JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Ko 3249. Samedi, 18 Novembre 1848. 32me anoèe. Chaque nation a ses mœurs, ses habi tudes dislinctives: une énergie calme pour le maintien de ses libertés nationales: un devoûment sans bornes la personne de ses princes, dont le sceptre ne s'écarte point de l'équité et de la douceur un at tachement inviolable la religion catholi que, voilà ceqni forma toujours le caractère essentiel du peuple Belge A l'époque de César, nos pères quoique barbares, pour défendre la paisible liberté de leurs forêts, opposèrent ce fier con quérant une ligue formidable, et s'unirent aux Franks, pour secouer les lourdes chaînes de Uome. On ne saurait douter du sincère patriotisme de nos aïeux, quand on connait le beau règne de Charles de Lorraine, le prince qui gouverna, pendant quarante ans nos provinces et qui écrivit plusieurs fois lui-même la cour d'Autri che, qu'on pouvait tranquillement se re poser sur le cœur du peuple Belge en protégeant ses intérêts et respectant sa volonté. C'est surtout au XVI siècle, quand l'Allemagne et la Hollande acceptaient autour d'elle la réforme c'est dans les persécutions religieuses suscitées par Jo seph Il et Guillaume 1, que notre patrie a fait ressortir sa constante persévérance pour la conservation de l'immuable catho licisme. Animés du même sang qui vivifia les veines d'un Eustache, d'un Godefroi, les Belges d'aujourd'hui veillent encore la garde de ce précieux trésor que transmirent leurs preux ancêtres, après l'avoir défendu de leur épée valeureuse. Le cri delà religion qui éleclrisa la noble poitrine des Robert, des Baudouin, fait encore de nos jours, vibrer les fibres de nos cœurs patriotiques. Oui, malgré les attaques incessantes de l'impiété audacieuse, la foi catholique com me au premiers temps de notre ère, trouve chez nous un écho bien puissant; avec leur instinct de liberté, les enfantsde la Belgique ont conservé leurs sentiments de catholi cisme. En effet, tandis que la Suisse, l'Italie, la Sardaigne, l'Allemagne supprime les cou vents, exile les religieux, emprisonne les évêques, ferme les institutions chrétiennes, la Belgique avec joie, voit augmenter le nombre de ses églises, de ses maisons re ligieuses, où le christianisme paraît dans les costumes les plus variés et les plus imposants, persuadée que ce sont autant d'appuis de son existance, autant de gages de son heureux avenir. Certes, la foi a con servé son action sur notre sol bienfaisant ces pieux asiles où l'innocence, l'infortune ellerepenlirsedonrientlamain, l'attestent; tous ces élabl issemenls consacrés I a bonne éducationde la jeunesse; ces communautés de filles de S1 Vincent qui se dévouent au bonheur de l'enfance malheureuse, le prou- ventsuffisamment. Eh! qui oserait révoquer ce fait en doute, quand la fin de chaque année scholaire, on aperçoit cette levée d'élèves du sanctuaire, composée bien sou vent de membres des premières familles quand on voit nos jeunes missionnaires, ces religieuses timides,quitter le ciel serein de leur patrie, affronter les vagues hou leuses de l'Océan en courroux, errant dans les déserts sauvages, parcourant les mon tagnes lointaines, gravissant les rochers escarpés, pour arborer partout l'étendard de la croix, et jeter les semences de l'Evangile. Heureux le peuple qui cherche sa force et sa vertu dans la vertu même! seul, il est capable de jouir des bienfaits de la liberté. Montesquieu l'a dit: la place natu relle de la vertu est auprès de la liberté. Les Belges ont compris la nécessité de cette union étroite; aussi, c'est grâce ces prin cipes religieux que le temps n'a pu déra ciner de leur caractère, qu'ils trouvent aujourd'hui ces garanties d'ordre et d'au torité, au milieu de l'anarchie générale, et que leur trône qui occupe une place si minime sur la carte, obscurcit de sa splen deur, l'éclat des plus antiques diadèmes, qu'il soit dit comme des époques passées, c'est le catholicisme qui a sauvé notre nationalité, dans ces jours de tempête; c'est par son inlluence salutaire que notre pays, au milieu du débordement universel, continue sa marche tranquille, comme un beau fleuve qui aime ses rives et ne s'in quiète pas de son cours. A vrai dire, quelle est la cause de toutes les révolu lions, ces malheurs sociaux, sinon l'absence complète des idées religieuses? Interrogez ces fusils, ces poignards, ces barricades meurtrières,cette haine amassée contre les fortunes, cette convoitise contre toutes les places, ils vous diront que ce n'est pas dans la misère, dans le désir de la liberté, qu'ils ont trouvé l'argument qui leur a fait briser les trônes, changer les monarchies, répandre le deuil et la mort: leur logique se trouve dans ces écrits cor rupteurs, dignes produits d'une propa gande perturbatrice; ils vous découvriront la raison de leurs forfaits, dans le dérègle ment des mœurs, dans la corruption du cœur vide de foi et de bons principes. C'estdonc en vain, que nos réformateurs, cherchent dans les lois et les améliorations politiques, le remède la lèpre qui ronge la terre. Je le demande avec Horace: qnid leges sine moribus, vanœ proficiunt Le mal n'a pas sa source dans la position maté rielle des individus; il siège dans le mépris de toute autorité morale et religieuse. Com me le dit M. Thiers, c'est le prêtre seul qui soit capable d'opposer une digue suffisante au torrentqui menaced'engloutir la société Européenne. C'est l'enseignement chrétien qui est l'unique planche de salut aux na tions en naufrage; et, ce ne sera que lors qu'on aura donné au monde, la croix pour appui, qu'on parviendra le relever de son état d'abaissement, de -décadence, et de dégradation. Comme il était facile de le prévoir, les économies proposées par le Gouvernement sont loin d'être suffisantes et ne frappent du reste pas sur les dépenses réellement susceptibles de réductions sérieuses. Entre le budget de 1848 et celui de 1849, il y aurait, selon le Ministre des finances, une diminution de quatre millions; car, il ne faut pas compter les deux millions por tés en moins pour la dette publique, qui se présenteront plus tard, et ne sont point compris au budget actuellement présenté par suite d'une nouvelle combinaison dans le calcul et l'échelonnement des intérêts. Donc, sur un budget de 1 12 millions, le Ministère des économies n'est parvenu rog ner que quatre millions, et cela au milieu de circonstances, où les voies et moyens rapporteront évidemment quatre millions de moins qu'avant les événements de fé vrier. Aussi le Gouvernement songe-t-il surtout créer de nouvelles ressources le projet de loi sur les successions avec le droit en ligne directe et le serment vient de repa raître. C'est, ne pas en douter, sur des accroissements d'impôts que compte le Mi nistère; et les réductions de dépenses ne sont là que pour détourner l'attention du public. VÉRITÉ ET JCSTICE. On s'abouuc Yprès, rue de Lille, io, près la (Grande Place et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. K'Itli; DE L'ARtWFÏ1FAT. par Irimentrc. Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° i5. Le Propagateur parait le H41IEDI et le MERCREDI de chaque semaine. Insertion** l? centimes la ligne). T??.îS. 18 Novembre. LA. ItELGIQlE ET I/EIJROPE. La chambre a adopte'e le projet de loi relatif a la suppression de la commission des iponnaies. M. le Ministre des affaires étrangères a pre'senté dans la même séance, le projet de loi prorogeant la loi qui autorise le gouvernement 'a réduire les péages sur les chemins de fer, les canaux et les rivières. Ug-j -I T ■«■■H

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 1