NOUVELLES DIVERSES.
FRANCE. Paris, 18 juin.
PRUSSE.
lanciers, et Hye, major aux cuirassiers, deviennent
lieutenant-colonels; MM. Michaud et Burbure,
capitaines au régiment des guidespassent comme
majors, l'un au i" de lanciers, l'autre au 2* de
chasseurs, M. Vandevinne, lieutenant aux guides,
détaché au département de la guerre est nommé
capitaine.
Dans la nuit du 12 au 13 de ce mois, quatre
individus domiciliés a Comines (France)sont ve
nus, armés de bâtons, sor le territoire belge en
criant: Pive la républiqueIls ont maltraité
sur la grand'route un fermier de Wervicq et l'ont
emmené avec eux en l'obligeant crier sans cesse:
Vive la république
A la suite de ces exploits, ils ont été frapper a
un cabaret situé h Comines, menaçant l'hôtesse de
mort si elle ne se levait pas. Dans l'intervalle,
le fermier a pris la fuite.
Des lettres de Berlin du 15 juin a cinq heures
du soir, que publie la Gazette d'Aix-la-Chapelle,
annoncent que la journées'est passée sans troubles.
La garde bourgeoise occupait toutes les places
publiques. Le parquet avait publié une procla
mation annonçant que les trois coups qui ont tué
trois personnes ont été tirés sans ordre et qu'une
enquête sévère va être commencée a cet égard.
Les arrestations et les perquisitions domiciliaires
continuaient.
L'ordre est également parti d'armer la forteresse
de Thorn, où des troubles ont également éclaté.
Non seulement la rentrée de l'impôt de 45 cen
times ne s'opère que très difficilement dans la plus
grande partie de la France, mais dans un grand
nombre de localités elle ne s'opère pas du tout, et
dans quelques-unes elle donne lieu des troubles
d'une extrême gravité. Le sang a coulé dans la
Creuse. Au départ des dernières nouvelles, l'ordre
n'était pas rétabli, et l'on s'attendait même des
collisions plus graves encore, bien que des la pre
mière rencontre il y ait eu une quiuzaine de tués.
Ces troubles sanglantes ont donné lieu, au sein
de l'Assemblée nationale, b des interpellations
adressées au ministère par M. Pierre Leroux. Mais
le gouvernement n'avait encore que des renseigne
ments vagues. Les résultats meurtriers de la lutte
sont malheureusement jusqu'ici la seule chose trop
certaine.
Ce n'est pas seulement dans la Creuse, d'ailleurs,
que des troubles viennent d'éclater. On assure que
le Pouvoir exécutif a reçu un dépêche télégraphi
que lui annonçant qu'un mouvement carliste aurait
eu lieu b Nismes et que le sang aurait coulé.
Perpignan a été mis en état de siège, b la suite de
désordres graves. Ces désordres ont également eu
pour cause de refus de l'impôt, et il s'en serait suivi
comme b Gueret (Creuse) uue collision sanglante.
M. Flocon, ministre de l'agriculture, a donné a
entendre que le gouvernement était d'ans l'inten
tion de fournir b toutes les écoles les moyens de
faire l'essai de leur système. Nous verrons donc
bientôt b l'œuvre, en France, les phalansiériens, les
icariens, les socialistes de toutes les couleurs.
Une correspondance rapporte le fait suivant
Un trait d'outrecuidance du général Thomas,
commis après les charges de la place de la Con
corde, et la pantalonnade du coup de pistolet,
intercalée si b propos dans un discours pour les
fonds secrets, a échappé aux journaux. A la tête
d'une compagnie de la garde nationale, le général
monté sur le superbe cheval blanc du duc de Ne
mours, caparaçonné de pourpre et d'or, s'était mis
en tête de remplacera l'Hôtel de ville le poste des
élèves de Saint Cyr, que M. Armant Marrast y avait
installé. Le colonel Lebreton s'y refusa énergique-
ment, le général Thomas s'emporta et commanda
aux tambours de battre la marche le colonel le
leur défendit, et c'est au colonel qu'ils obéirent.
Furieux, le général descend de sa monture pour
entrer a l'Hôtel de ville et porter plainte, il jetta
la bride aux mains d'un élève-caporal. Le colonel
indigné commande au jeune homme de lâcher
l'animal qui prend sa course le long du quai, le
général court après sa bête et la rattrape non sans
avoir dù ramasser son bicorne dans le ruisseau, an
cri de: Général Hochetpoussé par la foule des
gardes nationaux. Ce sobriquet lui est resté depuis
sa sortie contre la Légion d'honneur.
On lit dans la Liberté, journal d'Arras et de
Lille
L'un des principaux chefs de l'échauffourée de
Risquons Tout, le sieur Blervacq, arrêté vendredi
dernier b Paris, est arrivé le lendemain samedi b
Lille, où il a déjà subi plusieurs interrogatoires. Cet
individu parait fort exaspéré de son arrestation,
qu'il qualifie d'injuste; car,s'il faut l'en croire, il
n'aurait agi qu'avec le concours de MM. Ledru-
Rollin et Caussidière, qni lui auraient fourni, pour
l'envahissement du territoire belge, non seulement
des armes, de l'argent, des munitions et des vivres,
mais encore un bataillon de la garde urbaine de
Paris, commandé par le sieur Nicolaï. Le sieur Bler
vacq a notifié, dit-on, hier, b M. I.oingeville, juge
d'instruction, une liste de témoins, parmi lesquels
figurent MM. Ledru-Rollin, Caussidière, Deles-
cluze, Pillette; plus une autre liste de trois cents
personnes qui, en cas de culpabilité, seraient ses
complices. Il espère que l'instruction devra arrêter
devant la difficulté de faire comparaître un aussi
grand nombre de témoins et de piévenus.
Nous apprenons qu'un journaliste belge, ac
tuellement domicilié b Lille, qui connaît l'affaire
de Risquons-Tout dans ses détails les plus cir
constanciés, doit bientôt publier en brochure l'his
torique de l'échauffourée belge, avec documents b
l'appui. On doit s'attendre b de curieuses révéla
tions, auxquelles il ne manquera, pour édifier com
plètement le public, que le scandale que se propose
de faire b l'audience l'accusé Blervacq. Quant au
sieur Jaspin, il semble résigné désormais b ne jouer
qu'un rôle passif et b nier toute pacification au
délit imputé.
Depuis trois ans, un fléau s'est déclaré dans
quelques communes de notre pays; maintenant il
les désole, et b Bambeke, Herzeele, Wilder, Rex-
poëde, Houtkerque, Oostappel, Hondschoote et
Wormhout, le cultivateur est consterné par la pré
sence de myriades de larves d'un gros coléoptère,
vivant dans le sol b trente centimètres b peu près
de profondeur, attaquant, dévorant les racines de
toutes les plantes, et minant par la base les récoltes
de chaque nature, au point que des champs entiers
qui offraient, il y a peu de jours, la plus belle
apparence, ne sont plus couverts que de tiges abat
tues et desséchées dont l'insecte rongeur a supprimé
sourdement le principe vital. (Dunlerquoise.)
La commission de Constitution, réunie hier
b 10 heures précises, a préjugé une question bien
grave, celle que se rattache b l'élection du président
de la République; elle a décidé que cette nomina
tion ne résulterait pas du suffrage universel, mais
du vote de l'Assemblée nationale, agissant en vertu
de ce principe, qu'elle représente la souveraineté
et la volonté populaires: Nous n'avons pas besoin
de dire contre qui est dirigée cette décision.
(La Constitution).
Le décret présenté samedi a l'Assemblée par
le ministre de l'intérieur pour la mobilisation de
trois cents bataillons de la garde nationale, com
posés de tous les citoyens âgés de vingt b trente-
cinq ans, et formant un effectif de trois cent mille
hommes, a produit une certaine sensation. Parmi
les motifs donnés par le gouvernement b l'appui de
cette mesure, il en est un surtout qui occupe la
presse. C'est celui qui est ainsi conçu
La commission exécutive conserve la ferme
espérance du maintien de la paix. Cependant la
France ne saurait assister sans prévoyance b des
remaniements de territoires. Elle ne pourrait to-
lérer qu'uu accroissement de la puissance de ses
voisins, sans compensation pour elle, affaiblit sa
propre puissance.
On se demande contre qui est dirigée la me
nace que ce paragraphe semble contenir, et on ne
peut mettre en doute qu'elle ne soit b l'adresse du
Roi de Piémont. Or, le Constitutionnel fait ob
server qu'il est assez étrange que les premières
paroles menaçantes de la République française
s'adressent en Italie non pas au Roi de Naples qui
mitraille son peuple au nom du principe absolu,
mais au Roi Charles-Albert qui combat pour l'in
dépendance et la liberté de la Péninsule.
L'insuffisance évidente de M. Duclerc, mi
nistre des finances, paraît enfin avoir convaincu le
gouvernement de la nécessité de le remplacer. A
en croire le bruit de la salle des Conférences, le
portefeuille des finances aurait été offert successi
vement b M. Goudchaux et même b M. Gouin,
ancien ministre de la monarchie de Juillet. Ces
deux représentants ayant refusé, le pouvoir exé
cutif a fini par se rabattre sur M. Trouvé-Chauvei,
actuellement préfet de police.
On a annoncé hier, dans les couloirs de l'As
semblée, qu'un représentant venait de recevoir
de la Martinique une lettre faisant pressentir les
plus grands malheurs. Cette nouvelle devait de
venir l'objet d'une interpellation que l'intermi-
nables digression de M. Pierre Leroux a forcé de
remettre b la prochaine séance.
Il paraît que la Commission exécutive s'at
tend b quelque attaque, soit de la part des partisans
du prince Louis-Napoléonsoit de ceux de Henri
V, sinon des républicains rouges; car, entre autres
mesures prises, la formation de plusieurs camps qui
seraient établis dans le ressort du département de
la Seine a été décidée hier, dit-on, en conseil. Pour
commencer, un camp de manœuvres de i5,ooo
hommes, infanterie et cavalerie, va être formé b
Versailles, dans la plaine de Satory. (La Liberté.)
Une affiche placardée ce matin et signée par
les commissaires du banquet b 25 centimes, an
nonce que ce banquet aura décidément lien le i4
juillet. L'emplacement choisi s'étendra sur le ter-
raiu des fortifications, depuis le canal de l'Onrcq
jusqu'à Neuilly. Les départements sont invités.
Des troubles assez graves ont eu lieu b Tou
louse a l'occasion de la procession de la Pentecôte.
Les clubistes exaltés voulaient l'interdire. Niais la
grande majorité de la population et la garde natio
nale, par respect pour la liberté des cultes, vou
laient qu'elle eut lieu. L'autorité municipale, après
avoir consulté l'autorité centrale b Paris, par dé
pêche télégraphique, autorisa la procession. Il s'en
suivit une collision où il y eut, dit-on, plusieurs
blessés.
Chaque jour la situation semble s'aggraver en
Prusse. De sanglantes collisions ont encore eu lieu
b Berlin. Le cabinet, qui avait obtenu quelques
succès dans les premières séances de l'Assemblée
constituante, semble perdre, en présence de ces
événements la majorité qui avait paru d'abord se
dessiner en sa faveur. Dans la séance du i5, il a
éprouvé un rude échec. L'Assemblée a décidé,
malgré l'opinion très-vive des ministres présents,
qu'elle nommerait une commission chargée de pré
parer un nouveau projet de Constitutionpour
remplacer celui présenté par le gouvernement. Il
paraît difficile que le cabinet ne se modifie pas.
XOITEll'X UÉNORURE» A BEULIY.
Berliule 15 juin.
L'Arsenal a été pillé cette nuit. I| y a eu des morts
et des blessés. Voici les faits
Hier soir la foule s'était portée au ministère de
la guerre pour obtenir le retrait des quelques ba
taillons de soldats qui se trouvaient a l'Arsenal.
Cette demande est accordée. Les troupes se retirent.
La garde bourgeoise, accourue pour protéger l'Ar
senal, est assaillie par des coups de pierre. Exas
pérée, elle fait feu. Deux personnes tombent mortes,
d'autres disent trois; cinq reçoivent des blessures.
La garde bourgeoise est relevée par les étudiants
et les membres de la Société des ouvriers qui fra-
ternissent avec le peuple. A neuf heures, la foule
pénètre dans l'Arsenal et s'empare de toutes les
armes qui s'y trouvent. Deux mille, ou, suivant
d'autres indications, six mille fusils sont enlevés.
Vers minuit, de forts détachements de la garde
bourgeoise débouchent par les Tilleuls et chassent
le peuple de l'Arsenal.
Dans la rue dite Landsbergerstrasse on a érigé
une barricade; cinquante personnes ont promené
un drapeau rouge et crié Five la République
Suivant des nouvelles reçues a Berlin, dit la