JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3153.
31me année.
Hier au matin, un nombreux convoi
conduisait de l'Eglise de S'-Pierre sa
dernière demeure la dépouille d'un frère
d'armes de l'Empire. Une mort subite avait
enlevé sa famille M. Husseel, employé
de l'octroi, qui après avoir conquis divers
grades sur les champs de bataille, retiré
dans une vie tranquille, charmait naguè-
res les loisirs que lui laissaient ses mo
destes fonctions, en déployant un remar
quable talent de déclamation qui lui valut
des prix et des éloges plusieurs concours
littéraires.
Le vice-président de la Société M. Van-
heule, commis-greffier du tribunal de 1"
instance, et un collègue du défunt, M. De-
ceuninck, en retraçant sa carrière mili
taire ont du remuer plusieurs de ces lieux
dont les noms fameux traverseront les
siècles avec un retentissement de gloire
et d elonnement. Nous nous bornerons
reproduire le discours simple et correct de
M Vanheule
MM., c'est le treizième membre de la
Société des anciens frères d'armes de
l'empire que la mort frappe depuis sa
formation il était notre frère et ami,
aimé et respecté de tous, ce qui m'en-
gage honorer sa mémoire de l'expres-
sion de notre respect commun. M. Guil-
laume Husseel naquit Furnes le 18
Novembre 1779. Il entra, au service le
16 Frimaire an XIII (7 Dec. 1804), dans
la garde départementale; et fut incorporé
la 55" cohorte qui devint le 155" llé-
giment de ligne, le 11 Février 1812. Le
12 Décembre 1815, il passa avec le grade
d'officier au 123° de ligne. J'aurais une
énuméralion bien longue fournir, si je
citais les dates et lieux où il eut com-
battre, une époque où les aigles impé-
riales planaient sur tant de champs de
bataille. Nommé caporal le 18 Novembre
1806, sergent le 8 Octobre 1808, adju-
dant-sous-officier le 10 Septembre 1809
Husseel fut promu au grade de sous-lieu-
tenantlell Février 1812,etde lieutenant
le 8 Novembre 1815.11 lit les campagnes
de 1809 et 1810 l'armée du Nord; ccl-
a les de 1812, 1813 et 1814 la grande
armée. Il fut blessé d'un coup de feu
Hanau (2). Le 14 Juin 1814 il rentra dans
ses foyers. Depuis le 51 Janvier 1816 il
occupa constamment avec zèle le poste
d'employé dans l'octroi municipal de
cette ville. Marié, bon père et honnête
citoyen, comme il avait été guerrier in-
trépide, il fil lo bonheur de sa famille
actuellement désolée de sa perte. Elle a
été bien soudaine; mais si les derniers
secours de la religion ont manqué l'ho-
norable défunt que nous regrettons, es-
pérons que tout en nous donnant par
celte mort un avertissement salutaire,
Dieu aura étendu sur notre brave con-
frère un bras protecteur et miséricor-
dieux. Adieu cher Husseel, digne com-
pagnon d'armes la gloire passagère,
au bruit des camps et aux dangers dont
vous séparaient déjà trente années, nous
avons la confiance qu'a succédé pour ton
âme le temps d'une gloire meilleure,
inaltérable, et d'un repos qui ne finira
plus. Adieu, repose en paix.
On .'abonne Ypre», rue de
I.iUe, n" 10, prés la Grand'place, et
cbex les Percepteurs des l'osles du
Royaume.
PRIX DE L'ABOXXKRKXT,
par »rtn:e»tre,
Ponr Yprèsfr. 4-00
Pour les autres localités 4
Prix d'un numéro. Ots
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, 10, Ypre». Le Propa
gateur parail le SAMEDI et le
.MERCREDI de chaque semaine.
(>KIY DE!* IXSERTIOXS.
1 centimes par ligue. Les ré
clames, *5 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
m m
R 18 Décembre.
J-eipsick (i), et de trois coups de lance
1 Eq Saxe. La bataille de LeipsicL est du t8 au iq Octobre
(i) Sur la Kinzig daus la Hesse électorale, M. le générât
0 fcEjetger y était alors commandant de place. La victoire de
^oau, où M. Husseel fut blessé suivit de près la bataille de
'psick. Elle est du 3u Octobre i8i3.
Une affaire récente accuse l'extrême légèreté
avec laquelle un journal de cette ville, désireux
'a ce qu'il semble, de se donner par la plus d'im
portance, exagère outre mesure des faits sans im
portance et leur attribue une gravité capitaleaux
risques de compromettre en surexcitant l'opinion
publique et en donnant naissance des préventions
outrées, le sort du malheureux qui accidentelle
ment peut se trouver sous la main de la justice.
Quelques voies de fait, évidemment repréhensibles,
mais dépourvues de toute circonstance qui leur fît
dépasser les proportions communes de toutes les
rixes de taverne, avaient été commises par un
petit cabaretier de la ruelle d'Eilau, nommé Rem-
inery sur sa femme. Une altercation au jeu de
carte, la jalousie, et surtout l'intempérance,
avaient causé cette quérelle passagère de ménage,
qui avait momentanément attiré l'attentiou des
gamins du quartier, niais qui n'était point destinée
fixer celle du public. Nous nous sommes abstenus
d'ennuyer nos lecteurs, d'un récit qui ne pouvait
intéresser que la police. Le Progrès en a jugé au
trement, et se posant en graud inquisiteur criminel
d'une justice draconienne, il n'a pas hésité as-
simuler, peu s'en faut, le tapage de la rue d'Eilau
l'assassinat de la maison de débauche daus la rue
de Y Ange. Il n'y a heureusement aucune ressem
blance entre l'un et l'autre, et il n'y a non plus
aucun terme de comparaison admettre ni quant
aux lieux, ni quant aux personnes, ni quant aux
résultats. Remmery, quoique pauvre ne parait pas
avoir des antécédents fâcheux. Bien que dans son
cabaret, fréquenté par la classe ouvrière, on ait pu
parfois entendre quelque bruit, rien n'a démontré
qu'il ait jamais voulu tolérer le vice dans sa maison.
Ce sont même selon les détails de l'instruction, les
reproches qu'il croyait avoir faire sur la conduite
de son épouse qui ont excité son iriitatioo contre
elle. Les débats n'ont révélé aucune incapacité de
travail survenue la suite des sévices. Si Remmery
au moment de la dispute, était porteur d'un cou
teau ordinaire dont il n'a fait aucun emploi, qui
n'a pas été ouvert, qu'il n'a seulement pas sorti de
sa veste, n'élait-il pas souverainement injuste de
rappeler ce propos Vandenborre, ancien rempla
çant expulsé d'une maison de prostitution par une
femme de mauvaise vie, allant avec un pistolet
chargé, possédé d'une rage de vengeance, pour s'y
réinstaller et tirant bout portant la tèle sur son
ancienne concubine qui est morte du coup quelques
jours après, sans avoir repris connaissance. Le
ministère public, plus modéré que le soi disant
organe de ta presse libérale, a très bien apprécié
l'objet de la poursuite; une défense lucide l'a dé
pouillé a son tour des exagérations qui l'avaient
obscuciet le tribunal accueillant les considé-
tions qui militaient en faveur du prévenu, n'a
infligé que quinze jouis d'emprisonnement. Dans
les événements qui sont de nature appeler une
répression, tir) rigoureux devoir de précaution et
de prudence incombe toujours la presse un
oubli de cette prudence tendrait souvent accré
diter les rumeurs les plus inexactes, dans l'inter
valle si critique pour l'accusé qui sépare l'événe
ment de la décision. Les grands crimes dont la
perpétration pèse ordinairement sur dei hommes
de débauche, tels que le meurtre commis Y Ange
l'assassinat Evenepoel, le fratricide suivi d'exécu
tion capitale Bruxelles, ne seront prévenus d'une
manière efficace qu'en proscrivant graduellement
les maisons publiques, tout en ayant l'oeil sur tous
les moyens propres renforcer les principes reli
gieux, les bonnes mœurs et l'action civilisatrice de
l'instruction. Les difficultés accidentelles de ménage
ou de cabaret qui dégénèrent en coups et injures
chez la lie du peuple, occuperont toujours plus ou
moins les tribunaux, mais on parviendrait dimi
nuer de beaucoup le nombre des cas, en n'auto
risant pas l'ouverture nocturne des cabarets, et eu
Statuant des peines de simple police contre l'ivresse
en des lieux publics. Une seule chose dans le pro
cès de Remmery méritait d'être signalée avec un
pénible regret c'est qu'il est le petit-fils de feu
M. le conseiller pensionnaire Remmery, magistrat
qui de son temps jouissait ici d'une haute consi
dération. Nous ignorons quels malheurs ont fait
éprouver sa descendance un bien triste retour de
fortune, auquel les révolutions et les politiques
nouvelles ne sont pas toujours étrangères. C'est
peut-être la plus sérieuse réflexion que provoque
cette cause minime, a laquelle on avait attaché un
retentissement inopportun.
Une députation composée d'habitants notables
des villes de Courtrai, Wervicq et Ypres est
arrivée a Bruxelles; leur but est d'appuyer éner-
giqueinent la demande faite parla société conce^—;
sionnaireducheniin defer de la Flandre-occide,
tendant obtenir l'intervention du gouvern.
pour l'exécution du chemin de fer de Cour
Poperinghe.
Il paraît que M. le ministre des travaux p^
n'est pas éloigné d'accéder cette demande
double motif que ces travaux seraient d'une utili