D ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. ov Sri >o 3175. 31me année. La révolution qui s'est accomplie la fin du dernier siècle présentait des enseigne ments magnifiques et terribles dont les Belges ont tiré plus de parti que les Fran çais eux-mêmes, soit parce que les acteurs du grand drame eurent l'attention absorbée par le mouvement auquel ils étaient en proie, soit parce que la différence entre le caractère dislinclif des deux peuples a permis au plus calme, au plus réfléchi de mieux calculer et apprécier les résultats d'événements immenses. Dès 1830 notre éducation politique était achevée unis par l'intelligence de la liberté et le sentiment de l'indépendance, tous les partis ont con couru efficacement fonder ces institutions qui excitent la fois et l'admiration et l'envie de tous les peuples du monde. La France, après avoir secoué le joug d'une branche de la dynastie, s'est pliée sous celui d'une autre branche; en changeant de souverain, elle n'a guère changé de système gouvernemental la Charte de 1814 n'est pas devenue, sous le règne de Louis-Philippe 1", une vérité plus vraie que sous le règne de Charles X. Aucune des promesses faites avec des poignées de inain après les journées de juillet n'a été réalisée; les ministères qui se sont succédé n'ont pas cru devoir se borner la com pression des anarchistes et des carlistes, ils ont continué leur système étroit et égoïste hostile tous les nobles élans, toutes les F g RM PL LIT ©Kl. CANDELARIA, aspirations loyales vers la liberté. Depuis dix-sept ans les nuages s'amoncelaient l'horizon, et la tempête vient d'éclater le Roi et la famille royale ont dû quitter leurs palais et la France; c'est le troisième trône qui croule brisé au bord de la Seine dans l'espace d'un demi siècle. Puisse un peuple, qui renferme des éléments de générosité et de grandeur, mettre cette fois profit des graves et sévères leçons de l'histoire! Puisse-t-il s'abstenir de ces excès envers lui-même et envers les autres peu ples, qui ont appelé sur lui le despotisme de l'empire, et se donner enfin des insti tutions conformes ses mœurs et ses besoins! Il réalisera ce but, s'il parvient maintenir l'ordre et le repos l'intérieur, et s'il n'élève point la prétention de por ter atteinte aux nationalités qui l'en tourent. Le grand œuvre de la civilisation, par le développement de la liberté et de l'indépendance, se poursuit dans tous les états de l'Europe que la France vienne s'y associer, mais n'en trouble point la marche ascendante. Tel est le vœu de tous les peuples, tel est le vœu dans lequel se réunissent tous les Belges, chez qui les idées et les tendances qui débordent au jourd'hui en France, existent non seule ment dans tous les cœurs, mais ont en outre pénétré dans l'organisation sociale en vertu de la Constitution de 1830. N'ou blions pas un moment que notre gouver nement est le plus beau des gouvernements modernes des inslilulions démocratiques en établissent la base, et la Royauté en forme le couronnement. Le Progrès, dans son dernier numéro, entretient encore ses lecteurs, propos du projet de loi sur la réforme électorale, des conquêtes de l'opinion électorale et de l'éventualité de les perdre ou de les con server. Nous ne le suivrons point sur ce terrain, mais nous nous réunirons aux autres journaux, en déclarant nos con citoyens, qu'en présence des dangers qui nous menacent, nous croyons qu'il 11e peut plus y avoir de partis en Belgique, qu'il 11e peut y avoir que des vrais Belges dé voués de cœur et d'âme la Patrie, au Roi et la Constitution; nous sommes heureux de nous trouver d'accord en cela avec l'Observateur et Y Indépendance, qui recom mandent aussi l'union et la concorde. Puissions nous, en appuyant ces principes, avoir le bonheur de les faire prévaloir, de ramener parmi nous l'union, la paix et la concorde, en faisant disparaître jusqu'aux traces de nos dissentions passées. En sui vant cette marche, nous ferons acte non seulement de bons citoyens, mais aussi de bons chrétiens. La loi du 26 février 1848 ordonnant une avance égale aux huit douzièmes de la contribution foncière de 1848, rend appli cables au récouvrement de celte avance, entre autres dispositions, celles de l'art. 15 du décret du 8 avril 1851, ainsi concu - s /-â On «'abonne Ypreu, rue de Lille, o* 10, près la Grand'placeet cbei les Percepteurs des Postes du Royaume. I'HIV m: I'iho\\I:WI;*T, par trimestre, Pour Y prèsfr. -* Pour les autres localités SO Prix d'un uuméro. Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur rue de Lille, 10, l'prea. Le Propa gateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIA DES I.VSERTIOAS. f 1 centimes par ligue. Les ré clames, S* centimes la ligne. vérité et justice. m m m 9 tJ 4 Mars. LA FILLE AILETTE ET LE GÉNÉRAL AYEIULE. Au commencement de 1817, j'étais sous-lieute- nant dans un régiment de cavalerie qui se trouvait en garnison dans le chef lieu d'un des départements du midi de la France. J'avais seize ans, comme les officiers de l'ancien régime, et je m'étais imaginé que je serais un personnage fort incomplet, si je ne me hâtais pas d'ajouter aux qualités naturelles la jeunesse les défauts inhérents a ma profession. J étais donc espiègle comme un page, éventé comme un mousquetaire de 1760, et, afin de rattacher le passé au présent, ainsi que s'exprimait la charte, je 111 étais donné, l'aide d'une énorme pipe, des airs de grognard, .qui contrastraient avec ma mine d écolier. Je faisais la joie de mes camarades, quand ils me voyaient tirer le poil follet de mes lèvres, dans le vain espoir de l'allonger en moustache, ou quand ils m'entendaient imiter, pour me donner des façons plus cavalières, le jargon peu châtie que l'oiseau des visitandines, immortalisé par Gresset, avait rapporté de ses voyages sur la Loire; et com me j'aimais les bourbons, que mon uniforme était vert et orange, que j'avais le nez recourbé en bec de perroquet, le premier lieutenant de mon esca dron m'avait affublé du sobriquet de Vert-Vert, plaisanterie qui, commencer par moi, n'avait pas trouvé un contradicteur. A cela près, j'étais bien l'officier le plus heureux et le plus gâté de toute l'armée. Au fait, comment 11'aurait-on pas aimé un bon enfant qui montait le premier cheval venu qui faisait fort mal son ser vice, mais qui était toujours prêt faire celui de tout le monde; qui payait du punch tant qu'on voulait, et qui l'avait l'avantage de n'en pas boire; et qui s'était battu fort galamment contre un bourgeois de la ville pour soutenir un tort qu'il n'avait pas eu, ce dont il était convenu après avoir reçu et donné un coup d'épée. Notre garnison, dont je tairai le nom, parce que je n'ai plus l'humeur aussi belliqueuse qu'autrefois, était bien la plus maussade qui se puisse imaginer. Figurez-vous une petite ville de huit mille ârues, bâtie sur le flanc méridional d'une montagne pelée, et entourée par une rivière perfide qui inondait nos casernes dix fois par l'hiver, et dans laquelle, pendant l'été, il n'y avait pas assez d'eau pour dé saltérer nos chevaux. Point de promenades dans les euviroDs, si ce n'est des grandes routes poudreuses, sans un arbre pour garantir les passants de l'ardeur du soleil point de société dans l'intérieur, l'ex ception de celle qu'on trouvait une fois par semaine la préfecture, et qu'on ne désirait plus rencontrer ailleurs une fois qu'on l'avait vue là. Nous vivions donc beaucoup entre camarades, et, pour ma part, je ne m'en plaignais pas, car, cette époque, je n'avais pas le goût du monde et j'étais encore daus l'ardeur de mes premières croyances sur l'amitié, douces illusions que rien n'est plus propre entretenir que la vie militaire. Je partageais mon temps entre les devoirs, assez mal remplis, de mon état, la lecture de quelques mauvais romans qui n'étaient jamais entré dans la bibliothèque paternelle, et les longues séance au café de la garnison, où ma grosse pipe la bouche, j'écoulais les vieux officiers de l'empire raconter mélancoliquement leurs campagnes homériques. Je jouissais depuis six mois environ de cette existence assez douce dans sa monotonie, lorsque nous apprimens que le gouvernement français; sur les réclamations de Ferdinand vu, veuait d'ordon ner qu'un dépôt de réfugiés espagnols, tous anciens *'•- partisans du roi Joseph, serait transfère de Pau, où ou le trouvait un peu trop près des Pyrénées, dans la petite ville où nous tenions garnison. Ce fut un

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 1