NOUVELLES DIVERSES.
Et ne voilà-t-il pas que, touche par les
protestations du parti catholique, M. Ro-
gier, jusqu'ici l'idole du libéralisme en
Belgique, s'oublie au point qu'il abaisse
uniformément le cens électoral jusqu'à
l'extrême limite fixé par la Constitution.
En vérité, c'est n'y pas croire, les
libéraux sont reconduits 1856; et dix an
nées de luttes, couronnées par le plus en
tier succès, sont rendues vaines et stériles.
Il s'agit de recommencer ab ovo l'œuvre
gigantesque de libéraliser la Belgique.
Tel est leur propre langage. Pour notre
part, il n'y a rien que de très-naturel et
de très-logique dans la conduite du Mi
nistre de l'intérieur. Son projet d'admettre
les capacités au cens le plus bas rentrait
dans l'esprit de la constitution si l'on veut,
mais plutôt par une argumentation suhtile
que par une sincère et large interprétation.
Que veulent donc les libéraux doctri
naires? Seraient-ils plus généreux ou moins
loyaux que leur chef?
S'ils sont plusgénéreux, ils doivent avoir
la franchise de proclamer leurs intentions
et d'aller droit au suffrage universel.
S'ils sont moins loyaux, ils auraient
tenté d'escamoter aux préoccupations des
circonstances quelque mesure qui renfor
çât désormais dans les élections le poids
qu'ils y ont jeté naguère.
Les deux hypothèses doivent être écar
tées, car ils ne peuvent méditer quelque
atteinte cette constitution qu'ils exaltent
tous les jours, ils ne peuvent pas non plus,
quelqu'infatués, qu'ils soient de leur supé
riorité intellectuelle, s'arroger le monopole
des droits électoraux comme ils s'arrogent
celui du libéralisme.
Ce qu'ils veulent, c'est diviser pour ré
gner. Ils ne sont point sans inquiétude sur
le résultat des élections futures; ils trem
blent devant le nouveau corps électoral;
ils ont peur, donc ils ne sont pas forts.
Voilà pourquoi, ils cherchent persua
der, aux hommes sages et modérés, qu'il
serait de leur intérêt d'abandonner l'arène
électorale, au milieu des complications qui
nous entourent.
Ils ne réussiront point. Plus il y a de
gravité dans la situation, plus il y a d'im
portance remplir exactement ses devoirs
politiques. Et les libéraux eux-mêmes ac
cepteraient le mouvement de convergence
qui s'opère dans les esprits en général, s'ils
comprenaient qu'en repoussant les amis
de l'ordre des choses actuel, ils ne ral
lieront pas néanmoins ceux qui en mé
ditent secrètement la ruine.
Dans la séance de la chambre du 27, le
ministère a déposé une série de projets de
loi dont voici le résumé.
I" Réorganisation des sections pour les
opérations électorales. Chaque bureau sera
composé de 600 électeurs au plus, et de
500 au moins.
2° Réforme parlementaire. Incompati
bilité entre les fonctions salariées par
l'Etat et celles de membre de l'une des
deuxchambres. Sonlexceptés les ministres,
les lieutenants généraux, les conseillers
des cours d'appel, et les gouverneurs élus
dans une autre province que celle qu'ils
administrent. Sont incompatibles de plus,
les fonctions de conseiller provincial avec
celles de juge de paix, de commissaire
d'arrondissement, de membre d'un tribu
nal de 1" instance et du parquet.
5° Réforme postale taxe uniforme 20
centimes.
4° Abolition du timbre des journaux.
5* Obligation du timbre pour les effets
de commerce. Tout effet non timbré ne
donnera aucune action en justice. Le tim
bre est réduit 50 centimes pour 1000
francs.
Par arrêté du ministre d'Etat gouverneur de la
province, les eaux seront baissées partir du 3o de
ce mois, savoir Celles du canal de Nieuport, pen
dant trois jours, et celles du canal du Moerdyk,
pendaut huit jours.
On assure qu'une commission composée de MM.
le vicomte Desmanet de Biesme, sénateur; Del fosse,
H. de Brouckere, Loos et Maloti, représentants, et
Paquetconseiller de la Cour de cassationest
nommée, afin d'examiner la situation de la Société
Générale, cette Société ayant offert d'ailleurs tous
les renseignements propres a éclairer le gouverne
ment et les Chambres sur sa situation.
La commmission chargée par le gouvernement
d'examiner la situation de la Société Générale,
s'est réunie le 26 et le 27. Elle a chargé M. Malou
de faire uu rapport sur le résultat de ses inves
tigations.
Rien n'était décidé le 27 au soir. On semblait
s'être arrêté au parti d'accorder une nouvelle
avance de 20 millions, mais en plaçant l'adminis-
nistration de la Société Général sous le contrôle du
gouvernement.
Le projet de loi relatif au timbre des journaux
sera, dit-on, présenté h la Chambre demain ou
après-demain. L'on assure qu'il proposera la sup
pression complète de'ce timbre, sauf'a déterminer
plus tard les compensations qu'il serait possible
d'accorder au trésor pour l'indemniser d'un sa
crifice qui ne s'élèvera pas a moins de 4oo,ooo fr.
Une rumeur circulait ce matin en ville que dans
la nuit du 26 au 27 avril des français auraient en
levé une de nos sentinelles et l'auraient pendu un
arbre il parait certain que ces bruits sont en grande
partie erronnés et que la mort de ce chasseur-
éclaireur doit être attribuée 'a un suicide.
Écho de Courtrai.)
Le soldat belge qui a tué le caporal français
s'appelle Sitnon Mathieu il a été conduit Cour
trai et écroné sous mandat de dépôt. L'instruction
de cette affaire se poursuit avec activité.
Par rescrit de notre S. P. il est accordé, sur
la demande desévêques belges, dans toute l'éten
due de la Belgique, de manger de la viande le jour
de la S'-Marc (25 avril) et les trois jours des ro
gations (29, 5o et 3i mai).
Les obsèques de M. Van Campenhout, com
positeur de musique, auteur de la Brabançonne,
ont eu lieu avaut-hier a l'église de Saint-Nicolas,
a Bruxelles. Le cortège, dans lequel on remarquait
un grand nombre de membres des différentes so
ciétés musicales, des officiers, des professeurs et des
élèves du conservatoire, des artistes dramatiques,
des musiciens,etc.,est parti de la maison mortuaire
quatre heures. Le cercueil était porté par des amis
du défunt. Une compagnie du 2m° régiment de
chasseurs a pied ouvrait et fermait le cortège, et a
rendu les honneurs militaires au défunt qui était
décoré de la croix de fer et de l'ordre Léopold. La
musique du même régiment et celle de la Grande
Harmonie, exécutaient des hymnes funèbres pen
dant la marche du cortège.
Plusieurs discours ont été prononcés sur la tombe.
M. le général Kruzewski est de retour du
voyage qu'il a fait dans le grand-duché de Posen.
11 a repris, h Malines, le commandement de la bri
gade de cavalerie légère.
Un facteur de la poste rurale a été broyé
dimanche dernier a Soignies sur le chemin de fer
qu'il voulait traverser au moment du passage du
convoi.
Les céréales ont subi une nouvelle hausse le
24 avril au marché de Liège cette hausse est attri
buée tant aux pluies des jours derniers, qu'a l'ab
sence des marchands de Prusse et de Maestricht,
qui ont cessé d'aller au marché de cette ville.
La hausse a été de 1 fr. 3 c. a l'hectolitre de
froment et de 4o c. l'hectolitre de seigle.
VÉCROI.OGIE.
M. J.-B. Pauwels, vicaire général du diocèse de
Malines, est décédé a Malines le 21 avril, huit
heures du matin.
Le 22 de ce mois est décédé h Audeghem M.
F. Laridon, curé de cette paroisse depuis i838.
bourse de bruxelles du 28 avril 1848.
Empruut i8.'|0 5 °/o 65 i;4 A.
lit. i84? 5 65 i;a A.
lit. 184 4 i/3 6o 4 A.
Id. iS36 4 5o A.
PAYS-BAS. Amsterdam, 26 avril.
La Bourse était très-animée aujourd'hui on
disait que le Pape avait offert sa médiation dans la
question Lombardo-Autricbienne sur les bases
suivantes: Établissement d'une monarchie consti
tutionnelle en Loinbardie le roi serait choisi dans
la famille impériale d'Autriche les employés et
les troupes composés d'Italiens. Un envoyé de
Charles-Albert se serait rendu avec cette proposi
tion au quartier général autrichien. On voyait dans
ces propositions un moyen assuré de terminer pa
cifiquement la question Lombarde. Toutes les va
leurs ont été recherchées et en hausse.
FRANCE. Paris, 26 avril.
La lutte entre la mairie de Paris et le Luxem
bourg, entre les délégués des ouvriers que préside
M. Blanc, et les travailleurs des ateliers nationaux
continue plus envenimée que jamais. On parlait ce
matin d'une enquête demandée au procureur gé
néral sur les faits qui ont accompagné la rédaction
du règlement auquel M. Blanc avoue avoir par
ticipé, et qui est une espèce d'engagement de franc-
maçon de voter tous ensemble solidairement et
comme a la mécanique. M. Aug. Portalis aurait
répondu a cette demande Ah mon Dieunous
aurons bien assez de scandales électoraux sans
celui-Pa.
On nous assure que le général Cavaignac
n'a pas donné sa démission il se serait boruc a
dire a M. Couput qu'il pouvait s'occuper d'élec
tions, si telle était sa mission spéciale, mais que
dans le cas où il se mêlerait de l'administration, il
se verrait dans la nécessité de le faire embarquer
immédiatement pour la France.
On ajoute que, par un décret rendu aujourd'hui,
M. Couput vient d'être révoqué de ses fonctions.
Le gouvernement provisoire a décrété, le 23
avril, qu'au titre de commissaire du gouvernement
près le tribunal de..., sera substitué le titre de
procureur de la République.
M. le général Gourgaud a adressé une lettre
au ministre de la guerre, pour protester contre les
arrêtés qui ont supprimé le cadre de réserve et mis
la retraite 65 généraux de division et de brigade.
La plupart des gardes nationales des dépar
tements votent des adresses celle de Paris pour la
féliciter sur sa belle attitude au milieu des évé
nements actuels et lui promettre leurs concours,
en cas de besoin.
Toutes les nouvelles reçues jusqu'ici des dé
partement s'accordent a présenter les élections
comme ayant eu lieu au milieu du calme le plus
grand et avec un ordre parfait.
L'autre soir, dans un club, un citoyen venait
développer avec peu de succès, il faut le dire, des
théories empruntées au communisme le plus brutal.
Toi, j'te counais, lui cria aussitôt un ouvrier
de sa place. T'es un faignant. T'es pas capable de
gagner vingt sous, et tu viendra me demander la
moitié de mes quatra francs On te donnera
du flan.
Nous doutons que le fameux mot de Cambronne
ait eu un succès pareil 'a celui qui accueillit cette
énergique apostrophe.
Nous apprenons avec plaisir, dit le Consli-
tutionel, que l'ordre est parti le 25 avril de Paris
par le télégraphe, pour réintégrer M. Dubois dans
ses fonctions de juge au tribunal de Lille.