JOURNAL D YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
\o 3179.
Samedi, 1S Ylars 184S.
31me année.
7??.2S, 18 MARS.
FltyOLLlET©^.,
candelaria,
On t'abonne l'prea. rue de
Lille, n* IO, prêt la Grand'place, et
cliex lei Percepteurs des Postes du
Knyiume.
PRIX DK L'AIIOWKWKIT,
pur trimestre,
Ponr Ypresfr. 4 o®
Pour les autres localités 4 io
Prix d'un uumern.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, 10, l'prea. Le Propa
gateur paraît le SAMEDI et le
MERCREDI de chaque semaine.
PRIX DES IXSERTIOXS.
ft 1 centimes par ligue. Les ré
clames, »S centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
La députation chargée de présenter a M. le
Ministre de l'Iulérieur la requête des fabricants de
dentelles de la ville d'Ypres s'est rendue hier a
Bruxelles.Les personnes qui ont bien voulu
accepter la mission d'aller intercéder auprès du
gouvernement pour assurer du travail nos ou
vrières sont
MM.
Alphonse Vandenpeereboom, Écbevin, délégué
par le Conseil de Régence.
Mulle-Vanderghote, désigné par la Chambre de
Commerce.
Duhayon-Br un faut
Joos-Verschaeve
Brunfaut-Bourgois
représentant l'industrie.
Begerein
Voici le texte de la requête adressée au Gou
vernement
Monsieur le Minisire
Les graves événements qui viennent s'accomplir
en France, et les craintes sérieuses que fait naître
le nouvel état de choses, ont imposé aux sous
signés fabricants de dentelles de la ville d'Ypres,
l'impérieuse obligation de venir vous exposer,
autant dans l'intérêt général, que dans l'iutérêt
des nombreuses familles qui en dépendent, la
siluatiou de leur industrie.
Dans les diverses rapports qui vous ont été
adresséstant par l'autorité localeque par la
chambre de coninierce de cette ville, il vous a été
démontré que la seule industrie qui, dans cette
partie de la Flandre, soit restée debout, et ail pro
curé, jusqu'à présent, des moyens d'existence a un
OD
M FILLE MIETTE ET LE GÉIÉKAL AVEUGLE.
(Suite,)
Alors le chevalier de Colombrès m'adressa, avec
un esprit charmant et une rare délicatesse, une
multitude de questions sur ma famille, sur mon
pays, sur ma carrière, sur ines goûts, enfin sur tout
ce qui pouvait ra'intéresser. Je répondis toutes
ses questions avec la franchise et l'étourderie de
mon âge, et, a mon tour, je lui en adressai quel
ques-unes sur sa jeune compagne.
Je n'en sais pas plus que vous sur ce sujet,
me dit-il car je présume que ceux qui vous ont
parlé de moi, vous auront raconté aussi que pen
dant mon séjour a l'hôpital de Pau, l'aumônier de
la maison est venu ui'appreudre qu'une de mes
compatriotes m'offrait le secours de ses yeux en
échange de celui de ma parole. J'ai accepté, parce
que j'ai cru que c'était la volonté de Dieu que je
fusse moins malheureux,et lejour même Candelaria
est venue me prendre et m'a emmené chez elle.
Depuis lors, elle ne m'a pas quitté.
Avez-vous fait quelques tentatives pour la
connaître, pour la deviner
nombre considérable de familles pauvres, c'est
l'industrie dentellière.
Vous n'ignorez pas non plus, Monsieur le Mi
nistre, que c'est celte industrie que l'on doit
d'avoir traversé, sans catastrophe, dans cette con
trée, les deux dernières années de crise alimentaire.
Cependant, Monsieur le Ministre, notre position
ne fut point rassurante, durant cette longue pé
riode, surtout vers la fin de l'aunée qui vient de
s'écouler la crise financière d'Angleterre vint, a
cette époque, porter uu nouveau coup notre in
dustrie en nous privantmomentanément du
moins, et en, grande partie, d'un de nos principaux
débouchés. Les affaires se firent plus mollement
que jamais, les dentelles de prix qui, iudépen-
daminent des articles courants, sont la. fabrication
spéciale et exclusive de la ville d'Ypres, furent
peu demandées, et la circonstance a jamais re
grettable pour nous de n'avoir point, comme nos
concurrents en industrie, le bonheur d'être ralliés
par une voie ferrée au grand réseau national, retint
les voyageurs sur les places de Bruges, de Courtrai,
et de Gand, où ils trouvaient amplement de quoi
parfaire leurs assortiments.
Vous concevez, Monsieur le Ministre, que s'il
a fallu d'immenses efforts, nous dirons plus, des
sacrifices sans nombre, pour repousser tant d'élé
ments délétères, ces sacrifices sont devenus impos
sibles aujourd'hui, par suite de l'eucouibrement
de fabricats qui en est résulté.
Vingt, vingt deux mille ouvrières sont em
ployées, dans l'arrondissement d'Ypres, la fa
brication de la dentelle!
Une commotion politique, dont il n'est donné
personne de prévoir les conséquences, vient de
frapper cette industrie dans ses principaux déchés;
toute transaction commerciale a v-ec la Frauceacessé.
Comment l'aurais-je pu je suis constamment
seul avec elle, qui ne peut répondre a aucune ques
tion. D'ailleurs, pourquoi pénétrer le mystère des
bienfaits de la Providence? Il me suffit de savoir
que j'ai toujours a mes côtés un ange gardien.
Nous causâmes encore quelques instants comme
de vieilles connaissances, et, quand le général se
leva pour se retirer, avant de prendre mon bras, il
chercha ma main pour la serrer. Je ne le ramenai
pas jusque chez lui, parce que Caudélaria l'atten
dait dans le jardin. On devine qu'en rentrant dans
mon appartement mes idées étaient fort différentes
de celles que j'avais rapportées du café quelques
heures auparavant.
Mes relations avec le chevalier de Colombrès
devinrent chaque jour plus intimes, et j'en étais
venu au point de lui consacrer toutes mes soirées.
Sa conversation avait un charme irrésistible pour
moi et sa dignité dans le malheur, la siucérité de
son repentir, m'inspiraient un intérêt qui prenait
insensiblement tons les caractères de l'affection.
Candelaria, qui disparaissait toujours quand elle ne
croyait pas sa présence nécessaire, était rarement
avec nous, et j'avais fini, ainsi que mon vieil ami,
par la considérer aussi comme sou ange gardien
c'était au point qu'il (n'arrivait souvent de ue pas
Depuis trois semaines, nous luttons laborieu
sement, pour parer le coup qui doit frapper si
cruellement dans leur unique ressource, tant de
pauvres ouvrières, tandis que des annonces en re
tour de marchandises, des demandes en sursis de
payement, des contrordres a la livraison des mar
chandises commandéestout nous présage une
stagnation d'affaires contre laquelle nous ne pou
vons combattre longtemps.
En présence de circonstances aussi fâcheuses,
nous avons cru urgent,, Monsieur le Ministre,
d'éclairer le gouvernement sur le véritable état
des choses, de lui demander de venir promptement
en aide h l'industrie dentellière, menacée de mort,
d'accorder la ville d'Ypres les mêmes faveurs
qu'a d'autres villes, et de la comprendre, dans les
secours du gouvernement, pour une part propor
tionnelle au nombre d'ouvrières qu'elle emploie.
Nous ne parlerons pas des désordres graves qui
seraient la conséquence inévitable du chômage de
notre industrie, uous sommes persuadés, Monsieur
le Ministre, que votre perspicacité verra le danger,
et que notre sagesse saura le prévenir.
Pleins de confiance en votre équité, nous avons
l'honneur d'être, avec le plus profond respect,
Monsieur le Ministre,
Vos très humbles serviteurs.
Suivent les signatures de vingt trois fabricants
de dentelles.
Ypres, le 16 Mars i848.
Le Minisire des finances a présenté la Chambre
des Représentants un projet d'emprunt ayant pour
objet de pourvoir aux besoins de l'Étatet de le
mettre même de remplir exactement tous ses
engagements.
la saluer quand elle passait près de moi.
A l'entrée de l'hiver, le chevalier tomba malade
des suites d'un refroidissement, et, comme je le vis
fort indifférent ses souffrances, je crus qu'il était
de mon devoir de lui amener, sans le prévenir, le
chirurgien-inajor de mon régiment. Il fit d'abord
quelques difficnllés pour le recevoir; mais j'insistai
au nom de mon amitié alarmée, et le docteur fut
introduit.
C'était le soir une petite lauipe éclairait faible
ment l'appartement, de sorte que le médecin de
manda une bougie pour examiner plus sûrement le
malade. Candelaria en apporta une, et lorsqu'elle
fut placée devant la figure du chevalier, nous nous
aperçûmes, le docteur et moi, que la lumière exer
çait une action assez vive sur ces yeux que nous
supposions éteints pour toujours.
Grâce aux bous soins de M. Derivière (c'était le
noin de notre chirurgien-major), mon vieil aini se
remit assez promptement. Lorsqu'il fut eu pleine
convalescence, j'allai le prier, un soir, de venir dé
jeuner chez moi le lendemain il y consentit
meilleure grâce du inonde, et, a l'heure convenue,
j'allai moi-uième le chercher chez lui pour l'aine- 'H
lier dans mon appartement.
i (Pour être continuel - f'
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