JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Ko 3183.
31me année.
NOUVELLES DIVERSES.
7PS.ES, 1" AVRIL.
Le phénomène du siècle, c'est que les
besoins matériels et moraux sedéveloppent
avec la même intensité, c'est que les popu
lations sont travaillées la fois et par l'ar
deur de la liberté et par les excitations de
la misère.
En général, les hommes qui sont au pou
voir comprennent leur époque, ou plient
sous les exigences sociales; s'ils résistent,
ils se brisent et disparaissent de la scène
politique.
Cependant la situation est extrêmement
embarrassée. Pour faire de grands sacri-
lices, pour satisfaire des vœux légitimes,
pour améliorer d'une manière sensible et
immédiate le sort des malheureux, il suffit
de bonnes et loyales intentions; mais com
ment apaiser toutes les impatiences, com
ment arrêter les débordements de toute
espèce?
La lâche est peut-être au dessus des for
ces humaines, nous ignorons si la provi
dence départira ceux qui l'ont entreprise
la puissance de l'accomplir.
On nous assure qu'on s'occupe de la
formation d'un comptoir d'escompte, dans
le but de venir en aide au commerce et
l'industrie de notre ville. Une commission
composée de quelques conseillers commu
naux et de négociants est chargée, dit-on,
de fomuler un règlement. L'institution
nous parait bonne en elle même, puisse-t
on lui donner une bonne direction! de là
dépendra le succès de l'entreprise.
On t'abonne A Y près, rue de
Lille, n° 10, prêt la Grand'place, et
clie* les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DF. I.° t IIOWEMEYT,
par trimestre,
Pour Ypresfr. AO®
Pour les autres localités 3®
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé Éditeur rue
de Lille, 10, Ypres. Le Propa
gateur parait le SAMEDI et le
MERCREDI de chaque semaine.
PRIX DES IXSERTIOXS.
f 1 centimes par ligue. Les ré
clames, tS centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Mercredi matin 'a sept heures, le général Flenry-
Durayqui était 'a Mouscron apprit qu'une forte
colonne de la prétendue légiou belge avait fait
irruption sur le territoire et s'avançait en suivant
la garnde route. Après avoir expédié des ordres h
Courtrai et Menin pour qu'on lui envoyât des
troupes, attendu qu'il n'avait que son avant-garde
avec lui, il se porta vers le village deRisquons-
Tout, point désigné comme étant celui par lequel
avait pénétré la bande. Les forces réunies sous le
commandement du général Fleury se composaient
seulement de 200 hommes du 5*régiment de ligne,
de 25 chasseurs a cheval et de deux pièces d'ar
tillerie.
En voyant le petit nombre de soldats misa leur
poursuite, les hommes de la bande s'enhardirent
et marchèrent résolument 'a leur rencontre. Le
général Fleury avait disposé sa troupe en tirail
leurs; un feu très-nourri s'engagea. La fusillade
continua jusque vers 9 heures. Voulant tenter un
coup décisif, les assaillants se formèrent alors en
colonne serrée sur la route pour se porter en masse
sur notre petite troupe; mais en ce moment le gé
néral Fleury donna l'ordre de démasquer ses deux
pièces d'artillerie, et celles-ci tirèrent mitraille.
Les premières décharges firent de larges trouées
dans les rangs de la troupe agressive. Les assail
lants se dispersèrent chargés vigoureusement par
l'infanterie et par les chasseurs a cheval.
Tout était donc terminé avant l'arrivée des
renforts demandés par le général.
Ou maoque de renseignements pour évaluer au
juste la force de la bande mise en déroute par les
braves soldats du général Fleury; on pense qu'elle
était composée d'environ deux mille individus.
Bien que des fusils leur aient été distribués, dit-on,
hier h Lille, il ne paraît pas que tous fussent armés.
Nos soldats se sont admirablement comportés.
Ils étaient, la fois, pleins d'enthousiasme et de
sang-froid. Aux cris de Vive la lignepoussé
d'abord par les assaillants, les braves du 5e répon
dirent par un feu soutenu. Les canonniers ont
attendu avec un calme parfait, sous les balles des
tirailleurs, le moment où ils ont reçu l'ordre d'ou
vrir le feu leur tour.
On ne sait pas encore au juste l'importance de
la perte essuyée par les assaillants; mais on com
prend qu'elle doit avoir été considérable, lorsqu'on
sait que deux pièces d'artillerie ont tiré mitraille
sur une colonne serrée.
De notre côté, nous avons un mort et cinq ou
six blessés.
Ou cite un jeune caporal de la ligne qui après
avoir enlevé un drapeau des expéditionnaires, a
été atteint d'une balle qui l'a blessé mortellement.
Nous avons fait plusieurs prisonniers, au nombre
desquels se trouve un Parisienqui se donne le
titre de capitaine.
Nos troupes ont repris leurs positions et bivoua
quent sur la frontière, prêtes a repousser toute
nouvelle agression.
Une lettre de Courtrai, que nous avons sons
les yeux, annonce qu'à la seconde décharge des
canons placés au Dronbaerlune pièce a éclaté.
Il est bien constaté que des armes provenant de
l'arsenal ont été fournies aux propagandistes.
L'Écho du Nord ignore qui a donné un ordre
aussi contraire au droit des gens, qui viole aussi
gravement les relations de bon voisinage établies
entre les deux pays, et qui méprise aussi ouverte
ment les déclarations solennelles et les protestations
réitérées du gouvernement provisoire. Mais si
l'Écho du Nord l'ignore, d'antres doivent le
savoir, car l'arsenal d'une citadelle n'est pas une
boutique d'armurier que quelques gamins puissent
piller. Un arsenal ne s'ouvre que sur des ordres
venus de haut ou de quelque agent pouvoirs
illimités. Ceci sans doute s'éclaircira.
On nous écrit de Quiévrain, 5o mars, 5 heures
du inatin
Les débris de la légion prétendue belge, qui
a eu hier un engagement avec nos troupes, sont
partis immédiatement pour Paris, où un convoi de
vingt-six waggons les a transportés.
A l'arrivée de la bande Arras, Fosses a
voulu descendre du convoi pour se restaurer, mais
ses hommes l'en ont empêché, en déclarant qu'ils
le garderaient vue et qu'ils voulaient le faire
fusiller, parce qu'il les avaient conduits la mort,
sans s'exposer, et s'était tenu constamment loin du
danger.
Toute notre population continue être en,
armes, très-disposée prêter main-forte a nos
troupes, s'il en était besoin.
La nouvelle du succès remporté par les troupes
belges la frontière a été accueillie Bruxelles
avec les plus vives démonstrations de joie.
On se demandait quelle pouvait être aujourd'hui
l'opinion de ceux qui, naguère, l'Alliance et au
conseil communal, traitaient d'exagérées, de ridi
cules, d'absurdes, les sages précautions prises par
le gouvernement, et demandaient un désarmement
immédiat? Observateur
Le National dit a reçu mercredi soir la commu
nication suivante:
Quinxe cents ouvriers belges se sont réunis en
armes sur le territoire français, et sont entrés en
Belgique. Une pointe faite sur Mouscron n'a pas
réussi. Accueillis par six pièces de canon chargés
mitraille, ils se sont débandés et ont été refoulés en
France.
On dit que la troupe était conduite par Van Dcr
Meeren, Van Der Sinissen et Grégoire. Ce dernier
a pris le titre de Généralisme de l'armée belge,
président de la République
Tous nos soldats sont animés du meilleur esprit
ils ne demandent qu'à combattre.
Plusieurs ecclésiastiques belges se sont rendus
sur le lieu du combat et ont administré les secours
de la religion aux mourants sous le feu même des
combattants.
Toutes les maisons du hameau de Risquons-
Toul, ont été abandonnées. Les vieillards, les fem
mes et les eufants ont cherché un refuge dans les
communes voisines. Les hommes valides soutien
nent la troupe et sont pleins de courage.
Le 29 mars a eu lieu une réunion de Y Associa
tion libérale d'Anvers. Il a été décidé que cette
association était dissoute et qu'aussitôt après la pu
blication officielle des listes électorales, il serait fait
un appel au corps électoral de l'arrondissement
d'Anvers, pour procéder l'organisation d'une
nouvelle société électorale, dans le but de ne pas
laisser sans guide le grand nombre d'électeurs crées
par la nouvelle loi.
Samedi soir, quelques manifestations hostiles
l'ordre public ont eu lieu Courtrai. Des attrou
pements se sont formés sur la place de l'Hôtel-de-
Ville et devant la demeure de M. le bourgmestre,
mais il a suffi de l'apparition de la gendarmerie
pour disperser les mutins.
Dans la soirée de samedi l'administration com
munale, convoquée d'urgence, a décrété la forma
tion d'une garde civique. Le lendemain dimanche,
M. Danneel, chargé du soin d'organiser la garde
urbaine, a réuni un grand nombre de personnes