JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 32me année. Le projet de loi sur les successions en ligne directe, avec le rétablissement du serment, lors de sa présentation aux Cham bres, le 12 Novembre 1817, excita une ré pulsion générale Des pétitions demandant son rejet, affluèrent de tous les points du royaume; soumis l'examen des sections, plusieurs se prononcèrent contre l'ensem ble de ce chef-d'œuvre de fiscalité Néer landaise; les feuilles les plus libérales, n'eurent pas le courage d'accepter sa dé fense; le Journal de Liège lui-même, ne recula point de le déclarer inadmissible. Témoins de cette opposition unanime, on s'attendait généralement que cette malen contreuse loi n'aurait jamais obtenu les honneurs de la discussion parlementaire, et que les protestations du pays, auraient suffl, pour la juger indigne d'un examen sérieux de la législature. Vaines illusions! pour combler l'abîme qui s'ouvre tous les jours de plus en plus devant nous, le ministère n'en a su trouver de plus belle, que de ramener sur le tapis, ce réchauffé puant d'orangisme, et de sou mettre aux délibérations des Chambres nouvelles, ce factum impopulaire, dont l'exécution nous replacerait en plein jour de la domination Hollandaise. Il manque nos hommes d'État, du bois pour faire des llèches; ce sont les héritiers directs qui, selon leur manière de voir, doivent le fournir; ce sont eux que l'on veut met tre en demeure, de céder une partie de leur patrimoine, afin de pourvoir ces mises la retraite, ces énormes appoin tements qui conduisent le trésor sa ruine. Projeter des économies, mais en même temps imposer de nouvelles charges voilà la logique du ministère des épargnes. Ainsi qu'il a été observé dans plusieurs journaux, et notamment dans le N° 3,156 du Propagateur, le droit de 1 p. dont on prétend grever les successions directes, n'est justifiable sous aucun rapport; tout homme sage doit en convenir. Il peut sem bler bon, que l'État demande un impôt celui qui voit ajouter sa fortune par un capital qu'il est appelé recueillir; mais, comme le dit si bien le Journal de Bruxelles, l'enfant en héritant de ses père et mère, n'acquiert point une fortune lui étran gère il succède son propre bien; il com mence jouir seul, de ce dont il a joui en vie commune; plus d'une fois même, il arrive que le bien qu'il hérite, est ce bien qu'il a acquis, conservé ou augmenté par ses travauxet ses économies. Enexaminant son coté légal, il est donc démontré que la loi sur les successions en ligne directe, n'est aucunement équitable. Considérée sous le point de vue moral, celte question ne cause pas moins de ré pugnance; aussielle n'a trouvé jusqu'à ce jour, de sincères partisans que dans les personnes qui se jouant de Dieu et de la religion, ne voient dans le serment qu'une vaine formule, un mot vide de sens et de portée. Mais, tout homme de principe, qui a conservé dans son âme, l'antique foi de ses aïeux, doit trembler l'idée de voir adopter un projet qui tend visiblement corrompre et détruire dans les cœurs Bel ges, ces sentiments si vivaces de foi et de vertu, en plaçant les citoyens entre leur intérêt et leur conscience. On ne saurait le méconnaître la loi telle qu'elle est con çue, surpasse en méchanceté, tout ce qui s'est fait au plus fort du despotisme. A voir cette tendance froisser nos mœurs, violer nôtre caractère, on serait vraiment tenté de porter un regard d'envie sur le règne lyrannique de Guillaume, si tant était, que le souvenir de ce monarque pouvait arracher encore un sourire aux îèvres Belges. En effet, la loi Hollandaise en étendant un bras pesant et oppressif, frappait au moins, d'une main indistincte le citoyen probe et le fripon, puisque le serment ne les abritait point contre les poursuites fiscales. Aujourd'hui, la chose est tout autre le système qu'on prétend introduire, encourage la mauvaise foi, l'in justice,Je parjure; il anime et enhardit en quelque sorte les faux déclarants en leur faisant entrevoir, outre un moyen d'éluder la loi, un profit, un bénéfice au préjudice de l'homme probe, dont il flétrit et reprime l'équité consciencieuse. Nous ne savons comment les Chambres sont disposés, quant l'acceptation de ce projet vexatoire. Toutefois nous sommes dans le ferme espoir qu'elles seront una nimes prolester contre une loi aussi odieuse qu'immorale. Veuillent les repré sentants de la Nation se montrer dans cette occurence la hauteur de leur mandat! Puisse du fond de sa tombe, le savant avo cat Reyphens, prêter nos mandataires sa sagesse et son éloquence persuasive, afin qu'ils puissent combattre celle œuvre antinationale, avec le même succès qu'il obtint devant les Chambres Hollandaises! Que nos députés s'en persuadent! La na tion tiendra compte des défenseurs de ses principes; l'histoire transmettra leur nom la postérité, en l'inscrivant sur ses pages immortelles; tous les vrais Belges l'envi, s'uniront pour leur dresser des couronnes civiques! Mgr. Boussen, évêque de Bruges, avait demandé M. Malou pour coadjuteur, et le Souverain Pontife avait succédé celte de mande. Sur ces entrefaites, Mgr. Boussen mourut, et la nouvelle en étant parvenue Rome, le Pape, au lieu de nommer M. Malou coadjuteur, l'a nommé évêque de Bruges. Il sera sans doute préconisé dans le prochain consistoire. Le choix de M. Malou sera accueilli avec joie par le clergé de notre diocèse et par tous les catholiques belges. M. Malouélève du collège romain, se distingua dès lors assez pour être admis dans l'académie ecclésiastique, où l'élite des professeurs de Rome, donnait des auditeurs choisis et peu nombreux, l'en seignement le plus élevé. Ce fut là que M. Malou suivit Jes leçons de droit canonique données par Mgr. Fornari, aujourd'hui nonce apostolique Paris. M. Malou a pu blié plusieurs ouvrages, dont le principal est une savante controverse sur la lecture de la Bible, et le plus populaire une nou velle bibliothèque ascétique, composée d'o puscules choisis des Saints Pères. Samedi dernier est décédée Loo arron dissement de Furnes, Anne-Marie Beke, veuve de François Gallioot eu son vivant batelier. Agée de 81 ans, elle a perdu son mari le 10 mai 1847, après 62 ans de ma riage. Elle a été mère de 23 enfants, dont 8 sont encore vivants. Vi:itITi: ET JISTICE. On s'abonne 11 près, rue de Lille, 10, près la Grande Place et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PKI\ |>E L AHO\\I WI\T, par trlmeNtrr, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3-5o. Un n° i5. Le Propagateur paraît le N tMllDI et le 9IEIICH EDI de ciiaque semaine. Insertions 19 centimes la ligne). 22 Novembre. LOI SUR LES SUCCESSIONS. La Chambre des représentants n'a eu samedi qu'une très-courte séance elle a voté des projets de loi portant naturalisation ordinaire et entendu des rapports snr les pétitions. L'examen préparatoire des budgets a été con tinué samedi dans les sections. La sixième a nommé M. Orts fils, rapporteur pour le budget de la justice. Quelques sections se sont déjà prononcées et d'autres se prononceront pour la suppression des commissaires d'arrondissement dans les chefs-lieux de proviuce; c'est ainsi que l'on veut adopter ce qui existe en France, où les chefs-lieux de dépar tement n'ont pas de sous-préïel. La section centrale chargée de l'examen du budget des affaires étrangères, qui est présidée par M. H. De Brouckere, a terminé aujourd'hui l'exa men de ce budget.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 1