JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
TVo 3321.
33me année.
7PS.SS, 28 Juillet.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Oû s'aboune A Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
Paix DE L'ABOIKEREXT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3-5o. Un n° 2Î.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCItÉDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.)
S'il est une compagne inséparable du
libéralisme voitairien, c'est sans nul doute
une basse duplicité. Un journal qu'il nous
répugne toujours de nommer, nous dis
penserait au besoin de recourir l'histoire
pour établir l'exactitude de cette assertion.
Ainsi nous avons vu cet organe de nos
oligarques étaler sans cesse des sentiments
de libéralisme et de générosité, et ne faire
preuve cependant que d'intolérance et d'é-
goïsme; nous l'avons vu protester de son
respect pour les choses saintes, tout en les
poursuivant de ses sarcarmes et de ses
calomnies.
L'avant-dernier N° du Propagateur lui a
encore fourni l'occasion d'une attaque des
plus déloyales. Rendant compte d'une fête
offerte par les élèves du Collège S'-Vin-
cent leur Principal, nous avions écrit ce
qui suit Un beau feu d'artifice compléta
cette paisible fête de famille, et c'est peine
si les menaces assez intempestives d'un agent
de police faillirent troubler un moment celte
délicieuse soirée. On reconnut fort propos
l'impulsion d'où partait un si étrange vélo.
La feuille libérâtre s'efforce de critiquer
ces mots avec une bénignité apparente,
travers laquelle ne tarde guère de percer
le fiel de sa colère. S'il faut l'en croire,
c'est l'action de la police que nous nous
attaquons. Pourtant qu'on relise l'article,
objet des critiques du Progrès, et l'on se
convainquera aisément que nos paroles
n'incriminaient rien que les intentions évi
dentes qui donnèrent l'impulsion cette
mesure. Nous la qualifiâmes d'asseï intem
pestive, d'étrange veto; eh! quel autre nom
donner des menaces commandées par
cet échevin qu'on vit accourir 'de chez lui
au bureau de police, se faisant un plaisir
de déchaîner un garde de ville sur une
respectable maison, tandis que la proxi
mité de sa demeure lui permettait de faire
cesser un oubli bien explicable avec plus
de célérité et surtout plus de convenance.
Certes ce n'est pas le journal en question
qui- nous fera accroire que le zèle seul de
la loi détermina celte démarche; il est
d'autres sentiments que certains magis
trats nous ont appris leur connaître.
Quoi donc, nous aurions eu l'idée au
moins ridicule de nous attaquer la loi?
Mais alors que signifient les réflexions par
lesquelles nous terminons notre compte-
rendu? Réflexions qui, on ne le nous
déniera pas, ne peuvent évidemment s'a
dresser qu'au sans-façon par trop prononcé
des hommes de l'acabit du petit échevin;
réflexions sans le moindre à-propos si
nous n'avons eu en vue un simple règle
ment de police.
Et cependant, c'est sur une alléguation
aussi fausse que se fonde la feuille libérâ
tre pour nous adresser des remonstrances
S[u'il ne lui apparliept d'ailleurs pas de
aire. Ah! certes ce n'est pas l'affidé d'un
parti dont la seule unité de vues a consisté
jusqu'ici battre en brèche le principe de
l'autorité; ce n'est pas au pamphlétaire
qui déverse incessamment la noirceur de
sa bile sur le pouvoir le plis sacré pour
l'homme, celui de la religion ce n'est pas
lui, disons-nous, se poserle champion
de ce principe qu'il ne cesse de mécon
naître! 0 nous le savons, patrons du Pro
grès, vous êtes aussi des horrmes de pou
voir, et ce pouvoir là vous est cher; mais
ne tiendriez-vous plus honneur d'être
les disciples de cet homme qui souhaitait
de voir pendre le dernier des rois avec tes
boyaux du dernier des prêtres
Les traits sarcasliques que l'écrivain
progressiste se plait décochîr contre une
jeunesse peu savante en matière législa
tive, ne sont pas dignes d'une réponse
nos yeux. Mais l'opinion pqblique saura
bien apprécier la source d'où découle un
blâme aussi pitoyable qu'injurieux. Car
nous aussi nous en appelons elle, alors
que le Progrès ne craint pas de s'exprimer
ainsi A nos raisons, on repondra par des
injures, chacun sa méthode; l'opinion pu
blique décidera laquelle est la meilleure.
liaisons étranges, en vérité, qui ne trou
vent d'appui que dans une fausse interpré
tation de nos paroles.
Injures!.... Mais de quelles injures aurait
droit de se plaindre le cynique journal,
qui jamais ne recula devant l'odieux des
plus injustes diatribes. Rappelons toute
fois que pour certaines gens il n'est pas
d'injures plus cruelles que le cri de la
véritç et l'expression d'une juste plainte;
ces gens, on les connait; nous ne les nom
merons point.
iQgoen»
Hier vers les onze heures du malin, deux frères
nommés Anchaert, travaillant dans un champ de
tabac près le moulin h eau, Warnêton, furent
surpris par l'orage. Ils abandonnèrent leur travail
pour chercher un abri dans une maison voisine
lorsqu'un éclair a tué Joseph h côté de son frère.
Jeudi une femme accusée de vol était sur le
point d'être condamnée h 3 années d'emprisonne
ment. La sentence paraissait imminente en dépit
des efforts éloquents de son avocat. Uu employé
du Lombard la reconnaissait formellement jiour y
avoir reçu d'elle les habillements soustraits. Dans
les protestations que le danger lui arrachait, la
prévenue s'écrie tout h coup comment pourrais-
je être coupable, h l'heure où l'on prétend
m'avoir vue au Mopt-de-Piété, je recevais chez
moi, 'a une lieue et demie de la ville, un exploit
d'huissier. On demande de suite de quel
huissier elle l'ignorait. Fortuitement l'huissier en
question était présent h l'audience, et après con
frontation reconnut le fait. Ma tache est ache-
vée, dit noblement M' Vandaele, c'est un coup
ide la providence, Dieu n'a pas voulu qu'uue
innocente fût punie par méprise. L'acquitte
ment fut en effet prononcé h l'instant au milieu
de l'émotion visible des magistrats et de l'audi
toire. L'assistance divine prête ainsi de temps h
antre d'une manière frappante son concours h la
faiblesse de la justice humaine, soit pour condam
ner soit pour absoudre.
Monsieur le Rédacteur du Propagateur
Depuis Fépoque où j'eus l'honneur de vous adresser mes
dernières remarques concernant la. manière d'élever l'enfant
du peuple, il s'est déroulé bien des affaires sur le théâtre
public. Peu versé dans la science aride de la politique ej:
n'aimant guère les débals irritants et monotones qu'elle suscite,
j'ai assisté comme spèotateur la scène laissant des per
sonnes plus compétentes et plus habiles le soin d'y paraître
comme acteurs.
Je ne songeais rien mieux, que de voir sommeiller plus
longtemps ma plume défaillante, quand le Toile, Toile lancé
contre les Jésuites par un professeur de collège, la fit sortir
de sa quiétude habituelle. En vérité, Monsieur, je m'intéresse
trop vivement au bien-être du jeune âge pour que je me
refuse venger, avec la bourgeoisie éclairée et sage, ses pro
tecteurs les plus infatigables et les plus zélés, contre les injures
dérisoires de l'ignorance ou de la haine aveugle et passionnée.
Telles sont en effet, selon moi, les conclusions tirer de
ces paroles de M. Gorrissen; Je n'appartiens pas l'école des
Jésuites: ou l'auteur est totalement ignorant en fait d'histoire,
qui démontre au moins clairvoyant que de tout ce qu'on rap
porte au sujet des Jésuites, il n'y a de prouvé que le bien qu'ils
ont fait nu la plus insigne mauvaise foi préside son écrit.
Dans les deux hypothèses sa manière d'agir est inexcusable
devant l'opinion, puisque dans le premier cas, les reproches
que supposent les sarcarmes de l'impudent professeur sont
frappés d'un vice radical qui leurôte toute force, toute autorité,
le défaut de preuves; et que dans l'autre alternative, M.
Gorrissen, les annales l'appui, ne pouvait oonspuer les Jé
suites sans commettre une injustice leur égard.
Quels seraient vrai dire, les motifs qui expliquent la haine
cordiale que portent certaines personnes contre les Jésuites?
Est-ce parce qu'ils ont policé lés sauvages de l'Amérique et
porté la lumière de la foi dans l'Afrique et dans l'Asie qu'on
en veut A ces hommes inoffensifs? Dites-le nous, MT le pro
fesseur, quelles raisons plausibles vous excitent contre les dis
ciples des Ignace et des Xavier? Leur présence vous inspire-
t-elle des craintes quant la chose publique Levez les regards
sur la Suisse, considérez les malheurs de l'Italie, réfléchissez
sur l'infortune de la France et puis daignez nous raconter
ce que peuvent avoir gagné ces peuples en exilant ces vail
lants grenadiers, comme les appelait Voltaire, qui, probable
ment orne lès rayons de votre bibliothèque et toute la philo-
sophaille. Il est superflu de citer le témoignage rendu par le
ministre protestant baron de Strack, par Henri IV, et Ferdi
nand II, les gages constants de sécurité et de bonheur qu'ils
offrent dans nos provinces chéries, indiquent assez la vérité
de ces paroles du grand Frédéric Les Jésuites sont des re
nards qui défeudent les nations contre les loups qui cherchent
les dévorer.
Serait-ce peut-être dans leurs collèges que M. Gorrissen
puise ses griefs infâmants pour les Jésuites? Mais, n'est-il pas
vrai que dans toutes les villes où ils ouvrent une maison d'édu
cation, aussitôt des élèves nombreux, souvent membres des
premières familles, viennent se placer sous leur* direction
paternelle, comme jadis Fribourg et S*-Acheul. Celte con
fiance que leur accordent les pères et mères de famille, n'at-
teste-t-elle pas de la manière la plus frappante, leur capacité,
l'excellence de l'éducation qu'ils donnent la jeunesse et la
haute utilité de leurs servioes Vainement cherchera-t-on
contester la- pureté de leurs principes il suffit de peser la
haiue profonde et implacable que leur ont voué, dans tous
temps, les ennemis de l'ordre public, et ce signe on recon
naîtra l'ardeur de leur zèle pour les intérêts de la religion et
de la société.
Devant des faits de nature aussi flagrante, ne semble-t-il
pas que la sortie de M. Gorrissen coutre les Jésuites est aussi
déloyale qu'iucouvenante? Qu'importe il est vrai, des gens
que l'or seul paraît guider, qu'on les conduise dans ces éta
blissements dédiés la jeunesse, où la religion et les sciences
se donnent le baiser mutuel, travaillent réaliser l'espoir que
fondent les familles sur ce qu'ils oui de plus cher eu ce
monde! Vertueuse avant toutl Telle n'est point lajeunes.se
qui convient aux projets d'un parti, dont cei tains pédagogues