JOURNAL D APRES ET DE L ARRONDISSEMENT,
■S' A
3178.
31me année.
7??.ÎG, 15 MARS.
Les derniers événements accomplis en
France, tout en réagissant d'une manière
désastreuse sur toutes les relations com
merciales existantes entre ce pays et le
nôtre, ont plus particulièrement affecté
l'industrie dentellière dont la prospérité
est subordonnée aux exigences du luxe,
lequel ne se développe qu'au sein de la
paix et de la prospérité publiques. Paris,
et les autres grands centres de population
qui venaient nous prendre les produits de
notre principale fabrication, ont complè
tement cessé leurs vieilles relations avec la
ville d'Ypres, et il est résulté de cet état
de choses, d'une part une stagnation d'af
faires inévitable, de l'autre, de graves et
de légitimes inquiétudes pour l'avenir de
notre commerce. Personne ne peut pré
voir où, et quand finira la crise qui pèse
si lourdement sur notre ville.
Déjà l'insuffisance des recolles de 1845
et de 1846, et la gêne qui en fut la consé
quence, avaient paralysé en partie les af
faires, en détournant la classe moyenne de
faire des acquisitions de pure fantaisie; il
en est résulte un encombrement inusité de
marchandises, partant un abaissement des
salaires, et, au moment où il était permis
d'espérer des jours plus heureux, une ca
tastrophe nouvelle est venue aggraver la
situation.
Dans cette conjoncture, et afin de pour
voir aux neutralités de l'avenir, en empê
chant, autant qu'il est en eux, que notre
FKUJDLLITM,
laborieuse classe ouvrière ne manque de
travail, les fabricants de dentelles de la
ville d'Ypres se sont réunis Lundi dernier
en assemblée générale. Vingt deux person
nes, fabricants et fabricantes, ont répondu
l'appel qui leur avait été fait.
L'assemblée a adopté l'unamité la pro
position de déléguer vers le Ministre de
l'intérieur trois de ses membres, pour lui
remettre une requête tendante obtenir
du gouvernement un secours pécuniaire,
dont pussent user les fabricants au cas où
la crise actuelle se prolongeant indéfini
ment les mettrait dans l'impossibilité de
continuer donner du travail leurs ou
vrières.
Une commission a ensuite été nommée
au scrutin secret. Elle a pour mission de
rédiger la requête a adresser au Ministre,
et de faire, tant auprès du gouvernement,
qu'auprès de nos Magistrats communaux
dont les sympathies pour leurs administrés
sont bien connues, les démarches les plus
propres atteindre le but proposé.
Cette commission se compose de
On s'abonne Tpres, rne de
Lille, n« 10, prés la Grand'placeet
cbe* les Percepteurs des Postes du
Royaume.
1*111 X DR L'.IMXXRMEXT,
par trlnieatre,
Ponr Ypresfr.
Pour les antres localités 450
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, lo, l pres. Le Propa
gateur paraît le SAMEDI et le
MRIICRRDI de chaque semaine.
PKI Y DEM IYMEKTIOY8.
A centimes par ligue. Les ré
clames, là centimes la ligne.
yérité et justice.
CANDÊLARÏA,
OU
I*% FILLE MIETTE ET LE GÉ1ÉHAL ATEIGLE.
(Suite.)
Alors le chevalier de Colombrès, sans me laisser
le temps de lui répondre, me raconta dans les plus
grands détails, non-seulement la circonstance ter
rible laquelle il venait de faire allusion, mais
d autres encore dans lesquelles sa destinée l'avait
condamné a jouer un rôle. Sa vie, pendant cinq
années, s était écoulée dans une succession vraiment
fatale d événements divers, qui lui avaient rarement
laissé le choix des résolutions. Il me peignit, de la
manière la plus frappante, le caractère dominent
de ce peuple, qui a érigé la vengeance en vertu et
la modération en apostasie. D'un côté, disait-il, on
m'avait, avec raison peut-être,déclaré traître mon
pays; de l'autre,ou était toujours en doute sur tua
fidélité envers la cause que j'avais embrassée. Sur
les champs de bataille, les yeux des mourants me
lançaient des regards de haine; sons la tente de
mes compagnons d'armes, les paroles les plus polies
MM. Duhayon-Brunfaut,
Nayez-Joye,
Brunfaut-Bourgois,
Joos-Yerschaeve,
Begerem.
On écrit de Gand le i4 Mars
Quelques rassamblements ont eu lieu hier sur la
place d'Armes, et 'a l'apparition d'un détachement
de troupes, ils se sont dispersés. On a arrêté un chef
et quelques mutins récalcitrants. Aujourd'hui pen-
laissaient toujours percer la méfiance. Dirai-je tout,
Monsieur s'écria—t—ilOui, puisque ce fut le com
mencement de ma longue expiation. Eh bien le
lendemain de la mort de mon malheureux frère,
j'étais aussi suspect que la veille, et j'eus la dou
leur d'entendre résonner a mes oreilles ces mots
terribles 11 est Espagnol, cela ne prouve rien.
Le récit du chevalier dura près de deux heures,
sans que je songeasse a l'interrompre, et sans qu'il
prononçât une seule expression qui trahit la pensée
de diminuer la grandeur de ce qu'il appelait son
crime. J'étais intéressé au plus haut degré par cette
espèce de confession, et de l'intérêt je passai
l'attendrissement, quand, après un moment de
silence, le chevalier reprit
J'ai voulu vous faire tout connaître, Monsieur,
afin que, vous aussi, vous puissiez abandonner le
proscrit si vous ne le jugez pas digne de votre piété.
Maintenant, je suis prêt a retourner chez moi,
ajouta—t—il en se levant. Voulez-vous me ramener
jusqu'à ma porte? dans le cas contraire, veuillez
avoir la bonté de m'indiquer la vôtre, je m'en irai
en suivant les murs.
Il y a une troisième chose a faire, général,
répondis-je en le replaçant sur son fauteuil c'est
dant toute la journée, il va eu encore des attrou
pements, mais beaucoup plus inoffensifs encore
qu'hier.
Les journaux parisiens du 10, publient la note
suivante
Le prince de Ligne, ambassadeur de S. M. le
Roi des Belges, a eu aujourd'hui une conférence
officielle avec M. de Lamatine, et lui a communiqué
une dépêche de M. d'Hoffschmidt, dont le sens est
a peu près celui-ci
Je vous prie de voir sans retard M. de Lamar
tine pour lui exprimer nos sentiments de satisfaction
pour la loyauté et la franchise de ses déclarations
dites-lui, s'il vous plaît, qu'elles ont été vivement
appréciées par le gouvernement du Roi, et que,
dans nos rapports avec la France, nous userons de
la même franchise et de la même loyauté. Nous
avons cœur de conserver a ces rapports le carac
tère le plus amical elle plus bienveillant.
L'ambassadeur a également eu mission d'as
surer le gouvernement de la République que les
milices appelées en Belgique, sous le drapeau, n'a
vaient aucun but agressif ou hostile contre la Ré
publique, mais n'avaient d'autre objet que d'assurer
contre toutes les puissances la neutralité belge; il a
renouvelé l'assurance donnée par le gouvernement
belge de reconnaître la République aussitôt que
l'Assemblée nationale l'aura sanctionnée, et il est
chargé, en attendant, d'entretenir les rapports les
plus amicaux entre les deux peuples.
M. Serrurier, envoyé en Belgique par le gouver
nement provisoire français, pour entretenir avec le
nôtre des rapports officieux, est arrivé Bruxelles.
Il a été présenté avant-hier matin h M. le ministre
des affaires étrangères par M. de Beauvoir, ancien
second secrétaire, et en ce moment chef de la lé-
de demeurer quelques instants de plus avec moi;
je profiterai de cette grâce pour vous entretenir de
choses moins tristes que celles dont vous venez de
me parler.
Sa satisfaction, a la fois chaleureuse et digne,
révéla en même temps la reconnaissance du mal
heureux qui reçoit une faveur, et la gratitude de
l'homme du monde auquel on adresse une invita
tion qui lui est agréable et sur laquelle il a le droit
de compter.
Vous me permettrez, me dit-il, d'être touché
et heureux de votre demande mais je veux que
vous sachiez aussi qu'elle ue m'étonne pas: comment
ne seriez-vous pas bon, vous êtes encore si jeune
Est-ce une raison
Presque toujours, a votre âge, on doute du
mal et cependant on l'excuse plus tard, on y croit
et on ne sait pas le pardonner on dirait que les
hommes
faiblesses
pour les fautes de leurs semblables. Mais parlons
de vous, puisque vous m'avez témoigné le désir de
vous entretenir de choses agréables.
[Pour èlre continué.)
IVA..C. xj
n'ont pas d'autres moyens d'expier leurs J
i personnelles que d'être sans miséricorde
fautes de leurs spmhlahles. Mais narlnns v 5$.