2 On lit dans YUnivers Nous recevons d'une source certaine quelques détails intéressants sur les der niers moments des condamnés mort exé cutés samedi la barrière Fontainebleau. Ces deux hommes, changés par la religion, sont morts dans les sentiments d'une foi1 vive et d'une sincère pénitence Daix, il est vrai, avec une exaltation qui tenait son caractère, mais Lahr avec une résignation toute chrétienne, les fueilles publiques ont représentée, tort, comme de la faiblesse. Larh n'a point du tout protesté de son innocence sur l'échafaud, ainsi que les journaux l'ont dit: nous l'affirmons de la manière la plus positive. Ses dernières paroles, prononcées d'une voix ferme et énergique, ont été littéralement celles-ci Mes frères, priez pour moi... Je meurs en chrétien,... vous aussi, soyez tous de bons chrétiens... Jésus, Marie! Les exé cuteurs se saisirent alors de lui, et, durant tout le temps qu'on le lia, il ne cessa de crier haute voix cette même sainte invo cation: Jésus, Marie! Jésus, Marie! Jésus, Marie! qu'il répéta cinq ou six fois, et qui ne fut interrompue que par le fatal couteau. En descendant de voiture, il baisait une dernière fois le crucifix et disait Voici le moment d'aller au ciel Mon Dieu, ayez pitié de moi! C'est la pénitence de mes péchés. Sainte Vierge, priez pour moi ASSEMBLÉE ISA TIONALE DE FRA NCE. f On lit dans le Journal de Lille: Un violent incendie a éclaté dans la nuit du t4au 15, vers deux heures du matin, dans la manufacture de fil de lin appartenant M. Wagon. Cette manu facture a été presque entièrement la proie des flammes. On lira avec intérêt, croyons-nous, les renseignements commerciaux ci-après sur le dépar tement du Nordextraits du Journal de Lille La vente des cotons fins est toujours lente. St.-Quentin et Tarare vendent énormément de tissus courants, mais les beaux articles restent toujours sans demandes, ou bien les rares acheteurs qui se présentent ne veulent pas y mettre le prix convenable. Calais et Saint-Pierre ont un mouvement d^affai- res qui se soutient parfaitement. On remonte les métiers en tulles fin9, et les tulles de vente ont obtenu une légère faveur de prix. La position de nos sucres indigènes continue a être bonne. La hausse que viennent d'éprouver les exotiques sur le marché du Havre contribuera pour beaucoup au maintien des prix élevés et fera nécessairement augmenter les raffinés, Affaires toujours bien calknes dans les huiles. On ne veut encore aller qu'au jour le jour. A Armentières les choses se passent assez ron dement et nous avons vu. avec plaisir que les commerçants sont généralement satisfaits. Les opérations se succèdent presque sans interruption. Les magasins se vident et conséquemment la fabrique marche. Les filatures de laine sont toujours les plus favorisées. Oto travaille là comme dans les temps les plus prospères HOLLANDE. Le Journal dé La Haye annonce sous la date du 21 mars l'arrivée de S. M. Guillaume 111 La Haye Le Roi et la Reine, dit cette feuille, sont arrivés aujourd'hui k deux heures, k La Haye, dans une simple voiture de voyage; mais, prompteraent reconnues sur leur passage, LL. MM. ont été saluées par les acclamations de la foule jusqu'au moment où elles sont descendues k leur palais du Plein. La profonde émotion qui se lisait sur les traits de LL. MM. a puseule modérer les:transports et les acclamations de la foule. Sitôt après l'arrivée de LL. MM.S. A. R. le prince Frédéric des Pays-Bas, suivi quelques instants après de son auguste épouse, s'est rendu auprès du Roi. Tous les Ministres se sont réunis en conseil, aujourd'hui k 4 heures, au palais du Roi. FRANCE. Paris, 21 mars. Le bruit courait, le 17 marsa Marseille, que l'autorité militaire avait reçu l'ordre de suspendre les mesures relatives k l'expédion annoncée depuis quelques jours. Le Nouvelliste est d'opinion que la nouvelle phase dans laquelle vient d'entrer la question italienne, par suite de la reprise des hostilités entre le Piémont et l'armée autrichienne, pourrait-ex pliquer la réserve momentanée du gouvernement. Le 20 k midi, une touchante cérémonie a eu lieu k l'hôtel des Invalides. Le géuéral Petit a fait remise k Jérôme Bonaparte, gouverneur de l'Hôtel, du manteau impérial, de l'épée et du grand-cordon de la Légion-d'Honneur que l'Empereur portait k la bataille d'Austerlitz. Mgr. l'archevêque de Paris a faille 20, vers trois heuresune tournée aux halles et marchés il est monté d'abord sur le balcon de la halle aux toiles, et, après avoir donné sa bénédiction k la foule qui s'était rassemblée, il s'est mis en marche pour parcourir toutes les halles et leurs dépen dances. Plusieurs des journaux rouges de Paris sont poursuivis, pour leurs derniers articles sur l'exé cution des assassins du général de Bréa; l'assignation a eu lieu par citation directe Nous avons déjà signalé la présence du choléra daus la capitale; mais on verra, par les chiffres suivants, combien peu ou doit se préoc cuper d'une épidémie qui a déjà près d'un mois de date et qui a lait si peu de victimes dans nos hôpitaux civils Cholériques. Morts. Hôtel-Dieu, i4 7 Charité, 12 5 Pitié, 12 6 Salpétrière, 2 2 Saint-Louis6 3 Tel était le nombre des cholériques le 19 au soir. Du thé alcoolisé, des lavements opiacés, telle a été la médiation généralement usitée. Le National prétend que de nouvelles propositions viennent d'être faitesau gouvernement sarde pour l'engager a ne pas recommencer la guerre. La France et l'Angleterre garantiraient au Piémont la ligne de l'Adda et les duchés de Parme et de lVlodène. DISCUSSION SUR LES CLUBS. Séance du 20 mars. - Présidence de M. Marrast. M. Kerdrel termine son discours, au milieu des interpellations et des vociférations de la gauche. Si ces interruptions ont pour but de donner une idée des clubs, on réussit. (Bruit.) L'histoire des clubs se confond dans le passé avec celle de la Révolution; la République tomba pour s'être iden tifiée avec la Révolution. C'est un avertissement dont vous voudrez profiter. M. Pierre Leroux. L'orateur qui descend de la tribune a terminé par un avertissement mena çant. Messieurs, il y a toujours eu des hommes qui ont précipité les États vers leur ruine et pour moi l'orateur est un de ces hoinines. Ouiun homme qui soutient un projet de loi contraire k la Consti tution perd un État! C'est ma conviction, c'est la conviction de beaucoup d'entre vous, j'en suis sûr. Car vous savez que la liberté est le fonds de nos institutions nouvelles! Voulez-vous la République ou ne la voulez- vons pas? Si vous la voulez, vous ne devez pas ap plaudir le discours monarchien que vous venez d'entendre. (Rires a droite.) Si vous voulez la Ré publique, respectez la souveraineté du peuple. Non, vous ne devez pas porter la main sur le droit de réunion Citoyens, je m'étais fait inscrire, parce que je voulais vous apporter ici un témoignage de bonne foi. Je suis dans celte enceinte un de ceux quiont le plus fréquenté les clubs dans ces divers temps (rires k droite)et je m'en félicite (oh oh Oui, je m'en félicite, car je n'y ai jamais entendu autant de leçons d'immoralité que dans cette Assemblée. A droite. A l'ordre! k l'ordre! M. Pierre Leroux veut continuer de parler mais il en est empêché par les cris de la droite. A droite. Vous insultez l'Assemblée. M. P. Leroux. Je n'insulte pas l'Assemblée. A droite. Si! si! A l'ordre! M. le président. J'avais rappelé l'orateur k l'ordre au milieu du tumulte; je l'invite k s'ex pliquer. M. P. Leroux. Je n'insulte pas l'Assemblée, je dis seulement que j'ai entendu, de la part de quel ques membres, des choses que je n'ai pas entendues dans les clubs. (Ah ah Voulez-vous que je vous dise ce que j'ai vu dans les clubs? J'ai vu des choses qui proviennent du coeur!... J'ai vu nos concitoyens, nos frères, les ouvriers, attentifs pendant des heu res entières k des questions de science profonde. (Oh! oh!), a des études d'écouomie politique! Qu'y a-t-il? Comment cette Assemblée, sortie de la nation, peut-elle s'imaginer qu'elle est seule l'âme de cette nation de 36 millions qui marche k la suite de l'humanité? Je n'ai pas les manières du grand monde, je n'ai peut-être pas d'éloquence mais j'apporte un fait que vous pouvez constater! Non, la souveraineté ne se manifeste pas seule ment dans la représentation nationaleelle existe- dans les citoyens eux-mêmesdans le droit de réuuion, daus le droit de la presse! Citoyens, si vous violez ces droits, vous donnez ouverture au droit d'insurrection. (Sensation.) J'ai autre chose k vous dire encore si vous voulez le permettre. (Parlez' parlez!). Est-ce que vous n'avez pas la suffrage universel^ Peut-il s'exercer sans les communications qui doi vent exister entre tous les citoyens. Est-ce que la logique ici ne vient pas combattre tous les sophis- mes que l'on produit k l'appui de ce besoin de répression de nos libertés. Voyez-vous tous les projets se découvrent k la longue, et votre pensée est k nu aujourd'hui. C'est le droit d'association que vous voulez atteindre, et l'on vient se briser contre les racines profondes du socialisme. Il n'est pas atteint par les phrases dé cousues que vous avez entendues hier. (Rires.) On commence par frapper les clubs, et cependant croyez-moi bien, Messieurs, les clubs étaient deve nus de véritables séminaires pour le peuple. (Mur mures k droite.) Ceux qui veulent museler l'esprit humain, finis sent toujours par aller jusqu'aux plus folles exagé rations. Que voulons-nous?... Noos voulons la liberté, la tolérance. Que direz-vous quand on vous criera que vous avez relevé l'échafaud politique?... (Explosion de cris k droite.) M. Ernest de Girardin. On ne peut faire l'apologie de l'assassinat! Cris violents a droite. A l'ordre k l'ordre Le tumulte est extrême, les interpellations se croisent, et nous ne pouvons les saisir. M. le président. Je rappelle l'orateur k l'or- dre. (Bravos k droite.) A gauche. Continuez! parlez toujours! M. Pierre Leroux. Les passions politiques doivent avoir leurs bornes... M. Bérard. Vous faites l'apologie des assassins du général de Bréa. (Violents murmures k gauche.) A gauche. Parlez! ne vous arrêtez pas aux interruptions. A Droite. A l'ordre! k l'ordre! M. Pierre Leroux. Oh vos clameurs ne réus siront pas k faire taire ma conscience... Cris violents a droite. A l'ordre k l'ordre M. le président. L'orateur ne cherchant pas k expliquer ses paroles, ne fait que les aggraver; je suis forcé de le rappeler une deuxième fois a J'ordre. (Vives réclamations.) A droite. Très-bien! bravo! (Violent tumulte.) M. Pierre Leroux. Il n'y a rien k faire avec des aveugles. Mais rappelez-vous bien que c'est nous qui défendons le droit ici... (Cris a droite.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1849 | | pagina 2