JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
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î\To 3152. Mercredi, 15 Décembre 1847. 31me année.
LIS FD M fa [KKDIS
Les déclamations emphatiques et enra
gées des faux libéraux aboutissent en der
nière analyse des résultats très-froids et
irès-positils de l'argent, encore de l'ar
gent, toujours de l'argent; telle est la de
vise, l'unique devise qu'ils viennent d'in
scrire sur leur drapeau, dont la couleur
est insaisissable cause de ses bigarrures;
et c'est peine si l'on y découvre encore
demi effacés les mots État laïc, indépen
dance du pouvoir civil, adjonction des ca
pacités, bourgmestres en dehorsdu conseil,
jury universitaire nommé par le gouver
nement. Depuis plusieurs années, ces hy
pocrites du libéralisme ont enveloppé la
nation dans un déluge de paroles vides et
stériles; ils voudraient bien qu'aujourd'hui
la nation, en récompense de si nobles dé
vouements, versât sur tous un torrent de
numéraire; payerait-elle jamais leur juste
prix les mensonges mille et mille fois ré
pétés par lesquels on a divisé le pays, se
mé la méfiance et l'irritation parmi les
différentes branches de la grande famille
nationale. Au surplus, ces merveilleux po
litiques ont promis d'arracher la Belgique
aux ravages de la crise qui ronge quelques-
unes de ses parties, il n'est pas étonnant
qu'ils cherchent la clef d'or au moyen de
laquelle ils espèrent ouvrir des sources in
attendues de bien-être et de prospérité. Un
appel la bourse des contribuables est-il
nécessaire pour apporter des soulagements
aux maux des Flandres? En cas d'affir
mative, il n'est personne qui ne consentit
subir des sacrifices. Mais il s'agit de jus
tifier, du moins en apparence, les accusa
tions perfides incessamment lancées contre
le précédent ministère. 11 y a eu délapi
dation, parconséquent il y a un déficit; on
ne sait pas jusqu'où il s'élève, c'est égal;
il est de 25, de 50, ou mieux de 75 mil
lions; or il est du devoir du gouvernement
de combler cet abîme, donc il a l'obligation
de provoquer de nouveaux impots. Vaine
ment M. Malou démonlra-t-ilcomme
deux et deux font quatre, que depuis dix-
sept ans la fortune de l'État a été admi
nistrée avec intelligence et prudence, que
le budget des recettes et des dépenses or
dinaires, loin d'offrir un déficit, présente
au contraire un boni de quelques cent
mille francs, que les deniers de l'État n'ont
pas été dépensés inutilement mais trans
formés en fonds productifs; que la dette
n'est pas augmentée, qu'elle a été graduel
lement amortie depuis 1850; on persiste
soutenir que des ressources extraordi
naires sont indispensables pour faire face
aux besoins, en invoquant l'autorité de
M. Malou lui-même, dont on dénature mé
chamment les paroles, car on reproduit
des observations isoléesqui ne s'expliquent
que par l'ensemble de son discours remar
quable du 2 de ce mois. La politique nou
velle cherche faire croire au gaspillage
de ses prédécesseurs pour détourner l'at
tention des prodigalités qu'elle ne saurait
éviter sans compromettre la consolidation
de son avenir. Après avoir promis tout
le monde, il faut bien lui ménager les
moyens de tenir ses engagements, sous
peine d'être aplati sous la pression des
clubs. Voilà pourquoi le Ministère Bogier
doit remplir ces trois conditions 1° créer
des ressources, 2° créer des ressources,
5° créer des ressources. La politique du
12 Août est résumée dans ces deux vers
Dans les villes, où les mêmes principes
dominent, il y a déficit dans le budget. Ici
ce n'est plus un déficit éventuel, un déficit
venir, comme dans le budget de l'Etat,
c'est un déficit réel, dont la source remonte
plusieurs années. Cela s'explique le li
béralisme avait envahi les conseils com
munaux des villes avant d'atteindre aux
sommités administratives. Les finances de
l'Etat se soutiendront encore plus long
temps que celles des villes, et si le faux
libéralisme nous amène jamais la banque
route, elle se manifestera dans les com
munes libéralisées, avant d'éclater dans la
trésorerie de l'Etat. Fuisse le bon sens, la
fermeté et la prévoyance de tous ceux qui
aiment la liberté vraie, la liberté telle qu'elle
est proclamée par la Constitution, non pas
telle qu'on l'entend en Suisse ^pour les ra
dicaux contre les catholiques), forcer le
gouvernement se renfermer dans les li
mites d'une sage économie, créer des
ressources, non par des impôts odieux,
mais par desétablissemenlsqui engendrent
des bénéfices; forcer les communes met
tre de la régularité dans leur situation fi
nancière; et imposer silence aux effrontés
qui rejettent sur d'autres leurs propres
vices et leurs propres écarts.
Les clubs, en pesant sur le ministère,
ont fait naître pour première conséquence
la menace de nouveaux impôts. C'est le
moment où les contribuables respirent
peine par suite d'une pénible crise alimen
taire et industrielle, que l'on choisit pour
jeter l'alarme dans le pays. Si la situation
financière exigeait de plus lourdes charges,
si les ressources accoutumés du trésor fe-
saient présager une insuffisance de moyens
pour subvenir ses besoins, pourquoi l'o
pinion qui est actuellement au pouvoir,
poussait-elle il y a quelques années peine,
les chambres augmenter les traitements
et les pensions de toute espèce, créer
de nouveaux emplois, et doter de pen
sions maints postes qui n'avaient point
ces avantages. L'armée, l'ordre judiciaire,
les administrations, le banc ministériel lui-
même, tous ont profité de cette extrême
ardeur du libéralisme répandre l'or du
pays sous toutes les formes possibles. En
quoi il est facile de démontrer qu'au fond
il n'agissait que par un égoisme fort adroi
tement déguisé. Qui ne se souvient des dé
clarations ambitieuses de M. Devaux que
le libéralisme occupait presque tous les
rangs distingués dans l'armée, dans l'or
dre judiciaire, dans les autres fonctions
publiques. En effet, les libéraux furent
toujours les plus assidus aux anti chambres
de tous"les cabinets, et leurs obsessions
fu ren t sou ven t cou ronnées de succès. A près
avoir conquis les places, on travailla les
rendre plus lucratives. Possédant ensuite
l'honneur et les profits du pouvoir, on en
a sans peine escaladé les sommités. Reste
épauler ceux qui ne se croient pas encore
assez l'aise, tendre la main aux retar
dataires, apaiser les criards qui ont servi
de marche-pied et qu'on abandonne dans
la cohue des clubs; or pour toutes ces
choses, il faut frapper le commerçant,
fouiller le rentier, tàter le pouls au culti
vateur, atteindre les ressources intimes
des familles, s'attacher au catholique sin
cère qui ne prête pas serment sur des don
nées incertaines. Si le ministère veut arri
ver l'équilibre des dépenses sans nouveaux
impôts, le seul parti qu'il ait prendre est
de s'affranchir de la nuée de frêlons libé
raux qui l'entourent, et de réfréner leur
convoitise par une sévère économie.
On 8'abonne Vpres, rue de
Lille, nd lo, près la Grand'place, et
cbex les Percepteurs des Postes du
Royaume.
I* HI DE L'AlOflBWBSÎT,
par trlmeatre,
Pour Yprèsfr»
Pour les autres localités 4-
Prix d'un numéro. îO
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, io, l'pres. Le Propa
gateur paraît le SAMEDI et le
MERCREDI de chaque semaine.
PRIA DES ASSERTIONS.
i centimes par ligne. Les ré
clames, tâ centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
7? ^2 5, Décembre.
DE L'ÉTAT ET DE LA COMMUNE.
L'argent! l'argent l'argent sans lui tout est stérile:
La vertu sans argent est un meuble inutile.
Oo sait quel accueil le projet d'emprunts a reçu
la Chambre. C'est ici surtout que l'extrême habi
leté de nos six Frères brille de tout son éclat La
politique nouvelle veut de l'argent, réclame des
augmentations d'impôts, le lendemain d'une fa-
miue, lorsqu'une crise commerciale sévit presquç. v
sur toutes les places Elle parle de faire un em
prunt, et pour y réussir mieux, dans les circon
stances les plus défavorables qui puissent se pré
senter, elle commence par déprécier le crédit
public Supposez un particulier qui a besoin d'aV^
gent il se rend chez un capitaliste et lui tient a"
peu près ce langage Ma position est mauvaise,