JOURNAL D'TFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3347.
Samedi, 27 Octobre 1849.
33me année.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Placeet chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE LMROV.1EME1T, par trimestre,
Ypres fr 3. Le» autres localités fr 3-5o. Un n° a5.
I.e Propagateur parait le SAMEDI et le .MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 13 centimes la ligne.)
7PP.3S, 27 Octobre.
L'influence occulte et la domination clé
ricale, depuis bien des années ont servi de
thème la presse libérâtre, et principale
ment la feuille Cartonnée d'Ypres. Qu'on
relise la série d'articles que le Progrès a
livrés au jour depuis l'avènement du mi
nistère Detheux Malou, et l'on se fatiguera
compter le chiffre des mots, influence
occulte, prépondérance jésuitique, pouvoir
clérical, envahissement tliéocratique, menées
de la sacristie, prétentions des Baziles, des
ohscurantinsetc., etc. En vain se deman-
dait-on où pouvaient se retrancher ces
monstres abominables, contre lesquels la
presse libérâtre ne cessa de jeter la pierre
pour écraser; en vain Monsieur Lebeau,
ministre de la justice, averti sur les dan
gers qu'il ferait courir la patrie en se po
sant le très humble serviteur du pouvoir
occulte, répondit-il aux farceurs libéràtres
qui lui adressaient de ce chef des repro
ches qu'il n'ajoutait pas la moindre foi
la sincérité de leurs clameurs et de leurs
cris d'éveil, puisque jamais il n'avait dé
couvert la moindre trace de cette préten
due influence; le témoignage de cet ami
politique de M. Rogier aujourd'hui ministre
de l'intérieur ne parut en rien rassurant
aux aflidés du pséudé-libéralisme et leurs
cris de geurre l'influence occulte, et la
domination jésuitique ne Grent que redou
bler, pendant les neuf années que la Bel
gique vient de parcourir.
Bien plus, la presse libérâtre, dont le
noble Organe de la Régence d'Ypres s'ho
nore de faire partie, en ce moment même,
où toutes ses créatures tiennent les avenues
du pouvoir et remplissent abondamment
leurs besacecomme l'époque du cabinet
Lebeau-Rogier se récrie encore avec véhé
mence contre ce même fantôme Jamais,
en effet, aucune preuve palpable n'a pu
être évoquée l'appui de toutes ces criaille-
ries; les chevaliers contre lesquels nos don
Quichotte modernes bataillaient n'ayant
existés que dans leurs rêves bouffons et
décévants.
Par contre, si l'influence cléricale n'a
jamais envahi que les cerveaux malades
des apôtres du faux-libéralisme, il n'en est
pas moins constant et avéré, que la pré
pondérance des coteries ambitieuses est
manifeste dans le système d'administration
suivi jusqu'à ce jour par la politique nou
velle. Quel est vrai dire l'unique motif
des destitutions brutales qui inaugurèrent
le règne du présent ministère? Qu'est-ce
qui explique cet acharnement dont le cq-
binet a usé dans la personne de certains
fonctionnaires, pour éliminer de la légis
lature des hommes dont leur place y était
marquée par droits de talents et de mérites
incontestables? L'influence, les roueries,
les manœuvres des cliques libéràtres, ne
sont-ce pas l'à l'unique explication de ces
étranges procédés? Personne ce sujet ne
saurait avoir le moindre doute A Ypres
surtout où l'on a vu des hommes honora
bles brusquement destitués pour octroyer
leurs fonctions quelques tribuns de clubs,
qui entre autres titres possèdent celui de
savoir secouer lestement les verres de
Champagne; où l'on a vu proscrire des
spécialités des plus célèbres pour leur sub
stituer des Sully et des Colbert quatre-
vingt la douzaine, cette vérité doit choquer
aux yeux de tous, et chacun dans notre
cité doit être convaincu non point de l'exis
tence d'une pression cléricale occulte sur
toutes les affaires, pression qui de tout
temps ne fut qu'imaginaire, mais de la
réalité de l'intervention des coteries clu-
bistes dans l'administration publique. C'est
contre cet ennemi visible et arrogant que
nous sommes entrés en lice; c'est pour lui
couper les flancs que, las de vexations et.
de tyrannie nous avons aiguisé nos traits
et armé nos bras d'une épée tranchante.
Forts de la justice de notre cause, nous
osons compter sur le concours de tout
homme qui n'entend point qu'on le traite
en ilote méprisable. A voir d'ailleurs la
contenance de l'opinion publique, tout fait
présager que ceux qui, trop longtemps
déjà nous harcèlent et nous tourmentent,
une époque prochaine ne gouverneront
plus.
Le discours prononcé par M. le comte
de Montalembert, dans l'assemblée légis
lative de France, au sujet des affaires de
Rome, lui a valu de la part de la chambre
entière des applaudissements tels qu'on
n'en entendit jamais d'aussi bruyants. Au
témoignage de tous les journaux de la
capitale, l'orateur en prenant la défense
des droits sacrés de la Papauté, s'est ex
primé avec un tel dégré d'éloquence que
ses adversaires, électrisés, ébahis, ou
bliaient parfois de l'interrompre. Grâce
l'initiative prise par M. de Falloux, ministre
de l'instruction publique, et de M6' l'Évê-
que de Langres qui viennent de souscrire
pour une somme de 500 francs, l'effet de
faire tirer cette pièce ravissante un nom
bre considérable d'exemplaires, le beau
discours deM. de Montalembert est destiné
passer entre les mains de la foule. La
France l'a salué dans des transports d'une
juste flerté et le monde catholique entier,
le lira bientôt avec une cordiale sympathie
pour le fidèle enfant de S'-Louis et de
Charlemagne qui le conçut dans son zèle
pour le catholicisme.
L'exemple du bien immense qu'un hom
me tel que M. de Montalembert est capable
d'apporter la chose publique doit stimu
ler le zèle et l'ardeur des nations bien
pensantes dans le choix de leurs manda
taires. En Belgique surtout où tant d'exem
ples de saint dévouement l'Eglise de
Jésus-Christ et ses droits sont venus se
produire, n'apprendra-t-on pas sortir de
cette torpeur habituelle quand il s'agira
de concourir au triomphe d'un candidat
dont les principes religieux, seules bases
conservatrices de la société sont nettement
manifestés et connus, et qu'à tel ou tel
homme méritant et digne on cherchera
substituer, par la voie du suffrage, un être
que ne guident que les préjugés funestes
et les passions? La réponse ses ques
tions... un avenir prochain est appelé la
fournir.
On se demande pourquoi le beau-père
du père du fils adoptif de Mylord Pouff qui
se fait parfois l'écho du fatras agronomi
que, c'est-à-dire jésuitique, d'un paysan ou
vacher du Fumambacht, se livre la cul
ture des pommes de terre sur une si grande
échelle. Est-ce peut-être parce que le R.
Père de la Patate élève ou engraisse des
cochons?
Le Journal de la clique cartonnée, soi-
disant libérale, se prépare déjà la cam
pagne électorale deJuin 1850! La lutte
sera vive, et chaude dit-il! et pour cela il
est bon que tous les libéraux, bien entendu
les cartonnés, se concertent et s'unissent.
Car la chose est évidente, la lutte s'il y en
a, se fera Ypres entre le papier et le car
ton. Courage Progrès, restez pendant sept
mois l'arme au bras, entre temps, nous
nous amuserons fabriquer des cartou
ches.
Ce fut toujours pour nous un devoir
bien doux d'enregistrer les succès littérai
res d'une jeunesse que nous avons vu
grandir dans nos murs, et qui s'est formée
dans nos collèges aux carrières savantes.
L'année 1849 a vu décerner la palme
académique plusieurs d'entre nos jeunes
concitoyens. Nous nous plaisons ici si-