ANGLETERRE. Londres, 2 décembre. ALLEMAGNE. Altenboorg, 50 novembre. ITALIE La Gazelle de Gênes annonce que le roi de Naples aurait déclaré la guerre Rome et la Toscane. Etats-romains. Le gouvernement a immédiatement fait prévenir leurs éminences les cardinaux de Bonald, Dupont et Giraud. Oo annonce, dit l'Univers, que S. Ex. Mgr. le nonce part ce matin. Le Moniteur du soir annonce que le conseil des ministres s'est réuni cinq heures pour régler l'ordre de la réception faire au Pape a Marseille. L'Assemblée, dit il, prend une semaine de repos, un grand nombre de ses membres se proposant d'aller a la rencontre du Saint-Père. Le mêine journal ajoute qu'une dépêche télé graphique adressée a Marseille, ordonne les pre mières dispositions prendre pour cette réception, et que le gouvernement a résolu de conduire direc tement Sa Sainteté Paris. Des ordres viennent d'être transmis a nos différends consuls en Italie ainsi qu'aux autorités françaises de nos dépariemenlr maritimes afin qu'ils aient prêter secours et assistance aux cardinaux et aux autres personnages de la Cour pontificale qui voudraient se réfugier en France. Paris, le 4 décembre. En ce moment, midi, rien encore de certain sur l'arrivée de Pie IX en France. Les journaux de Marseille annoncent seulement que les prélats, arrivés daus cette ville, fuyant Rome, attestent l'intention du Saint Père de choisir la France pour refuge. Mais il est douteux que le Pontife se ha sarde jusqu'à Paris avant de connaître le résultat de l'élection présidentielle. P. S. 5 heures. Le gouvernement n'a reçu jusqu'à présent de Marseille aucune dépèche télégraphique postérieure postérieure celle que vous aurez trouvée dans le Moniteur du soir. On assure que le bâtiment qui porte Pie IX s'est dirigé sur Naples, où Sa Sainteté serait restée. Des nouvelles graves reçues de cette capitale ont mo tivé ce matin la réunion du conseil des Ministres. Voici un mot, dit Y Ere Nouvelle, qui nous arrive de Marseille. Nous le donnons sans y rien changer Sans la chance de l'élection bonapartiste, le Pape serait venu en France; mais il n'a pas voulu se confier aux mains d'un homme dont le cousin dirige la faction romaine, et dont l'oncle a em prisonné un de ses prédécesseurs. Voilà ce qu'as surent des prélats romains arrivés hier par le Mentor. Si ce fait est vrai, ajoute Y Ere Nouvelle, il serait le premier titre de M. Louis Napoléon la reconnaissance de la France chrétienne. ASSEMBLÉE NATIONALE. Présidence de JI. Léon de llulleville. fcéanee du 9. M. Ligravgb demande la parole pour une motion. (Sensa tion marquée.) 11 demande que les citoyens retenus par maladie dans les hôpitaux, aient les moyens de ooucourir l'élection du io décembre. L'Assemblée décide une faible majorité que M. Lagrauge sera entendu aujourd'hui même. M. Lagrahge. 11 a été affiché dans un des hôpitaux de Paris, que l'autorité ne ferait pas remettre les voix des électeurs dans les hôpitaux, et que les malades-électeurs (on rit) devront, pour exercer leurs droits, se rendre au lieu ordinaire du scrutin, et réclamer pour ce, leur sortie de l'hôpital, sauf s'y faire réadmettre ensuite. M. Lagrange traite la mesure de draconienne on veut que les malades se suicident pour aller voter, et qu'ils attrapent, pour user de leur droit, une maladie pire que celle pour laquelle on les traitait, cadavres ambulants qui trébucheront côté de cette urne qui deviendra pour eux l'urne funéraire. M. Dcfacre. La loi a prescrit les formes dans lesquelles le Vote doit être recueilli; ce sont là des garanties pour la liberté et la sincérité du suffrage. Faut-il, pour quelques exceptions qu'on soulevé, s'affranchir de toutes ces formalités, annuler toutes ces garanties? Voilà la question dans toute sa simplicité. Si l'on dit non, il est évideut qu'un petit nombre de citoyens seront privé* de voter mais peut-on aller soit dans les hôpi taux, soit domicile pour quelques-uns, recueillir les votes de ceux qui ne peuvent venir voter. Si l'Assemblée l'entendait autrement, il faudrait qu'elle rendit un décret daus ce but. oix l'ordre du jour.) Un essai d'éclairage par la lumière électrique a été tenté jeudi dernier Londres, dans Trafalgar- Sqnare, avec le plus grand succès. La flamme, quoique petite, mais qui est d'une blancheur écla tante et de la plus grande pureté, se projette une distance considérable, et produit une lumière qui permet, un grand éloignement, de lire même le manuscrit. Une foule immense assistait cette ingénieuse application de l'électro-calvanisme qui menace de détrôner l'éclairage au gaz. Notre duc Joseph a abdiqué aujourd'hui en fa veur de son frère George. Communication de cet acte a été faite immédiatement la chambre. Les fils de M. Rossi ont voulu voir le corps de I eur père. Le pins jeune est enrôlé dans les volontaires italiens. C'est un jeune homme plein de fougue. Malgré les efforts des gardes civiques, qui voulaient empêcher les deux jeunes gens de pénétrer jusqu'au cadavre, le plus jeune, tirant son épée comme un furieux, et l'e'pe'e nue, se précipita dans la chambre, suivi de ces mêmes gardes civi ques. Quoi leur dit-il, vous l'avez assassiné, et vous venez l'insulter après sa mort Mon crime est d'avoir servi votre cause mais je l'expierai. Et en disant ces mots, il arracha sa cocarde et ses épau- lettes qu'il foula aux pieds. La foule restait stupé faite; sortant avec son frère, ils courent chez le Pape, aux pieds duquel les deux jeunes gens tom bent la fois, demandant vengeance contre les assassins du fidèle serviteur de Pie IX. Les relevant avec douceur et conservant ce calme qui ne l'a jamais abandonné dans ses épreuves: Mes en- fanls, leur dit le Pape, nous n'avons de recours que les tribunaux. Mot que l'on a eu tort de blâmer, car le Pape ne pouvait rien, et les bravades eussent été aussi déplacées dans cettexirconstance que l'insensibilité ou la menace. D'horribles scènes ont eu lieu pendant la nuit qui a suivi l'assassinat sous les fenêtres de l'hôtel qu'habitait M. Rossi la masse de la population n'y a pris aucune part. C'était une horde d'une cen taine de furieux qui, des torches la main, dan saient autour de feux de joie qu'ils venaient d'allumer en hurlant un hymne au poignard ven geur, et en demandant la tête de la veuve et des enfants. Dans la poche de M. Rossi on a trouvé une lettre d'une dame romaine qui lui donnait avis de ne pas se rendre la Chambre, et un discours qui aurait eu pour effet de concilier les esprits et de rétablir l'ordre Rome pour longtemps. Pendant que la pièce de canon nommée le Saint- Pierre était braquée contre le palais de Monte- Cavallo, le Saint-Père, seul dans son jardin, son crucifix la main, demandait Dieu de diriger sa conduite, on lui annonçait l'arrivée du corps di plomatique qui venait de serrer autour de lui et qu'il reçut avec son calme et sa courtoisie ordinaires. Cependant l'attaque commence, les Suisses fer ment les portes, quelques coups de feu tirés des fenêtres blessent, ce qu'on prétend, cioq ou six personnes; on incendie l'une des portes du palais dans la partie supérieure. Au-dessus de cette porte logeait l'un des hommes les plus savants de l'Eu rope dans les langues anciennes, tnonsignor Palma il veut se retirer et se lève en ramassant quelques papiers, une balle partie d'un clocher voisin, où quelque brigand s'était blotti, vient le frapper et le tue. Aussitôt on répand dans le peuple qu'un prélat, deux pistolets aux poings, a tiré sur les assaillants. La fureur redouble c'est au moment où la crise devient la plus périlleuse que l'ambassadeur d'Es pagne, M. Martinez de la Rosa, prend l'initiative au nom de la vieille Espagna catholique, et offre au Saint-Père, au nom de sa souveraine, un navire faisant voile pour l'Espagne, et tous les secours nécessaires. Moi, dit l'ambassadeur de la République française, je n'ai pas d'instructions semblables, mais je ne crains pas d'être désavoué si j'offre an Saint-Père mon assistance poor pro- léger et assurer sa retraite. Cependant, au dehors, Cicerovacchio calmait ou semblait calmer la frénésie populaire, le peu de troupes sur lesquelles Pie IX croyait pouvoir compter fraternisaient avec les assaillants; les Transtévérins ne bougeaient pas. A plusieurs re prises, le Pape voulut s'assurer s'il lui restait quel ques fidèles, soit dans les troupes, soit dans la population rien. Vous le voyez, dit le Pape aux ambassadeurs, tout est impossible. On présente alors au Pape une liste de nouveaux ministres dont il parcourt les noms, u Je ne puis signer cela s'écrie-t-il, c'est contre ma conscience. Cependant la foule augmente,le danger s'accroit, on demande grands cris la tête du cardinal Soglio et celle du cardinal Antonelli. Enfin, vers sept heures, la signature est accordée sans cela le feu eût été mis au Quirinal, et tous les Suissesauraieut été égorgés. Rouie s'illumine alors, et le peuple va criant travers les rues Le Souve rain nous a donné la République Voici comment-la Gazette du Midi raconte la part que le noble Romain a prise aux événements- qui ont précédé et accompagné lesiége du Quirinal Une famille que les Papes avaient recueillie dans son adversité, laquelle ils avaient accordé asile, faveur, titres princiers, la famille Bonaparte, s'est montrée en première ligne parmi les assail lants du palais de Pie IX. Le prince de Canino, autrefois de Musigtiano, fils de Lucien, était sur la place du Quirinal, la tête de deux cents émeutiers environ, le fusil en bandoulière, le sabre la main son fils s'y trouvait pareillement et ce sont eux qui ont rallié cette poignée d'hommes, effrayés de leur crime ou du danger qu'ils appréhendaient sans doute, quoique bien gratuitement, et pouvant peine agiter d'une main treinblente les sabres qu'ils avaient tirés du fourreau. C'est le prince de Canino qui, le premier, a repoussé les paroles du Pape transmises par le député Galletti, c'est de sa bouche qu'est parti le premier cri de: Eivela Républiquec'est lui qui, divisant sa troupe en deux bandes, a maintenu la première devant le Quirinal, tandis que l'autre allait dans la ville amener l'émeute déjà toute préparée. Trente mille hommes, peu près, garde na tionale, peuple, troupe de ligne,sont venus assaillir le Quirinal ils déchargaient leurs fusils du coin de chaque rue, mais sans aborder de front aucune porte où les Suisses pouvaient se montrer. Cin quante hommes de cette nation, voilà tout ce qu'on opposait cette multitude, et cependant elle a été tenue un échec pendant huit heures entières mais elle était seule. Conspiration ou lâcheté, il n'y avait Rome que cela dans cette fatale journée du 19 novembre. Que de maux elle prépare la capitale du monde chrétien Le corps diplomatique était réuni auprès du Pape. M. Martinez de la Rosa déclara qu'on lui passerait sur le corps avant de péuétrer auprès de Sa Sainteté. Le Pape fit appeler les chefs de sa garde noble et leur demanda s'il pouvait compter sur leur courage il lui fut répondu Nous sommes pères de famille. Alors le Pape, se tournant vers le corps diplomatique, dit avec calme Comme souverain, je devrais résister; comme prêtre, je ne puis faire répandre le sang, et il fit an noncer qu'il cédait. Non-seulement les Transtévérins ne se sont pas abstenus dans la révolution, mais se sont eux qui se sont mis la tête du mouvement. Ce fut un Transtévérin, Bietta, qui perça la gorge Rossi de sou couteau ce furent lesTranstévérins qui allaient dans les rues du Babuiuo, del Corso, par la place Navonecriant Benedetla la mano che il tiranno, pugnalo On écrit de Rome au Tempo Dans le Café des Beaux-Arts est exposé le portrait de l'assassin du comte Rossi. On prélude par cet acte de vénération l'apothéose qui lui est préparée.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 3