FRANCE. Paris, 7 juin. été victime en plein joor, an moment où il se ren dait l'église avec sa fiancée. On dit aujourd'hui que M. Frion est revenu a Renaix conduit a Paris par ses ravisseurs qui le faisaient passer pour fou, il a profité de leur premier moment de distraction pour s'échapper. A son arrivée Renaix, les autorités se sont rendues a son domicile pour recevoir sa déposition. La Monnaie frappe depuis deux jours des pièces de 2 francs 5o centimes. Les coins ont été gravés par M. Wiener. La tète du Roi est modelée avec talent, et le revers qui représente l'écusson de la Belgique entouré de branches de laurier, est disposé avec beaucoup de goût. Quelque déplorable qu'ait été le sort de ce caporal français tué dernièrement sur le territoire Eelge, un fait analogue vient de se reproduire, mais hâtons nous de dire qu'il n'a pas eu un ré sultat aussi funeste que le premier. Voici ce qui a eu lieu le 5 de ce mois dans la commune de la Taminerie (Namur.) Deux militaires français de la garnison de Ro- croy se sont rendus chez le sieur Huriou, cabaretier dans la dite commune, où après avoir bu et brisé des verres sans vouloir rien payer, ils se sont pris de querelle avec le domestique de cet établissement, qui s'y trouvait seul avec sa femme. Après une courte lutte et avoir commis d'autres dégâts, ils prirent la fuite en se permettant des gestes fort inconvenants. Le domestique s'arroant alors d'un fusil a deux coups, chargé de dragées, tira sur ces deux militaires et les blessa. Ces deux hommes se trouvent en ce moment l'hôpital de leur garnison. Le Handelablad raconte le fait suivant Un hasard extraordinaire a fait découvrir hier Amsterdam un crime horrible. Quelques matelots étaient montés sur le toit d'une maison dans la rue de IVierinçerslraat pour attraper un pigeon qui s'élait envolé. Leurs mouvements détachèrent une tuile, et ils virent par l'ouverture le spectacle le plus efTiayants. Une créature humaine, présentant l'aspect d'un véritable spectre, se trouvait sous leurs yeux, une jeune fille de i4 i5 ans, la figure livide, presque unanimée, les yeux hagards et le cheveux en désordre, leur demandant un morceau de pain. Ces braves gens, soupçonnant que cette sé questration cachait un crime, se hâtèrent d'en informer les autorités. Un commissaire de police, accompagné de quelques agents, se rendit sur les lieux les habitants de la maison, étaient sortis et avaient fermé les portes. On les enfonça et l'on trouva la jeune fille dans l'état où l'avaient vu les matelots. Sur ces entrefaites, la mère arriva et fut arrêtée au même instant. La police ne pu qu'à grand'peine préserver celte marâtre des violeuces de la foule qui ne pouvait maîtriser son indignation. Plus tard ou s'est également saisi du père. On a appris que la malheureuse jeune fille était l'enfant du mari, remarié avec cette femme, qui, depuis plusieurs années, tourtuait cet enfant, crime dont le père s'était rendu complice. Les voisins ignoraient même l'existence de la jeune fille car, lors du dernier déménagement, on l'avait placée dans un coffre fermé. La jeune fille a été transportée l'hôpital. Un juste châtiment attend les parents. On lit dans un journal français Les salons de lady S..., Portman-Sqnare Londres, conuus pour servir de point de réunion aux partisans des légitimistes déchus en France, en Espagne et même eu Portugal, viennent d'être le théâtre d'une importante et singulière transaction. Les agens du comte de Chambord et ceux de la régence du comte de Paris se sont mis d'accord sur leurs opérations. Il a été reconnu que le prétendant Henri V, qui n'a d'ailleurs aucun reproche personnel adresser son petit compétiteur, le reconnaîtrait dès présent comme l'héritier de la couronne, dans le cas, qu'on regarde comme très probable, où lui- même Henri V, n'aurait pas d'héritiers de son union avec la princesse de Modène. En conséquen ce, tous les serviteurs orléanistes sont invités h céder d'abord le pas au comte de Chambord, qui les réinstallera la suite dans les emplois et les honneurs dont la révolution de février les a privés. Celle conciliation est vivement approuvée par les torys, qui voient dans cette union un moyen puis sant de reoverser la République, dont les émana tions commencent les effrayer sérieusement. 11 y a quelques jours, plusieurs ouvriers se trou vèrent réunis dans un cabarêl de la rue Saint-Martin Paris. A la table côté de la leur était assis un homme d'une quarantaine d'années, assez bien vêtu. Les ouvriers parlaient politique et dissertaient pour le moment le système du communisme. L'étranger prend part la conversation en demandant un des ouvriers s'il était partisan de ce système. Ma foi, lui répond l'ouvrier, je vous avone que cela me sourirait assez... Je n'ai rien, et je ne serais pas fâché d'avoir quelque chose. Allons donc, mon ami! lui répond son inter locuteur vous n'y pensez pas le communisme est une chose abominable, et qui n'aurait d'autre résultat que de plonger la France dans l'anarchie, le désordre et le chaos... Moi aussi, je suis commu niste, mais d'une autre façon en partageant ce que j'ai avec plus pauvre que moi... Tenez, vous m'avez l'air d'un brave homme... Je vais faire avec vous l'application de mon système. Et fouillant dans son gousset, il en tire une pièce de 20 francs, et il ajoute Voici 20 francs, je les partage avec vous, voilà comme j'entends le com munisme... Rendez-moi 10 francs, a L'ouvrier, étonné et joyeux, parvient avec l'aide de ses camarades, réunir to francs, et il les remet l'inconnu qui sort après lui avoir donné sa pièce de 20 francs. En rentrant chez lui, l'ouvrier fait part de sa bonne fortune sa femme, qui s'empresse d'aller changer la pièce d'or... Cette pièce était fausse L'autre soir, au milieu d'un des groupes qui ont élu domicile devant la porte Saint-Denis, un hom me mûr, l'air martial et aux favoris en virgule, expliquait sa façon de comprendre la République. Ce que je veux, moi, disait-il, c'est une Ré publique avec une bonne moustache sa tête, qui vous mène tambour battant et vous fasse fusiller le premier pékin qui bouge. Ah ca, mais c'est une dictature que vous nous proposez là, remarqua quelqu'un vous n'êtes pas républicain. Républicain Je l'étais avant vous, fiston. Je suis républicain de la vieille. Une certaine agitation s'est manifestée dans Paris la suite de la proclamation des onze repré sentants du peuple. Quelques tentatives de désordre ont eu lieu la porte Saint-Denis. Des attroupements fort nom breux se sont formés la nuit, tout le long des boulevards, depuis la rue Montmartre jusqu'à la porte Saint-Martin. La loi sur les attroupements votée hier par l'Assemblée nationale et affichés dans Paris quelques heures auparavant, servait de commentaire aux agitateurs. Mais ce qui faisait surtout l'objet des conversations, c'était la nomi nation de M. Thiers. Une bande d'individus partie du boulevard s'est porté place Saint-Georges, au domicile de M. Thiers, proférant des ménaces et criant: A bas ThiersIl était environ dix heures. Cette bande a cerné le logement du représentant et a envahi les grilles du jardin en poussant les mêmes vociféra tions. Le piquet de la mairie du deuxième arron dissement, prévenu aussitôt de cette manifestation, s'est porté immédiatement sur les lieux, a refoulé les agitateurs, dont quelques uns ont été arrêtés, et a occupé le jardin de M. Thiers. La garde mobile est venue prêter main forte la garde nationale et a bivouaqué sur la place Saint-Georges. A onze heures, la tranquillité était rétablie. On assure que le gouvernement a reçu hier matin une dépêche télégraphique annonçant que Perpignan était le théâtre de rixes sérieuses occa sionnées par les dissentiments politiques qui ont éclaté au sein de la population. M. Crémieux vient d'écrire au bâtonnier pour réclamer son inscription sur le tableau des avocats la Cour d'appel de Paris. Une de ces innombrables feuilles qui pullu lent en ce moment Paris contenait hier quelques lignes qui ont produit une pénible sensation dans la capitale, et dont il est impossible de se dissimuler l'intention criminelle. Le i5 mai dernier, les hom mes qui avaient envahi la tribune de l'Assemblée nationale décrétaient un impôt de un milliard sur les riches. C'est apparemment pour s'associer cette belle pensée et pour en préparer l'exécution, que le journal dont il s'agit prend la peine de signaler les noms des riches avec l'état prétendu de leurs fortunes respectives. On commence par les principales maisons de banque et par les Com pagnies des notaires et des agents de change, dont les capitaux réunis s'élèvent au chiffre total de 2 milliards 462 millions! Demain les propriétaires auront leur tour. Les riches que l'on dénonce ne sont plus seulement coupables d'êtres riches; ils sont encore notés comme étrangers, comme juifs, comme pritchardistes, etc. des Débats.) On racontait ce matin que deux représentants Rvaient interrogé hier des individus faisant partie du groupe qui proférait des cris menaçants pour M. Thiers. -Nous ne voulons pas, aurait ré pondu l'un d'eux, l'homme des lois de septembre. Un autre ayant avoué qu'on lui avait remis 5 fr. pour sa soirée Je suis volé alors, aurait repartit l'autre, car je n'ai reçu, moi, que 4o sous.» La garde mobile et la ligne ont gardé l'hôtel de M. Thiers pendant une partie de la nuit. Deux des individus arrêtés au moment où ils forçaient la grille de M. Thiers, ont été trouvés porteurs de livrets des ateliers nationaux. Un troisième était un forçat libéré. Un personnage bien informé d'ordinaire prétendait aujourd'hui, l'Assemblée nationale que le mystère de la plus inattendue des élections faites Paris s'expliquait par le concours de tous les partis exaltés qui, décapités de leurs chef de puis le 15 mai, auraient cherché un drapeau unique, et auraient placé sur ce drapeau un seul nomsauf compter et faire plus tard la part de chacun. Le Bien publicjournal du citoyen Lamar tine, comme disent les crieurs de cette feuille, con tient un article des plus vifs contre l'élection de Louis Bonaparte. On assure que l'autorité est sur la trace d'un complot, déclaré d'autant plus singulier que les agents ordinaires de celui qu'on donne pour chef ce complot y seraient, eux, restés tout fait étran gers, et auraient même ignoré qu'ils étaient rem placés par des auxiliaires tout nouveaux, et dont le concours ne s'expliquerait que par un root inventé dans d'autres circonstances il y a 18 ans, celui d'une alliance monstrueuse. On a appris aujourd'hui, par dépêche télé graphique, que M. Auguste Mie, ex-imprimeur du journal la Tribune, avait été élu représentant dans le département de la Dordogne, en remplacement de M. Lamartine, membre du pouvoir exécutif. On écrit de Périgueux que des faits graves viennent de se passer dans le canton de Saint- Pierre de Chinac. Un grand nombre de citoyens annonçaient depuis quelques jours l'intention de ne pas payer l'impôt de 45 centimes, et disaient qu'ils opposeraient une résistance désespérée l'autorité. Dimanche dernier, les plus mutins se sont réunis; ils ont planté un arbre de la liberté, auquel ils ont attaché deux énormes crochets, avec menace d'y pendre ceux qui satisferaient aux exi gences du fisc. Le juge de paix, le maire et le curé ont été contraints de prendre la fuite. Une brigade de gendarmerie a été envoyée de Périgueux sur le théâtre de cette manifestation; une instruction est commencée. On assure que dans l'Yonne beaucoup de bulletins qui noramaieut le prince Louis, portaient après son nom, ces mots: point de République, d'autres, point de ruine publique. Au Mans de nombreux bulletins portaient le prince Napoléon pour Empereur. Ces bulletins paraissaient avoir été préparés d'avance et écrits de la même main. M. Béranger vient d'adresser lui-même une lettre au journal qui avait annoncé son prétendu mariage pour démentir ce fait.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 2