JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
I)
N° 3329.
33™e année.
Août.
ENTRÉE SOLENNELLE DE M" MALOU,
A YPRES.
De mémoire d'homme on n'a vu éclater
dans l'antique cité d'Ypres une ardeur et
un enthousiasme aussi vifs qu'à l'occasion
delà visite pastoralede Monseigneur iMalou,
Evêque de Bruges. Déjà plusieurs jours
avant l'arrivée de l'illustre Prélat,d'innom
brables bras s'occupaient des préparatifs
de la fête du 22 de ce mois; mais c'est
surtout le jour même de l'entrée de sa
grandeur, que la ville offrit un spectacle
d'activité rare et sympathique dès 3 heu
res du malin, de milliers d'ouvriers en
combraient toutes les rues, entrelaçant
des sapins de guirlandes de verdure, et de
festons les plus frais. Ici l'on mettait les
derniers décors une porte triomphale;
là on livrait des drapaux multicolores aux
jouets des zéphyrs. Partout le marteau
matinal du journalier invitait l'Yprois la
fête, et ses joyeux battements gonflèrent
les cœurs les plus endormis, d'un légitime
orgueil et d'une juste fierté.
L'arrivée de notre compatriote Êvêque
était fixée 10 heures! et chacun se mon
trait jaloux de voir les ornements de son
voisin. A 7 heures les rues les plus spa
cieuses regorgeaient de spectateurs; la
joie était écrite sur toutes les figures, et le
bonheur commun reflétait dans chaque
quartier.
Mais l'horloge bientôt marquait l'heure
jamais attendue; et le cortège se mit en
marche pour aller audevant de celui dont
le nom mille fois béni était gravé en lettres
d'or sur toutes les poitrines. Inutile de
rapporter ici quel flotde monde,s'empressa
d'être témoin de la réception que les di
verses autorités ménageaient celui dont
le savoir et les vertus venaient d'ennoblir
sa cité mère! Chacun considérait avec ra
vissement cette foule énorme qui avait
suivi le cortège jusqu'à la lente placée hors
de la porte de Menin, et qui stationnait le
long de la chaussée; quand un gendarme
posté en estafette donna le signal de l'ar
rivée du héros de la journée. En arrivant
sur les lieux témoins de son enfance, les
premiers regards de Mgr. Malou s'arrê
tèrent sur un magnifique arc de triomphe,
placé près de l'ancienne citadelle, par les
soins de MM. Verschaeve et Verfaille et
sur lequel on lisait les vers latins suivants
d'un si bon propos
Mais c'est surtoutau moment où Mgr.
Malou, entra dans le pavillon d'honneur
que la scène était belle jusqu'à être atten
drissante. En vérité bien des larmes de
joie ont sillonné les joues des nombreux
témoins, lorsque la musique se mit en
tonner l'air si bien choisi où peut-on être
mieux qu'au sein de sa famille! L'émotion
visible du Prélat trahit assez les sentiments
qu'éprouva son âme, dans cet instant su
blime, où, perçant les plus chaleureux
Vivais d'une foule enthousiasmée la voix
mélodieuse des instruments prononça le
doux nom de famille
Après les compliments d'usage du res
pectable Bourgmestre, et de notre digue
curé doyen, l'escorte d'honneur se mit en
marche dans l'ordre suivant
Un détachement dè genffarmes cheval;
deux pelotons de la garde civique; la mu
sique de la garde civique; un peloton de
pompiers; la musique des pompiers; la
société des frères d'armes; les sociétés
d'archers de S' Sébastien, de l'Hoekje et
de Guillaume Tell; la société des chœurs;
un peloton de sapeurs pompiers, et deux
pelotons de la garde civique; la demi-bat
terie d'artillerie de la garde civique; les
marguilliers des quatre églises; les diffé
rentes confréries avec leurs bannières; le
clergé; Mgr. I'Evêque sous le riche palda-
quin de S1 Martin. Suivait ensuite une lon
gue file de voitures portant toutes les no
tabilités de la cité; un peloton de la garde
civique, suivi d'un détachement de gen
darmes fermaient la marche.
A l'arrivée de Mgr. en l'église de S' Mar
tin sa grandeur administré le sacrement
de confirmation Une multitude de jeunes
gens. A midi un banquet a été offert Mgr.
I'Evêque par le doyen de celte ville. Les
différentes autorités avaient reçu des in
vitations au festin. La plus franche cor
dialité n'a cessé de marquer toute la durée
du repas. A 4 heures Mgr. Malou a assisté
la distribution des prix aux élèves du
collège S' Vincent de Paul. Une courte
allocution prononcée par I'Evêque, sur la
nécessité d'allier la Religion toutes les
connaissances, comme étant le principe
du véritable bonheur de l'homme, et la
base des devoirs que le citoyen doit sa
patrie, a terminéecettë brillante journée.
Le soir une illumination majestueuse et
féerique a été comme improvisée par toute
la ville. Un feu d'artifice a été tiré la
cour du collège en présence de Mgr. Malou.
Après cette réjouissance, sa grandeur a
parcouru toutes les rues de la ville, suivi
d'un nombreux cortège. Partout sur son
passage le peuple saluait I'Evêque de ses
transports et de ses clameurs d'allégresse.
Le cri de Vive Mgr. Malou retentit1 pendant
une heure entière d'un bout l'autre de la
ville et les cloches de toutes les églises
marièrent leurs bruyants accords aux ac
clamations de la foule. Parmi les maisons
qui ont surtout excité l'admiration de notre
illustre concitoyen nous devons citer celle
de MM. Vandermeersch-Deneckere, Valcke-
Hage, Decoene-VandeghenNolf-Denys,
Franç' Bossaert, Lagrange-Doncker, Baus-
Hof, et J. Vulsteke. Le gout exquis avec
lequel ces façades étaient ornées enlevaient
tous les suffrages.
Bref, chaque citoyen d'Ypres a rivalisé
de zèle et d'ardeur pour fêter dignement
son Evêque. Mgr. Malou nous en sommes
persuadés, gardera longtemps la mémoire
des hommages que lui rendirent ses chers
concitoyens; et la cité de son coté n'ou
bliera jamais le souvenir de la gloire que
son fils bien-aimé a fait rejaillir sur elle.
Les jours qui viennent de s'écouler lais
seront un éternel et bien doux souvenir
dans le cœur de tous les Yprois. Ils ont
montré l'irrésistible force du sentiment
religieux profondément remué par la pré
sence d'un homme supérieur, dont le
caractère auguste inspire la vénération
générale. Ils ont vu disparaître tout dis
sentiment, s'éteindre toute passion pour
rendre en commun de dignes honneurs au
plus digne fils de notre antique cité. Ils
ont vu les partis se donner la main, et le
bonheur de l'union régnait sans partage.
Nous nous étendrons sur ces réflexions,
sur le besoin de ne' pas laisser s'évaporer
comme un stérile éclat les heureuses dis
positions des habitants, s'il ne valait pas
mieux de laisser éclore spontanément tout
le bien qu'il est plus légalement que jamais
permis un vœu public de se promettre.
Nous nous bornons rappeler quelques
particularités du séjour de Mgr. I'Evêque
dans nos murs, en continuant la narration
de notre dernier numéro.
Nous avons laissé S. G. la distribution
des prix aux élèves du collège S'-Vincent
la Halle. L'évêque avait pris place une
tribune qui lui était destinée. L'immense
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Y prèsrue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
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le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREI.)
de chaque semaine. (Insertions f centimes la ligne.
Ipra allum depelle nietum, depelle dolorera;
Sat lacryniis votisqne dalum est. Applander'e civis
Nudc juvat En prœsul, quo non est dignior aller
Nulli impàr rueritis, nu11 i virtulfbus impar
Hune rotnana sacrat tib.ï curia, docta magislrum
Quamvis Lovanii exoptat relinere palœstra.