ANGLETERRE. Londres, 27 octobre. PRUSSE. Berlin 25 octobre. Le Roi (Je Prusse n'ayant pas jusqu'à ce jour sanctionné l'abolition du droit de chasse, volée par la Diète constituante, celle-ci a, dans sa séance du 25, adopté une proposition portant que c'est pour le ministère un devoir de déterminer S. M. ratifier immédiatement la résolution des représentants du peuple. La royauté, se voit ainsi placée dans l'alternative ou de rompre violentinenlavec la Diète,ou d'obéir une injonction singulièrement compro mettante. Après un débat provoqué dans la séance d'aujourd'hui par l'interpellation de M. Schullz, relative la sanction de la loi sur la chasse, M. de Pfuel, président du conseil, a quitté le banc des Ministres, et l'on a cru lire sur sa phisionomie l'intention de n'y plus prendre place. SUISSE. On écrit de Genève, le 23 Octobre, la Gazette de Lyon Notre ville de Genève est en grande rumeur. Nous avons eu hier la journée électorale la plus agitée; la partie a été extrêmement disputée. Le parti radical a eu le dessous. 11 a manifesté incontinent sa fureur et provoqué l'annulation de l'élec tion. 11 s'agissait d'élire trois députés du conseil nationnal helvétique. Ce conseil nationnal est une nouvelle institution dont vient de doter la Suisse la nouvelle Con stitution fédérale. Les cantons sont repré sentés dans cette assemblée en raison de leur population. Le canton de Genève avait nommer trois députés. A onze heures du soir, le résultat du scrutin a été proclamé. La liste conserva trice avait passé en entier. Là-dessus fureur extrême; on crie aux armes, les rues sont en tumulte; le calme n'a reparu que lorsque M. Aimera, l'un des députés radicaux qui n'avaient pas passé, et lequel, chose singulière, était président du bureau, est venu déclarer que l'élection était annulée pour vice de forme. Il a allégué qu'on avait trouvé dans l'urne trente bulletins de plus qu'il n'en avait été distribué par les commissaires du bureau, et tout naturellement il a attribué la ma nœuvre aux conservateurs. La nuit a été tumultueuse. On a vu des hommes armés dans les rues. Cepen dant il n'a pas eu autre chose que des coups de poing de donnés. La partie a été remise: elle sera chaude. Les conservateurs, forts de cette première épreuve, vont revenir plus résolus que jamais. AUTRICHE. Vienne, 21 octobre. Il n'est plus question de l'armée hon groise dans les dernières nouvelles de Vienne. Le Ban, manœuvre de manière opérer sa jonction avec le corps d'armée du prince Windischgraetz. La Diète et le conseil communal vou draient en finir d'une manière pacifique. Les meneurs des clubs entretiennent l'agi tation populaire. Les bastions de la ville de Vienne et la plupart des barricades sont dépourvus de toute défense. Toutes les forces sont placés aux ligues extérieures. fidélité la Constitution et la République; l'autre lui réservant elle-même une partie des pouvoirs que la Constitution conlere au président, mais donc ce dernier ne sera investi, d'après la résolution adoptée le 28, qu'après la dissolution de l'Assem blée actuelle et son remplacement par une Assem blée législative. Nous ne pouvons résister au plaisir de publier d'après la Revue de Paris du Siècle, les rensei gnements suivants sur la vie que mène 'a Paris Louis Napoléon. Il est bien entendu que nous ne garan tissons pas la parfaite exactitude de tous ces détails: Le prince, dévenu simple citoyen, n'aspire pas aux grandeurs,et refusant les profits de l'ambition, il veut aussi en éviter les charges, ce qui est beau coup moins facile, car les courtisans de l'avenir sont opiuiâtres, et pour les fuir, le prince Louis eu est réduit a n'avoir pas de domicile, et mener dans Paris une vie errante, se réfugiant tantôt dans un gîte, tantôt dans un autre, ne couchant pas deux nuits de suite dans le même logis; c'est ainsi qu'il s'est alternativement abrité dans trois hôtels garnis, rue de la Paix, rue de Rivoli et rue de Richelieu, et d'autres fois chez son oncle, l'ex-roi Jérôme, ou chez sa cousine Mm> la princesse Mathilde Deiuidoff, rue Courcelles. Si les chasseurs dépistés vont se placer en em buscade la porte de la maison que le prince habitait la veille, ils l'attendeut vainement, et il leur faut se remettre sur la voie qui sera de nouveau rompue par ces évolutions incessautes. Quelquefois, avertis par leurs espions du lieu où le prince a passé la nuit, ils arrivent de bon matin, comme des recors armés d'une contrainte; mais le prince, diligent comme un débiteur insolvable, est déjà parti, de vançant ses persécuteurs. Le besoin de sa sûreté l'oblige sortir dès l'aurore enfermé dans une voiture aux stores déroulés. La promenade pied lui est a peu près interdite il en use rarement et presque toujours seul, escorté de son fidèle Ham, le plus intelligent et le plus laid de tous les chiens connus. Ainsi que beaucoup de personnages de nos jours, Ham a pris le nom de sa naissance. Il naquit dans la forteresse où le prince était détenu, et il s'attacha au prisonnier, qui l'acceuillit malgré sa laideur, et dont il charmait les ennuis par ses tours d'adresse et ses actions ingénieuses. Hain n'était aimable que pour le prince,et il se montrait rebelle aux avances qui lui faisaient les autres habitants du château. Les geôliers et les soldats se plaisaient a l'agacer et se diveitissaient de ses colères et des ruses qu'il employait pour leur échapper. Après avoir été pour le prisonnier un sujet de distraction, tjatn mérita toute sa reconnaissance en lui rendant un éminent service, et en l'aidant merveilleusement dans l'évasion qu'il accomplit avec tant de har diesse et de bonheur. On ne souvient que le prince sortit de la forteresse sous le costume d un des ouvriers qui étaient occupés faire quelques répa rations dans son appartement. Il s'était revêtu d'une blouse, coiffé d'une casquette, et une planche qu'il portait sur son épaule masquait a demi son visage. Lorsqu'il parvint la dernière cour, où était situé le corps de garde, passage difficile traverser, le prisonnier trouva son fidèle Ham, entouré des soldats du poste et des geôliers qui se divertissaient de ses gambades. Un chien ordinaire, reconnaissant son maître, serait accouru a lui et l'aurait trahi par ses caresses, mais Ham ne commit pas cette faute il avait assisté au travertissement de son maiire, et, guidé par un admirable instinct, il avait compris qu'il y avait là ua mystère protéger, il continua donc d'occuper les spectateurs, et, grâce cette diversion, le prince traversa sans emcombre le dangéreux passage et sortit sain et sauf de sa prison. Une heure après, le fugitif, qui courait la poste sur le chemin de la frontière, entendit aboyer joyeusement derrière sa voiture c'était Ham qui s était sauvé aussi et qui venait rejoindre son maître. Depuis lors Ham n'a pas quitté le prince, il a suivi dans ses voyages, est rentré en France avec •oi, et l'accompagne partout. Il rôde autour du palais de l'Assemblée pendant les séances; les solliciteors le connaissent déjà, mais ce serait peine perdue que de vouloir le suivre et tenter d'arriver au prince par son entremise. Ham flaire les cour tisans il sait les dérouler, et au besoin même il saurait les inordre. Toujours intelligent, il aide son maître fuir les fâcheux comme il l'a aidé sortir de prison. Cependant le prince Louis ne se cachera pas toujours; le temps viendra où le président de la république étant nommé, les solliciteurs ne le menaceront plus. C'est en vue de cette heureuse époque, que le prince est en train de former sa maison et de choisir entre plusieurs des nombreux hôtels qui sont vendre dans le faubourg S' Ger main et le faubourg S'-Honoré. Le Freeman-Journal de Dublin publie une lettre du préfet de la Congrégation de la propa gande Mgr. M'Hale, archevêque de Tuarn, dans laquelle la sacrée Congrégation exprime au nom du Saint-Père une opinion conforme celle des prélats irlandais au sujet des collèges provinciaux établis en Irlande en vertu du bill de i845. On sait que le haut clergé irlandais avait été peu près unanime pour condamner le système d'édu cation anti-religieux consacré par ce bill. En ce moment, la Reine Amélie, M. le duc de Nemours et M. le prince de Joinville sont at teints d'une affection nerveuse qui présente quelque gravité. Elle est due surtout aux préoccupations morales de ces augustes personnages. Le Roi con tinue jouir de la meilleure santé. Le peuple an glais l'entoure d'égards et de respect. Le Times de Maurice rapporte une tentative faite par l'amiral Dacres, commandant la station britannique, pour renouer des relations amicales avec la Reine de Madagascar. Il paraît que ces tentatives ont complètement échoué. S. M. de mande avant de conclure aucun traité qu'on lui livre la tète du capitaine Kelly, commandant de la corvette le Conwayqui a pris part la dernière expédition contre les Hovas. Une pareille condition tendait tous pourparlers inutiles. L'amiral est re tourné Maurice avec les deux frégates qui l'a vaient amené. La Dièle constituante de Prusse est main tenant partagée en deux fractions égales, ou bien peu s'en faut. A l'occasion d'un premier vote sur un amendement relatifs aux droits des Polonais, il ne s'était trouvé pour l'adoption du projet qu'une seule voix de majorité. Dans un second vote, la majorité a été de deux voix. On conçoit que, dans un tel état de choses, le ministère songe se retirer. Le conseil d'Etat de Fribourg est résoin aller jusqu'au bout dans la voie des persécutions religieuses. Il vient de faire arrêter Mgr. Mnrilley, évêque de Genève et de Lausanne. Ce généreux apôtre de la foi saura se montrer aussi héroïque sous les verroux que le fut, il y a quelques années, son digne émule, l'archevêque de Cologne. On écrit de Berne, le 25 octobre Au moment où la nouvelle Diète doit se réunir, de nouvelles difficultés viennent de surgir. Vous savez ce qui est arrivé Genève où les élections ont été annulées, parce qu'il a plu au peuple sou verain d'élire au conseil national des députés con servateurs tels que le général Dufour et l'ancien conseiller d'Etat M. Kramer. De nouvelles élections vont avoir lieu demain 26, Genève; en attendant, les radicaux criaient: A bas les aristocrates et s'arment en proférant des cris menaçants. Un journal du soir contient la correspon dance suivante Genève, le 25 octobre. Ce matin, 25 octobre, deux heures de la nuit, M. Marilley a été enlevé de l'évêché Fri bourg et conduit Lausanne, où il était encore deux heures de l'après-midi. On lui a refusé d'emmener son secrétaire et même son valet de chambre. On ne lui a pas même laissé le temps de prendre quelques effets. Il a quitté Fribourg en costume d'évêqtte, portant sur sa poitrine sa croix pastorale.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 3