ALLEMAGNE. AUTRICHE. ITALIE. ESPAGNE. Madrid, 30 mai. cruelles que celles qui ensanglantèrent le front du Dieu sauver qu'il représente. Des poursuites ont été ordonnées l'occasion de la publication d'une brochure intitulée Lettres de Henri E l'Assemblée nationaledans la quelle l'écrivain pseudonyme fait au dernier mem bre de la branche aînée des Bourbons: Pourquoi ne serais-je pas l'Assemblée nationale ASSEMBLÉE NATIONALE. séance du 3 Juin. M. Denjoyplacé dans le couloir près de la tri bune, se plaint haute voix au président qu'un autre membre de l'Assemblée, M. Eiuile Leuglet, est venu l'insulter a sa place. (Vive agitation.) Cris. En place eu place Des interpellations confuses partent de tous les points de la salle. M. le président agite violemment sa sonnette, et les huissiers invitent les membres au silence. M. le président parle au milieu du bruit. M. Pierre Bonaparte se plaint du concours de députés qui se pressent autour de la tribune et qui contribuent ainsi au désordre de l'Assemblée. M. E. Lenglet. Messieurs, je viens d'être rap pelé l'ordre par M. le président. Oo m'a accusé d'avoir insulté un de mes collègues. Mais, n'ai je pas été provoqué Voici ce qui s'est passé M. Dupont venait de quitter la tribuue on disait autour de moi que les paroles prononcées par M. Dupont l'égard de M. Duvergier de Hau- ranne étaient inconvenantes... J'ai dit, avec beau coup de politesse, que la vérité ne pouvait jamais être une inconvenance. Alors on m'a répondu avec insolence, avec grossièreté, que cela ne me regardait pas... (Violent tumulte. M. Denjoy a la tribune. De toutes parts on cou vre sa voix et on demande l'ordre du jour. M. Denjoy. Citoyens, vous ne pouvez avoir deux poids et deux mesures: vous venez d'entendre notre collègue, vous ne refuserez pas certes de m'écouter... L'ordre du jour! l'ordre du jour! (Vive agitation.) Cet incident n'a pas de suite. On lit dans le Mémorial de Rouen Voici de nouveaux détails sur la personne du sieur Riancourt,ex-commissaire du gouvernement, disparu si subitement lorsque la justice, après de trop longs tâtonnements, paraissait s'être décidée a l'arrêter. Riancourt, dont nous ignorons encore le vé ritable nom, doit avoir subi cinq ans de travaux forcés. Ayant changé de nom et d'allures il ar- riva Rouen avec des recommandations pour le chef d'un des principaux pensionnats decette ville, M. J..., qui, reconnaissant en lui une grande intel ligence et beaucoup d'instruction, lui donna un emploi dans sa maison. Pendant les trois mois qu'il y passa, il ne lui fut guère possible de commu niquer avec les hommes dangereux avec lesquels on a su depuis qu'il avait des intelligences. En effet, il ne sortait que quelques heures le jeudi et le dimanche. Une difficulté s'étant élevée entre lui et son chef, il sortit de la pension J... Dès lors son existence fut assez dissipée. Tout en cherchant un nouvel emploi dans l'instruction et en faisant insérer la demande dans ce même journalil fréquentait des femmes et des hommes de mauvaise vie. 11 avait, ce qu'il parait, retrouvé un ou plusieurs de ses compagnons de détention. Quelque temps avant la révolution, il avait quitté Rouen et se trouvait Paris aux événements de février. Il se hâta alors de revenir, et, comme tant d'autres gens de même sorte, il obtint la pro tection du commissaire du gouvernement. M. Deschamps. Il fut envoyé Lillebonne,lors des événements qui ensanglantèrent cette ville, en qualité de com missaire extraordinaire afin d'y rétablir et d'y maintenir l'ordre. On voit que l'on mettait la sécurité publique en bonnes mains! Cependant il faut reconnaître que par ce mélange de bien et de mal dont est composé cet homme, et des qualités dont il avait fait preuve dans la pension J..., il remplit assez heureusement une partie de sa mis sion. Toutefois on n'a pas lardé a découvrir qu'il avait commis plus d'un acte grave d'indélicatesse, et particulièrement qu'il avait retenu des sous criptions faites eu faveur des victimes de Lille- bonne, dans diverses communes,et remises entre ses mains. Sur tout l'argent qu'il a reçu ce titre, il paraît u'y avoir appliqué qu'une misérable somme de i5 fr., remise un jour la supérieure de l'hospice. Il avait amené avec lui de Rouen un homme avec lequel il paraissait lié par la plus intime con fiance, et qui, commelui,semblailavoirune grande répulsion pour le nommé Fouqué, autre condamné libéré, qui tenait évidemment, ainsi qu'il avait eu l'imprudence de s'en vanter, eutre ses mains, des secrets capables de perdre Riancourt et peut-être son séide. Ce secret qui doit êtreéclairci un jour, semble cacher un assassinat et peut-être deux; mais nous ne voulons pas anticiper sur l'action de la justice, quelle qu'ait été la mollesse inexplicable de sa conduite en toute celte affaire. M. Leballenrs-Villiers, alors maire de Rouen, et qui, en fait d'entourage, n'avait pas la main plus heureuse que M. Descbainps, ayant eu une mission faire remplir près de Riancourtchoisi précisé ment cet effet l'ancien condamné Fouqué, en le lui recommandant comme un bon secrétaire con server. Riancourt et cet inséparable ami dont nous avons parlé ne connaissaient que trop l'homme qu'on leur envoyait. Cependant, après les recom mandations dont il était muni, et surtout avec les secrets dont il était possesseur, ils ne pouvaient le repousser. Riancourt résolut donc de s'en débar rasser autrement. Un soir, 011 vit trois hommes gravir une côte aux portes de la ville, la brune. Le lendemain, le cadavre du malheureux Fouqué fut trouvé dans un bois, situé cet endroit. Il avait été traîné après la perpétration du crime une certaine distance et dépouillé de son portefeuille. L'autopsie a amené la découverte d'une balle dans le cadavre et les traces de nombreux coups de couteau, par lesquels la victime, abattue sans doute d'un coup de pis tolet, avait été achevée. Nous avons dit avec quelles paroles significa tives Riancourt avait accueilli la nouvelle de la découverte du cadavre de son secrétaire. Ayant demandé voir le corps, qui avait été porté l'hospice, il paru vivement ému et effecta de dé tourner les yeux. Dans le pays, le bruit se répandit promptement que c'était le commissaire du gouvernement qui avait commis le crime. Cependant, au lieu d'in struire sur ce fait,on se borria'a donner Riancourt un autre emploi il fut nommé commissaire central de police au Hàvre. Dans cette place il n'eut pas de peine a connaître les soupçons dont il était l'objet, et les mesures que l'on parassait eufin dé cidé prendre, si bien que deux jours avant celui où il devait être arrêté il a disparu. Comme on voit, il y a la des faits graves, et cette étrange lenteur du parquet mériterait bien quelques expli cations. Mais daiguera-t-on accorder cette salis- faction a l'opinion publique indignée? Terminons par un fait peut-être plus carac téristique encore que tout ce qu'on vient de lire. Cet ami, ce compaguon intime de Riancourt dont nous avons parlé, avait obtenu deux jours avant l'assassinat de Fouqué, une place de sous-conimis- saire du gouvernement, pour laquelle il dut partir le lendemain du crime. Nos lecteurs nons pardonneront de ne pas soulever encore entièrement le voile qui couvre toute cette ténébreuse et abominable histoire. Nous ne pouvons pas dire tout ce que nous avons re cueilli, et nous devons nous borner aux faits dont l'authenticité est irrécusable. Mais, patience, la lumière sera, nous l'espérons, bientôt entière. Des troubles ont éclaté le 29 a Hanovre. L'hôtel du Ministre Benuingsen a été détruit par le peuple ameuté. A peine l'Assemblée nationale est-elle réunie a Francfort, que déjà il se forme dans son sein un Sonderbund allemand composé de la Bavière et du Hanovre. La Bavière prend son opposition au sérieux. Elle ne veut pas de l'unité allemande avec un Empereur ni avec un directoire. Elle veut un comité exécutif composé du Roi de Prusse, de l'Empereur d'Autriche et du Roi de Bavière, avec deux Chambres l'une, Chambre des Pairs, l'autre, l'Assemblée nationale. Elle dénie a l'Assemblée le droit de s'immiscer dans les affaires intérieures des Etats confédérés. Le Hanovre ne va pas si loin, mais il proteste contre la centralisation de l'Assemblée, et ne voudrait pas qu'avec un Empereur elle fût plus démocratique que les États-Unis d'Amérique. Il est bien prouvé maintenant que si les troupes prussiennes ont évacué le Jutland et le duché de Schleswig, c'est sur la sommation qui en a été faite par la Russie au cabinet de Berlin. Les feuilles allemandes ont touché un mot de cette affaire, mais elles se gardent bien d'y revenir. Elle est, en effet, passablement humiliante pour l'orgueil national. Le 31 mai a eu lieu Sundewitscben un nou vel et vif engagement, dans lequel les Danois ont été battus et repoussés avec perte par les Meck- lenbourgeois et poursuivi jusque sur la côte. D'après les dernières nouvelles d'Inspruck l'Empereur et l'Impératrice résistent toutes les supplications qui leur sont adressées pour les en gager retourner a Vienne. Chaque jour de nou velles députations arrivent Inspruck dans ce but et ne peuvent rien obtenir de LL. MM. Une dépu- tation de dames parmi lesquelles se trouvaient deux princesses qui se sont jetées aux genoux de l'Impé ratrice, n'a pas mieux réussi que les autres dans sa démarebe. Capoue est, dit-on, en révolte. On ajoute que la Calabre a établi un gouvernement provisoire, formé par les députés de l'opposition qui ont pu se sauver, et qui ont fait un appel toutes les pro vinces, en déclarant la déchéance du Roi. On sait que le général Pépé, chef des forces de terre envoyées an secours de la Lombardie, a refusé d'obéir aux ordres de Ferdinand. Mais il ne commandait pas seul l'armée napolitaine. Il avait pour collègue le général Staletta. Ce dernier vou lant obéir aux ordres du Roi et reprendre la route de Naples avec ses troupes, le général Pépé l'a, dit-on, fait arrêter. Les journaux italiens ne nous apportent pas aujourd'hui de nouvelles du théâtre de la guerre. Ils contiennent des détails sur les événements dont Milan a été le théâtre le 29 mai et qui semblent une mauvaise parodie de ceux qui ont eu lieu Paris le i5 du même mois. A Milan, comme dans cette dernière ville, les émeuliers ont forcé les portes du Palais du gouvernement provisoire, proclamé ce gouvernement dissous, institué un nouveau gou vernement dont ils ont jeté les listes par les fenê tres, et sont restés maîtres, enfin, du pouvoir pen dant trois heures, jusqu'à ce que la garde nationale, réunie au bruit du rappel, vint disperser l'émeute et arrêter les principaux chefs. Quelques instants après, Milan était parfaitement tranquille. Une lettre datée de Milan le 31 mai, annonce la nouvelleofficielle de la prise de Pescbiera, et ajoute qu'on a fait un grand nombre de prisonniers. Le gouvernement vient de se créer de nouveaux embarras. Un Anglais, le lieutenant-colonel Bris— towe, a été expulsé comme M. Bulwer et reconduit jusqu'à la frontière. On assure que les carlistes espagnols réfugiés en France, au nombre d'environ 8,000, viennent d'envoyer une adresse au comte de Montemolin pour le sommer de se mettre leur tête et de ren trer en Espagne. Le prétendant est mis en demeure, dans ce do cument, d'avoir immédiatement déférer aux in jonctions de ses partisan, qui, en cas de refus ou de tergiversation, le menacent de se rallier la cause d'Isabelle et de faire leur soumission. Le 3o, le général Narvaez a donné un grand

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 3