JOURNAL D APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3146.
31me année.
NOUVELLES DIVERSES.
7? 7.2 S, 24 Novembre.
LA GARNISON.
On s'abonne a l'pres, rue de
I.ille9 n° 10, près la Grand'place, et
chefc les Percepteurs des Postes du
JAoyaurae.
1*111* DE L'ABOIXEMESTj
par trlmealre,
Pour Ypresfr. 4OO
Pour les autres localités 4
rix d'un numéro. O2
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, 10, Ypres. Le Propa
gateur finit le SAMEDI et le
MERCREDI de chaque semaine.
l'RIX DES INSERTION*.
I centimes par ligue. Les ré
clames, S£ centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
L'utilité d'une garnison nombreuse peut être
diversement appréciée d'après le point de vue où
l'on se place.
Sous le rapport moral, la présence des troupes
est communément dangereuse. Mais comme ce
danger ne peut être que déplacé et non supprimé,
comme il est possible d'ailleurs de le diminuer
considérablement par la vigilance, l'activité et le
concours des autorités militaires, ecclésiastiques et
civiles, cette considération ne doit pas faire une
impression exagérée, quand il s'agit d'une place
de guerre, et non d'un envoi mais d'une simple
augmentation de garnison dans une ville qui de
puis longtemps y est habituée.
Sous le rapport matériel, les avantages d'une
garnison nombreuse soht évidents. Le prix des
loyers augmente, beaucoup de bourgeois et de
bouliquieis montent des quartiers garnis, les ta
pissiers, les ménuisiers, les fabricants de meubles
y trouvent leur compte il se fait une plus grande
consommation, les traitements et la solde que le
gouvernement paie, alimentent par l'entremise du
militaire une foule d'industries. Si la garnison
consiste en cavalerie, le commerce des fourrages
s'en ressent, le propriétaire vend plus cher ses
herbages, et le cultivateur est bien aise de venir
acheter les engrais. Nous passons sous silence les
cabaretiers, les cafetiers, les traiteurs, les brasseurs
qui ne peuvent être qu'unanimes sur les bénéfices
qu'une forte garnison leur procure.
Aussi croyons-nous être l'interprète fidèle des
sentiments de la population d'Ypres, en disant
qu'une garnison importante y est vivement désirée
et impatiemment attendue.
Il est des considérations supérieures, d'ordre et
de discipline générale, qui ne peuvent être préci
pitamment brusquées, et qui président h la dis
tribution de l'armée dans les différentes garnisons
de l'état. Maintenant que les mesures d'adminis
tration ont pu être préparées avec maturité, il est
probable qu'aucun obstacle sérieux ne s'oppose
plus b ce que la garnison d'Ypres soit considéra
blement renforcée. Les plaintes deviendraient jus
tes et fondées, si, contre l'attente générale, les
intentions bienveillantes du ministère de la guerre
ne portaient point leur fruit dans un avenir très
prochain.
Car il est très vrai que la ville d'Y'pres a fait
pour s'assurer la possession d'un nombreux corps
de troupes eu infanterie et surtout en cavalerie
dénormes sacrifices, des dépenses fabuleuses et
susceptibles de plus d'une critique, eu égard sa
méticuleuse parcimonie sur d'autres points. Des
casernes ont été agrandies, démolies, reconstruites,
bâties a neuf, des portions de rue et des rangées
entières de maisons ont disparu pour faire place
des écuries. Lps pauvres ont du émigrer dans les
quartiers malsains, dans des bataillons carrés in
fects, pour ne gêner en rien les constructions mi
litaires, leurs avenues, leurs alentours. Le mauége
est un des plus vastes qu'il y ait; gymnase, bâti
ment spacieux poijr lesécolesrégiinentaires,labora
toire pour les artificiers, rien ne manque. Les
casernes de l'infanterie sont les plus belles, les plus
monumentales du royaume; L'an dix permet de
loger convenablement et séparément sans la moin
dre gène les hommes mariés. Indépendamment de
la Plaine d'amour, de l'Esplanade et du Zaelhof
pour les exercices ordinaires, nos superbes places
publiques, nos rues largues et droites, se prêtent
admirablement aux parades, aux inspections, aux
revues, aux évolutions avec armes, bagages, che
vaux et canons, sans que le moindre accident soit a
craindre, et sans que le moindre soit jamais arrivé.
Au polygone de Becelaere et aux prairies de
verdroncken u-eyde, l'administration communale
a joint, sous des conditions très onéreuses la grande
plaiue d'exercices aux portes de la ville, sur les
observations du departemeirt de la guerre, pour les
manœuvres au feu.
Ainsi il n'y a pas de genre de sacrifices qu'on
n'ait fait, pas de demande qui n'ait été agrée, pas
de vœu demi formulé, qui n'ait été prévenu. Et
cependant tout est désert, abandonné.
L'esprit des habitants s'est toujours parfaitement
harmonisé avec les troupes. Il n'y a aucune ville de
second rang que les Officiers en général préfèrent
b Ypres. Nulle part ils ne sont traités avec plus de
prévenance nulle part ils ne sout plus fêlés ni
mieux accueillis.
Dans la discussion laquelle s'est livrée une
des sections de la Chambre sur le projet d'impôt
sur les successions (la première), un des membres
a fait connaître qu'il doit exister au ministère des
finances, un mémoire où sont réduites a leur juste
valeur toutes les espérances que le ministère actuel
paraît établir sur celte source de revenu. L'impres
sion de ce mémoire a été réclamée, ainsi que de
celle de plusieurs autres pièces. Tout annonce que
rien de ce qui peut répandre la lumière dans cette
question délicate ne sera négligé par la Chambre.
Le Roi a reçu dimanche, midi, la députa-
tion de la Chambre des Représentants, chargée de
lui présenter l'Adresse eu réponse au discours du
trône.
La femme blessée par Vandenborre a la maison
nommée Y Ange est décédée. Ce matin, MM. Van
Acker, Lannoo et Poupart ont fait l'autopsie du
cadavre. Ils ont trouvé dans la tète trois morceaux
d'une cuillère en étain, qui fesaient partie de la
charge du pistolet au moment où il a été tiré.
DÉCOUVERTE DES ASSASSINS DE M,U EVE.NEPOEL ET
DE SES SERVANTES.
La justice vient enfin de découvrir les auteurs de
l'horrible assassinat commis il y a deux mois et
demi sur la demoiselle Evenepoel et ses deux ser
vantes.
I! paraît que cette découverte est due l'indis
crétion d'un homme détenu en ce moment aux
Petits-Carmes, qui lui-même aurait reçu quelque
temps avant l'assassinat, des propositions criminel
les de la part de l'un des deux accusés.
Sur les indications de cet homme, la justice a
fait procéder, il y a quelques jours, l'arrestation
des auteurs présumés de l'assassinat, et, après nn
interrogatoire qui, dit-on, n'a pas duré moins de
cinq heures, l'un des deux individus arrêtés aurait
fait l'aveu complet de son crime.
Il paraît que cet homme habitait au faubourg
d'Anderlecbt, une maison appartenant a la demoi
selle Evenepoel, et se trouvait en relard de payer
le dernier terme de son loyer. Il communiqua son
embarras b son complice, et celui-ci, s'il faut l'en
croire, lui suggéra la première idée du crime.
Il fut convenu, qu'ils se rendraient ensemble, le
2 septembre dans la soirée, chez M"e Evenepoel,
que l'un d'eux, le locataire, entrerait le premier, et
demanderait b M11' Evenepoel un délai de deux ou
trois jours, pour payer le terme échu; que cinq
minutes après son entrée, son complice somierait
pour se faire introduire a son tour, et qu'une fois
admis tous deux dans l'intérieur de la tnaisoD, ils
mettraient leur crime b exécution.
Ce projet réussit. Le locataire entra le premier,
exposa sa demande a M11* Evenepoel, qui l'accueil
lit, et se disposa a sortir, n'ayant pas le courage
d'attendre son complice. Mais an même instant, un
coup de sonnette se fit en tendre et le complice se pré
senta. Le premier accusé qui se trouvait déjà dans
le vestibule, piêt franchir le seuil de la porte,
retourna sur ses pas et tous deux entrèrent dans
l'appartement occupé par M"e Evenepoel.
Surprise de ce retour inattendu, Mllr Evenepoe[
en demanda la cause a sou locataire, et celui-ci,
dit-on, répondit Nous venons vous payer a
l'instant même. Aussitôt l'un des deux accusés
armé d'un instrument en fer, en asséna un coup
violent sur la tête de Mllc Evenepoel, qui tomba
baignée dans son sang. Son complice tira un cou
teau-poignard et coupa la gorge a la malheureuse
victime.
Pendant que ce dernier égorgeait MUo Evene
poel, l'antre accusé monta l'appartement occupé
par les deux servantes, et les assomma tour a tour.
Comme l'une d'elles donnait encore signe de vie, le
meurtrier qui avait égorgé Mllc Evenepoel, accou
rut, son couteau sanglant b la main, et coupa éga
lement la gorge aux deux servantes.
Après l'accomplissement de ce triple assassinat,
les deux meurtriers dévalisèrent la maison il en
emportèrent les objets les plus précieux, dont une
partie fut vendue et l'autre enfouie dans la cour
d'une maison a Bruges.
Tels sont, paraît-il, les détails circonstanciés
donnés par le coupable qui a fait l'aveu de son
crime. Son complice s'est renfermé jusqu'à présent
dans un système de dénégation obsolue.
Aujourd'hui la justice s'est rendue a Bruges,
accompagné du meurtrier qui est en aveu, pour
aller déterrer les objets enfouis.
Le Roi, accompagné de M. Conway, est parti
dimanche, a une heure, pour son château d'Arden-
ii es.