JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
tvNfv
V 3164.
Mercredi. 26 Janvier 1848.
31me année.
26 Janvier.
Le paupérisme qui règne dans les
Flandres a élé amené successivement par
des causes diverses, les unes plus intenses
que les autres. Les moyens pour le combat
tre doivent être multipliés, mais ne sau
raient être également actifs, également
prompts dans leurs effets.
C'est ce que la politique ancienne, la
politique modérée, avait parfaitement com
pris; et c'est pourquoi, tout en recherchant
les différents remèdes qui apporteraient
des soulagements plus ou moins éloignés
nos maux, elle s'empressait de venir en
aide l'instant aux besoins les plus impé
rieux. De là les secours et les préparatifs
de toute espèce de travaux, et les projets
de défrichements, et les perfectionnements
aux industries existantes, et les appels aux
industries étrangères.
Aux yeux de la politique nouvelle, de
Ja politique nerveuse et agitée, tout cela
était absurde, inefficace et ruineux l'au
mône serait désormais proscrite, du travail
convenablement salarié serait donné tous,
et les Flandres verraient disparaître comme
par enchantement la plaie qui les mine et
qui, de l'aveu de la politique nouvelle,
deshonore le Pays.
Qu'ont-ils fait ceux qui, de l'arène
électoraledu 8 juin sesontélevés jusqu'aux
sommités gouvernementales? Ils sont au
FRANCE.
pouvoir depuis six mois et tout ce que nous
savons c'est que M. Rogier a prononcé un
diseoursempoulé ausujeldenos provinces
et qu'il a institué une commission. Des
hommes, payés comme fonctionnaires,
payés comme députés, touchentdes indem
nités superflues pour rédiger des proposi
tions, qui, jusqu'à présent, n'ont produit
aucune mesure, aucun acte, aucun résultat;
ils fournissent au premier ministre des
instructions qui servent de thème ses
exercices oratoires pendant que les ouvriers
flamands dépérissent et meurent d'inani
tion. Le nombre des décès en 1847 a été
double, triple, presque quadruple, du
nombre des naissancesdans certaines
communes des Flandres. Cette mortalité
ne diminue point, elle augmente plutôt, et
pourtant le prix des denrées est descendu
au taux normal. Que deviendrions-nous,
sous un tel ministère, si nous étions encore
sous les coups de la disette et de la famine?
Ils disaient naguère, en s'adressant
un homme supérieur qui osait rappeler les
souvenirs du Congrès, D'où venez-vous,
prétendu sauveur de la Royauté? Nous
leur demanderons avec plus de motifs:
D'où venez-vous, prétendus sauveurs du
peuple?
A l'exception d'un seul, vous êtes fran
çais ou wallons, et vous auriez le désir ou
la capacité de relever des populations,
dont vous ignorez le caractère, les mœurs,
les contrées? C'est impossible, car toute
votre conduite prouvreà l'évidence ou que
vous n'en avez jamais eu l'intention sincère,
ou que vous êtes plus ineptes et plus im
puissants que vos devanciers ne l'étaient
d'après vos éternelles incriminations. Vous
n'avez qu'un seul argument les deniers de
l'Etat ont été gaspillés, le trésor est sec.
On sait que le contraire a été démontré
de façon convaincre les moins intelli
gents et les plus crédules. Toute fois cetle
allégation fût-elle vraie, il importerait en
core de créer des ressources extraordinai
res, puisqu'il s'agit d'arracher la mort
une partie de nos concitoyens. Mais non,
vous ne voulez ni de l'emprunt, ni des
économies proposées; vous repêchez dans
le bulletin officiel de Guillaume une loi
immorale et vexaloire que la révolution a
réduite en poussière. Une armée de 80.000
hommes absorbe peu près trente millions
par an, et il y a deux cents mille francs
de subside pour 500.000 pauvres!! Ceux-ci
sont épuisés au point qu'ils ne sauraient
plusse livrerà aucun travail, et ils n'auront
[tas d'aumône; ils sont étendus sur le gra
bat, près de rendre le dernier soupir, et
on leur dit pour toute consolation Allez
apprendre le wallon.
Quelle sincérité et quel libéralisme!
Le premier effet de la politique nou
velle a été de troubler et de blesser tous
les intérêts. La crise financière avait déjà
resserré les capitaux, lorsque le ministère
rJ
1
On s'abonne Y près, rue de
Lille, u* 10, près la Grand'place, rl
ct»ez les Percepteurs des Postes du
Royaume
pnii di: i %bo\\s:h»:yt,
par trimeslrej
Ponr Y prèsfr. 4
Pour les autres localités 45®
Prix d'uu numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, 10, Yprc». Le Propa
gateur paraît le SAM E l> 1 et le
.MERCREDI* de chaque semaine.
PRII VIF.A IXiERTIOXt.
1 7 centimes par ligue. Les ré
clames, tcentimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
LES SAUVEURS DES FLANDRES.
IHtHBni: PAIRSMéanrr du 14 Janvier.
[Suite et fin
Ouc de Wpailles Il est incontestable que le caractère
du mouvement suisse est un caractère révolutionnaire il s'est
suffisamment révélé par les persécutions religieuses qui l'ont
signalé, parle trouble apporté aux élections, par l'uppressiou
et les dévastations auxquelles se sont livrées les masses substi
tuant le despotisme la liberté (Marques d'adhésion.)
C'est U oe qui arrive partout où le farti radical et révolu
tionnaire aura le dessus; que ce soit pour nous uu salutaire
avertissementet comprenons par ce qui s'est passé en Suisse,
les dangers qui menaceront toute société livrée aux tendances
révolutiounaires.
M de Montalembert Il y a un an, pareille époque, j'étais
celte tribune pour dénoncer la violation des traités et l'occu
pation de Cracovie; cette année je viens y faire encore la
même chose.
Lannee dernière, il s'agissait du dernier débris de la Po-
logoe, il s'agit, cette année, du berceau de la liberté helvé
tique. Le crime est le même; l'année dernière il était le fait
du despotismecelte année il est l'œuvre de ceux qui rêveut
le bouleversement des sociétés. (Adhésion.) Mais c'est toujours
l'abus de la forceen Suisse comme en Pologne c'est l'oppres-
sion du droit que le nombre et la violence.
Le crime de Tannée dernière avait été commis au nom de la
force; cette auuée, l'hypocrisie t'y est jointe, le crime a élé
commis au nom de la liberté, ce qui l'aggrave encore nies
yeux.
Je ne viens donc pas faire entendre ici mes plaintes comme
catholique, au nom de la religion, c'est son métier de souifrir
de telle blessures; elle en guérit, mais ce n'est pas seulement
la religion qui est atteinte, c'est encore, et ces blessures sont
plus dangereuses, c'est l'ordre, c'est la liberté qui sout at
teintes.
Vous vous rappelerez que longtemps il n'y eut pas en Suisse
un seul cri coutre les jésuites; certes, lorsque le général
Ramoniro faisait son expédition eu Piémout, ce n'était pas
pour l'expulsion des jésuites. Non, les radicaux n'en vou
laient pas seulemeut cet ordre, ils en voulaient bien plutôt
au christianisme tout entier; ils le nieut, ils veulent le dé
truire, frappant la fois sur le catholicisme, sur le protes
tantisme? En voulez-vous la preuve? Souvenez-vous de ce
docteur qui professait Zurich que Jesus-Christ u'élait pas
Dieu1 (Mouvement.)
Voilà ce qui se disait publiquement dans la pairie de la
Réforme!
Les radicaux poursuivirent leur œuvre après la victoire
par la destruction des couvents, non pas seulement des jé
suites, mais aussi ceux conservés et protégés par Napoléon.
Eusuite les protestants ont eu leur tour, on s'est rué sur
eux dans le canton de Vaud, puis enfin on en est venu aux
jésuites. (Ah! Al» J'avais dit que je ne dirais rien des
jésuites, après les nobles paroles de M. le duc de Broglie
après le témoignage qu'il leur a donué que, depuis trente aus,
ils n'avaient été la cause d'aucun trouble dans le pays, je
n'ajouterai rien cet éloge.
LIS INTÉRÊTS MATÉRIELS.
Je ne veux pas vous parler des exoès commis, de ces prê
tres tués dans la chaleur du combat, ces excès ont élé flétris
par la plus haute autorité du monde, par le Souverain-Pontife.
Mais, voyous ce qui a été fait après le combai, de sang-froid.
Les radicaux ont établi la confiscation, cette peine des
temps d'oppression et de féodalité, ils ont frappé d'amende
nou-seulemeul les maisons religieuses, mais les citoyens eux-
mêmes d'amendes énormes. Et savez-vous quelles étaient ces
amendes? Elles étaient la fortune entière des vaincus. (Sen
sation.)
On ne s'est pas arrêté là. Les vainqueurs ont osé, de leur
main sanglante, écrire le nom de Saint-Viucent-de-Paule
savez-vous pourquoi? Pour exclure les sœurs de la charité,
coupables d'avoir dévoué leur vie au service des pauvres et des
malades. On les a chassées comme des bêtes fauves, eu leur
accordant une heure pour tout délai pour quitter la Suisse.
(Humeurs diverses.)
Mais ce n'est pas tout encore. Voyez-vous ces hommes qui
montent par ce chemin que beaucoup d'entre vous ont suivi
avec recueillement, ce chemin qu'ont parcouru tant de chré
tiens, où la République française elle-même s'est arrêtée avec
respectoù Napoléou a laissé des souvenirs de gloire et de
tolérance, où repose l'un des braves de notre armée le général
Desaix (Marques d'approbation.) Savez-vous où ils vonf? Ils
vont voler les moines de Saint-Bernard. (Nouvelles marquer
d'approbation
Et qu'ici M. le comte Pelet (de la Lozère) me permette uué
observation ce ne sont pas seulement les jésuites qui ont
été frappés; les protestauls du canton de Naud Tout
comme eux dix jours après; eux aussi subissaient l'interdiction
•V
■Y)",