salle qui occupe en longueur toute la moi
tié du bâtiment depuis le Beffroi jusqu'au
Nieuwwerk était entièrement comble. Tout
ce que la ville renferme de distingué s'y
était donné rendez-vous. L'empressement
du public dépassait tout ce qui s'est vu
dans ces sortes de solennités. Il est résulté
de la consigne des pompiers quelques qui
proquo regrettables, malgré le zèle qu'ils
déployaient. Le mouvement d'une assis
tance toujours croissante rendait par mo
ments difficile de bien comprendre la pièce
des Savoyards que de jeunes élèves ont
représentée avec une parfaite intelligence
des rôles et un bon accent.
Lors de la proclamation des vainqueurs,
les notabilités qui présidaient la séance
se sont rangées en hémicycle sur le théâ
tre. Au milieu était assis Mgr. l'Evêque, il
avait sa droite M. le baron Vandersti-
chele, notre bourgmestre, sa gauche M.
Biebuyck, ancien représentant, président
du tribunal civil. Puis on remarquait de
part et d'autre M. le Doyen, MM. les éche-
vins, des membres de la commission du
collège S'-Vincent, des chefs militaires, etc.
S. G. a daigné couronner différents lau
réats entr'autres celui de rhétorique, M.
Eugène Struye, qui a prononcé un beau
discours de congratulation envers Mon
seigneur, de reraercîment ses maîtres, et
d'adieu ses condisciples. Dans un lan
gage la fois noble et respectueux per
çaient les principes d'une éducation solide
et une chaleur de conviction qui autorise
de flatteuses espérances.
Mais qu'il était imposant et solennel ce
silence religieux qui dominait l'assemblée
si nombreuse, lorsque le prélat se levant
prit lui-même la parole et d'une voix claire
et sonore improvisa une allocution pleine
d'entrainement sur l'importance de l'en
seignement et sur la nécessité de placer la
religion la tête dé l'enseignement. 11 dit
aux élèves que les détails des sciences, de
la grammaire, de l'histoire, qui pouvaient
leur paraître parfois de petites choses,
étaient ce qui pouvait les rendre des hom
mes utiles la patrie. Il rappela tout le
monde que le bonheur de l'homme est
moins dans l'esprit que dans le cœur, que
l'éducation doit avant tout s'adresser du
cœur, et former le cœur par la religion.
11 manifesta sans détour ses vives sympa
thies pour le collège deSl-Vincent-de-Paul,
parce que c'est sur cette base qu'est fondé
surtout le système d'éducation. Ne négliger
aucune étude, mettre la religion la tête
de toutes les études, tel est le conseil què
l'illustre orateur laissait tomber avec une
douceur qui n'ôtait rien sa gravité et que
personne ne pouvait s'empêcher d'accueil
lir favorablement. Pour donner plus d'au
torité et d'actualité ses paroles, l'Evêque
montrait au doigt les bouleversements des
peuples qui ont méconnu celte maxime,
et qui trompés par une vaine philosophie,
se sont imaginé que la lumière des science^
suffisait la civilisation.
Un tonnerrè d'applaudissement et de
vivats a témoigné de l'approbation de l'as
sistance.
A peine la distribution des prix était-
elle terminée, que les préparatifs de l'il
lumination commençaient. Jamais aucune
ne fut aussi brillante que celle de mercredi.
Des flots de lumières éclairaient toutes les
rues, partout se pressait la foule, bruyante
et joyeuse.
Mgr. a voulu par lui-même et pied,
jouir de l'illumination. 11 se rendit d'abord
au Collège épiscopal où il jouit du spec
tacle d'un joli feu d'artifice.
La suite au prochain n")
Comme il se fait communément quand
il s'agit d'une décision prendre les Con
frères delà Société de S1 Sébastien, s'étaient
réunis quelques jours avant l'arrivée de
Mgr. Malou, l'effet de s'entendre si la
Société prendrait part au cortège qui de-
vait accompagner sa grandeur son entrée
en ville. Tous les membres se sont pronon
cés pour l'affirmative, l'exception de cinq,
dont la ville a su déjà apprécier l'originalité.
Jeudi 23 août Mgr. Malou a administré
le sacrement du baptême, au fils premier-
né de Monsieur le Baron Jules Mazeman
de Couthove. La cérémonie a eu lieu en
l'église de S'Pierre, 10 heures du matin,
en présence d'une foule compacte d'assis
tants. M. Léopold De Florisone remplissait
les fonctions de parrain; Mme la douairière
Timothée Merghelynck celles de marraine.
A midiun banquet offert par le Baron
Vanderstichele, Bourgmestre, Mgr. l'E
vêque, a réuni les principales notabilités
de la ville. MM. les échevins en habit offi
ciel, et M. le secrétaire étaient présents
au banquet. Une entente parfaite et cor
diale a marqué le festin, pendant lequel la
musique des pompiers a joué plusieurs
airs de circonstance.
Vendredi 24 Mgr. Malou a célébré une
messe pontificale en l'église de S' Martin;
les vastes nefs de cet édifice gothique pou
vaient peine contenir les fidèles. La cé
rémonie finie, sa grandeur s'est rendue
processionnellement S' Nicolas, où de
nombreux jeunes gens de cette paroisse,
attendaient que l'Evêque leur administrât
la confirmation.
A Monsieur VEditeur du Propagateur.
Monsieur
Veuillez recevoir aveG votre bienveillance ha
bituelle, pour être insérées au plus prochain nu
méro de votre journalles lignes suivantes
Lorsque je vous adressai la lettre insérée dans
votre journal N" 3,327, par laquelle je tachai de
démontrer combien était inconvenente le mode de
convocations faites aux artilleurs de la Garde Ci
vique par ordre du Gouverneur, je ne m'attendais
pas a recevoir en guise de réponse ou de réfutation
un petit article du dernier numéro du Progrès,
dont je viens de prendre l'instant connaissance.
Cet article est si bien choisi, le style en est si
régulier, voir même sublime, que je ne puis résister
a la tentation de l'éplucher tout h mon aise et d'y
répondre paragraphe par paragraphe.
La première tirade de ce friand morceau d'élo
quence est ainsi conçue Le dernier N° du Propa
gateur renferme une lettre signée par uu garde,
qui eût tout aussi bien fait de souscrire les six
lettres de son nom que de garder un imprudent
et inutile anonyme.
Que trouvez-vous donc de si imprudent et de
si inutile dans cet anonyme, Monsieur l'auteur;
puisque malgré cette imprudence et cette inutilité
vous avez cru trouver votre anonyme dans la per
sonne de M. Lambin-Mortier, et que vous êtes
profondément en erreurvous qui il arrive si
rarement d'errer.
Je pourrais vous faire aussi le reproche de ne
pas avoir souscrit les onze lettres de votre nom
c'est-â-dire je me trompe, les neuf lettres, en
omettant la fastidieuse préposition DE dont vous
l'avez fait précéder a votre départ de Bruges pour
venir habiter parmi nousmais ceci est de toute
inutilité, parce qu'il est impossible, en lisant at
tentivement l'article en question, de ne pas vous
reconnaître Le style c'est l'homme.
2m" paragraphe. Ce paragraphe démontre M.
Lambin comme un brouillon qui ne fait partie de
l'artillerie que dans le but bien avéré d'y porter le
trouble et la discorde.
Pour un homme de talentMonsieur l'auteur,
permettez-moi de vous dire que vous êtes d'une
insolence qui dépasse toutes les bornes. En ma
qualité d'artilleur, je ne puis laisser peser sur la
tête d'un de mes camarades et concitoyens, une
accusation aussi grave qu'injuste. Moi je vous défie
ici de citer seulement un exemple où M. Lambin
ait taché de faire de la demi batterie un instrument
a la dévotion de ses patrons ou d'y semer la dis
corde. Rappelez vous donc notre compagnie nais
sante et les généreux efforts de celui que vous
accusez de brouillonpour nous inculquer les
premières notions du service. Non je n'en puis
revenir, c'est vous qui personnellement l'avez tant
de fois consulté (militairement parlant, s'entend)
vous qui dans les manœuvres il indiquait tout
moment la place que vous deviez occuper, lorsque
parfois vous ne saviez où courir 1 c'est vousdisje
qui vous portez aujourd'hui son accusateur. Ah
Monsieur, cette manière d'agir est bien ingrate,
j'oserais presque dire bien lâche.
3mo paragraphe. Ce paragraphe nous annonce
que le dépit de n'avoir pu imprimer les billets de
convocation a suggéré a M. Lambin l'idée de la
lettre dont il est parlé plus haut.
C'est ici Monsieur l'auteur que je me suis aperçu
de votre erreur lorsque vous avez cru M. Lambin
l'auteur de la lettre qui lui a valu de votre part
une aussi charmante épitre. Mais admettons qu'elle
émane de lui, quel coup de lumière pour votre per
sonne auguste(2) vite c'est le dépit qui l'a dictée,
et quel dépit, mon Dieu, celui de ne pas avoir im
primé les billets de convocation; allons farceur,
si cette idée est tant soit peu ridicule, du moins
elle est ingénieuse et parfaitement en harmonie
avec vos profondes capacités. (Sic)
4m° paragraphe. Dans ce dernier paragraphe le
génie de notre auteur s'est surpassé, et l'on voit
qu'il a conservé pour la fin toute la fougue de son
éloquence pour nous apprendre au moyen d'une
serie de phrases harmonieuses et sonores, que Mon
sieur Lambin est un quidamqu'il demande tou
jours des exemptions de service qu'on se garderait
bien de lui refuser pour que l'on ne trouvât pas
dans les rangs (3) des artilleurs, le plus vilain
échantillon de notre milice citoyenne.
Avant de vous avancer h ce point l'a, Monsieur
l'auteur, il me semble que vous eussiez dû réfléchir
(1) Nous sommes disposés vous délivrer gratuitement un
certificat d'incapacité, d'ignorance et de stupidité.
(2) N'y touchez pointc'est un prétendu noble, du nouveau
crû il se targue du titre tout Court de (De) B
(3) Vous ne défigurez jamais dans les rangs, puisque l'on
vous place continuellement eu serre-files, cause de votre
stupidité.