JOURNAL DAPRES ET DE L ARRONDISSEMENT. ]>o 3177. CANDELARÏA, 31me année. Oo s'abonne A Y près, rue de Lille, u" 10, près la Grand'place, et cbez les Percepteurs des Postes du Royaume. I*H I BE par trinieulre, Ponr Ypresfr. 4-0® Pour les autres localité» 4 Prix d'un numéro. O '<6© Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur rue de Lille, io, a Y près. Le Propa gateur paraît le SAMEDI et le HFRdlFDI de chaque semaine. prix df* ix«i:rtio\». 7 centimes par ligne. Les ré clames, î3 centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. 7??.2S, 11 MARS. Tout le monde l'a compris, nous n'avons rien a de'sirer, nous n'avons rien craindre, au milieu du mouvement qui s'opère dans les institutions poli tiques des peuples europe'ens. 11 ne faut donc pas laisser distraire nos regards des maux qui continuent a ronger une grande partie de nos compatriotes. Nous sommes heureux de l'accord qui règne entre nos mandataires aux Chambres, parce qu'il en re'sultera que les modifications aux lois électo rales et la re'forme parlementaire seront votées sans retard et qu'un temps précieux pourra être con sacré immédiatement a la discussion des projets qui tendent fournir quelque travail et un mor ceau de pain nos populations ouvrières qui sont dans la plus affreuse détresse. Aujourd'hui que les institutions et les vues du Ministère semblent devoir trouver un appui plus général et plus énergique, nous appellerons sa sollicitude sur deux points très-graves, l'organi sation des prisons pour peines et celle des dépôts de mendicité. Une philosophie absurde a jeté de l'altération et du bouleversement dans ces deux espèces d'établissements les dépôts de mendicité sont demeurés stationnaires et ne répondent plus beaucoup près aux besoins de l'époque; au con traire dans les prisons pour peines, il a été introduit tant de changements favorables aux détenus, que grand nombre d'individus n'hésitent plus sur le choix, quand ils sont pressés entre la misère et une infraction aux lois pénales. Résultat effrayant, auxquel il importe de rémé- djer au plus tôt. Si la Société doit être humaine a l'égard de tous ses membres, elle doit évidemment plus et mieux l'infortuné qu'au délinquant. Un proverbe a dit pauvreté n'est pas vice IF ny 0 L L1E T© Kl oc FILLE MIETTE ET LE CÉ.VKRIL AVEUGLE. (Suite.) Un mouvement d'horreur, que nous ne pûmes réprimer, interrompit l'Espagnol, qui reprit bientôt en ces termes Lorsque cet événement se passait, l'armée française allait évacuer l'Espagne, et peu de temps après le chevalier de Colombrès dut s'expatrier pour toujours. J'ignore et nous ignorons tout ce qu'il devint pendant les deux premières années de son exil mais quand nous le retrouvâmes Pan, an commencement de 1816, il était déj'a aveugle, et son existence était des plus misérables. Trop pauvre pour avoir une servante, trop haï pour qu'aucun de ses compagnons d'infortune prit en piété son infirmité, il avait été obligé d'entrer a l'hôpital militaire, où la révélation de son crime l'avait précédé. Il y végétait depuis plusieurs mois dans le plus complet abandon, quand l'aumônier vint lui et pourtant la mendicité, dans certaines conditions, est rangée au nombre des délits. Et ces conditions se rencontrent chaque pas, moins que toutes les autorités ne concourent efficacement les faire disparaître. Il y a donc nécessité évidente, indispensable, de réorganiser les dépôts de mendicité sur des bases neuves et larges. Les pauvres du pays doivent être secourus par le pays lui-même, c'est dire qu'il convient que les frais soient supportés par l'Etat au lieu d'être remboursés par les communes aux quelles appartiennent respectivement les men diants recueillis. Les communes sans ressources, qui ne peuvent aider les pauvres dans l'enceinte de leur territoire, sont encore moins en état de payer l'indemnité que réclament les dépôts tels qu'ils sont actuellement constitués. C'est pourquoi les communes réclament constamment leurs habitants, qui sont obligés de recourir encore la mendicité, et subissent périodiquement, des distances très- rapprochées, des condamnations qui causent d'une autre manière, mais qui causent toujours des frais l'État. Disons aussi quelques mots sur les prisons. Il y existe selon nous deux abus qui pourraient être extirpés immédiatement. Le premier c'est qu'on permet trop facilement les visites aux détenus; le deuxième qu'on tolère l'introduction de comes tibles. Les visites ont souvent pour but de prendre soit des renseignements sur des objets volés et célés, soit des instructions pour commettre d'autres vols; et souvent aussi les comestibles apportés ne sont que le produit de ces nouveaux larcins.Nous exprimons le vœu que la commission administrative défende absolument l'introduction de quoi que ce soit et qu'elle s'entende avec le parquet pour que les visites ne soient accordées qu'aux père et mère, aux enfants, ou aux frères et sœurs, pourvu qu'ils soient bien connus et qu'ils n'aient pas eux-inèmes été condamnés; en tout cas, nous espérons qu'une annoncer qu'une jeune fille muette demandait a s'associer k son sort, et lui faisait dire qu'elle avait quelques ressources qu'elle mettait sa disposition. Personne ne savait qui était et d'où arrivait cette jeune fil le, et Colombrès, en acceptant son dévoue ment, dut se résigner rester dans l'ignorance comme tout le monde. Voila bientôt une année qu'elle est près de lui et que nous admirons l'in telligence et la tendresse de ses soins. Grâce a elle, non-seulement l'aveugle n'est plus seul, niais en core le proscrit n'est plus pauvre. Vous voyez bien, Messieurs, que nous avions raison de vous dire que cette jeune fille est un ange. Oui, m'écriai je avec impétuosité mais votre chevalier de Colombrès est un monstre Je suis désespéré maintenant de demeurer dans la même maison que lui, et je ne le verrai pas. Ne parlez pas comme cela, jeune homme, dit gravement un vieux capitaine de mon régiiueut, dont les services dataient de la première insurrec tion de la Vendée. Moi qui vous parle, continua- t—il, lorsque j'étais sergent-major daus la fameuse armée de Mayence, j'ai mis le feu mon propre village, et cependant je ne suis pas uu scélérat. in- modification quelconque viendra atténuer les convénients de l'usage existant. Les changements survenus en France, en ré pandant une panique générale, ont porté un coup fatal a l'industrie des dentelles, qui fait la princi pale ressource de la classe laborieuse a Ypres et aux environs. Cependant il est a espérer que le commerce se relevera insensiblement de ce désastre, et que les idées d'ordre prédominant chez nos voisins du midi, aideront la confiance se rétablir. Dans l'intervalle, nous aimons croire que nos fabricants ne négligeront aucun effort pour conti nuer a donner de l'ouvrage des malheureuses que l'inaction jetterait dans la dernière détresse. Il serait souhaiter aussi que des mesures de circon stance et exceptionnelles fussent prises, afin de parer aux effets de la crise: l'humanité et l'intérêt de chacun ne permettent point de méconnaitre la gravité de la situation. 11 se présente d'abord d'engager les propriétaires qui ont des projets de constructions exécuter, d'embellissements faire a leurs habitations, de ne point différer ces travaux beaucoup d'ouvriers y trouveront une certaine compensation des gains que réalisaient auparavant leurs femmes et leurs filles. L'autorité ne mauquera point de stimuler cet élan vers le travail en pré sence d'une population qui souffre avec tant de résignation et de calme des privations biens dures. Un mauvais plaisant avait écrit au Journal de Bruges qu'on pillait Ypres: nou seulement cette indigne calomnie nous fournit l'occasion d'affirmer que pas la moindre apparence de désordres n'ex iste ici; mais il faut ajouter qu'elle n'est même pas a craindre. Au lieu de brigands disposés a piller, la ville d'Ypres ne renfeime que des ci toyens énergiques prêts étouffer avec cette puis sance que donne l'unanimité, les moindres ferments d'effervescence que répandrait une malveillance Mais, voyez-vous, les haines politiques ont cela de terrible, qu'elles faussent les consciences, et alors les plus grands crimes paraissent des devoirs, l'in flexibilité prend le nom retentissant d'honneur... Demandons donc a Dieu de nous épargner la douleur de voir des révolutions nouvelles, et, pour adoucir le souvenir de celles du passé, pardonnons afin qu'on nous pardonue. Quand je suis revenu au pays, après la pacification, j'ai trouvé un ancien chouan qui m'a dit Tu as brûlé ma maison, moi, j'ai tué ton père embrassons-nous et nous nous sommes embrassés en criant: Vive la France Piiis nous avons compté nos cicatrices; il eu avait vingt, et moi dix-huit le moyen de s'en vouloir quand la balance est aussi près d'être égale C'est fort bien, mon cher capitaine, repris-je moitié convaincu mais fusiller un frère Vousoubliezquece frère l'aurait fait pendre, s'il eut été vainqueur. Quelle belle occasion,convenez en du moins, pou lui faire grâce A merveille, mon ami; je conviendrai de tout ce que vous voudrez. De votre côté, détestez cet homme si cela vous semble naturel plaignez-

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 1