JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3297. 32me année. TP3.3S, 5 Mai. Dans son numéro du Dimanche 29 avril, le journal des carions annonce d'un style bruyant et pompeux que le collège des 48,850 francs, depuis la rentrée des vacan ces, compte cent et trois élèves. Ce nombre, ajoute la feuille cartonnée, n'a pas été atteint depuis l'érection du collège de S'-Vincent de Paul, dirigé par le clergé séculier. Eh quoi! Mylord, de ce qu'un établissement soi-disant collège, dont la pension annuelle monte la somme exor bitante de vingt quatre francs, compte cent et trois élèves, y a-t-il lieu de crier au pro dige, et l'exposé du chiffre formulé par le Progrès ne suppose-t-il pas quelque bévue de votre part? Evidem inen t cent et trois élèves dans une maison d'éducation publique, dont le prix mensuel n'excède pas deux francs, où l'on admeigratuitemenlmémele premier venu, Eour le seul plaisir de vexer les contri- uables et de ruiner le trésor communal, n'est certes pas chose si satisfaisante, pour que l'on fasse accroire que lecolléged'Ypres retourne son ancienne prospérité. Loin de nous d'approuver cette manière déjuger. Bien autrement, nous pensons que le nombre restreint des élèves qui fré quentent cette institution, eu égard la protection outrée qu'on lui accorde, dé montre au moins clairvoyant l'état de dé crépitude de ses classes. Aussi, quand après s'être épuisés en promesses et menaces pour peupler les bancs déserts du collège de la ville, nos magistrats se sont vus obli gés de réduire la pension vingt-quatre francs par an, au détriment de tant de maî tres d'école, que cette mesure despotique est même de ruiner, chacun était loin de s'attendre voir le Progrès se flatter du succès qu'aurait obtenu ce procédé révol tant. Néanmoins ce journal se pavane du nombre croissant des étudiants dans le collège que la ville pâlronne avec tant de partialité que si, comme il est aisé de le remarquer, les efforts des protecteurs du collège communal tendent uniquement étaler une longue file d'élèves, nous enga geons vivemeut nos oligarques faire voler un subside par l'autorité locale, pour les parents qui, sourds jusqu'ici des manœu vres perfides, consentiraient dans la suite, mettre leurs fils dans l'établissement qui dans l'espace de dix ans a absorbé environ deux cent mille francs. On rapporte qu'il est question de rem placer le chronogramme placé au-dessus de l'entrée principale du collège communal de cette ville Hicjuvenes ad sacros forman- turlabores par ces mots: collège des 48,850 francs 24 francs par tête, aux premières aux secondes, on ne prend point d'argent: tout se fait pour l'honneur d'avoir beau coup d'élèves et pour le plaisir de com battre l'institution de S'-Vincent, dirigé par les prêtres. Depuis quelque temps l'on voit le sa medi étaler sur nos places publiques, une pâte que les marchands démontrent avoir la propriété d'argenter, et de rétamer vue d'œil les objets d'élain, ainsi que les ustensiles de cuisine; pareille faculté doit avoir le don et l'a en effet, de surprendre et d'ébahir nos crédules campagnards. Si jusqu'à ce jour l'autorité n'a pas trou vé convénable d'interdire la vente de pa reille marchandise, c'est croyons nous l'ignprance dans laquelle elle se trouve sur la composition nous ne pensons pas qu'il soit nullement déplacé de dire ici que tout eu faisant abstraction de la duperie que ces individus exercent cette pâte a la pro priété d'être nuisible la santé. Pour corroberer ce que nous avançons, il nous suffira de dire qu'elle est composée de craie et de mercure, que celle-ci con tient l'état latent; mercure qui a la pro priété de se déposer par le frottement sur le cuivre, le fer blanc, et l'or que celui-ci brise. En admettant donc que le possesseur de pareille pâte vienne s'en servir pour éla- mer ses ustensiles de cuisine, voici ce qui peut arriver et même ce qui doit arriver tout d'abord s'il porte une bague en or ses doigts il ne devra pas s'étonner de la voir se briser, (chose qui doit toujours être regardée comme desagréable) ensuite ses objets ayant été rétamés par ce procédé de frottement; la chaleur ayant la propriété de volatiliser ce métal liquide il s'identi fiera avec ces aliments destinés sa nour riture, et au bout de quelques jours il de vra recommencer l'opération et ainsi de suite jusqu'à ce qu'enfin il rémarquera mais, peut-être trop tard, qu'il est atteint soit d'une maladie destomac, de peau, ou de gencives; dont il ignorera peut être complètement la cause et qui n'aura été occasionnée par autre chose que par la pâte mercurielle. Ceci sera suffisant croyons nous pour pouvoir desiller les yeux de nos autorités constitués, qui reprimeront de tels abus, mais qu'ils doivent être comme nous le sommes par le désir d'être utile la santé publique. SACRE DE M". MALOU. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'aboiiue I Y prèsrue de Lille, 10, près la Grande Placeet chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'IBIIICHCIT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Uu n- aâ. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de obaque semaine (insertions IV eentln.es la ligne.) Cette importante cérémonie est l'une des solen nités que méritent le plus de rester gravées dans la mémoire des Yprois, puisque c'est un prélat qui la ville d'Ypres est fière d'avoir donné le jour qui en a été le glorieux objet. Le 1" Mai, mardi, par un temps superbe, longtemps avant l'heure fixée pour la cérémonie, des flots de curieux assiègeot les portes de la cathédrale h Bruges. A huit heures et demie les personnes munies de cartes sont admises aux estrades. Elles sont enva hies en un moment. Sur la principale viennent s'asseoir les membres mâles de la famille Malou ainsi que toutes les autorités civiles et militaires, tant de la ville que de la province; sur quelques uns des premiers bancs se presse l'élite du pays. Sur l'estrade en face on remarque les trois sœurs du nouveau prélat Une autre estrade où s'élève nn autel chargé de riches ornements attend les prélats qui doivent prendre part h la solennité. A neuf heures le cortège épiscopal entre dans la cathédrale, suivi des chanoines de la cathédrale et des principaux membres du clergé hrugeois; bientôt après, le public en masse est admis dans les nefs latérales, et la sainte cérémonie commence. C'est Mgr. le cardinael-archevêque de Malines qui préside la consécration. Il a pour assistants les évêques de Liège et de Tournay. Tous les autres évèquesdont on a annoncé l'arrivée sont présents, moins Mgr. Dupanloup et Mgr. Monnet, évèque de Pella. Les prélats, non compris Mgr. Malou, sont donc au nombre de duuze, quatre archevêques et huit évêques. Pendant toute la cérémonie le plus grand re cueillement n'a pas cessé de régner dans cette foule innombrable qui en était témoin; aucun bruit, aucune rumeur n'est venue troubler le silence religieux gardé par l'immense multitude. La cérémonie du sacre a duré plus de trois heures; elle ne s'est terminée qu'à midi un quart. Après la cérémonie religieuse, le cortège s'est formé. S. E. Le cardinal archevêque de Malines entouré des archevêques et évêques, tous revêtus de leurs habits pontificaux, précédé d'un clergé nombreux et surplis et suivi de toutes les autorités civiles et militaires de la province et de la ville s'est rendu processionnellement l'évèché par la rue des Pierres, la place Simon-Stevin et la rue Notre Dame. Rien ue peut rendre l'effet produit par la marche de ce cortège imposant; la richesse, ia beauté et la diversité des costumes, l'empresse ment de la multitude, les décorations des rues traversées au bruit sonore des cloches de la cathé drale, tout contribuait h augmenter l'éclat de cette partie de la fête. A l'évêché une scène bien attendrissante atten dait tous ceux qui faisaient par.tie du cortège. Lors que Mgr. Malou est arrivé, M. Malou père l'a reçu dans ses bras et l'a embrassé jusqu'à trois fois avec une effusion et une tendresse qui ont ému tout le monde. Après cette expansion de sentiments si naturels dans un pareil moment, les principales autorités se sont empressées de complimenter le nouvel évèque qui a reçu tout le monde avec une affabilité qui déjà lui parait avoir gagué tous les cœurs. A trois heures tous les invités au banquet se sont rendus en voilure au séminaire épiscopal situé vingt minutes de l'évêché. Les rues que l'on devait parcourir et surtout celle le long du canal étaient décorées et pavoisées. Là, comme près de la cathédrale, la foule était nombreuse et compacte. Son Eminence le cardiual présidait au banquet, il avait sa droite M. le comte De Muelenaere et sa gauche Mgr. Malou. M. Malou père était placé vis-à-vis du cardinal et il avait sa droite Mgr. l'archevêque de Tyr et sa gauche Mgr. l'archevêque de Paris. Rien de plus beau, rien de plus majestueux que cette assemblée qui était une vraie réunion de famille, d'hommes éininents par

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Le Propagateur (1818-1871) | 1849 | | pagina 1