie d'hommes, qui, dévoués aussi au catholicisme, souf fraient plus particulièrement dans leur po sition sociale, dans leur carrière brisée, dans leur fortune compromise, dans leurs travaux devenus stériles, et dans leurs moyens de parvenir. Ces deux intérêts engendrèrent deux partis, dont l'un fut désigné sous le nom de parti catholique, l'autre sous le nom de parti libéral. Ils se liguèrent et formèrent ce que l'on appela l'Union. Leurs efforts combinés renversèrent la royauté que le Congrès de Vienne avait infligée nos pro vinces. Les Unionistes eurent une immense ma jorité dans le Congrès national et dans les assemblées législatives qui le suivirent; ils nous dotèrent de celte Constitution qui semble avoir été rédigée sous les inspira tions du génie de la liberté; ils assurèrent par le vote du plus grand nombre de lois organiques l'exécution et le développement de ces principes larges et progressifs qui ont attiré sur la Belgique l'admiration du monde civilisé. Au Congrès et aux Chambres, une im perceptible minorité, line minime fraction, sorliedesrangsdu parti libéral,combattitla tropgrandegénérosilé, la liberté trop éten due de certaines dispositions fondamenta les: ces libérauxexceplionnelsavaient déjà peur de la liberté lorsqu'elle était encore au berceau. C'est ce petit noyau de dissidents qui depuis 1830 s'est arrogé successivement quelque nouvelle importance par le men songe, la ruse et l'intrigue, qui s'est empa rée d'une partie de la presse, qui a créé et organisé les clubs, qui a convoqué le Con grès, qui est parvenue pousser au pouvoir le ministère Bogier; et tout cela dans le dessein dévoilé maintenant dedestiluer des fonctionnaires, de s'emparer de leurs pla ces, et successivement de toutes les places. Sont-ce là les vrais libéraux? Evidemment non; ils ontusurpéee titre. Les véritables libéraux sont les successeurs de ceux qui ont sécoué le joug de la tyran nie, qui ont coopéré notre émancipation sociale, politique et religieuse, qui ont jeté les fondements de notre indépendance et de notre nationalité; les libéraux sont ceux qui ont fécondé nos institutions constitu tionnelles. Ceux au contraire qui aspi rent la destruction des fruits que répan dent parmi nous la liberté d'enseignement et la liberté d'association sont des rétrogra des ou des transfuges ceux-là ont renié leur origine, ils ont foulé aux pieds les traditions de 1830. A celte époque, en effet, il y avait beau coup moins deux partis distincts, que deux nuances d'un seul parti animées de senti ments et d'idées analogues, poursuivant un but identique, celui de se soustraire l'oppression du despotisme. On pourrait aller jusqu'à dire qu'il n'y avait qu'un seul et unique parti n'offrant aucune bigarrure, car ceux qu'on appelait catholiques n'en viaient point leurs frères l'objet mondain de leurs désirs, et ceux qu'on appelait libé raux respectaient les vœux légitimes de leurs alliés la différence n'était pas au fond, elle n'existait que dans les dénomi nations. Dès l'origine la qualification de parti ca tholique a été iéipropre; elle est devenue de plus en plus fausse par le laps du temps et le cours des circonstances; mais la tar tuferie des clubisles trouve utile de lancer dédaigneusement l'épitbèle de catholique quiconque ne partage pas leurs prétentions outrecuidantes et anarebiques, et de faire écrire par les journaux étrangers ce non sens que les catholiques belges se consti tuent l'état de parti politique. D n'y a plus qu'une malicieuse envie de fausser la vérité qui puisse voir en Belgique un parti catholique coté d'un parti libéral. Nous sommes divisés, soit, mais les deux partis qui se disputent le domaine de la po litique et de l'administration, celui de la religion demeurant neutre, ces deux partis sont les libéraux constitutionnels issus de 830 demeurés conséquents avec leurs prin cipes et les libéraux clubisles issus des ran cuniers partisansde Guillaume,alliés tous ceux qui l'une ou l'autre de nos libertés fait ombrage. On ne peut pas se le dissimuler plus le temps s'écoule depuis l'avènement du nou veau ministère, inoins les hommes qui le composent inspirent de confiance tous ceux qui désirent le bonheur et la prospé rité de la patrie. On s'était plû, il est vrai, avoir quelquesympalhie pour la politique nouvelle, lorsque parût ce programme, où coté de la sincérité, s'étalèrent les plus belles promesses; mais le temps et les actes ont fait voir que ce soi-disant chef-d'œuvre de sincérité, n'est qu'un tissu d'hypocrisie et d'imprudents mensonges. 11 y a plus de deux mois que nous vivons sous un minis tère libéral, véritable messie politique, que l'ons'allendaità voirimproviser lebonheur de la classe ouvrière, avec autant de facilité qu'un magicien, l'aide de son bâton, im provise un palais enchanté. Cependant la misère existe et l'on n'aurait laissé passer un seul jour sans en parler, si le gouver nement, l'exemple d'Alcibiade.qui coupa la queue de son chien, pour empêcher les Athéniens de parler d'ail'aires plus sérieu ses, n'avait imaginé, pour faire diversion, de procurer un objet d'entretien, par une exposition de carottes, etc, et par des jeux militaires peu de frais. Mais peine le canon eut-il cessé de gronder, que de nou veau le cri de la misère altirq l'attention; et, au lieu d'admirer la grandeur des ci trouilles, on remarqua avec peinel'inaction du ministère, qui jusqu'ici n'a rien fait en faveur du commerce, pas plus que pour les Flandres. Qu'on nes'imagine pourtant pas, que l'on ne doive rien nos ministres, de puis le 12 août; on le sait l'extérieur, ils ont enlevé la Belqique le respect et la considération de l'étranger, en faisant voir Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur rue de Lille, 10, Vpres. Le Propa gateur parait le l.ttlEDI et le HEBtRCDI de chaque semaine. Pltl* DEM l!\MEHTIO*(*. il centimes par ligue. Les ré clames, ti centimes la ligne. On s'abonne Tprr.rue de Lille, n' 10, près la Grand'place, et cbe» les Percepteurs des Postes du Royaume. Pour Ypresfr. 4 Pour les autres localités 45® Prix d'un numéro. 2® VÉRITÉ ET JUSTICE.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1847 | | pagina 1