FRANCE. Paris, 3 juin.
Le choléra, qui paraît toutefois en
décroissance, continue de faire de nom
breuses victimes. Le décès de M. Crespel
de Latouche, avocat très-distingué, repré
sentant du peuple, a été annoncée hier
l'Assemblée législative par le président.
Cet honorable membre a succombé une
foudroyante attaque de choléra. On annon
çait hier soir que M. Peupin avait subi une
atteinte de l'épidémie pendant la séance et
que M. Baune, du Loiret, était sérieusement
indisposé.
On dit que M"4 la maréchale Berthier,
princesse de Wagran, et parvenue d'ail
leurs un âge très-avancé, vient de mourir
la suite d'une attaque cholérique. C'est
une perte douloureuse pour les pauvres
du faubourg S'-Germain, dont elle était la
providence.
A Paimbœuf, le choléra produit une
panique générale. Tous les habitants qui
peuvent quitter la ville, se retirent précipi
tamment dans les campagnes voisines. Si
les renseignements sont exacts, le chiffre
considérable des décès justifie les vives
alarmes de la population de Paimbœuf.
M. de Lesseps, l'envoyé français en Ita
lie, est définitivement rappelé. On annonce
qu'uue maladie célébrale a mis M. de Les
seps dans l'impossibilitéderemplir pendant
quelque temps ses fonctions.
Un journal contient ce malin, la nou
velle suivante, que le Moniteur ne confirme
pas
Au moment de mettre sous presse, nous
apprenons qu'une dépêche arrivée au
jourd'hui au ministère des affaires étran
gères annonce la reprise des hostilités
entre l'armée française et les Romains
les Français ont commencé l'attaque; le
général Oudinot a fait avancer l'artillerie
et Rome a été canonne'e et bombardée.
La dépêche ne dit pas quelle a été l'issue
du combat.
La Sentinelle, journal de Toulon, du
30 mai, donne les nouvelles suivantes
La frégate vapeur VAlbatros, qui a
quitté Civita-Vecchia, le 26, est arrivée
hier dans notre port. Nous avons appris
par celte voie que M. de Lesseps avait
quitté Rome la suite du refus opposé aux
dernières propositionsdu générai Oudinot.
On lit dans le Courrier de Marseille
On annonce qu'un ordre arrivé de
Paris dans la journée d'hier, prescrit l'em
barquement pour l'armée expéditionnaire
Le jeu du cerceau est du nombre de ceux que
l'on devrait prohiber sur la voie publique.
Un jeune garçon de 8 ans s'est noyé samedi
dernier hors la porte de Valenciennesa Tournai.
Ce petit malheureux avait voulu rattrapper son
sabot qui était tombé dans l'escaut. Aux cris que
poussèrent ses petits camarades un compagnon
treilleur accourut et s'étant fait indiquer la place
où il avait péri, il se mit h plonger a plusieurs
reprises. A la 5° fois il le ramena au-dessus des
Ilotsmais il était trop tardl'asphyxie était com
plète.
Un événement bien déplorable s'est passé
dans la nuit du 27 au 28 mai h Mompach, canton
d'Echternach (Luxembourg). Un individu de ce
village, bon et paisible propriétaire, fut subitement
atteint d'alliénation mentale, et dans un paroxysme
de frénésie tua sa femme a coups de hache; il
disparut ensuite de la maison. Jusqu'à ce moment
on ignore ce qu'il est devenu.
On écrit de Grenade, la date du 20 mai
Ce matin, 5 heures, oous avons ressenti un
fort tremblement de terre qui a duré une minute
environ. Nous dormions profondément, lorsque
nous sentimes nos lits s'agiter et que nous vîmes
les meubles se mouvoir, les portes et les murailles
osciller. 11 y avait plusieurs années qu'on n'avait
éprouvé une pareille convulsion. Depuis celui de
i8o4, où la population fut obligée de camper sur
les places, les tremblements avaient été un peu
inoins sensibles mais aujourd'hui le phénomène
s'est montré dans toute sa redoutable majesté.
Quelques maisons se sont lézardées, des éboule-
menls partiels ont eu lieu, mais il n'y a pas eu
de victimes. Ce tremblement s'est fait sentir éga
lement dans plusieurs localités de la province, où
il aurait renversédit-onplusieurs localités de la
province, où il aurait renversé, dit-on, plusieurs
édifices publics.
Suivant un journal anglais, nous serions sur
le point de voir s'accomplir un événement étrange.
La duchesse d'Angoulêine, punie par ses remords,
relevée d'ailleurs du serment qu'elle avait fait de
garder un secret terrible par le Pape, qui l'a même
engagée le divulguer, serait sur le point de le
faire. Nos lecteurs nous demandent de quelle mys
térieuse affaire le journal anglais veut parler, nous
ne les ferons pas lauguir plus longtemps. Il s'agit
du fameux baron de Richemont, le prétendu fils
de Louis XVI, que la duchesse d'Angoulême n'hé
siterait plus reconnaître comme son parent.
Si l'on en croit le journal anglais le Globe, les
négociations entre la duchesse et M. de Richemont
touchent h leur terme. Mais celui-ci exige une
réparation publique, une reconnaissance éclatante.
A cela seulement se borneraient ses prétentions.
Le Globe ajoute quelques détails a cette nou
velle, dont nous lui laissons toute la responsabilité.
Ainsi, c'est aux exigences des alliés et l'ambition
de Louis XVIII que M. de Richemond a été sacri
fié. H a passé sept années au Spielberg, et l'on
assure que l'empereur d'Autriche possède des
détails iiitéressans sur ce personnage.
Eufin, le motif qui aurait engagé la duchesse
d'Angoulême se faire la complice de Loui XV11I
serait la meuace faite par ce dernière, de rendre
publique une correspondance de Marie-Antoinette,
d'où il ressortait clairement que ses deux enfans
étaient adultérins.
Nous n'avons pas besoin de dire combien nous at
tachons peu d'importance ce prétendu secret.
C'est là d'ailleurs une affaire de famille qui ne
relève guère que des journaux dévoués l'enfant
de miracle. Seulement, nous ne pouvons nous em
pêcher de remarquer que ces faits sont rapportés
par une feuille du part tory ces éternels ennemis
de notre révolution, qui termine ses réflexions sur
cette étrange affaire, en disant que l'histoire mys-
tériese des Bourbons, si fertiles en scandales, et
même en crimes, autorise toutes les suppositions.
On lit dans The Buildersjournal des ar
chitectes
Il y a quelque temps, les employés de la
douane New-York furent passablement étonnés
de voir débarquer solennellement, d'un bateau-
vapeur anglais, six douzaines de statuts colossales
représentant lord Brougham. Elles étaient en
plomb, et furent rangées sur deux lignes, le long
du quai, se faisant face les unes aux autres, ab
solument comme les Sphynxs placés devant les
Pyramides d'Egypte.
Quesignifiecette plaisanterie? demandaient
les préposés au capitaine du navire marchand.
Ce n'est point une plaisanterie, répondit-il
avec un admirable sang-froid. Les admirateurs du
talent de lord Brougham envoient toutes les
principales villes des Etats-Unis un exemplaire
de sa statue, moulée Manchester, et destinée la
décoration de leurs places publiques.
Il va sans dire que les douaniers n'ajoutèrent
pas la moindre créance cette défaite, et nos lec
teurs sauront aussi bien qu'eux quoi s'en tenir
lorsque nous leur aurons dit que les droits d'entrée
sur le plomb sont fort élevés aux États-Unis, mais
que les 0ouvres d'art y sont exempte de toute
taxe d'importation.
Les statues de lord Brougham ont fourni des
balles la campagne du Mexique.
cour d'assises de la flandre occidentale.
Audiences du 29 et 3o mai.
Le nommé Pierre Kiepe, fils d'Ignace, âgé de
5o ans, tisserand, né Ruinbeke et domicilié a
Ledeghem,convaincu d'avoir,le 5 novembre i848,
assassiné, dans la ferme occupée par Dufoort, la
uommée Agnes Geldhof, a été condamné la
peine de mort, dont l'exécution se fera sur une des
places publiques de la ville de Bruges.
Audience du 5i mai1" et 2 juin.
Le nommé Vital Barbier, fils de Pierre, âgé de
4o ans, charpentier et boutiquier, né et domicilié
Roulers, convaincu de banqueroute frauduleuse,
faite Roulers dans le courant de février i848,
pour étant en état de faillite, 1° ne pas justifier de
l'emploi de toutes les recettes, 2° avoir détourné
au préjudice de la masse créancière des marchan
dises et effets mobilierset 3" avoir tenu des livres
qui ne présentent pas sa véritable situation active
et passive, a été condamné huit années de
travaux forcés, l'exposition et aux frais du procès.
M. Od. Barrot doit présenter, l'une des pro
chaines séances de l'Assemblée législative, un pro
jet de décret portant demande de nouveaux crédits
pour l'expédition d'Italie. C'est cette question
romaine sera traitée fond et décidée par l'As
semblée législative.
M. Lamartine fait annoncer en ce moment
son prochain départ pour l'Orient.
Ce matin ont eu lieu, l'église de Madeleine,
les obsèques de M. Crespel de la Touche, repré
sentant du peuple, récemment réélu par le dépar
tement du Morbihan.
Le maréchal Bugeaud va, dit-on, quitter
Paris prochainement pour aller reprendre le com
mandement de l'armée des Alpes.
M. de Rospigliosi, ancien commandant de la
garde nationale romaine qui appartient au parti
libéral modéré, vient d'arriver Paris.
Hier, vers deux heures, une scène affreuse se
passait sur le pont National en face les Tuileries.
Trois dames furent les victimes d'une terrible ven
geance. La plus jeune reçut dans la figure tout le
contenu d'un verre d'acide sulfurique qu'un bomme
lui lança avec le plus grand sang-froid. Les deux
autres furent aussi atteintes par cet acide, maÎ9
moins fortement. L'auteur de cette attrocité fut
immédiatement arrêté par deux citoyens; il De fit
aucune résistance et s'avoua l'auteur du aime qu'il
avait commis pour se venger de sa femme qui,
disait-il, lui avait dépensé plus de deux cent mille
francs en deux ans, et que par sa conduite il se
trouvait entièrement ruiné.
On a parlé de la mort du colonel Pesson, du
22e léger, arrivée près de Rome. Voici des détails
Le brave colonel du 22e léger est mort subi
tement, le 17 mai, la villa Mattei, près de Rome,
encore dans la force de l'âge.
C'est dans la matinée du 17 que M. Pesson, se
trouvant au rapport, un caporal vint l'avertir que
M. le général Chadeysson voulait lui parler. 11
n'avait pas fait cent pas qu'il se sentit une douleur
au côté; il tomba aussitôt, et sans proférer une
seule parole, entre les bras de deux soldats du
68" de ligne. Une saignée fut pratiquée l'instant,
mais sans résultat le colonel avait cessé de vivre.
Pari». 4 juin.