NOUVELLES DIVERSES.
FRANCE. Paris, 4 juillet.
On nous écrit de Courtrai, 3 juillet
L'autorité judiciaire de notre ville, en exécution
d'un mandat émané du parquet de Bruxelles, s'est
rendue hier dans la commune de Dadizeele, et a
procédé h une visite domiciliaire chez le sieur Fon-
taine-Guichard, né en France et établi dans ladite
commune; cet individu, prévenu de participation
l'affaire de Risquons-Tout, a été arrêté et dirigé
sur Bruxelles. [Organe.)
Nous lisons dans le journal flamand de Broe-
dermin de Gand la poignante nouvelle qui suit:
Une femme a été trouvée morte dans une des
communes aux environs de Gand. Dans toute sa
maison il n'y avait pas le moindre morceau de
pain ou de nourriture, et la malheureuse était
privée depuis longtemps de travail et de secours.
Aussi suppose l-on généralement que cette femme
est morte d'épuisement.
un vol au sirop. Un audacieux escroc
a pratiqué cette espèce de vol dans une boutique
d'épicier rue dite Steenporte Bruxelles. Il arrive
tenant a la main un vieux chapeau il demande
la fille de boutique nne livre de sirop mais il
exige qu'on le serve dans son chapeau. On refuse;
tuais a force d'insistance on finit par accéder au
singulier désir de l'acheteur. Le sirop est versé
dans le chapeau, et l'inconnu jette sur le comp
toir une pièce de monnaie; la fille de boutique
prend l'écuelle qui contient la monnaie, et lors
qu'elle se baisse, le vaurien lui eufoncesnr la tète
le chapeau rempli de sirop, et pendant que la
malheureuse se débat et crieil prend la fuite avec
l'argent qui était contenu dans l'écuelle.
KÉCH.I.MIE.
M. de Chateaubriand est mort mardi matin, son
domicile h Paris, rue du Bac, 112, après cinq jours
de souffrances, des suites d'une fluction de poitrine.
Il a conservé sa connaissance jusqu'au dernier
moment. Il s'est fait rendre compte des événements
de juin, et a été fort touché de la mort de Mgr.
l'archevêque de Paris.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
Présidence de .11. l'Ultm IHGKH. Séance du 3.
M. Sinave. M. le ministre pense que la tran
quillité des Flandres est l'œuvre du ministère. Je
pense que le ministère n'y a contribué, ni directe
ment, ni indirectement. La tranquillité des Flandres
est due uniquement au bon sens des habitants. Ce
qui le prouve, c'est que quand l'émeute s'est pré
sentée aux frontières de la Flandre occidentale, pas
un seul individu ne s'est joint aux insurgés. La
tranquillité des Flandres est due aux hommes ho
norables qui habitent la campagne, et qui, par leur
contact avec les masses, ont de l'influence sur elles;
elle est due au clergé qui ne cesse d'exhorter les
populations a la (rauquillité.
M. Coomans. A propos de l'armée, j'insisterai
sur un point, moins cependant pour réalisir des
économies (quoique celte considération ne soit cer
tainement pas a dédaigner) que pour préparer, au
retour de la paix générale, une réforme libérale,
très-libérale que je médite depuis longtemps. C'est
l'abolition de la conscription. Voila une réforme
crétieune et véritablement libérale, et je pense que
nous parviendrons a l'exécuter avec une bonne
garde civique et une armée de volontaires de
15,ooo hommes environ. La Belgique serait ainsi
suffisamment défendue elle n'est pas menacée exté
rieurement, elle l'est encore bien moins intérieu
rement. Je crois que cette force militaire suffirait.
Mais, dira-1 on, que ferons-nous de nos officiers?
L'objection est sérieuse. Il faut respecter tous les
droits acquis. Il faut considérer deux choses dans la
réalisation du projet que j'énonce respecter les
droits acquis et fortifier l'armée et je pense qu'on
y parviendrait avec de la bonne volonté, tout en
diminuant les dépenses publiques.
La Constitution exige que les commandements
dans La garde civique soient donnés par l'electiou
j'usqu'au grade de capitaine inclusivement; mais
rieu n'empèclie.de confier les autres grades a l'ar
mée, de les accorder aux officiers supérieurs. Je le
voudrais, pour atteindre un double but d'abord
pour ne pas devoir mettre de côté des officiers qui
ont bien mérité de la patrie, et ensuite pour fortifier
la garde civique.
Sans faire injure 'a la bourgeoisie, ont peut dire
qu'elle est moins apte que les officiers diplômés
agir militairement et donner la garde civique
l'instruction et la discipline qui lui sont nécessaires.
La combinaison que j'indique consoliderait notre
garde nationale, en ferait des troupes respectables,
et maintiendraint les officiers de l'armée régulière
dans l'exercice de tous leurs droits.
Du reste, j'émets ces idées surtout pour arriver
l'abolition de la conscription. Je reconnais que nous
De sommes pas dans un état normal aussi n'ai-je
aucunement l'intention de formuler un projet dans
ce sens. Je sais qu'il faut attendre encore mais je
pose la question dès présent, car dès que la paix
sera solidement établie, je voterai contre tout bud
get de la guerre dans lequel se trouvera inscrit le
principe tyrannique de la conscription.
Séance du 4 Juillet.
M. Delehaye ne comprend pas que la Chambre
ait laissé passer les paroles de M. le ministre de
l'intérieur qui a dit que la situation du pays était
florissaute; il peose que l'on voudrait entraîner la
Chambre faire cette déclaration pour protester
contre la demande d'économies faites par tout le
pays. Il voudrait que de grandes économies soient
faitessurtout sur l'enseignement.
M. Rogier, ministre de l'intérieur, s'étonne de
la chaleur que vient de mettre l'honorable député
de Gand, notre intention formelle est de persévérer
dans la voie oùuous sommes entrés.
M. D'Elhoungne. Pour les dépenses?
M. Rogier. Je demanderai quelles sont les dé
penses inutiles qui ont été faites par le gouver
nement. Qu'on m'en cite une seule.
On a parlé aussi d'économies a faire sur l'en
seignement public. Si le vote de confiance de
l'honorable membre doit dépendre de la marche
que nous suivrons, je le dis de suite, il doit nous
retirer sa coufiauce, car ce u'est pas sur l'enseigne
ment public que nous entendons établir des réduc
tions Nous croyons que l'enseignement public n'est
pas assez doté, et qu'il faut accroître sa dotation. Il
faut aller chercher les populations pauvres d'esprit
et pauvres de corps, et leur donner la nourriture
morale en même temps que la nourriture matérielle,
voilatin des grands devoirs de la législature. Nous
ferons des réductions dans certaines dépenses pour
les reporter en partie sur les dépenses consacrer
a l'enseignement public. Nous avons encore im
mensément a faire pour l'enseignement. L'eusei-
gnemeut agricole, l'enseigneineut professionnel
sont nuls eu Belgique, il faut les créer, et pour cela
il faudra des budgets autrement fournis que celui
d'aujourd'hui; et je ne crains pas de dire que nous
comptons sur l'adhésion de la Chambre comme
nous comptons sur sa confiance que la marche que
nous avons suivie dans la direction générale des
aflaires du pays.
La confiance dans le nouveau gouvernement et
dans les mesures financières présentées par M.
Goudchaux continue a se traduire eu un fort mou
vement de hausse la Bourse de Paris. Uue reprise
très-ferme a eu lieu sur toutes les valeurs, aussi
bien sur les chemins de fer que sur la rente, et les
affaires oui été nombreuses. Ce mouvement indique
que l'opinion publique se rassure et permet d'en
trevoir quelque aiuélioialion dans la situation dé
plorable où Paris se trouve plongé depuis si long
temps.
Le Moniteur a publié l'arrêté du Pouvoir
exécutif qui déclare officiellement dissous les ate
liers nationaux du département de la Seine, et
annonce qu'une mesure analogue va être prise pour
les ateliers nationaux des déparlements.
Les perquisitions domiciliaires, auxquelles
ou continue a procéder, ont déjà amené la dé
couverte de moyens de défense et d'attaque tout a
fait formidables. Ou a saisi plusieurs fabriques de
poudre et de véritables arsenaux. Des individus qui,
sans être sous la uiaiu de la justice, passent a tort
ou a raison pour avoir participé l'insurrection, se
montrent peu affectés de leur défaite momentanée
et des précautions qu'on prend pour l'avenir.
Qu'importe le désarmement, disent-ils? au moyen
d'une paire de pistolets chargés on se procure en
moins d'une heure plus de 5o fusils, n Cette parole
a été dite aujourd'hui en pleine rue et entendue de
beaucoup de moode.
Les arrestations continuent. Dans la seule jour
née d'aujourd'hui on en a effectué plus de 5oo
dans la banlieue et aux barrières.
On ne parle pas encore des clubs. Jusqu'à
présent nous n'avons su qu'abuser du droit de
réunion, et peine si les honnêtes gens se figurent
chez nous un droit d'association dont les clubistes
ne seraient pas les maîtres exclusifs. De l'a le peu de
cas que l'opinion fait ici du droit d'association et
de réunion.
A la caserne de la rue Tournon, il y a encore
deux cents prisonniers. La nuit dernière ils ont
creusé le sol de la prison et sont descendu dans les
carrières. On s'est assuré que ces carrières n'avaient
aucune issue, et qu'il leur était impossible de s'é
vader.
On dit qu'une petite colonne en granit va
être élevée dans la rue du faubourg Saint-Antoine
l'endroit où Mgr. l'archevêque a été frappé.
Le nommé Pierre, domestique de M. l'ar
chevêque, avait accompagné son véritable maître
a la barricade du faubourg Saint-Antoine, diman
che soir, et il fut blessé par une balle qui lui effleura
le ventre. On assure que ce serviteur est décédé ce
matin des suites de sa blessure, qui d'abord avait
paru sans gravité.
Un autre serviteur, fort attaché au prélat, ayant
su que M. l'archevêque venait d'être blessé, et avait
été emmené par les insurgés en dedans de leurs
barricades, courut au faubourg Saint-Antoinese
présenta a eux au milieu des balles qui lui sifflaient
aux oreilles, et demanda a communiquer avec son
maître. Les insurgés, se rendant a son désir, le firent
entrer dans le faubourg et conduire dans la maison
où M. l'archevêque avait été transporté. M. Vallée,
c'est le nom de cet homme dévoué, fut ramené la
place de la Bastille, après avoir pu parler au véné
rable prélat.
On raconte que le lendemain au matinquatre
insurgés accompagnèrent M. l'archevêque h l'ar
chevêché, et qu'étant arrivés h l'hôtel de l'île
Saint-Louis, ils y exprimèrent le vœu de ne pas
retourner dans leurs barricades. Ils déposèrent leurs
armes et on leur donna des vêtements propres "a les
déguiser et on les fit filer par la porte de derrière
de l'archevêché.
Le prince Louis-Napoléon réfuse la candi
dature de la Corse, où l'avait appelé l'unanimité
des suffrages.
deix .soi; 1 len de: chiiihk.
Dans la journée du 25, un capitaine de la garde
mobile, fait prisonnier par les insurgés, fut conduit
dans la cour des sœurs de charité du douzième ar
rondissement. Il allait être fusillé, lorsque la supé
rieure, avec cette abnégation et cette énergie que
Dieu a mises au cœur des femmes qu'il a bénies, se
plaça résolument en travers du fusil:
Arrêtez s'écria—t-elle, c'est ici la maison de
Dieu Un crime la souillerait la mort de cet homme
vous porterait malheur
Vous avez raison, ma sœur vous avez tou
jours été bonne pour nous, nous ne voulons pas
vous faire de peine. Nous allons emmener le pri
sonnier et le fusiller dans la rue vous ne le verrez
pas.
Non, mes amis cet homme m'appartient, il
ne doit pas sortir d'ici. Au nom des services que
nous vous avons rendus, au nom de vos femmes et
de vos enfants, je le réclame. Qu'il soit notre pri—
sonnier!
Pendant deux heures la courageuse et noble sœur
lutta, sans faiblir uu instant, contre les forcenés
qu'elle ne pouvait convaincre, mais empêchant le
crime par sa présence et sa fermeté, lorsqu'une vive
1 fusillade lui vint en aide comme un argument su
prême. La supérieure profita du premier moment
de trouble et d'hésitation pour pousser le pauvre
officier daDs la pharmacie, dont elle ferma la porte,