JOLRNÀl D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
N<> 3191.
31me annee
Mr le Commissaire d'arrondissement
d'Ypres nous fait l'honneur de nous adres
ser une lettre relative sa personne. Il
recounaîtra sans doute, après réflexion,
que nous ne sommes pas obligés de l'in
sérer dans notre journal, puisque nous
n'avons articulé contre l'estimable admi
nistrateur aucun fait injurieux. Nous avons
communiqué nos lecteurs un bruit qui
circulait en ville, sans en garantir l'exac
titude. Nous avons dit qu'on attribuait
M'le commissaire l'intention de se porter
candidat pour les chambres; cette inten
tion n'est ni un crime, ni même une faute,
aux yeux des amis de Mr Carton; il n'y a
donc pas lieu réclamation. Cependant
pour prouver Mr le commissaire d'ar
rondissement combien peu nous sommes
disposés justifier, même en apparence,
les amers reproches de malveillancede
mauvaise foi et de déloyauté qu'il nous
adresse, nous insérerons sa lettre toute
entière, sans en retrancher un mot. La
voici
Monsieur l'Éditeur,
L'heure avancée laquelle cette pièce
nous est parvenue', ne nous permet point
de consigner ici les réflexions qu'elle nous
suggère. Nous en dirons quelques mots
dans notre prochain numéro. Nous nous
bornerons aujourd'hui faire remarquer,
avec quelle singulière naïveté, M' Carton
nous déclare qu'il a accepté sa place de
commissaire pour servir les intérêts du parti
libéral. Ainsi Mr le commissaire s'occupe
moins des intérêts de l'arrondissement que
de ceux de son parti; ainsi Mr le commis
saire change sa position administrative en
position politique; ainsi Mr le commissaire
qui doit être l'ami de tous ses administrés,
se déclare l'adversaire d'un grand nombre
d'entre eux! Mr Carton n'est pas l'homme
du gouvernement, l'homme de tous, mais
l'homme d'un parti. Il ne comprend donc
pas sa position.
M'le Commissaire renonce positivement
la candidature que plusieurs amis lui
offraient, quoique la carrière parlemen
taire soit entièrement conforme ses (jouis.
Une partie notable des électeurs de l'ar
rondissement sauront gré Mr le commis
saire et de l'abnégation personnelle dont
il fera preuve aux prochaines élections,
et de la candeur avec laquelle il veut bien
leur faire connaître ses goûts politiques.
Certains organes de l'opinion anti-cléri
cale s'en vont répétant: Si le ministère De
Theux avait été au pouvoir le 24 Février,
le pays eut été perdu Et les badauds de
croire que l'opinionclubisteasauvélepays!
Faut-il donc tantd'esprit pour comprendre
que cette réflexion renferme l'accusation
la plus terrible que l'on puisse formuler
contre l'opinion clubiste? Que veut dire
cette phrase Le pays eut été perdu le 24
Février, si le ministère De Theux avait été
pouvoir, si non Le parti clubiste eut boule
versé le pays pour exercer une vengeance de
parti le parti clubiste eut sacrifié la natio
nalité une opinion Voilà le vrai sens et
la portée réelle de cette observation. Que
l'opinion catholiqueet modérée la fasse,on
le conçoit elle a le droit de se féliciter
d'avoir échappé aux violences d'un parti
qui eut sacrifié jusqu'à la nationalité ses
rancunes implacables; mais que l'opinion
clubiste fasse cette réflexion, c'est lecomble
de l'absurde. Il faut être insensé pour se
souflléter soi-même.
On dit aussi L'opinion modérée a ab
diqué; elle s'est soumise; elle a renoncé
ses prétentions et les organes anti-clé
ricaux de l'opinion libérale insultent l'opi
nion conservatrice, comme si elle avait fait
une mauvaise action.
Que signifie la modération de l'opinion
conservatrice dans ces moments difficiles?
La volonté ferme de sacrifier ses idées aux
intérêts nationaux l'intention positive de
placer la nationalité au-dessus de tout
intérêt de parti. Une conduite aussi noble
et aussi généreuse n'est pas comprise par
des gens qui sont incapables de l'imiter
elle n'inspire ces petits despotes politi
ques, que des injures et des provocations.
Que les hommes sensés jugent maintenant
où se trouve le véritable patriotisme, et
l'attachement sincère nos institutions.
On lit dans le Progrès:
Déjàleclergé intrigueauconfessionnal
contre les journaux libéraux... Nous avons
toujours eu peu de confiance dans l'abné
gation du parti clérical; aucun parti ne se
plie mieux tous les rôles aucun ne joue
mieux tour tour le maitre hautain et le
conseiller insinuant... Il est un fait hors
de doute, c'est que les doctrines catholiques
sont peu libérales et ne jouissent pas de
la sympathie publique...
Et le Progrès après a voir écri t ces phrases
pieuses et bienveillantes pour la religion,
s'étonne que le clergé et les catholiques,
ne l'aient pas encore canonisé 11 faut
être bien niais pour réclamer l'estime des
gens qu'on insulte.
Le libéralisme qui prétend avoir triom
phé le 8 juin n'est pas la hauteur de la
situation que les événements viennent d'a
mener.
Si M. Devaux et les ambitieux qui cher
chaient exploiter ses théories, avaient
divisé le pays en deux camps, les opinions
dominantes s'étaient rapprochées devant
les agitations extérieures.
Le patriotisme qui a fait explosion en
1830 et qui s'est développé avec tant de
force depuis lors confond dans un seul sen
timent tous les Belges qui sont attachés
l'indépendance de leur pays et aux insti
tutions libérales dont ils jouissent.
Mais celte conformité de vues, ces ten
dances communes, cette union, cette con
corde, semblent gêner beaucoup les libé
raux par excellence.
En dépit de tous les vices du système
électoral en vigueur, en dépit de la pré
pondérance des campagnes sur les villes,
a victoire du 8 juin avait jamais assuré
eur empire.
On s'abonne l pres, rue de
Lille, n° 10, près la Grand'place, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
phii de i.
par trimestre,
Ponr Y prèsfr.
Pour les autres localités 4
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, 10, l'pres. Le Propa
gateur paraît le SAMEDI et le
MEBCREDI de chaque semaine.
PRIX DES nSEBTIOAS.
1 7 centimes par ligue. Les ré
clames, S* centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
29 Avril.
Yprew, le *1 Avril 1848.
Dans plusieurs articles vous avez apprécié quelques uni
de mes actes avec uue malveillance marquée et je dirai même
avec la plus insigne mauvaise foi.
Je n'ai pas cru jusqu'ici devoir répondre ces attaques
pareequ'il me semblait naturel de me trouver en désaccord
avec vous sur des apprécations politiques et que je ne pouvais
opposer que le mépris des insinuations qui se distingaient
par leur déloyauté.
Malgré mou désir de garder le silence, je dois un mot de
réponse l'article dans lequel vous dites que l'association
libérale me portera comme candidat la représentation na
tionale et qu'un de mes proches sera nommé ma place
Commissaire d'arrondissement.
Cette réponse sera simple et précise; les faits que vous
avancez sont en tous points mensongers et je dois le dire,
Monsieur, loin d'avoir eu un projet de ce genre, j'ai prévenu
toutes les offres qui auraient pu m'étre faites, en déclarant au
sein du comité de l'association libérale, que j'étais décidé ne
point aocepter de candidature pour les prochaiues éiectious
aux Chambres.
Pour vous épargner la peine d'interpréter cette détermina
tion votre manière, je veux bien en faire connaître moi
même les motifs.
Lorsque j'ai accepté les fonctions de Commissaire d'arron
dissement, je n'ai point eu en vue de me cramponner cette
place, mais bien de servir les intérêts du paiti libéral auquel
je suis sincèrement attaché.
Depuis mes seulimeus n'ont pas varié et je suis disposé
comme le premier jour sacrifier ma position administrative
mes principes politiques; c'est pour ces motifs, Monsieur,
que je ne crois point en ce moment devoir aspirer une car
rière, qui, je veux bien l'avouer, est entièrement conforme
mes goûts; ma tâche eu effet n'est point accomplie, car la lutte
n'est pas terminée; votre parti un instant effrayé vient de
nouveau de jeter le gant l'opinion libérale et de répondre
aux paroles de conciliation qui étaient dans toutes les bouches,
par uu nouveau cri de guerre et par des intrigues ourdies dans
l'ombre.
Eh bien! cette lutte que vous provoquez, l'opinion laquelle
j'appartiens, saura la soutenir avec la même énergie que par
le passé et pour prévenir toute interprétation malveillante,
j'ai la conviction qu'elle la soutiendra aveo succès, au nom des
principes constitutionnels que j'ai toujours professés.
Agréez etc.
HEARI CABTONfi